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Cette fiche vous est proposée par : Johnny La Confession
Un endroit obscur Il y avait un corps inanimé sur le sol. Un corps nu, celui d'une femme aux longs cheveux bruns, mais qui commençaient à ternir. Elle était étendue en face d'un arc en pierre, semblables aux arcs de triomphe des temps antiques. Elle resta inanimée pendant quelques minutes, avant de se relever lentement et de se passer la main dans les cheveux : "Que m'est-il arrivé ? songea-t-elle. Je me souviens de cette douleur dans mes mains, mes pieds et mon corps, alors que je m'apprêtais à sacrifier cette sorcière, et..." Tout à coup, elle poussa un cri d'horreur. Elle venait juste de se rendre compte qu'elle était nue. Elle contempla brièvement ses seins et son pubis et les cacha alors, tant bien que mal, avec ses bras : "Salbosses...Ce sont des salbosses...Comme Eve en avait, avant que le serpent ne vienne la tenter...Avant qu'elle ne commette le péché originel...Ce péché qu'est l'accouplement, ce péché dont a émergé l'enfantement, puis le meurtre...L'enfantement de Caïn, le meurtre d'Abel...Tout est lié à la nudité, aux salbosses, à l'accouplement, et, moi-même..." La femme leva alors les yeux en l'air et contempla l'arc de triomphe. Un curieux arc de triomphe sur lequel il y avait des inscriptions en grec antique. La femme ayant un peu étudié cette langue dans sa jeunesse, elle commença à les lire en songeant : "Peut-être est-ce l'entrée du Paradis, où le Seigneur m'attend à sa droite pour avoir voulu sacrifier cette sorcière...!" Elle s'arrêta net. Encore distraite, elle n'avait pas bien compris le véritable sens de ces inscriptions. Il était gravé sur l'arc de triomphe les mots suivants : "Vous qui entrez ici, laissez toute espérance." La femme frissonna. Désormais, elle doutait que cet endroit fût le Paradis où le Seigneur accueillait les élus. "Non...C'est impossible...Ou...Ou alors il s'agit de...Non..." Voulant en avoir le coeur net, elle avança lentement, traversant l'arc de triomphe à pas feutrés, ses bras cachant ses seins, ses "salbosses" comme elle disait, et son pubis. Elle avança lentement, regardant droit devant elle, et découvrit le paysage qui l'entourait. Un paysage sombre, à l'ambiance morbide, qui donnait une terrible impression d'isolement et d'enfermement, ce qui poussa la femme à se dire : "J'ai bien peur de savoir où je me trouve..." Tout à coup, elle s'arrêta net. Elle venait de voir des dizaines d'hommes et de femmes, aussi nus qu'elle, qui grommelaient et gémissaient pour Dieu seul sait quelles raisons obscures. Horrifiée par ce spectacle, elle ferma les yeux et poursuivit sa route d'une allure hésistante ; d'un côté, elle cachait son corps de ses mains, de l'autre, elle se refusait à voir ces corps nus, qui lui rappelaient Adam et Eve, qui étaient nus lorsqu'ils avaient commis le péché originel, le péché de chair. Cela avait bouleversé la femme, qui s'était mise dans la tête que tout ce qui était charnel était synonyme de péché. Elle continua à avancer jusqu'à ce qu'elle sentît de l'eau sous ses pieds. Elle ouvrit lentement les yeux et découvrit qu'une immense étendue d'eau noire se trouvait devant elle, une étendue d'eau qui semblait ne pas avoir de fin. Légitimement impressionnée, la femme contempla avec appréhension l'immense étendue aquatique, avant de se retourner et de se retrouver face à des dizaines de corps nus et gémissants. Choquée, elle murmura : "Péché...Péché...Ces êtres sont couverts du péché...Nus comme des pécheurs...Possédés par le Diable ils sont...Mais pourquoi gémissent-ils ?" Tout à coup, un éclat de rire démentiel se fit entendre derrière la femme. Cette dernière se retourna vivement et aperçut une barque qui approchait des rives. L'embarcation était dirigée par une curieuse silhouette semblant porter un curieux bicorne et maniant sa barque avec un aviron de grande taille. D'une voix sarcastique, le curieux navigateur dit à la femme en riant : "Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Je ne vois pas pourquoi tu t'offusques tant de voir ces hommes et ces femmes nus comme toi ! A ma connaissance, jamais des morts ne sont venus ici habillés ! Ha ! Ha ! Ha !" Pendant que l'homme parlait en s'esclaffant, sa barque avançait lentement, se faisant plus visible aux yeux de la femme, qui dut attendre près d'une minute avant de contempler son vis-à-vis. C'était un homme d'âge mûr, portant une curieuse armure grise et noire, dont les principaux attributs étaient de grandes ailes et un casque bicornu, qui ne laissait apparaître du visage que sa partie inférieure, mettant en valeur ses dents saillantes. Le curieux navigateur poursuivit : "Pour répondre à ta question, s'ils pleurent sans s'arrêter, c'est parce qu'ils n'ont rien fait de passionnant de leur vivant, ce sont des oisifs ayant vécu une vie monotone et languissante !...Si Achille avait choisi cette option lorsque la Pythie lui a proposé de choisir entre deux destins, tu aurais pu le côtoyer !...Mais il a préféré vivre brièvement mais glorieusement, ce qui lui a valu d'entrer à Elysion !...Bon, je m'arrête là, je suis chargé de faire traverser le fleuve Achéron, et non pas de faire une visite guidée des Enfers !" La femme, qui était encore loin d'avoir assimilé tout ce que lui avait dit le passeur bicornu, balbutia : "Qui...Qui êtes-vous ?" "Il aurait fallu que tu consultes plus souvent la mythologie grecque de ton vivant, ça t'aurait épargné de la salive !" "Je ne connais que les Saintes Ecritures, je n'ai jamais consulté un seul de ces livres impies et favorisant le péché !" "Tu n'es pas une cliente très drôle, soupira le passeur. Mais, puisque tu insistes, je vais te dire qui je suis ! Je suis Charon de l'Achéron, spectre de l'étoile céleste de la médiation !" "Un spectre ? Vous êtes un esprit malfaisant ?!"demanda la femme. "Pff...Non, je suis bien vivant ! Je suis le passeur des Enfers, un royaume interdit aux vivants !" dit Charon en sautant de sa barque. A ces mots, la femme pâlit, puis commença à se remémorer tout ce que l'homme prénommé Charon lui avait dit : "Non...Il...Il m'a dit "de mon vivant", m'a parlé des Enfers, un royaume interdit...interdit aux vivants !...Mais...Mais alors..." Puis, tout haut : "Je suis donc morte !?" Charon éclata de rire : "Ha ! Ha ! Ha ! Eh bien, il t'en a fallu du temps pour t'en rendre compte ! Ha ! Ha ! Ha ! Oui, tu es morte depuis peu ! A ce titre, ton âme est partie aux Enfers, là où tous ceux qui sont passés de vie à trépas se rendent depuis les temps mythologiques !" La révélation du passeur des Enfers surprit considérablement la femme. Regardant fixement Charon, elle lui demanda, d'une voix tremblante : "Je...Je ne comprends pas...Ceux qui...Ceux qui, comme moi, croient en le Seigneur et ont toujours obéi à ses enseignements, ne...ne sont-ils pas destinés à être accueillis dans le Royaume de Dieu, pour siéger à ses côtés ?" A ces mots, le spectre resta muet et immobile pendant une dizaine de secondes, sous le regard ébahi et incrédule de la femme. Puis il se retourna, semblant regarder l'étendue d'eau, avant de s'écrouler quasiment sur sa barque et de rire à gorge déployée : "HA ! HA ! HA ! HA ! HA ! J'ai beau être habitué à ces questions stupides, j'ai beau entendre ce refrain pour la énième fois, je le trouve toujours à mourir de rire ! HA ! HA ! HA ! HA ! HA !" Alors que la femme ne comprenait rien aux paroles de son vis-à-vis, ce dernier se hâta de lui éclaircir sa lanterne : "Tu n'es pas la seule à penser qu'après la mort, l'on va au paradis ou en enfer ! Tous les fidèles des trois religions révélées le pensent depuis que les monothéismes existent ! Ils croient qu'en faisant le Bien, en agissant dignement, ils auront la vie éternelle après la mort ! Mais non ! Comment pourraient-ils bénéficier de la vie éternelle après avoir péché tout au long de leur existence ?" Charon s'interrompit brièvement, le temps de contempler la femme, qui semblait consternée par les propos du passeur, puis reprit : "Les désillusions pour ces gens-là sont toujours terribles ! Je me rappelle qu'au temps des croisades, j'ai fait traverser bon nombre de chrétiens et de musulmans qui avaient péri lors des batailles pour la possession de la Terre Sainte ! Les uns pensaient qu'ils allaient être accueillis à la droite de Dieu et auraient la vie éternelle, les autres croyaient pouvoir bénéficier d'un vin au goût divin et, ce n'était pas la moindre récompense, de soixante-dix vierges qui n'attendaient qu'eux !" L'évocation des soixante-dix vierges eut pour effet de faire déglutir la femme, qui songea : "Péché...Toujours le péché...La chair au paradis, c'est impossible..." Charon l'interrompit dans ses réflexions : "Et, au final, on les a tous envoyés dans la sixième prison, plus précisément dans la première vallée, la mare de sang réservée aux pécheurs qui ont exercé la violence sur autrui de leur vivant ! J'aurais bien aimé voir leurs têtes quand le seigneur Minos leur a annoncé la sentence ! HA ! HA ! HA !" La femme trembla tout le long de son corps. Mais Charon n'avait nullement l'intention de la rassurer : "Plus récemment, j'ai conduit sur l'autre rive de l'Achéron un rabbin qui croyait parvenir au paradis, semblable au Jardin d'Eden du temps de la Génèse !...Eh bien, la sentence a été sans équivoque : il a été condamné au troisième maléboge, où il grillerait sur des bougies, pour avoir abusé de ses droits dans l'exercice de ses fonctions ! Ha ! Ha ! Ha ! Pour moi, qui mène une vie monotone à faire traverser les morts sur l'Achéron, cela me distrait un peu d'apprendre les désillusions des vivants !" Encore plus mal à l'aise après avoir écouté les dernières paroles du spectre, la femme lui demanda : "Mais...n'y a-t-il donc point moyen d'échapper à l'Enfer ?" "Bien sûr que non, tu y es déjà ! HA ! HA ! HA ! s'esclaffa le passeur. Plus sérieusement, non, à moins de n'avoir jamais commis de péché dans ta vie ! Mais tu aurais plus de chance de voir un ange te sortir du derrière que de n'avoir jamais péché ! HA ! HA ! HA !" Les propos grivois et peu châtiés du spectre mirent en fureur la femme, qui maugréa : "Péché...Blasphème...On n'insulte pas les anges ! Pécheur...Impie ! IMPIE !" Elle se jeta alors sur Charon, les mains en avant, comme si elle voulait l'étrangler. Appréciant peu ce comportement, le passeur plaça son aviron entre lui et la bigote et cria : "ROLLING OAR !!!" La femme se prit une centaine de coups violents qui la mirent au tapis en quelques secondes. Alors qu'elle gisait à terre, le spectre de l'Achéron lui dit : "Au cas où tu l'aurais oublié, tu es morte et je suis vivant ! Tu es complètement inoffensive ! Bon, j'ai assez perdu de temps comme ça ! Alors, de deux choses l'une : ou tu montes et je te conduis sur l'autre rive, ou tu restes avec ces morts qui gémissent ! Que décides-tu ?" La femme se releva lentement, regarda Charon et lui répondit d'une voix tremblante : "Le...Le courage de la chrétienne que je suis m'impose de...de me rendre là-bas pour être jugée...Si j'ai péché, je serai punie comme...comme David l'a été lorsqu'il a pris Bethsabée à Urie...Je vais me rendre de l'autre côté et...et je serai jugée en tant que fidèle ou pécheresse..." Elle s'avança alors vers la barque de Charon, mais ce dernier la bloqua soudainement de son aviron : "Une petite minute ! As-tu de l'argent sur toi ?" "De l'argent ?" "Bien sûr !...Tu ne vas tout de même pas me dire que tu ne savais pas que l'argent avait cours aux Enfers ?!...L'on ne vous apprend plus rien d'utile de nos jours, décidément !" Sous le coup de la surprise, la femme ne dit plus un mot et resta immobile pendant plus d'une minute, ce qui finit par énerver Charon : "Alors ?! Tu as de l'argent, oui ou non ?! Je te préviens ; si tu n'en as pas, tu peux toujours courir pour que je te fasse traverser l'Achéron !" "Mais...la charité du Seigneur n'impose-t-elle pas le don gratuit ?" "Quelle charité ?...HA ! HA ! HA ! HA ! rit de plus belle le passeur. Tu es le cas le plus particulier qu'il m'ait été donné de voir depuis que je suis le passeur des Enfers ! Je ne fais pas traverser les âmes des défunts par charité, je le fais pour l'argent ! Dans les temps anciens, chaque fois que quelqu'un passait de vie à trépas, on mettait une pièce d'argent, obole, drachme ou denier, dans sa bouche, afin que je le fasse traverser l'Achéron !...Il m'est même arrivé d'avoir des monnaies en electron, voire des aurei, mais c'était plus rare !...Mais voilà, depuis que les monothéismes sont apparus, l'on a oublié que rien n'était gratuit, de sorte que les morts restés sur les rives de l'Achéron, faute d'argent, se sont entassés au cours des siècles ! Quelle misère ! Et moi, pendant ce temps, je n'avais pas grand-chose à me mettre sous la main ! Entre nous, qui est le plus charitable ?" Le monologue de Charon n'avait nullement attendri son hypothétique passagère. Bien au contaire, cette dernière, hors d'elle, lui dit d'un air furieux : "Péché...Avarice...Un des sept péchés capitaux...Un pécheur est en face de moi..." "Tu commences à m'énerver, et mes paroles sont en-deçà de ma pensée ! répliqua le passeur. Quand on sait que tous ceux qui sont aux Enfers sont des pécheurs, je pense que tu aurais intérêt à la fermer !!! Bon, trêve de bavardages, allons à l'essentiel : étant donné que tu n'as pas d'argent sur toi, tu restes ici !!!" Charon tourna le dos à la femme, qui commença à s'arracher les cheveux...quand un bruit se fit entendre. Le spectre de l'Achéron, fin connaisseur, songea : "Ah...Doux bruit de l'argent tombé...Cela me manquait tant !" Il se retourna et vit la femme qui venait de se pencher pour ramasser une pièce d'argent tombée de ses cheveux. Elle n'y comprenait plus rien : "Non...Comment est-ce possible...Je ne porte jamais d'ornements idolâtres sur moi, je ne me couvre jamais de parures païennes, et..." "La bonne aubaine !!!" Sur ce, Charon arracha violemment la pièce des mains de la femme. Il la contempla avidement à travers ses yeux cachés par son casque bicornu et sembla trépigner d'aise : "Ô joie...Ô délice..Ô félicité...De l'argent ! C'est parfait, c'est suffisant pour la traversée !" "Je n'ai jamais dit que j'étais d'accord...!"commença à intervenir la femme. Ne l'écoutant pas, le passeur, d'un violent coup d'aviron, la fit monter dans sa barque. Il y sauta à son tour et dit à sa passagère : "Donner, c'est donner, reprendre, c'est voler ! J'ai eu ta pièce, à présent, tu peux traverser l'Achéron !" D'un coup d'aviron, Charon fit partir sa barque vers l'autre rive, tandis que la femme peinait à se remettre de ses émotions : "Qui peut donc être ce malappris ? Cupide, sans-gêne, rustre...Il n'a rien d'un homme de bonne volonté !" Tout à coup, Charon commença à chanter un air curieux : "Je suis le passeur des Enfers..." Le spectre de l'étoile céleste de la médiation chantait incroyablement faux, d'une voix semblable à celle des clients réguliers des tavernes, grands amateurs de chansons paillardes, de sorte que ce tour de chant poussa la femme à se boucher les oreilles, tout en pensant : "Injure...Cet air profane, impie, vulgaire...Que Dieu lui pardonne...!" Mais la passagère bigote n'était pas au bout de ses peines ; le passeur des Enfers continuait à chanter : "Ce soir encore/Je vais sortir mon bateau/Avec des morts à mon bord/Je sors mon bateau..." Dans la foulée, Charon se mit à faire des vocalises suraigües qui poussèrent la femme à se boucher les oreilles de plus belle, ce qui n'échappa pas au spectre avare : "Tu ferais mieux d'utiliser tes mains pour te cramponner à ma barque ; tu pourrais fort bien tomber avec ma chanson...renversante !!!" Et il éclata d'un rire gras et hystérique. Il était bien le seul à rire de son jeu de mots puéril. Après quoi, il sembla oublier sa passagère et se focalisa sur sa chanson et sa traversée du fleuve Achéron. Le voyage fut bien long ; il dura près d'une heure, le fleuve Achéron était bien différent des fleuves terrestres. Finalement, à la fin de ce long laps de temps, Charon et sa passagère virent le bout du chemin, alors qu'ils approchaient de quelques falaises : "Nous arrivons près de la rive de la première prison. Il y en a huit en tout, pour être précis...Il faut aussi y inclure dix douves et trois vallées, toutes englobées par quatre sphères...Le monde des Enfers est un monde dangereux, où tout peut arriver...Quand tu poseras le pied sur la rive, un long escalier te mènera à la Demeure du Jugement!" "La Demeure du Jugement ? Qu'est-ce donc ?" "Tu te renseigneras sur place, ce n'est pas dans mes fonctions de te le dire ! Moi, Charon, suis là pour transporter les morts de l'autre côté de l'Achéron ! Bon, vas-y, moi, je repars de l'autre côté ! Et j'espère bien ne plus jamais te revoir !" La femme descendit précipitamment de la barque du passeur et regarda devant elle. Il y avait un long escalier qui semblait mener à des endroits invisibles : "Dans quelle situation le Seigneur m'a-t-il plongée ? Voudrait-il me faire expier cette faute ?...Voudrait-il me faire payer pour le serpent ?..." Ce fut alors qu'elle entendit Charon partir en chantant sa ritournelle : "Je suis le passeur des Enfers..." Ne voulant plus supporter cette torture pour les tympans, elle courut les escaliers quatre à quatre, oubliant leur longueur. Elle courut pendant près de dix minutes, sans s'arrêter, tant elle était pressée de parvenir à cette mystérieuse "Demeure du Jugement" dont lui avait parlé brièvement Charon. Finalement, elle arriva tout en haut de l'escalier et face à un imposant palais de style grec. Le fronton était marqué par des caractères anciens, comme la porte d'entrée des Enfers. La femme put les lire aisément : "La demeure du Jugement, songea-t-elle. Me voilà arrivée pour le jugement de mon âme..." Soudain, elle vit une silhouette approcher d'elle. Elle se souvint alors qu'elle était nue (les péripéties avec Charon le lui avaient fait oublier) et couvrit son pubis et ses seins (salbosses, comme elle disait) de ses mains, un geste que ne sembla pas comprendre celui qui venait vers elle : "Ce n'est pas la peine de préserver ta pudeur, j'ai l'habitude de voir des gens nus...Les morts ne viennent pas ici habillés !" Lorsque la femme eut son vis-à-vis tout près d'elle, elle ne manqua pas d'être surprise. C'était un homme vêtu de noir et portant une étrange armure noire en forme de squelette. "Qui...Qui êtes-vous ?"balbutia-t-elle. "Je ne suis qu'une simple sentinelle parmi tant d'autres, si ce n'est que je dois conduire les morts au sein de la Demeure du Jugement..." "Que...Quelle est cette armure sombre que vous portez là ?" "Cette armure sombre est la protection réglementaire des sentinelles et porte le nom de surplis. Ce sont les armures de l'autre monde, et...Bon, je m'arrête là, il faut que je te fasse entrer..." "Et que va-t-il se passer ?" "Eh bien, avant tout chose, ne fais aucun bruit ; le seigneur Rune, procureur du seigneur Minos, a horreur du bruit..." "Le seigneur Rune ? Qui est-ce ?" "Je viens de te le dire ; c'est le procureur du seigneur Minos. En temps normal, le seigneur Minos et les deux autres Juges des Enfers sont affiliés au jugement des morts, mais ils sont occupés pour le moment à préparer la Guerre Sainte...Quand tu arriveras en face du seigneur Rune, il te faudra avouer tous les péchés que tu as commis de ton vivant. Il te sera inutile de nier tes actes ; aucun mensonge ne reste caché, car toutes tes fautes sont inscrites dans le registre de sa seigneurie. Bon, entrons..." Comme par magie, l'imposante porte de la Demeure du Jugement s'ouvrit devant la femme et la sentinelle. Tous deux avancèrent alors dans le couloir menant au tribunal. Tandis que la femme regardait tout autour d'elle, impressionnée par le silence qui régnait en ces lieux, le soldat regardait droit devant lui, ne se souciant que d'amener la morte vers son supérieur. Ils finirent par arriver en face d'un immense escalier, en haut duquel il y avait un bureau sur lequel se trouvait un lourd registre, pareil aux nécrologes conservés par les abbayes clunisiennes de l'Europe de l'Ouest au Moyen-Age central. Derrière le bureau se trouvait une lourde porte, bien que moins imposante que l'entrée de la Demeure du Jugement. Et entre le bureau et la porte, il y avait un homme de grande taille, plutôt jeune, malgré ses courts cheveux blancs, et qui portait une toge sombre indiquant sa fonction judiciaire. Alors que le soldat et la morte ne se trouvaient qu'à quelques pas de l'escalier, le premier s'agenouilla et s'adressa au magistrat d'une voix basse : "Seigneur Rune, un nouveau mort vient d'arriver." "Parfait. Retire-toi, et en silence, s'il te plaît." A pas feutrés, le soldat quitta le tribunal, laissant la femme à la disposition de Rune. Voulant en savoir plus sur l'identité de son juge, la morte lui demanda : "Qui...Qui êtes-vous ?" "Je suis Rune du Balrog, spectre de l'étoile céleste du talent. En temps normal, j'assiste le seigneur Minos dans ses tâches, mais comme ce dernier est absent, je le remplace à la fonction de Juge des Enfers." Le magistrat s'assit à son bureau, plaça son registre sous ses yeux, puis dit à la femme : "Dis-moi ton nom, ainsi que les péchés que tu as commis de ton vivant. Et ne tente pas de mentir ; tous tes péchés sont consignés dans ce registre sacré." Rune s'était adressé froidement à la morte. Il y avait fort à parier qu'il voulait afficher son autorité d'emblée face à elle, d'autant que c'était la première fois qu'il jugeait personnellement, bien que conformément aux voeux de ses trois supérieurs, Minos en tête. Quant à la femme, elle commença à trembler sur place, comme si elle avait froid, à moins que la perspective du jugement de son âme ne lui fît craindre le pire. D'une petite voix, elle donna son nom, mais Rune lui rétorqua d'un ton sévère : "Je n'ai pas bien entendu." D'une voix à peine audible, elle répéta : "Margaret White, née Brigham." "Margaret White, née Brigham, songea le procureur à voix haute. Voyons si ton nom est inscrit dans le registre..." De sa main gauche, Rune tourna les pages de son registre, jusqu'à ce qu'il parvînt au groupe de morts dont le patronyme commençait par la deuxième lettre de l'alphabet. Après une recherche de quinze secondes, il dit froidement à Margaret : "Ton nom figure bien dans le registre. Maintenant, dis-moi quels sont tes péchés, en commençant par le plus horrible, qui correspondra à l'enfer où tu seras plongée." D'une voix tremblante, Margaret White confessa ce qu'elle estimait être son pire péché : "J'ai...J'ai commis la faute qu'Eve avait...commise...le péché...le premier péché qu'elle...qu'elle avait commis...Un péché qui a pour nom l'accouplement..." Rune eut un haussement de sourcils. Tremblant tout le long de son corps, Margaret White poursuivit : "Je...Je m'étais juré de...de ne pas tomber...de ne pas céder à la tentation lorsque...lorsque j'ai rencontré Ralph...Mais lors...lors de la veille de notre mariage, le...le Serpent est...est venu me posséder, comme il avait...avait possédé Eve...et nous avons forniqué (elle étouffa un sanglot) et la Chose s'est installée dans ma matrice..." Le magistrat n'avait pas bronché. "Quand...Quand j'ai perdu le bébé, j'ai...j'ai vu que c'était le...le Jugement de Dieu...Plus jamais...Ralph m'avait...m'avait dit que nous avions failli pour la dernière fois...J'ai cru que le péché avait été expié dans le sang...Mais le péché est inexpiable...Nous nous sommes mariés et...et au début, tout allait bien...Dans notre lit, parfois le Serpent venait me frôler, mais je luttais pour ne pas succomber à la tentation...Jusqu'à..." Soudainement, elle pâlit, puis, la voix entrecoupée de larmes : "Jusqu'à cette nuit, où...où il m'a regardée de cet air...cet air lubrique...Je l'ai supplié de ne pas céder...Alors, nous...nous avons prié, mais, il...il m'a touchée à...à cet endroit, là où la vie commence...où le péché commence...puis il est parti pendant une heure, luttant avec le Malin comme Jacob luttait avec l'ange du Seigneur...et...et quand il est revenu, son...son haleine empestait...l'alcool...Il m'a prise ! Il m'a prise ! dit-elle en haussant la voix, semblant oublier l'aversion qu'avait le spectre du Balrog pour le bruit. Et j'ai aimé ça ! Oui, j'ai aimé ses caresses, cette...cette infâme fornication...j'ai aimé qu'il m'explore, qu'il me...me fouille partout, qu'il me pénètre...!" Ses larmes coulèrent sur son visage, sous le regard impassible de Rune, qui l'écouta reprendre péniblement : "J'ai failli me tuer ! Mais Ralph a pleuré et a juré de se racheter...Puis, quand elle est venue, j'ai voulu la sacrifier, mais...mais Ralph m'en a empêché...Plus tard, il a quitté la maison et il est mort peu de temps après...Quand...Quand elle a eu trois ans, j'ai songé à noyer le péché dans le sang, mais j'étais...j'étais trop faible ! Et à dix-sept ans, quand le...le Démon est venu la posséder, j'ai bien failli accomplir l'oeuvre du Seigneur, mais...mais j'ai échoué et...été crucifiée sur place...J'ai échoué, j'ai péché ! Tout ça pour avoir succombé à la...à la chair !" Margaret White tomba à genoux et pleura quelques minutes, dégoûtée d'elle-même, oubliant de cacher ses seins (salbosses) et son pubis. Finalement, elle se décida à se relever et contempla le visage dur de Rune. Elle estimait que son aveu l'avait condamnée à l'Enfer éternel, le Serpent avait eu raison d'elle, comme il avait eu raison d'Eve et du Paradis Terrestre et qu'elle serait châtiée pour ça. Et maintenant, elle attendait que le magistrat lui fasse payer l'introduction de la Chose dans son corps et son âme, une faute qu'elle n'avait pu expier en sacrifiant cette sorcière née de ses entrailles, née d'une nuit d'égarement, d'une nuit de fornication qu'elle avait fort appréciée. Finalement, vingt secondes après s'être relevée, elle vit les lèvres du spectre du Balrog bouger, prêtes à rendre son jugement. Mais les paroles qui sortirent de la bouche de Rune furent toutes autres : "Ce n'est pas la réponse que j'attendais." dit-il froidement. Et, avant que Margaret n'ait eu le temps de dire un mot, la main gauche du procureur se leva du bureau, se tendit vers la morte et Rune cria : "REINCARNATION !!!" Un souffle hors de l'ordinaire vint percuter la tête de Margaret White, qui eut un bref mouvement de recul. Bien que les effets de la technique nommée la "Réincarnation" commencèrent à se faire sentir, elle put entendre de la part du spectre : "A présent, grâce à la Réincarnation, je vais pouvoir contempler tous les péchés que tu as commis de ton vivant et que tu as cachés jusque là...Car toutes tes fautes vont sortir de ton corps !!" La mine ébahie, Margaret White voyait elle-même toutes ses mauvaises actions commises depuis sa petite enfance. Des fleurs arrachées pour un office religieux, des insectes écrasés par inadvertance, un croche-pied fait dans la blanchisserie à un client qu'elle avait qualifié de malappris, et tant d'autres choses plus ou moins insignifiantes, mais qui n'avaient pas échappé au regard dur de Rune du Balrog : "Voilà donc tout ce que tu as commis depuis que tu es venue au monde...Mais le pire reste à venir !!" Il y eut un éclair autour de la silhouette de Margaret White et de nouvelles images apparurent, images que Rune contempla debout devant son bureau. Margaret frappait une jeune fille rousse, la giflait, lui donnait des coups de pied dans le thorax tout en récitant des passages de la Bible, la tirait par les cheveux vers un autel, la frappait aux côtes, aux reins (le spectre du Balrog eut lui-même du mal à contenir un mouvement d'indignation, mais en tant que magistrat, il lui fallait rester impassible, même lorsqu'il lui faudrait rendre justice), puis l'obligeait à se prosterner devant l'autel d'une gifle sur la nuque. Après que la jeune fille eût répliqué verbalement, Margaret l'avait frappée sur tout le visage, la nuque et le dos, l'enfermant dans un cabinet noir. Le flash se dissipa, puis laissa la place à un autre, où Margaret avait poignardé la jeune fille dans le dos, puis s'avançait vers elle tout en faisant le signe de croix avec sa main armée, puis s'apprêtait à la poignarder, mais ce fut à cet instant que toutes les images autour de Margaret disparurent. La femme, avec un air semblable à celui d'une personne qui aurait vu le Diable, fit de nouveau face à Rune, dont le regard s'était durci. Tandis que Margaret tremblait tout le long de son corps, le magistrat lui dit d'un ton sévère : "Voilà. Tu as frappé ta propre fille, dont le seul tort était d'être devenue une femme, tu as porté la main sur elle en te fondant sur la Bible et tu as poussé le vice jusqu'à vouloir assassiner la chair de ta chair ! Qu'as-tu à dire pour ta défense ?" lui demanda-t-il en haussant légèrement la voix vers la fin. Margaret White répliqua fermement : "C'était une pécheresse. Une péchersse doublée d'une sorcière. J'ignore le péché qu'elle avait commis, mais Dieu le lui a fait savoir en la frappant de la malédiction du sang. Peut-être avait-elle été tentée par la luxure au fond d'elle, peut-être avait-elle écouté de la musique profane ou connu la tentation de l'Antéchrist..." Puis, pour appuyer sa plaidoirie, elle ajouta d'un ton déterminé : "Quand je lui parlais, c'était Dieu qu'elle entendait." "Mesure tes paroles !!!" Rune avait à peine élevé la voix, mais le ton qu'il avait employé suffit à pétrifier Margaret White, qui sentit un frisson descendre tout le long de son échine. Le regard plus dur que jamais, le procureur lui fit une petite leçon de morale : "Tu es un être humain. Et un être humain n'est pas Dieu : il n'a pas le droit de juger autrui !!" Persistant dans son fanatisme, Margaret rétorqua : "C'était une sorcière. Elle contrôlait les objets par sa propre volonté, avait fait tomber des pierres sur ma maison quand elle avait trois ans. C'était le Démon qui s'était introduit en elle...Il est dit dans le Livre du Seigneur : Tu ne souffriras point que vive une sorcière. Et le Christ me regardait avec ses yeux pleins de reproches. Il me reprochait de ne pas avoir sacrifié cette sorcière. Il m'a alors désignée de son doigt pour la sacrifier pour de bon, comme il avait ordonné à Abraham d'immoler son fils Isaac au sommet de la montagne..." Le spectre du Balrog répliqua : "Certes. Sauf que par la suite, Dieu a envoyé un ange auprès d'Abraham pour l'empêcher de sacrifier son fils, ignorante que tu es !" Margaret ne broncha pas, tandis que le magistrat poursuivit : "Je connais la Bible aussi bien que toi, à la différence près que je ne l'utilise pas honteusement pour me justifier. Il est dit dans le Nouveau Testament : Ne jugez point, car vous serez jugés comme vous avez jugé. C'est ce qui est en train de t'arriver." "Toi aussi, tu es un homme ! protesta Margaret en élevant la voix. Qui te donne le droit de me juger ?" "Je ne fais qu'envoyer les pécheurs dans l'enfer qui leur convient le mieux, conformément à la volonté de Dieu, que j'ai moi-même entendue."fit Rune avec toute sa bonne foi. "Et qui est ce Dieu qui te permet de juger la chrétienne que je suis et qui n'a voulu faire que son devoir de croyante ?" Rune laissa flotter un bref silence, avant de reprendre : "Etant donné que ma sentence te concernant approche, je ne vois pas pourquoi je te le dirais...Mais, parce que je suis généreux par nature, je veux bien te le dire." Le procureur donna alors le nom du dieu auquel il obéissait et qui lui avait permis de juger Margaret White. Mais quand cette dernière entendit ce nom, elle devint comme folle et cria à la face du spectre du Balrog : "IMPIE !!! PARJURE !!! HERETIQUE !!! PAÏEN !!! SUPPÔT DE SATAN !!! ADORATEUR DU DEMON !!! IDOLÂTRE !!! INFIDELE !!! BLASPHEMATEUR !!!..." Elle semblait avoir complètement perdu la raison. Tandis qu'elle injuriait Rune d'une voix forte, ce dernier avait senti son bras droit, qu'il dissimulait sous son bureau jusque là, trembler nerveusement, comme s'il y avait des fourmis et qu'il fallait le désengourdir. Tout à coup, n'y tenant plus, il leva son bras en l'air. Un bras armé d'un étrange fouet. Alors que Margaret poursuivait ses injures, le spectre du Balrog dirigea son fouet vers elle et il s'enroula tout autour du corps de la fanatique, qui commença à en sentir les effets. Rune lui dit alors, d'un ton aussi calme que celui de Margaret White avait été impétueux : "Sache pour ta gouverne que j'ai toujours eu le bruit en horreur. Il me semblait pourtant que la sentinelle veillant sur la Demeure du Jugement t'avait avertie à ce sujet." Margaret White en avait assez des propos moralisateurs de ce magistrat qu'elle considérait comme hérétique et elle voulut le lui faire savoir immédiatement. Mais au lieu de cela, ce fut un cri déchirant qui sortit de sa gorge. Un cri semblable à celui d'un cochon que l'on égorge et qui résonna dans tout le tribunal, se faufilant même à l'entrée de la Demeure du Jugement et pénétrant les oreilles de la sentinelle qui avait mené la bigote devant le spectre du Balrog : "Quel cri infernal ! J'ai l'impression que ma mise en garde aura été vaine !" songea le garde. A l'intérieur du tribunal, Margaret White hurlait à la mort, car l'emprise du fouet de Rune se faisait de plus en plus pesante. Ces hurlements étaient bien plus bruyants que les injures proférées à l'encontre du procureur et auraient sans doute fait vriller les tympans de ce dernier, tant son aversion pour le bruit était grande. Mais il n'en fut rien ; Rune informa la morte sur un ton des plus mesurés : "Plus le fouet du Balrog s'enroule autour de ton corps, plus lourd est le poids de tes péchés. A t'entendre crier, il me semble que tu es une pécheresse de premier ordre, quoi que tu aies pu dire à ce sujet." Margaret voulut protester, mais elle ne put que sortir un nouveau cri, tant le fouet du Balrog lui perforait les chairs. Elle n'appartenait plus au monde des vivants, mais n'avait pas perdu la connaissance de la douleur. Ce fut alors que le magistrat se lança dans une sorte de réquisitoire : "Bien. Pendant que tu es sous l'emprise de mon fouet, il est temps de te dire quel est le pire péché que tu as commis de ton vivant. Tu as enfreint, ni plus ni moins, deux des commandements divins." Margaret hurla de plus belle, signe qu'elle aurait voulu protester si le fouet de Rune ne l'en avait pas empêchée. "En premier lieu, en invoquant la Bible pour juger ta fille, qui n'était que devenue une femme, et en prétendant parler au nom de Dieu, tu as enfreint le troisième commandement : Tu ne prendras point le nom de l'Eternel, ton Dieu, en vain. De plus, en voulant porter atteinte à sa vie, il est possible de considérer que tu as commis une infraction au sixième commandement : Tu ne tueras point. Oh, je le sais, tu as échoué dans ta tentative de meurtre, mais je connais un passage du sermon sur la Montagne de Jésus-Christ, dans lequel il disait : Quiconque nourrit des pensées de meurtre dans son esprit doit déjà passer en jugement. Connaissais-tu ce passage des Evangiles ?" Margaret White ne put répondre que par des hurlements incessants ; le fouet du Balrog n'avait pas relâché sa pression et avait même persisté dans son oeuvre. Se souciant peu de la douleur de celle qu'il jugeait au nom de l'Empereur des Ténèbres et des trois Juges des Enfers, Rune émit la suggestion suivante : "Réflexion faite, je ne crois pas." Tandis que Margaret White se débattait sans succès, car cela ne faisait que renforcer sa douleur, le spectre du Balrog enchaîna : "Et tu as été punie pour ça. Ta crucifixion imprévue n'était rien d'autre que le châtiment divin pour toi qui avais jugé ta fille alors que tu n'étais pas Dieu...En tant que procureur du seigneur Minos, il me faut maintenant t'envoyer dans l'Enfer qui sied le mieux à tes péchés." Un sourire orna le visage du spectre de l'étoile céleste du talent, qui livra son verdict : "Et cet Enfer est tout trouvé. Il s'agit de la cinquième prison, là où les pécheurs qui, comme toi, sont restés sourds aux paroles de Dieu, échouent dans des tombes profanées et où le feu a été mis pour l'éternité ! Au nom de l'Empereur des Ténèbres et des trois Juges des Enfers, je te condamne à la cinquième prison pour l'éternité ! Tu expieras tes péchés dans les flammes des Enfers !" dit-il en haussant la voix vers la fin. Rune laissa Margaret White hurler encore à deux reprises, avant de lui dire, faussement navré : "Malheureusement, tu n'arriveras pas intacte dans cet Enfer..." Le fouet du Balrog se déroula autour de la fanatique et la libéra de son emprise. Margaret White était immobile, pâle, le corps marqué par d'étranges traces de flagellation. Elle balbutiait difficilement : "Péché...Im...Impie...Tu...Tu...Ah...Ah..." Soudain, Margaret poussa un ultime cri de douleur...et son corps vola en éclats, découpé en rondelles. Du sang gicla dans toute la pièce, éclaboussant même la manche gauche de la toge de Rune. Ce dernier, inflexible, attendit que le corps de la condamnée fût parfaitement découpé, puis leva sa main droite en l'air et fit voler les morceaux du corps de Margaret White dans les airs, avant de les faire disparaître par une porte dimensionnelle qu'il avait créée et qui devait sûrement mener à la cinquième prison, où une tombe en feu l'attendait. Une fois que les morceaux du corps de la fanatique eurent tout à fait disparu de la Demeure du Jugement, le magistrat prit un petit marteau et donna un coup sur son bureau, avant de lâcher d'une voix sobre : "La séance est close." Puis, se rendant compte que sa toge était tâchée de sang, il sortit d'un tiroir un mouchoir et essuya sa tenue. Après avoir rangé le mouchoir maculé de sang, il pensa tout haut : "Qui pouvait donc bien être cette folle ? L'entendre hurler à la mort sous l'emprise du fouet du Jugement était bien doux par rapport à ses délires religieux..." ************ A Chamberlain "Voilà toute l'histoire, révérend Wilder." Le pasteur venait de tout apprendre au sujet de la tragédie qui avait frappé la petite colonie et l'avait dévastée en même temps que la majeure partie de ses habitants. Le rescapé qui lui avait narré les événements contempla le visage du révérend, qui passa de la surprise à la consternation, de la consternation à l'indignation, puis de l'indignation à la colère. Toutefois, il tâcha de se retenir et marqua son humeur par des gestes brusques et plusieurs tours autour des deux croix marquant les tombes qui lui avaient été montrées, bien que l'une d'entre elles fût vide. Il jeta ensuite plusieurs coups d'oeil au sol et finit par y trouver un infime morceau de charbon. Le révérend Wilder demanda alors à son vis-à-vis : "Pouvez-vous me montrer la tombe vide, s'il vous plaît ?" Une fois que l'homme la lui eut montrée, Wilder se précipita vers la croix correspondant et y marqua quelques mots. Se retournant vers le rescapé, il lui dit d'une voix forte : "Je veux que cet épitaphe serve d'exemple à tous les rescapés et aux suppôts du Diable qui vivent sur cette Terre ! Qu'importe s'ils ne le voient jamais ! Excusez-moi, mon ami, mais beaucoup de travail m'attend...Au revoir !" Le pasteur salua brièvement le survivant et s'éclipsa rapidement. Resté seul, le miraculé s'approcha de la tombe sur laquelle Wilder avait écrit quelques mots et les lut rapidement ; en complément du nom de la jeune fille déclarée morte, faute de cadavre retrouvé, il y avait : "...atones for her sins in the flames of Hell. The Lord is infallible." Ce qui voulait dire : "...expie ses péchés dans les flammes de l'Enfer. Le Seigneur est infaillible."
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