Une heure plus tard
Le Sanctuaire était complètement plongé dans l'obscurité. Cependant, aucun des protecteurs de la déesse Athéna n'avait gagné son lit ; tous devaient veiller les accès aux douze maisons du Zodiaque pour cinquante-sept d'entre eux et dix protégeaient la maison où demeuraient les Roligny et le révérend Valnoy. Comme aucune menace ne se faisait sentir à proximité, les dix chevaliers d'argent et de bronze affectés à la protection des New Rochelais relâchèrent un peu la pression et commencèrent à discuter:
"Cela fait plus d'une heure que nous montons la garde et je ne vois aucun ennemi en vue ! Pourquoi le Grand Pope nous a-t-il confié cette tâche ingrate ?"lâcha Ambroise du Serpentaire.
"L'on ne sait jamais ce qui peut arriver...Maître Vittorio m'en a parlé, avant que je n'aille vers cet endroit ; au cours de la réunion à laquelle lui et les autres chevaliers d'or ont assisté, il a perçu une étoile filante dans la direction du Sanctuaire, ce qui équivalait à un mauvais présage..."nuança Damien du Cocher.
"Pour autant que je sache, répliqua Robin de la Flèche, Vittorio n'a pas le pouvoir de divination, il n'est pas comme Gautama de la Vierge, dont on dit qu'il est l'être le plus proche de Dieu !"
"Dans tous les cas, intervint Sun, il nous faudra être à la hauteur de la tâche ! Et j'espère l'être, étant donné que, malgré mon statut de chevalier de bronze, j'ai reçu mon entraînement de la part de mon cousin Dohko, le chevalier de la Balance !"
"En effet, approuva Pierre de la Croix du Sud. Dohko est fort apprécié par ses pairs pour sa sagesse et son sens de la justice, tu te devras d'être à la hauteur, chevalier du Dragon !"
"Je voudrais apporter ma contribution à cette conversation, dit Archibald du Poisson Volant. Sun, poursuivit-il en se tournant vers le chevalier du Dragon, tu n'es pas le seul chevalier de bronze ici qui ait été entraîné par un chevalier d'or, j'ai moi-même suivi l'entraînement d'Eon des Poissons !"
"Celui dont la beauté ne connaît pas d'égale au sein de la chevalerie ?"demanda Joseph de l'Aigle.
"En fait, je crois qu'Archibald parle de la femmelette qui garde la dernière maison du Zodiaque !" précisa narquoisement Omar.
A ces mots, Archibald s'emporta contre le chevalier de Persée :
"J'exige que tu retires immédiatement ce que tu viens de dire au sujet de mon maître !!"
Omar rétorqua sans cesser de sourire :
"Au cas où tu l'aurais oublié, je suis celui qui doit mener les opérations parmi vous tous pour défendre cette maison, tu n'as rien à exiger, chevalier du Poisson Volant ! Et encore moins si tu sais aussi peu de choses au sujet de ton mentor !"
"Comment ça ?"
"Maître Bosching m'a confié, il y a un peu plus d'une heure, que parfois, ton maître pleure seul le soir ! Tu devrais avoir honte d'avoir un mentor aussi sensible, c'est peut-être un chevalier d'or, mais il ne vaut pas mieux qu'une fille !"
Les propos blessants du chevalier d'argent firent monter Emma sur ses grands chevaux :
"Tu dépasses les bornes, Omar ! Je suis une femme et je suis pourtant chevalier sacré !"
"Certes, mais tu n'es que chevalier de bronze ! Voilà qui fait la différence entre toi et moi !"
Ulcérée, le chevalier de la Colombe allait perdre son calme, quand Sun intervint subitement :
"Arrêtez de vous disputer ! Le Grand Pope nous a confié une mission ; protéger les Roligny ! Vous feriez mieux de rester vigilants au lieu de vous quereller pour des futilités!"
Surpris, Omar, Emma et Archibald se turent immédiatement. Hérodote sourit et dit au chevalier du Dragon :
"Admirable, Sun ! L'on voit là que tu as été entraîné par le membre le plus sage de la chevalerie d'Athéna !"
Le chevalier du Dragon sourit timidement. Ce fut alors que Pierre demanda :
"Excusez-moi, mais quelqu'un a-t-il des informations au sujet de ces étrangers ?"
"Certains d'entre nous, dont moi, ont vu ce matin leur fils, un certain John, si ma mémoire est bonne..."affirma Hérodote.
"Je l'ai vu, en effet, reconnut Emma. Il semblait fort troublé par ma présence..."
"Ce jeune homme me semble sympathique, mais un peu bizarre..."lâcha Sun.
"En ce qui me concerne, ajouta Omar, je trouve que c'est un jeune homme passif et craintif ! Il ferait presque passer Eon pour un modèle de bellicisme !"
Tandis qu'Archibald maugréait entre ses dents, Damien prit la parole, mais au sujet du révérend Valnoy :
"Maître Vittorio m'a brièvement parlé de son précepteur...un véritable maniaque de la foi !"
"Tu veux dire qu'il est pareil à Lévi de la Licorne ?"demanda Ambroise.
"Si l'on excepte le fait que l'un est protestant, l'autre Juif, l'on peut dire qu'ils se ressemblent en tout point !"
"Personnellement, dit Pierre, je ne vois pas pourquoi vous êtes si critiques à l'égard de Lévi ! C'est un garçon fidèle à son Dieu, cela devrait forcer le respect !"
Hérodote répondit au chevalier de bronze :
"Pierre, tu es protégé par la constellation de la Croix du Sud, la croix chrétienne, tes propos sont donc logiques !...Mais en ce qui me concerne, Lévi a beau être un fervent croyant, il n'en reste pas moins antipathique !..."
"Bon, écoutez, intervint Sun une fois de plus, vous parlerez de théologie plus tard, nous avons une maison à défendre ! "
"Entendu, approuva Omar à moitié. Mais je tiens à te rappeler une chose, chevalier du Dragon ; c'est moi qui ai été désigné pour diriger les opérations de garde, tiens-le toi pour dit !"
Le cousin de Dohko se contenta de répliquer par un mouvement de la tête. Ensuite, les dix chevaliers d'argent et de bronze furent de nouveau sur le qui-vive.
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Quelques mètres plus loin, près de l'entrée des douze maisons du Zodiaque
Non loin de l'escalier menant à la maison du Bélier gardée par Shion de Jamir, treize chevaliers, onze de bronze et deux d'argent, faisaient les cent pas. Ils essayaient de rester concentrés, mais cela n'était pas facile, car personne ne s'était encore manifesté. Les plus disposés à la lassitude étaient les chevaliers de bronze, sur lesquels s'efforçaient de veiller les deux chevaliers d'argent présents dans les environs, qui étaient Calchas de l'Autel et Tellos d'Héraclès. Le géant roux hurlait :
"Un peu de concentration ! Vous ne savez pas quand l'Empereur des Ténèbres débarquera, alors tâchez de rester éveillés !"
"Mais, chevalier, tenta de se justifier Akela du Loup, nous sommes fatigués ! Nous avons passé le plus clair de notre temps à nous entraîner aujourd'hui !"
"Akela a raison, approuva Eumène du Sextant, pourquoi devons-nous surveiller l'entrée des douze maisons du Zodiaque alors qu'elles sont toutes gardées par les chevaliers d'or ?"
Ce fut Calchas de l'Autel qui répondit au jeune chevalier de bronze :
"Parce qu'il est fort probable qu'une grande partie de l'armée de notre ennemi attaque le Sanctuaire ! Alors, au nom d'Athéna, cessez de pleurnicher et comportez-vous comme des chevaliers sacrés dignes de ce nom ! Vous avez beau faire partie des plus jeunes membres de notre confrérie, ce n'est pas une raison pour vous plaindre !"
Houten du Microscope soupira :
"Pff...C'est facile pour vous de dire ça : vous et Tellos êtes des chevaliers d'argent !"
Calchas ne perdit pas de temps pour répliquer :
"Apprends, jeune Houten, que j'ai eu pour maître Felipe du Capricorne, qui a été lui-même le disciple du serviteur le plus dévoué d'Athéna ! Et je peux te certifier que mon entraînement avec lui n'a jamais été une partie de plaisir ! Mais je n'ai jamais baissé les bras, car je voulais que mon mentor soit fier de moi ! Alors, j'ai beau savoir que la plupart d'entre vous n'a pas eu de chevaliers sacrés comme maîtres, ce n'est pas une raison pour bâiller aux corneilles !"
Il y eut un bref silence, puis Tellos dit :
"Bon, écoutez-nous, nous allons marcher quelques mètres plus loin, pour savoir si les autres chevaliers et les sentinelles sont sur le qui-vive...Restez vigilants pendant notre absence !"
"Oui, chevaliers !"répondirent en choeur les onze chevaliers de bronze.
Tellos et Calchas s'éclipsèrent donc, tandis que les chevaliers de rang inférieur commençaient à parler entre eux :
"Il n'y a pas à dire, ils ne nous ménagent pas !" gémit presque Ignace de la Règle.
"Moi, je les comprends, rétorqua Dicus du Triangle Austral. Je me suis parfois rendu en Sibérie avec mon mentor Wim, chevalier d'argent du Dauphin, et je peux te dire qu'il ne m'a jamais ménagé !"
"C'est pareil pour moi, approuva Piotr de la Couronne Australe. Moi et mon frère Igor avons été entraînés par Néhémie de la Coupe, et lui non plus n'était pas un tendre !"
"Oui, mais vous, rétorqua Vindex de l'Octant, vous avez été entraînés par des chevaliers sacrés !"
"Ce n'est pas forcément le maître qui fait le disciple, fit remarquer Glenn du Téléscope. D'après ce que j'ai entendu dire, la plus puissante des armures, celle du Phénix, n'est pas décernée par un chevalier sacré !"
"Oui, mais avoir eu un chevalier sacré comme mentor est certainement plus avantageux, supposa Reno du Bouvier. Dis-nous, Elmo, demanda le chevalier du Bouvier au chevalier de la Dorade, tu as bien eu un chevalier sacré comme maître ?"
"Oui, j'ai eu Eon des Poissons, l'un des douze chevaliers d'or, comme mentor !"
"Eh bien, fit respectueusement Caius du Triangle, tu as eu beaucoup de chance !"
"Peut-être, mais cet entraînement fut rigoureux et pénible pour moi, ainsi que pour Elvira et Archibald, mes compagnons d'entraînement !"
"A ce propos, demanda Glenn, Archibald fait bien partie des chevaliers ayant été affectés à la garde des naufragés recueillis la veille, c'est bien cela ?"
"Oui...et je dois reconnaître que j'envie sa tâche, d'autant qu'il y a six chevaliers d'argent avec lui !"
"Il n'empêche, poursuivit Ignace, tu as vraiment de la chance d'avoir fait partie des rares chevaliers de bronze ayant eu un chevalier d'or comme maître !"
"Il est vrai que nous ne sommes pas nombreux au Sanctuaire dans ce cas...Je crois que nous sommes en tout et pour tout six sur les quarante-cinq chevaliers de bronze qui se trouvent au Sanctuaire...Bon, assez parlé, reconcentrons-nous sur notre tâche avant que Tellos et Calchas ne reviennent et nous rabrouent !"
Les dix autres chevaliers de bronze approuvèrent la suggestion du chevalier de la Dorade et se remirent à surveiller les alentours du Sanctuaire.
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Au coeur d'un édifice nommé la Toloméa
Sur un trône taillé dans le bois d'ébène et dont les poignées symbolisaient des têtes de dragons rugissants, l'homme en noir siégeait. Il avait parlé pendant un certain temps avec l'Empereur des Ténèbres, puis s'était retiré dans ce domaine qui lui avait été attribué. Il avait cependant pris soin d'éviter l'armée de son maître, ceux que l'on appelait les 108 Spectres, afin de garder le secret sur cet entretien. Cela faisait seulement quelques heures que les 108 étoiles maléfiques s'étaient réincarnées et le début de la Guerre Sainte face à Athéna était imminent. Il était assis sur son trône, l'air impassible, le visage à moitié masqué par une longue capuche qui couvrait la partie supérieure de son visage. Ce fut alors que quelqu'un vint. C'était une sentinelle dont les habits étaient aussi noirs que les ténèbres et dont l'armure, qui ressemblait à la silhouette d'un squelette, était tout aussi sombre. A deux mètres de l'homme en noir, il se prosterna devant lui et lui dit :
"Monseigneur, celui que vous avez demandé à voir vient d'arriver."
"Qu'il entre. Tu peux te retirer."
Ni une, ni deux, la sentinelle s'éclipsa discrètement et laissa place à un autre personnage. Ce personnage portait une protection qui aurait pu donner des frissons à n'importe quel mortel, tant son effigie s'apparentait à la silhouette d'une harpie, cette redoutable race de femmes-oiseaux, ces divinités de la dévastation qui s'étaient opposées au héros mythique Jason dans sa quête de la Toison d'Or. Physiquement parlant, c'était un homme jeune, aux cheveux sombres, à la peau aussi blanche que le lait et aux yeux bleus comme le ciel. Un physique assez atypique, en somme. Le guerrier ôta son diadème en forme de tête de harpie, s'agenouilla devant l'âme damnée de l'Empereur des Ténèbres et se présenta :
"Motta de la Harpie, spectre de l'étoile céleste de la lamentation, pour vous servir. Pourquoi m'avoir demandé, monseigneur ?"
"J'ai demandé à te voir, car j'estime que tu es l'un des plus brillants éléments de notre armée, si l'on ne tient point compte des trois juges des Enfers...Aussi ai-je décidé de te mettre dans le secret..."
"Quel secret, monseigneur ?"
"L'Empereur des Ténèbres m'a récemment convoqué dans la Giudecca...A présent que toi et tes autres semblables sont ressuscités, il estime que l'heure est venue de déclarer la guerre au Sanctuaire."
"C'est ce qu'estiment aussi les trois Juges des Enfers. A ce sujet, le seigneur Minos m'a demandé de vous signaler que tous les Spectres sont prêts pour le combat !"
"Tu remercieras le seigneur Minos pour son dévouement...Mais cela ne fait pas partie des plans de notre majesté !"
"Comment ça ?"s'étonna Motta.
"Sa majesté a décidé d'employer une autre stratégie pour vaincre Athéna et ses chevaliers, et ainsi permettre la naissance d'une Terre purifiée des péchés et où ses habitants seraient les seuls à disposer de la vie éternelle..."
"En effet, c'est d'ailleurs là le but de notre combat, reconnut le spectre de la Harpie en souriant. Mais, pour en revenir à sa majesté, quelle stratégie souhaite-t-elle adopter?"
L'étrange personnage évoqua alors en une minute la stratégie choisie par l'Empereur des Ténèbres. La surprise fut de taille pour Motta :
"Quoi ?! Monseigneur...vous n'êtes pas sérieux ?"
"Je suis on ne peut plus sérieux, Motta...Cette décision vient de l'Empereur des Ténèbres lui-même !"
"Mais...Monseigneur, je ne pense pas que ceux dont vous m'avez parlé pourraient tenir face aux chevaliers d'Athéna !"
"Moi non plus, je ne le crois pas. Mais si c'est là la volonté de sa majesté, il m'est impossible de m'y opposer, tout comme toi et les autres spectres !"
Motta regardait son supérieur avec des yeux ronds comme des billes. L'homme en noir lui dit aussitôt :
"Je comprends ta stupeur, Motta. Mais c'est un ordre venant de sa majesté et il ne peut être remis en cause ! A présent, va et transmets le message aux autres spectres et plus particulièrement aux trois juges des Enfers !"
"Mais...qu'est-ce que je vais leur dire, monseigneur ?"fit le spectre de la Harpie.
"Tu leur diras de faire confiance à sa majesté et de lui obéir aveuglément ! A présent, va !"
Motta se releva donc. Il se dirigeait vers la sortie de la Toloméa, quand il se retourna subitement et posa la question suivante à son supérieur :
"A propos, comment se porte sa majesté ?"
"Elle se porte bien, rassure-toi. Elle ne devrait pas tarder à agir, la Guerre Sainte ne fait que commencer !"
Le spectre remercia l'homme en noir d'un hochement de la tête, puis quitta la Toloméa non sans se poser des questions au sujet de son supérieur et de la décision de l'Empereur des Ténèbres. Tout à coup, il fut interpellé par l'âme damnée de l'Empereur des Ténèbres :
"Motta !"
"Oui, monseigneur ?"
"Dis aux trois Juges des Enfers de faire disperser les spectres, sauf..."
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Le Sanctuaire, près de l'arène des combats
Seules quelques étoiles illuminaient ce lieu où les chevaliers sacrés venaient s'entraîner, à moins que ne viennent des aspirants luttant pour l'obtention d'une armure sacrée, comme celle de Pégase, qu'Arkantos avait gagnée six mois auparavant. L'on pouvait entendre près de ce lieu de violence une mélodie apaisante, jouée au moyen d'un instrument à cordes pincées. Tomas et Tamen, respectivement chevaliers de bronze de l'Hydre Mâle et de l'Hydre Femelle, s'approchèrent de la source de la mélodie et la reconnurent aisément :
"Maître Véga ?"
Le chevalier de la Lyre, l'air mélancolique, répondit par un nouveau morceau. Les yeux clos, il joua de plus belle, ensorcelant presque ses deux disciples qui, néanmoins, parvinrent à se reprendre :
"Maître...Le Sanctuaire va être attaqué et vous jouez de la lyre !?"lâcha Tamen d'un air incompréhensif.
La question de son disciple ne perturba nullement le chevalier d'argent, qui continua à jouer une splendide mélodie en fa majeur pendant quelques minutes avant de finir par répondre :
"Notre ennemi ne devrait pas tarder à arriver...Soyez vigilants..."
Tomas et Tamen restèrent bouche bée durant quelques instants, avant d'obéir à leur mentor et de faire leur tour de garde. Chemin faisant, Tamen souffla à son camarade d'entraînement :
"Je ne comprends pas notre maître ! Pourquoi jouer alors que le sang va bientôt couler ?"
Tomas haussa les épaules :
"Tu sais...durant notre entraînement, malgré son air désinvolte, Véga s'est montré souvent impitoyable à notre égard ! Cela vaudra sûrement aussi bien pour notre ennemi !"
"Peut-être dis-tu vrai..."fit Tamen.
Tout à coup, deux ombres se manifestèrent devant les deux chevaliers de bronze. Se préparant au pire, Tomas et Tamen se mirent en position de défense, puis le chevalier de l'Hydre Mâle interpella ses deux vis-à-vis :
"Qui que vous soyez, si vous avez l'intention de porter atteinte à la déesse Athéna, il vous en cuira !"
Les deux ombres s'avancèrent alors vers les deux chevaliers qui eurent soudain l'impression d'être pétrifiés par un froid glacial. Ils claquèrent des dents pendant un moment, jusqu'à ce que les deux ombres se dévoilèrent malgré l'obscurité...Il s'agissait de Wim du Dauphin et Néhémie de la Coupe, deux des trois élèves de Christian du Verseau. Tomas poussa un soupir de soulagement :
"Ouf ! Vous nous avez fait peur, nous croyions que l'ennemi était déjà là !..."
"Aaaah !!!"
Tamen avait poussé un cri de terreur en sentant une présence derrière lui. Les deux disciples de Véga se retournèrent alors et virent Moby de la Baleine, autre élève du chevalier du Verseau, derrière eux. Le chevalier d'argent leur dit d'un air mécontent :
"Un rien vous effraie, à ce que je vois !"
"Nous...Nous sommes désolés, chevalier de la Baleine..."
Néhémie poursuivit :
"A l'approche d'une attaque ennemie, ce n'est vraiment pas le moment d'avoir peur ! Vous êtes des chevaliers d'Athéna, il vous faudra en être dignes !"
Wim enchaîna dans le même sens :
"Pas plus tard qu'il y a deux minutes, j'ai rencontré Calchas de l'Autel et il m'a parlé de chevaliers de bronze bien peu concentrés dans leur tâche ! Je ne vous conseille pas de suivre leur exemple !"
Plus sarcastique, Moby ajouta :
"Vous auriez dû venir avec nous en Sibérie en compagnie de maître Christian, le froid de cette contrée vous aurait fait le plus grand bien !...Bon, assez perdu de temps, nous avons une ronde à mener !...Quand à vous, soyez plus téméraires !"
Les deux chevaliers de bronze hochèrent timidement la tête, puis les trois disciples du chevalier du Verseau partirent faire leur ronde sans accorder le moindre regard à Tomas et Tamen.
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La Toloméa
L'homme en noir était désormais en haut des marches du temple et se trouvait face à une centaine de sentinelles vêtues de la même armure en forme de squelette, des sentinelles qu'il haranguait de la sorte :
"Soldats ! Ce soir vont débuter les hostilités contre la pire ennemie de l'Empereur des Ténèbres, notre maître ! Je veux parler de la déesse Athéna ! Cette déesse, dans sa stupidité, prétend défendre l'humanité, une race pervertie par le Mal et capable de tous les péchés qui sont jugés en ces lieux ! Nous allons donc attaquer le Sanctuaire, pour qu'une nouvelle ère commence et qu'une Terre purgée du péché voie enfin le jour ! Pour la gloire de sa majesté !!!"
"Pour la gloire de sa majesté !!!" répétèrent en choeur les sentinelles, sur un ton enthousiaste.
Ce fut alors qu'une silhouette vêtue d'une cape sombre s'avança vers l'âme damnée de l'Empereur des Ténèbres avant de se prosterner devant lui en lui disant :
"Me voici conformément à votre souhait, monseigneur."
"Très bien. Je pense que tu devras garder l'anonymat quand nous serons au Sanctuaire...mais je crois que cela ne manquera point de surprendre ces imbéciles que sont les chevaliers sacrés !"
"Je le pense moi aussi, monseigneur."approuva l'étrange personnage.
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Alors que John venait d'avaler deux nouvelles cuillères de soupe, le révérend Trevor lui demanda :
"John, cette nuit-là, que s'est-il passé ?"
Le jeune homme poussa un bref soupir avant de répondre :
"Beaucoup de choses, révérend...Et malheureusement, il m'est arrivé quelque chose...Quelque chose qui...qui n'allait être qu'un avant-goût de mon sombre sort..."acheva-t-il en déglutissant avec peine.
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La demeure temporaire des Roligny, au Sanctuaire
Les époux Roligny et le révérend Valnoy avaient fini par se coucher, car demain, ils devraient se remettre au travail et à l'étude, du moins pour étudier les perspectives de leur prochain voyage à Istanbul. Ils dormaient d'un sommeil de plomb, comme à leur habitude. En revanche, ce n'était pas le même cas de figure pour John. Le jeune homme avait dû mettre près de deux heures avant de trouver le sommeil, tant la vision d'Emma se baignant nue dans le lac et en sortant dans toute sa beauté l'avait hanté durant tout ce temps. Et à présent, le sommeil du fils d'Etienne Roligny était des plus agités : John dormait à moitié, se tournait et se retournait dans son lit en marmonnant des mots qui incarnaient ce qu'il voyait dans ses rêves :
"Emma...Ce...Ce corps splendide...Je...Je désire ce...ce corps...Je le veux !...Non, il...il ne faut pas que...que je cède à la tentation, ma promise...c'est Jeanne!...Ah...Emma...Ses courbes...La douceur de sa peau...Son visage...Son sourire...Il...Il ne faut pourtant pas que je cède...Je...Je la vois nue...à quelques mètres de...de moi...elle...elle me sourit...comme si...si elle voulait que je la possède...Non, il ne faut pas...Il ne faut pas !...Emma...Mon tourment, mon désir, ma passion...Pourquoi ?...Pourquoi suis-je hanté par ce désir ?..."
"John..."
En entendant cette voix, le jeune homme s'arrêta de parler bien qu'il continuât de somnoler à moitié. Il lui semblait avoir déjà entendu cette voix. Pourtant, il lâcha, d'une voix nonchalante :
"Emma ?"
"Non, John...Tu te trompes de personne...Je ne suis pas celle qui te tourmente, mais celui qui te veut du bien !"
"Du bien ?...Je...Je me souviens maintenant...Je me rappelle vous...vous avoir entendu juste avant que nous ne fassions naufrage..."
"Tu as bonne mémoire, John...Un être aussi admirable que toi mérite toute mon attention !"
Le jeune homme protesta :
"Non...Vous vous trompez...Je...Je ne suis pas admirable, je...je suis en proie aux pires tentations, je crains de ne pas faire partie des élus de Dieu !"
"Rassure-toi, John...Tu fais bien partie des élus de Dieu...J'irai même plus loin : tu es l'élu de Dieu !"
"Impossible...Dieu ne choisit pas qu'une seule personne pour lui assurer la vie éternelle...Il n'y a pas qu'un seul être humain ayant droit à ce privilège, il y en a peu, mais pas qu'un seul, ce n'est pas ce qui est écrit dans les Evangiles !"
"Il existe autre chose qui ne figure pas dans les Evangiles, John...Tous les deux cents ou trois cents ans, Dieu choisit quelqu'un dont le dessein est le plus grandiose qui soit !"
"Et...quel est ce dessein ?"
"Fonder Utopia !"
"NOOOOOOOOONNNNNNNNNNN !!!!!!!!!!!!!"
Ce cri d'horreur, John le poussa en faisant un bond sur son lit. Dès qu'il fut retombé sur son matelas, il haleta nerveusement tout en portant la main à son coeur, pour mieux l'entendre battre la chamade. De sa main libre, il tâta son front et se rendit compte qu'il était en nage. Pour ne rien arranger, il commençait à grelotter de froid, comme s'il avait la fièvre. Ce cauchemar, il n'en avait nullement compris la signification, mais il l'avait éprouvé nerveusement et physiquement.
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A l'extérieur de la demeure provisoire des Roligny, cinq secondes après le hurlement de John
Les dix chevaliers de bronze et d'argent avaient sursauté sur place en entendant le cri venant de la maison qu'ils étaient censés garder :
"Que...Quel était ce cri ?"dit Archibald.
"On aurait dit le cri de quelqu'un qui aurait vu le Diable en personne !"suggéra Hérodote.
"Cette voix...je la reconnais, c'est celle de John !"devina Sun.
"Mon Dieu, quel émotif ! J'avais raison ; Eon est bien plus viril que lui !"lâcha narquoisement Omar.
"Ce n'est pas le moment de se moquer, Omar ! intervint Emma. Ce jeune homme est peut-être en danger, il faut le sauver !"
"Eh bien, vas-y, si tu y tiens, répliqua le chevalier de Persée. En ce qui me concerne, je suis désolé de voir notre Sanctuaire héberger un couard pareil !"
La jeune fille ne tint pas compte de la remarque cynique du chevalier d'argent et courut rapidement vers la chambre où John dormait.
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John
Seigneur...Quel cauchemar...J'ai beau ne pas avoir compris son sens, je me sens mal à présent...J'ai l'impression d'avoir de la fièvre, des sueurs froides et mon coeur bat plus fort que jamais...Comme si mes sens n'étaient pas suffisamment dépravés, voilà que mon corps me lâche à présent...Je tends l'oreille pour savoir si je n'ai pas réveillé mes parents ou le révérend Valnoy...Non...Ils n'ont rien entendu ; ils dorment à poings fermés...Et pourtant, l'Eternel seul sait combien mon cri a été fort...
Tout à coup, quelqu'un tourne la poignée de la porte de ma chambre...Je reste assis sur mon lit pour mieux le voir et...Non...Pourquoi ?...C'est Emma qui vient à ma rencontre...Il me faut résister à la tentation, je sais qui est celle qui m'est destinée !...Je la regarde, elle porte son masque de porcelaine, ainsi qu'une légère armure blanche, sans doute l'armure de la Colombe...Elle a beau porter son masque, je ne vois que son visage d'ange qui sourit...Cruelle réminescence de l'après-midi...Elle s'approche de moi et me demande :
"Avez-vous vu quelque chose ?"
"Non, lui réponds-je, je...j'ai simplement fait un cauchemar, une...une voix me parlait de choses étranges, mais qui m'ont effrayé..."
Le chevalier de la Colombe pose alors sa main sur mon front brûlant et couvert de sueur, un geste qui me fait rougir, puis me dit :
"On dirait que vous avez de la fièvre..."
"Ce n'est rien, ne vous en faites pas, mademoiselle, ce sont les séquelles de mon cauchemar..."
"John, me dit-elle en m'appelant par mon prénom, vous avez dû être sérieusement marqué par ce mauvais rêve...Cela n'est rien, c'est quelque chose qui peut nous arriver à tous, même aux chevaliers sacrés dont je fais partie..."
Elle ôte alors sa main de mon front, puis prend un linge trempé dans une bassine d'eau et le dépose sur la partie supérieure de ma tête. Parallèlement, elle m'effleure la joue droite, puis me dit de sa voix douce :
"Vos parents ou votre précepteur ne se sont pas enquis de votre état ?"
"Ils ne m'ont point entendu crier, ce qui m'a étonné, ma chambre étant contigües aux leurs..."
Emma pose une main sur mon autre joue, puis murmure :
"Ne vous en faites point, je suis là pour vous soulager..."
"Vous ne devez pas être la seule, fais-je remarquer, il doit y avoir d'autres chevaliers à proximité..."
"En effet, nous sommes dix à protéger votre maison. D'après ce qu'Omar m'a dit, et il le tient du chevalier des Gémeaux, c'est un ordre de la déesse Athéna."
"La déesse Athéna est une personne remarquable...lorsque je l'ai vue, elle m'a semblé animée du même amour pour l'humanité que celui qu'avait Jésus-Christ !"
"Vous avez eu de la chance, John...Seuls les douze chevaliers d'or, Arkantos de Pégase, Sun du Dragon et maître Cristobal ont pu la voir depuis sa réincarnation..."
"Vous finirez bien par la voir un jour, mademoiselle..."
"John...Ne m'appelez pas mademoiselle, je trouve cela trop solennel...Appelez-moi Emma, tout simplement..."
Je réponds avec un sourire pâle :
"Comme vous voudrez, Emma...C'est d'ailleurs un doux prénom, il me semble..."
"Merci à vous, John...Je vous remercie pour votre gentillesse.", me dit-elle en caressant ma joue.
"Emma !!! Qu'est-ce que tu fiches ?!"
Cette voix m'intrigue, mais la jeune fille la reconnaît :
"C'est Omar de Persée, celui qui dirige notre groupe ! C'est l'un des meilleurs chevaliers d'argent, mais aussi l'un des serviteurs les plus zélés du Sanctuaire ! Je dois retourner à ma garde, John, quant à vous, je vous souhaite bonne nuit !"
"Merci..."dis-je un peu à regret.
Le chevalier de la Colombe partit alors à toute vitesse rejoindre ses compagnons de garde.
************
Emma accourut vers ses compagnons de garde, notamment Omar de Persée, qui la tança vertement :
"Par la barbe du Prophète, on peut savoir ce que tu faisais ?! Tu batifolais avec ce jeune homme ou quoi ?"
La jeune fille répondit :
"Non...Il avait fait un cauchemar, je n'ai fait que le rassurer et le réconforter..."
"Au cas où tu l'ignorerais, ce John n'a certainement plus l'âge d'être materné !"rétorqua le chevalier d'argent.
"C'est un jeune homme gentil et sensible, je sentais qu'il avait besoin d'un peu de chaleur humaine...Tu devrais être un peu moins sévère avec lui, Omar..."
"Et toi, tu aurais dû suivre l'entraînement de maître Bosching, ça t'aurait ôté ces sensibleries typiquement féminines !...Enfin, je ne veux pas polémiquer, acheva-t-il en observant les poings de la jeune fille qui se serraient, il nous faut veiller sur cette maison, au cas où les forces du Mal se manifesteraient ! Allons, un peu de concentration!"
Les chevaliers de bronze et d'argent reprirent donc leurs rondes autour de la demeure des Roligny. Mais certains commençaient à se lasser du caractère du chevalier de Persée, comme Robin :
"Pff...Avec Omar, l'on est assuré de ne pas s'endormir ! Quel caractère ! Si le chevalier des Gémeaux a vraiment eu de l'influence sur lui, ses autres disciples ne doivent être guère sympathiques !"
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"Après ce court tête-à-tête avec le chevalier de la Colombe, mon envie d'elle n'en était que plus forte..."reconnut John à voix basse.
Le jeune homme laissa s'écouler quelques secondes, le temps pour le révérend Trevor d'assimiler ces nouveaux aveux, puis reprit son récit.
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La chambre de John
Le fils d'Etienne Roligny allait un peu mieux physiquement, mais il était encore plus troublé mentalement parlant. L'attention d'Emma, la douceur de sa peau, sa tendresse...tout ce qu'elle avait démontré à son égard l'avait à la fois émerveillé et désespéré. Assis sur son lit, les yeux fixés sur le plancher, John murmura :
"Dieu, que je souffre...Ce qui s'est passé il y a quelques minutes avec Emma n'a fait que renforcer le désir que j'avais pour elle...Elle portait son masque, mais je n'ai vu que son visage souriant...Et ses mains si douces...Mon envie de la posséder n'en est que plus grande..."
Le jeune homme se leva de son lit et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre. Le ciel était étoilé et l'ambiance du paysage extérieur, monotone. John regarda vers le ciel et songea, tout en fermant les yeux :
"Seigneur...Pourquoi m'imposez-vous ces souffrances ?...Est-ce là un signe que mes parents et le révérend se sont trompés ? Cela veut-il dire que je ne suis pas l'un des élus que vous avez choisis pour faire partie de votre royaume ?..."
John s'interrompit subitement dans ses pensées ; son cauchemar venait de ressurgir dans son esprit :
"Cette voix...Elle m'a parlé d'un élu de Dieu pour...pour fonder Utopia...Mais Utopia n'est que le nom d'un ouvrage écrit par Thomas More au XVIème siècle, cela n'a aucun sens !"
Il rouvrit alors les yeux et aperçut au loin une curieuse lueur. Elle ne dura que trois secondes, mais semblait briller de mille feux pour le jeune homme, qui murmura :
"Quel est ce phénomène ? Cela relève du surnaturel !"
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A la périphérie du Sanctuaire
Huit gardes patrouillaient depuis que l'on leur avait signalé une attaque imminente des forces de l'Empereur des Ténèbres. Mais ils commençaient à se lasser de leur tâche:
"Je commence à en avoir assez ! Cela doit faire trois heures que nous surveillons les alentours du Sanctuaire et cela fait trois heures que nous n'y avons rien vu !"
"Et tout ça parce que le chevalier du Cancer a vu une étoile filante ! Il ne faut quand même pas voir le Mal partout !"
"Sois prudent, si jamais il y a un de ses disciples qui te surprend, ça ira très mal pour toi ! "
"Oui, enfin, je ne sais pas pour vous, mais moi, je commence à me demander ce qu'on fait ici !"
"Surveiller les alentours du Sanctuaire, voilà ce qu'on fait !"
"Amusant...Mais on surveille et on ne voit rien !..."
Tout à coup, une lueur se mit à briller au-dessus des sentinelles, qui restèrent immobiles durant un bref laps de temps, puis commencèrent à se poser des questions, juste après la subite disparition de cette lueur :
"Hein ?!...Mais...Mais qu'est-ce que c'était que cette chose ?"
"C'est peut-être un signal...Un signal qui n'annonce rien de bon !"
"Eh bien, nous qui nous plaignions de ne voir rien arriver, on va finir par avoir un peu d'occupation !"
Soudain, des bruits de pas se firent entendre derrière les gardes. Ces derniers se retournèrent subitement et l'un d'eux lâcha simplement :
"Quoi ?!...Qu'est-ce que ?..."
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Dix mètres plus loin
Deux chevaliers de bronze montaient la garde. Il s'agissait d'Arkantos de Pégase, disciple de Felipe du Capricorne, qui avait découvert les Roligny évanouis non loin du Sanctuaire, et d'Ogataï du Lynx, un jeune Mongol de treize ans qui avait gagné son armure trois mois auparavant. Depuis qu'ils veillaient dans les parages, ils n'avaient rien vu de particulier :
"Toujours rien...C'est à se demander si les mesures prises sont vraiment légitimes !"dit Ogataï.
"Mesure tes paroles, Ogataï, suggéra Arkantos. Parfois, maître Felipe me disait que l'ennemi débarque au moment où l'on s'y attend le moins !"
"Pff...Eh bien, moi, je dois te confier que je ne m'y attends plus du tout !"soupira le chevalier du Lynx.
"Aaargh !!!"
Les deux chevaliers de bronze s'arrêtèrent subitement de discuter et tendirent l'oreille au loin. Le chevalier Pégase fut le premier à comprendre :
"Ce...Ce sont les gardes qui veillaient dans les parages ! Dépêchons-nous !"
"Oui !"approuva Ogataï.
Dans la foulée, il se dit à lui-même :
"Je crois qu'on peut corriger la remarque d'Arkantos : l'ennemi débarque quand l'on ne s'y attend plus du tout !"
Se déplaçant à la vitesse du son, les deux chevaliers arrivèrent rapidement sur le lieu d'où venait le cri et y découvrirent...huit cadavres. Huit cadavres qui étaient ceux des gardes.
"Trop tard !"fit le chevalier du Lynx.
Ne s'apesantissant guère sur le sort funeste des sentinelles, Arkantos s'approcha près des corps qui n'étaient pas encore atteints par la lividité cadavérique et fut frappé par les caractéristiques des coups qu'ils portaient :
"C'est...C'est curieux...Sept cadavres sur huit sont comme...on dirait qu'ils ont été frappés par la foudre !"
"La foudre ?! Mais je n'ai rien entendu !"rétorqua Ogataï.
"Et pourtant, à en juger par les traces que portent les cadavres, il s'agit de brûlures intenses, comme celles des personnes foudroyées !...Quant...Quant au dernier, il...il a été frappé à la tête par un poids très lourd et hérissé de piquants ; son crâne est complètement défoncé et il est à moitié défiguré ! Je me demande comment tout cela a pu arriver..."
"Arkantos !!"
Le chevalier Pégase se retourna et, comme son ami, vit une dizaine de silhouettes toutes de noir vêtues arriver dans leur direction. Le chevalier du Lynx souffla au disciple du chevalier du Capricorne :
"Arkantos...Je...Je ne sais pas pour toi, mais ces personnages ne me semblent guère amicaux !"
"Moi non plus, je ne crois pas qu'ils soient venus pour une visite de courtoisie !"
"Dans ce cas, il vaudrait mieux attaquer !"
"C'est ce que j'allais te proposer, Ogataï !...Par les Météores de Pégase !"
"Par les Griffes du Lynx !"
Les attaques des chevaliers de bronze se dirigèrent vers les silhouettes vêtues de noir à la vitesse du son, mais ne firent que passer au travers.
"Quoi ?! C'est...C'est impossible, ils n'ont rien senti !"fit le chevalier Pégase d'un ton incrédule.
"Et...Et ils continuent à avancer dans notre direction !"
Les silhouettes en noir avançaient en effet vers les deux chevaliers à une allure lente. Ogataï et Arkantos voyaient le piège se refermer sur eux petit à petit, mais ils ne savaient quoi faire, aussi, moins d'une minute plus tard, les étranges silhouettes ne furent plus très loin des deux défenseurs d'Athéna.
"Qui êtes-vous ? Dévoilez-vous si vous n'êtes pas des lâches !"leur conseilla Ogataï de vive voix.
Il n'y eut aucune réponse de la part des étranges personnages, mais l'un d'eux laissa entrevoir son visage, ce qui fit pousser au chevalier du Lynx un cri de terreur aigu. Ce n'était pas un visage humain; son côté droit était comme décomposé, son oeil était à moitié sorti de son orbite, son oreille droite était en lambeaux. Quant à son côté gauche, il n'avait plus d'oeil du tout et des vers sortaient par ses narines. Sa dentition était incomplète, seules quelques dents de la mâchoire supérieure subsistaient. Enfin, sa bouche était en sang, comme s'il avait eu ses lèvres arrachées, et son menton pourrissait à vue d'oeil. Un visage de cauchemar qui terrifia les deux chevaliers de bronze :
"Ce...Ce n'est pas un humain, c'est un monstre !"balbutia Arkantos.
Dans la foulée, les autres personnages se dévoilèrent ; leurs visages étaient identiques à celui de leur compagnon.
"Ce...Ce n'est pas réel !...C'est un vrai cauchemar !"
"Je voudrais en dire autant, Ogataï, mais ces visages d'horreur sont bien en face de nous !...Mais nous ne nous laisserons pas faire ! Par les Météores de Pégase !"
Dans la seconde qui suivit, Ogataï poussa son cri d'attaque à son tour :
"Par les Griffes du Lynx !"
Une nouvelle surprise survint devant les yeux des deux chevaliers. Alors que leurs attaques allaient frapper les cadavres en décomposition, ceux-ci s'évaporèrent subitement, comme s'ils disparaissaient en fumée, ce que les deux serviteurs d'Athéna furent forcés de constater :
"Mais !...Ils...Ils ont disparu !"lâcha Arkantos.
"Pourtant, ils...ils étaient bien présents et...et ils se sont dissipés alors que nos attaques ne les avaient même pas encore touchés !"poursuivit le chevalier du Lynx.
Un bref silence de trois secondes survint, avant que le chevalier Pégase ne se posât la question suivante :
"Aurions-nous rêvé ?"
Ce fut une voix étrangère qui lui répondit :
"Ne bougez pas, vous êtes cernés !"
Arkantos et Ogataï regardèrent autour d'eux et virent deux dizaines d'hommes qui les menaçaient de leurs lances. Ces soldats portaient tous la même protection : une curieuse armure ressemblant à l'effigie d'un squelette et dont la noirceur semblait sortir des Enfers. L'un de ces soldats leur dit :
"Vous ne pouvez rien faire contre nous ; vous êtes deux et nous sommes vingt ! Rendez-vous si vous voulez rester en vie !"
Le chevalier Pégase répliqua avec un sourire amusé :
"Si nous n'avions pas vu avant ces visages de cauchemar, vous nous auriez fait rire...On dirait que vous n'avez jamais entendu parler des chevaliers d'Athéna !"
"Au contraire, chevalier ! Mais nous vous l'avons dit : nous sommes supérieurs en nombre ! Alors, rendez-vous ou vous y laisserez la vie !"
Commençant à s'énerver, le chevalier du Lynx répliqua :
"Nous préférons une troisième solution : nous battre !"
"Vous l'aurez voulu ! Camarades, abattez ces deux chevaliers d'Athéna ! Pour la gloire de sa majesté !!!"
"Pour la gloire de sa majesté !!!"
Les vingt soldats se jetèrent alors sur Ogataï et Arkantos, qui ne restèrent pas inactifs :
"Par les Griffes du Lynx !"
"Par les Météores de Pégase !"
En seulement cinq secondes, dix-huit soldats sur vingt furent balayés par les attaques des chevaliers de bronze. Une fois les dix-huit cadavres retombés au tapis, les serviteurs d'Athéna regardèrent narquoisement les deux survivants, puis leur dirent :
"Si vous tenez à rester en vie, vous pouvez encore partir ! Nous n'avons pas envie d'ôter la vie à des guerriers aussi faibles que vous !"
L'un des soldats répliqua en serrant les dents :
"Grrr...Comment osez-vous nous insulter ? Sachez que nous préférons mourir plutôt que fuir comme des lâches !"
"Dans ce cas, vous l'aurez voulu ! Par les Griffes du...!"
Tout à coup, Ogataï fut arrêté dans son mouvement par un violent choc à la tête. Il s'effondra à terre, la tempe gauche ensanglantée. Inquiet, Arkantos vint s'enquérir de son frère d'armes :
"Ogataï !...Ogataï, réponds-moi...!"
Un violent coup lui fut porté à la tête, sans prévenir. Le chevalier Pégase tomba à son tour, non loin de son ami. Les deux soldats étaient ravis, mais en même temps intrigués :
"Qui...Qui est venu à notre secours ?"
Devant les yeux des deux soldats, une silhouette vêtue d'un long manteau noir surgit. L'une des sentinelles lâcha, quelques secondes après avoir été frappée par la surprise :
"Ah !...C'était vous ! Nous ne nous attendions pas à ce que vous nous veniez en aide !"
"Je ne sais pas si j'aurais dû, tant vous avez fait preuve d'incompétence devant ces misérables chevaliers de bronze, alors que vous étiez dix fois plus nombreux qu'eux !"
L'autre sentinelle répliqua :
"Enfin...Nous n'allons pas nous fâcher pour si peu ! Après tout, vous les avez tués, et c'est ça qui compte !"
"Détrompe-toi...Je les ai mis hors de combat, mais ils sont encore en vie !"
"Quoi ? Pourquoi ne pas les avoir achevés ?"
"C'est un ordre de sa seigneurie, qui le tient de notre majesté, l'Empereur des Ténèbres ! Cela fait partie du plan de bataille !...Bon, suivez-moi à présent, nous devons nous rendre au coeur du Sanctuaire !"
"A vos ordres !"
Les deux soldats suivirent alors l'homme en noir, tout en continuant à se poser des questions au sujet de la stratégie de leurs supérieurs.
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L'aile droite du Sanctuaire
Cette partie du lieu saint était fort bien gardée, à la fois par des sentinelles et des chevaliers de bronze, respectivement dix et six pour chaque catégorie. Il y avait notamment Panti du Burin, le disciple de Shion, qui haranguait ses camarades :
"Compagnons, ce soir, nous allons mener une lutte acharnée contre les forces du Mal ! Alors, quand il viendra, il faudra lui montrer de quel bois les chevaliers d'Athéna se chauffent !"
"Ne t'en fais pas, Panti, répondit Léon de la Table. On sera à la hauteur, même si on doit donner notre vie pour l'humanité !"
"Maître Shion, ajouta le jeune chevalier du Burin, m'a souvent répété que, quand on devenait chevalier sacré, il fallait s'attendre à mourir à n'importe quel moment ! Alors, restons vigilants !"
Nosco de la Machine Pneumatique intervint à son tour :
"Tu es bien motivé...L'on voit que tu as été entraîné par un chevalier d'or, Panti !"
"Ce n'est pas le maître qui fait l'élève, mais c'est un avantage à ne pas négliger !"
"Tu es trop modeste." répondit Izimir de la Girafe en souriant.
Tout à coup, l'un des gardes interrompit la conversation entre les chevaliers de bronze :
"Ecoutez ! Je...Je crois avoir entendu des bruits de pas !"
"Tu en es sûr ?"insista Malcolm de la Grue.
"Oui, et...et je crois même qu'il y en a des dizaines, voire des centaines !!"
"Quoi ?!"
Les six chevaliers de bronze présents tendirent l'oreille et durent se rendre à l'évidence :
"Tu ne mens pas, reconnut Léon, j'entends bien des pas, mais...mais derrière nous !"
Les seize combattants, chevaliers et gardes, se retournèrent alors et furent cloués sur place par ce qui venait vers eux. Un homme plutôt âgé, vêtu d'un long manteau noir, ne dévoilant que la partie inférieure de son visage, marchait en tête d'un cortège de plusieurs dizaines de soldats tous vêtus d'une même armure sombre en forme de squelette. Face à un tel spectacle, Léonardo du Peintre balbutia :
"C'est insensé !?...C'est...c'est ça, l'armée de l'Empereur des Ténèbres ?"
L'homme en noir s'arrêta subitement, imité dans la seconde suivante par ses troupes, et s'adressa aux chevaliers d'Athéna de sa voix rauque :
"Chevaliers d'Athéna, je suis honoré de vous rencontrer ! Et je pense que les soldats de l'Empereur des Ténèbres partagent mon avis !"
"Qui es-tu ?"demanda Panti avec véhémence.
"Qu'importe mon nom, jeune chevalier...Nous sommes ici pour permettre à sa majesté de régner sur Terre, et pour cela, nous devons vous éliminer !"
"Eh bien, rétorqua l'un des dix gardes présents, nous ne te laisserons pas ce plaisir, vieux cacochyme ! Allez, saisissez-vous de lui !"
Et, sans réfléchir, les dix gardes se précipitèrent, lances en avant, sur l'homme en noir, qui répliqua avec un sourire sadique :
"Pauvres imbéciles ! Vous allez voir ce qu'il en coûte de s'en prendre à un valet de sa majesté !...Power Lightning !!!"
Aussitôt, sans explication rationnelle, des éclairs de couleur rouge jaillirent des mains de l'homme en noir et vinrent frapper les dix gardes, qui se mirent à hurler à la mort, tant ils sentaient la foudre s'infiltrer dans leurs corps. Leur supplice dura une vingtaine de secondes, puis tous retombèrent au sol, morts pour de bon.
Panti, Izimir, Malcolm, Léonardo, Nosco et Léon étaient tétanisés par ce qui venait de se produire devant eux :
"C'est...C'est de la sorcellerie !"
"Ce...Ce ne peut pas être un humain ! C'est impossible !"
"Pourtant, d'après le peu que j'ai pu voir de son visage, il me semble que c'était bien un homme !"
"On dirait qu'il...qu'il est comme possédé !"
"Oui, tu as raison...Son pouvoir est certainement diabolique !"
"Sûrement un suppôt de Satan !"
En écoutant les propos du chevalier de la Table, le visage de l'homme en noir se renfrogna :
"Jeune insolent...Si cela ne tenait qu'à moi, je me chargerais bien volontiers de te régler ton compte...Cependant, j'ai d'autres choses à faire, aussi je laisserai mes soldats te régler ton compte, ainsi qu'à tes amis ! Adieu !"
"Non, attends, lâche !..."protesta Panti.
Mais les avertissements du disciple de Shion furent vains ; l'homme en noir s'éclipsa comme par magie, fuyant dans la nuit vers une autre partie du Sanctuaire.
"On nage en plein cauchemar !"lâcha Izimir. Qui peut donc être cet homme ?"
Le chevalier de la Girafe n'eut guère de temps pour se poser plus d'interrogations au sujet du serviteur de l'Empereur des Ténèbres ; l'un des soldats portant une armure en forme de squelette venait de l'interpeller :
"Chevalier d'Athéna ! Nous sommes bien plus nombreux que vous ! Toi et tes amis feriez mieux de déposer les armes !"
"Nous préférons nous battre ! répliqua Panti. Et je vais vous prouver ma détermination en utilisant contre vous une technique que mon maître, le chevalier du Bélier, m'a apprise !"
Le chevalier du Burin leva alors les bras en l'air, faisant léviter dans les airs des cailloux et quelques roches de taille moyenne, puis les fit s'illuminer comme par magie, sous les yeux enchantés de ses frères d'armes et les regards soucieux des soldats de l'Empereur des Ténèbres. Quand il eut sous son contrôle une quinzaine de rochers lumineux, Panti poussa son cri d'attaque :
"Crystal Rocks !!"
Les rochers contrôlés par le disciple de Shion partirent alors à la vitesse du son vers les soldats noirs en première ligne et vinrent les frapper violemment. Le résultat se passa de commentaires ; une fois touchés, les subalternes du Maître des Ténèbres sentirent que des projectiles formés de roche et de cristal pénétraient leurs corps, à l'emplacement de leurs points vitaux. Ils hurlèrent quelques secondes durant, puis tombèrent à terre, sans vie.
Les autres soldats pâlirent devant la mort rapide de leurs compagnons :
"Non ! Il les a vaincus en quelques secondes ! C'est donc ça, le vrai pouvoir des chevaliers d'Athéna !?"
"Euh...Peut-être qu'il vaudrait mieux décamper avant de subir le même sort !"
"Mais tu es fou !? Sa Seigneurie n'apprécierait pas ! Nous allons nous battre contre ces chevaliers, même si on doit trépasser ! Pour la gloire de sa majesté !!!"
"Pour la gloire de sa majesté !!!"
Et les soldats survivants (ils étaient encore bien des dizaines) se lancèrent à l'assaut de Panti, Izimir, Malcolm, Léonardo, Nosco et Léon. Les six chevaliers de bronze ne perdirent pas une seconde pour riposter :
"Crystal Rocks !!"
"Big Herd !!"
"Crane Scream !!"
"Death Colours !!"
"Lethal Explosion !!!"
"Fall Of Table Mountain !!!"
Les soldats portant des armées de squelettes virent alors fondre sur eux des cailloux et roches couvertes de cristal, un troupeau de girafes géantes prêtes à les écraser sans pitié, des couleurs vives prêtes à les noyer, ainsi que des chutes de pierre, sans compter qu'ils entendaient en parallèle un cri strident d'oiseau qui leur martelait les tympans et semblait leur ronger le cerveau, quand ils ne se sentaient pas gonfler anormalement, prêts à exploser de tous parts. Quoi qu'il en fût, en seulement une dizaine de secondes, les six chevaliers de bronze se débarrassèrent aisément de leurs imprudents adversaires ; d'eux, il ne restait plus que des cadavres sanguinolants. Panti leva les bras au ciel :
"Victoire ! Nous avons gagné !"
"Ils n'étaient pas vraiment puissants !"sourit Malcolm.
"Hmm...Je ne sais ce qui me pousse à dire ça, mais je doute que ce soit la seule armée dont dispose l'ennemi..."dit Izimir d'un air soucieux.
"Qu'est-ce qui te fait dire ça, Izimir ?" lui demanda Léon.
"Ils étaient très loin d'avoir la force des chevaliers de bronze, et je ne pense pas que l'Empereur des Ténèbres ait à sa disposition d'aussi faibles serviteurs !"
"Quelque part, tu n'as pas tort, reconnut Nosco. Quand je pense à cet homme qui a foudroyé les gardes du Sanctuaire, je me dis que le pire est peut-être à venir..."
Léonardo lâcha, l'air inquiet :
"Hmm...Eh bien, si tel est le cas, la bataille sera peut-être moins facile qu'au premier abord !"
Panti, plus optimiste, répliqua :
"Mais en attendant, ceux qui sont venus, on les a balayés ! Et c'est ça qui compte pour le moment ! Bon, assez parlé, on ne se repose pas sur ses lauriers et on continue à surveiller l'aile droite du Sanctuaire ! "
Les autres chevaliers de bronze hochèrent la tête et reprirent leur surveillance, bien qu'étant à la fois grisés par leur victoire et soucieux pour la suite des événements à venir.
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Près de l'accès aux douze maisons du Zodiaque
Les onze chevaliers de bronze réprimandés par Calchas et Tellos surveillaient toujours l'accès menant aux douze maisons du Zodiaque, à commencer par l'escalier conduisant à la maison du Bélier gardée par Shion de Jamir. Mais depuis quelques temps, un trouble était apparu dans leurs coeurs :
"C'est curieux, mais je crois avoir senti des mouvements de bataille dans le Sanctuaire !" supposa Akela.
"C'est ce que j'ai constaté, moi aussi, approuva Dicus. Il me semble qu'il y a déjà eu des pertes !"
"Tu veux dire que nous avons déjà perdu des chevaliers sacrés ?"s'inquiéta Elmo.
"Non...il me semble que cela concerne plusieurs gardes du Sanctuaire. J'ai bien senti le cosmos de deux chevaliers s'évanouir, mais leurs vies ne sont pas en danger..."
"Certes...mais je crains que les vôtres ne soient en péril à partir de maintenant !"
"Quoi ?!"
La voix qui s'était adressée narquoisement aux chevaliers de bronze les avait surpris par derrière. Les protecteurs d'Athéna firent une rapide volte-face et se trouvèrent face à un curieux personnage vêtu d'une cape sombre, de sorte qu'il était impossible de discerner le moindre trait de son visage. A ses côtés se trouvaient une quinzaine de soldats vêtus du même uniforme que ceux qui avaient été vaincus par Arkantos et Ogataï. Vindex demanda au chef du groupe :
"Peut-on savoir ce que tu es venu faire ici avec tes guerriers ?"
"Que t'importent mes raisons, chevalier de bronze ? Tu n'auras pas l'occasion de le savoir, car tu seras bientôt mort ! Soldats ! Eliminez ces ennemis de sa majesté !"
"A vos ordres !"
Les soldats vêtus d'une armure de squelette se précipitèrent vers Akela, Eumène, Houten, Ignace, Dicus, Piotr, Vindex, Glenn, Reno, Elmo et Caius, qui répliquèrent instantanément :
"Dead Howling !"
"Par l'Equilibre du Sextant !"
"Lowest Size !"
"Right Lights !"
"Triple Ice !"
"Southern Circles !"
"Par l'Equilibre de l'Octant !"
"Great Spying !"
"One Thousand Beefs !"
"Aquatic Sword !"
"Great Triangle !"
Bien que bon nombre de ces attaques firent partie des plus faibles attaques des chevaliers d'Athéna, elles n'eurent aucun mal à terrasser les quinze soldats qui avaient défié les chevaliers de bronze. Toutefois, l'étrange personnage avertit ses onze adversaires :
"Bien, très bien...Vos attaques ont beau être dérisoires, elles n'ont fait qu'une bouchée de mes soldats !"
"Exact ! Et elles ne feront qu'une bouchée de toi !" promit Elmo.
"Je voudrais bien voir ça..."
Tout à coup, l'homme sortit de sous son manteau un curieux objet que les chevaliers de bronze n'eurent nullement le temps de voir : tous furent frappés en quelques secondes et envoyés au tapis. Presque tous étaient inconscients, à l'exception d'Akela et d'Elmo. Le disciple d'Eon des Poissons balbutia avec difficulté :
"Quel...Quel choc...J'ai l'impression d'avoir reçu un coup de massue sur le crâne...Qui peut donc bien être ce guerrier ?"
Le guerrier en question s'avança vers le chevalier de la Dorade et lui dit :
"Chevalier, as-tu à présent compris ma puissance ?...Non ? Alors, je vais te faire connaître mon véritable pouvoir !..."
"Arrrête !"
Intrigué, l'étrange personnage tourna la tête et vit un autre chevalier descendre les marches de la maison du Bélier. Il portait une armure bleue-verte, un casque dont l'effigie était celle d'un fier oiseau, ainsi qu'une longue traînée de plumes collées au dos. Le serviteur de l'Empereur des Ténèbres demanda au jeune chevalier :
"Qui es-tu ?"
"Thérava, chevalier d'argent de la constellation du Paon ! Je suis le disciple de Gautama de la Vierge, l'homme le plus proche de Dieu !"
"Athéna soit louée...Nous allons nous en sortir !"murmura Akela, dont le visage arborait un pâle sourire.
Mais ce n'était pas l'avis du guerrier de l'Empereur des Ténèbres :
"Chevalier du Paon, sache que tu ne pourras rien faire contre moi ! Goûte à ce que ces misérables chevaliers de bronze ont encaissé !"
Et, depuis le manteau du serviteur du Mal, deux boulets d'acier hérissés de piquants partirent vers Thérava. Le chevalier du Paon fut surpris par cette technique, mais il ne se laissa pas intimider, conformément aux enseignements de Gautama de la Vierge, et évita les deux boulets, non sans mal, avant de se décider à riposter :
"A mon tour de te montrer ce que je sais faire ! Par l'Attaque du Million de Mains !"
Le guerrier mystérieux reçut alors une volée de coups de poings, qui faillirent bien le plonger dans un coma permanent. Toutefois, après trente secondes d'inconscience, il se remit sur ses deux pieds avec peine et dit à Thérava :
"Chevalier du Paon, tu me surprends agréablement !...Mais je n'ai plus le temps de combattre avec toi, j'ai d'autres choses à faire, conformément à la volonté de l'Empereur des Ténèbres !...Nous nous retrouverons dans cette Guerre Sainte, et plus rapidement que tu ne le penses !"
"Non ! Attends !..."
Mais Thérava n'eut pas le temps d'agir ; le serviteur de l'Empereur des Ténèbres se dissipa dans la nuit noire. Ne souhaitant guère se lamenter sur cette occasion perdue, le disciple de Gautama alla s'enquérir du sort des chevaliers de bronze, à commencer par Elmo de la Dorade :
"Elmo ? Tu vas bien ?"
"Plus ou moins...Quel mal de crâne j'ai..."
"Toi et les autres chevaliers avez été blessés, il faudrait que vous alliez vous faire soigner...Apparemment, ce sont ces boulets d'acier qui vous ont mis dans cet état..."
"Des boulets d'acier ?"lâcha Vindex.
"C'est ce que j'ai bien vu, confirma le chevalier du Paon. Je ne sais d'où vient cet attirail, mais, à mon humble avis, il vaudrait mieux que j'en fasse part à maître Gautama, quand les hostilités de cette nuit auront pris fin...En attendant, allez vous faire soigner, je reste ici pour protéger l'entrée !"
"Nous ne pouvons pas nous permettre de te laisser seul, Thérava ! protesta Akela. Nous sommes des chevaliers d'Athéna tout comme toi, nous continuerons donc à nous battre jusqu'à ce que la Mort vienne nous rappeler à elle !"
Thérava sourit timidement :
"Bon...Si tel est votre choix, je le respecte..."
"Les chevaliers de l'Autel et d'Héraclès nous ont sévèrement réprimandés cette nuit, nous ne voulons pas les décevoir !"précisa Houten.
"Je comprends mieux...Effectivement, il vaudrait mieux que vous ne montriez aucun signe de faiblesse ; ni la déesse Athéna, ni le Grand Pope ne l'apprécieraient ! Cela dit, je reste avec vous pour vous aider, au cas où l'ennemi reviendrait !"
Les chevaliers de bronze sourirent à Thérava, afin de lui signaler qu'ils approuvaient son aide.
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Devant la demeure des Roligny
Les dix chevaliers désignés pour protéger les Roligny étaient quelque peu tendus depuis plusieurs minutes. Tous avaient senti que la bataille avait commencé, que les chevaliers de bronze s'en étaient relativement bien sortis, mais tous sentaient que le pire était à venir :
"Bon...Visiblement, les chevaliers de bronze n'ont pas démérité et aucun d'eux n'a perdu la vie...C'est déjà une bonne chose."constata Joseph de l'Aigle.
"Même si je ne suis que chevalier de bronze, je saurai me montrer à la hauteur, je le jure devant Athéna !"promit Archibald.
Omar répliqua avec un sourire sarcastique :
"Du moment que tu fais plus forte impression que ton maître, tout ira bien !"
Excédé une fois de plus, Archibald interpella le chevalier de Persée :
"Comment peux-tu autant manquer de respect à un chevalier d'or, Omar ?"
"Maître Bosching, durant mon entraînement, m'a confié que, bien que la hiérarchie des armures soit respectée en théorie, dans les faits, ce n'est pas l'armure qui fait le chevalier, mais le cosmos ! Si les principes de la chevalerie étaient aussi rigides, aucun chevalier d'argent ou de bronze ne survivrait à une Guerre Sainte, or, en 1538, parmi les dix chevaliers survivants, il y en a eu trois d'argent ! Et cette idée peut être aisément appliquée à ton maître, qui n'est chevalier d'or que par son armure ! Et je dois te dire que maître Bosching me le répète souvent, et je ne saurais mettre en doute la parole du chevalier le plus impitoyable !"
Ambroise soupira :
"Quand vous aurez fini de vous quereller, vous pourrez peut-être revenir à la surveillance de la maison des Roligny, non ? Vous feriez mieux de prendre exemple sur Sun ; il est resté vigilant pendant que vous vous disputiez vainement !..."
Tout à coup, un halo sombre apparut sous les yeux des dix chevaliers. Cette fois-ci, cela ne faisait plus de doute ; l'ennemi approchait. Omar ne perdit pas de temps pour mener les opérations :
"Cette fois-ci, je crois que le moment est venu pour nous de nous battre ! Restez prudents et soyez sans pitié, les forces du Mal ne méritent que ça ! Est-ce compris ?"
"Oui !!"répondirent en choeur les neuf autres chevaliers.
Regards tendus et poings fermés, les six chevaliers d'argent et les quatre chevaliers de bronze se préparèrent à l'arrivée de l'ennemi. Ils ne distinguèrent plus rien durant une vingtaine de secondes, jusqu'à ce qu'ils aperçurent une silhouette vêtue d'un long manteau noir, qui ne laissait entrevoir que la partie inférieure du visage. C'était l'étrange homme en noir qui avait foudroyé une dizaine de gardes dans l'aile droite du Sanctuaire. Il était accompagné de plusieurs dizaines de soldats, les mêmes qui avaient échoué à chaque combat contre les chevaliers de bronze. Choisissant d'aller de l'avant, Omar tendit un index accusateur vers l'obscur serviteur de l'Empereur des Ténèbres et lui dit :
"Je suis Omar, chevalier d'argent de la constellation de Persée ! Je défendrai cette maison avec mes compagnons au péril de ma vie ! Qu'êtes-vous venus faire au Sanctuaire ?"
L'homme en noir sourit :
"Nous sommes venus pour nous battre et semer la confusion dans le Sanctuaire !"
"La confusion ?"
"Votre maître, le Grand Pope, ne tardera pas à comprendre ce que cela veut dire...Mais je vous promets de sombres heures, chevaliers d'Athéna !"
Malgré le trouble que lui inspiraient les paroles de son vis-à-vis, le chevalier de Persée rétorqua :
"Quoi qu'il en soit, sache que nous ne vous laisserons jamais approcher de cette maison !"
"Cette maison où dorment des naufragés du Nouveau Monde, dont...Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit hébergé au coeur du Sanctuaire d'Athéna...Quelle ironie..."
Cette fois-ci, Omar ne put retenir sa surprise :
"Quoi ?!...De qui parles-tu ?"
"Vous le saurez très bientôt, soyez patients...La patience est mère de tous les succès...surtout celui de l'Empereur des Ténèbres !"
Manquant de perdre son sang-froid, le chevalier d'argent fit savoir à l'homme en noir, d'un ton rageur :
"Sache que si tu comptes t'en prendre à l'un de ces naufragés, tu le paieras de ta vie !"
Le serviteur de l'Empereur des Ténèbres ricana :
"Ha, ha, ha, ha...Tu es bien impulsif, chevalier de Persée...Quant à m'en prendre à lui, détrompe-toi ; je ne lui veux que du bien..."
"Mais de qui parles-tu, à la fin ? Et que lui veux-tu ?"
Un sourire sardonique se dessina sur le visage de l'homme en noir, puis ce dernier répliqua :
"L'heure n'est plus aux beaux discours, mais à l'action ! Soldats ! Mettez à mort cette maudite engeance ! Pour la gloire de sa majesté !!!"
"Pour la gloire de sa majesté !!!"répétèrent tous les soldats sur un ton enthousiaste.
Ils devaient bien être presque une centaine, et tous firent face aux chevaliers d'Athéna. En dépit des interrogations suscitées par les paroles de l'homme en noir, Omar donna ses consignes aux autres chevaliers :
"Espacez-vous et prenez-en quelques-uns ! Vous devez les vaincre, pour Athéna !"
Obtempérant aux ordres du chevalier Persée, tous les chevaliers se dispersèrent, prêts à faire face à leurs ennemis.
L'un des premiers à devoir faire face aux mystérieux soldats fut Damien du Cocher, disciple de Vittorio du Cancer. Alors que sept soldats s'avançaient vers lui, lances en avant, il riposta avec les disques qui se trouvaient à sa ceinture et, en cinq secondes, sept têtes roulèrent à terre, sous le regard satisfait du chevalier d'argent.
Une vingtaine de soldats armés de faux tranchantes entouraient Hérodote du Grand Chien. Le disciple de Shad du Taureau les observa attentivement puis, quand le moment fut jugé propice, il tendit ses bras vers ses adversaires et cria :
"Dog Greatest Fang !!!"
Plusieurs centaines de coups portés à mach 2 percutèrent avec force les sentinelles, qui furent envoyées au tapis et ne mirent guère de temps pour succomber à leurs blessures.
De son côté, Robin de la Flèche était encerclé par une douzaine d'adversaires, qui se réjouissaient de l'avoir à leur merci, d'autant plus qu'il s'agissait d'un chevalier d'argent. Tous coururent vers lui, prêts à transpercer son corps, mais l'élève de Philoctète fit un saut dans les airs, échappant à leur merci, puis poussa son cri d'attaque :
"Fire Arrows !!"
Des dizaines de flèches vinrent frapper les soldats de l'Empereur des Ténèbres. A peine les eurent-elles touchées qu'ils prirent feu en une fraction de seconde. Affolés, ils se mirent à courir dans tous les sens. Ils seraient devenus de redoutables torches humaines si le pouvoir des flèches de Robin n'avait pas été suffisamment puissant pour les mettre hors de combat en seulement dix secondes, car il s'agissait là d'un feu extrêmement redoutable, et qui ne trouvait comme supérieur celui maîtrisé par Daniel de la constellation du Lion.
Joseph et Ambroise étaient face à une vingtaine de soldats. Les chevaliers de l'Aigle et du Serpentaire regardaient fixement leurs ennemis, jusqu'à ce que l'un d'eux leur dit:
"Que comptez-vous faire face à nous ? Nous sommes vingt et vous êtes deux !"
En une fraction de seconde, la réponse ne se fit pas attendre :
"Eagle Tough Leash !"
"Thunder Claw !"
Cinq secondes plus tard, il ne restait plus que des cadavres de part et d'autre. Ambroise se tourna alors vers l'homme en noir et lui dit :
"Qu'en dis-tu ? Veux-tu subir le même sort que tes larbins ?...Thunder Claw !"
Mais, sous le regard stupéfait des deux chevaliers d'argent, le serviteur de l'Empereur des Ténèbres disparut en un clin d'oeil. Ambroise balbutia :
"C'est impossible ! Ce n'est pas un humain, c'est un démon !"
Tout à coup, l'homme en noir réapparut devant le chevalier du Serpentaire et cria :
"Power Lightning !!!"
Deux éclairs écarlates vinrent frapper de plein fouet l'infortuné chevalier d'argent, qui ne put rien faire. Joseph voulut s'enquérir de son compagnon, mais fut retenu par dix soldats :
"Ne bouge pas ! D'abord, on va s'occuper de lui, puis tu iras le retrouver dans l'autre monde !..."
"Holy Cross !"
"Flying Light !"
Les sbires en armure de squelette n'avaient pas eu plus le temps de pavoiser ; cinq furent frappés à mort par les lumières volantes générées par Archibald du Poisson Volant, cinq autres furent crucifiés sur place par l'attaque de Pierre de la Croix du Sud, un clou pour chaque main, deux clous pour les pieds et un clou pour le coeur, ce qui leur promettait une mort certaine. Les deux chevaliers de bronze se tournèrent ensuite vers l'homme en noir :
"Suppôt de Satan, lâcha Pierre, tu vas savoir ce qu'il en coûte de s'en prendre à un chevalier d'Athéna !"
D'une voix empreinte de rage, le serviteur de l'Empereur des Ténèbres répliqua :
"Et toi, tu vas savoir ce qu'il en coûte de blasphémer contre Dieu !...Power Lightning !!!"
L'homme en noir avait mis tout son coeur dans son attaque, de sorte que non seulement Pierre, mais aussi Archibald et Joseph furent neutralisés en quelques instants par les éclairs écarlates du mystérieux personnage. Un sourire sadique aux lèvres, il demanda aux chevaliers d'Athéna :
"Voulez-vous encore goûter à la colère d'un serviteur de Dieu ?...Power Lightning !..."
Mais, à peine avait-il lancé ses éclairs que ceux-ci furent subitement bloqués sans difficulté. D'abord surpris, l'homme en noir comprit rapidement qui l'avait empêché d'estropier davantage ses ennemis :
"Hein ?...C'est toi qui es venu me mettre des bâtons dans les roues ?"
"C'est juste ! Je suis Sun, chevalier du Dragon ! Le bouclier que tu vois à mon bras est indestructible, aucune attaque ne peut le détruire, pas même tes éclairs maléfiques!"
L'homme en noir sourit :
"Hmm...J'avais entendu parler de la résistance hors normes du bouclier du Dragon, mais j'étais bien en-deçà de la vérité...Qu'importe ! Je vais m'acharner sur ton bouclier, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que des débris ! Power Lightning !"
Des dizaines d'éclairs se déchaînèrent sur Sun, qui eut plus de mal que la fois précédente à les parer mais, à chaque fois que les coups de son ennemi le mettaient en difficulté, il repensait au moment où il avait inversé le courant de la cascade de Rozan ; il voulait que Dohko soit fier de lui. Finalement, il parvint à bloquer tous les coups, sous le regard rageur de son adversaire :
"Grrr...Ce bouclier est donc bien indestructible...De toute façon, je ne suis pas venu pour m'amuser avec toi, chevalier du Dragon...Soldats ! Tuez cet ennemi de notre majesté !"
Dix soldats répondirent en choeur :
"A vos ordres, monseigneur !"
Tandis que l'homme en noir s'éclipsait discrètement, les dix sentinelles se précipitèrent vers Sun, qui commença à concentrer sa cosmo-énergie, avec toujours comme référence le moment où il avait gagné son armure, ce qui ne remontait pas à longtemps, puis dit à ses nouveaux opposants :
"Serviteurs du Mal !...Vous allez goûter à l'attaque qui a inversé le courant de la grande cascade de Rozan !...Par la Colère du Dragon !!!"
La puissance déclenchée par le cousin de Dohko fut telle qu'elle envoya valser dans les airs les dix infortunés soldats. Le chevalier du Dragon sourit :
"Je vois que mon endurance a porté ses fruits !...Bon, ne pavoisons pas longtemps, il faut que j'aille aider les autres !"
Pendant ce temps, près des fenêtres des chambres des époux Roligny et du révérend Valnoy, Omar et Emma faisaient face aux soldats restants. Certains d'entre eux se léchaient les lèvres devant le chevalier de la Colombe :
"Regardez-moi ça ! Une femme chevalier ! Elle a l'air jeune et très en formes, si vous voyez ce que je veux dire ! Elle serait tout à fait à sa place dans l'un des bordels que je fréquentais avant de devenir soldat de sa majesté !"
Les propos lubriques du soldat ne plurent pas du tout à Emma :
"Espèce de satyre ! Je vais t'apprendre la galanterie !..."
"Ne t'en fais pas, ma belle, moi, je vais t'apprendre beaucoup de choses que tu ne dois pas connaître !...Allez, allons-y !"
Les dix gardes libidineux se précipitèrent sur la jeune fille qui, excédée par tant d'impudence, cria :
"Wings of Peace !"
Emma leva ses bras en l'air, puis les dirigea vers les dix vicieux, qui furent pulvérisés par l'attaque du chevalier de la Colombe qui, il fallait bien le dire, était outrée par la vulgarité de ses ennemis. Une fois qu'elle eut dix cadavres à ses pieds, elle songea :
"Maudits soient ces pervers !"
Non loin de la jeune fille, Omar faisait face à cinq soldats. Le chevalier de Persée regarda tout autour de lui avant d'adresser la parole à ses adversaires :
"Vous êtes cinq...Mais vous devez être certainement du même niveau que vos amis qui ont été vaincus par les autres chevaliers ! Je ne vais même pas me fatiguer à vous combattre !"
Et, à la surprise des soldats-squelettes, Omar leur tourna le dos, les bras croisés. Les sbires de l'Empereur des Ténèbres mirent une dizaine de secondes avant de réagir :
"Ha ! Ha ! Ha ! Regardez-moi ce chevalier ! Il nous tourne le dos, sous prétexte qu'on ne serait pas dignes de lui ! En fait, je crois plutôt qu'il a la frousse de se battre contre nous !"
"Tu as raison ! fit un autre soldat. Puisqu'il veut mourir sans regarder l'ennemi, exauçons son voeu !"
Et les cinq soldats de se précipiter vers le chevalier de Persée, qui continuait de leur tourner le dos. Soudain, le visage accroché au dos du chevalier d'argent se mit à étinceler, puis les yeux de ce curieux visage, une femme portant des serpents en guise de chevelure, s'ouvrirent, à la grande surprise des cinq guerriers :
"Quoi !?..."
Ce furent leurs derniers mots.
************
Tout ce vacarme n'avait pas été sans conséquences ; il avait fini par tirer le révérend Valnoy de son sommeil. Le précepteur de John, agacé par tant de bruit, quitta son lit, puis sa chambre, avant de sortir dehors et de se retrouver face à un curieux spectacle. Juste en face de lui, il y avait un chevalier d'origine arabe, portant une armure entre violet et gris, qui regardait avec un drôle de sourire cinq statues de pierre ayant toutes la même forme ; celle d'un homme portant une armure pareille à un squelette. Une fois la surprise passée, le pasteur demanda au chevalier :
"Qui êtes-vous ?"
Omar tourna la tête vers son nouvel interlocuteur et se présenta à lui :
"Omar, chevalier d'argent de la constellation de Persée, au service d'Athéna !"
Et, sans crier gare, il posa sa main sur la tête de l'une des statues et la brisa froidement. Intrigué par ce manège, Valnoy demanda :
"Que venez-vous de faire ?"
"Ces cinq individus, expliqua Omar sur un ton didactique, menaçaient votre abri. Je leur ai donc fait contempler le regard de Méduse, qui pétrifie ceux qui ont le malheur de croiser la plus célèbre des Gorgones, et je vais maintenant ôter la vie de ces serviteurs du Mal !"
Sur ce, le chevalier d'argent s'approcha d'une autre statue, qu'il décapita de sa seule main droite. Le révérend Valnoy poussa un cri d'indignation :
"Non ! Je vous interdis de faire une telle chose !"
Sans regarder le pasteur, le chevalier de Persée lui demanda après avoir posé sa main sur une autre statue :
"Et qui êtes-vous pour avoir le pouvoir de m'empêcher d'exécuter ceux qui vous menaçaient ?"
"Je suis le révérend Jean Valnoy, proche des époux Roligny, futurs élus de l'Eternel, et précepteur d'un remarquable jeune homme, John Roligny !"
Omar resta muet pendant quelques secondes, avant de poursuivre :
"Tout s'explique..."
Et il décapita froidement la troisième statue. N'en pouvant plus, le révérend Valnoy descendit les marches menant au sol du Sanctuaire. Omar cria alors à deux chevaliers d'argent :
"Damien ! Ambroise ! Vous avez éliminé nos ennemis ?"
"La plupart, oui, répondit le chevalier du Cocher, les autres ont pris la fuite !"
"Très bien, alors si vous pouviez retenir cet énergumène qui veut m'empêcher d'en finir avec ces misérables, je vous en serais fortement reconnaissant..."
Les deux chevaliers d'argent accoururent rapidement et ceinturèrent sans ménagement le précepteur de John, qui cria au chevalier de Persée :
"Comment pouvez-vous être aussi cruel ? Auriez-vous oublié les paroles de Jésus-Christ sur la montagne ? Aime ton ennemi, fais du bien à celui qui te fait du mal, bénis celui qui te maudis..."
"Pour votre gouverne, mes convictions personnelles me mènent vers Allah le tout-puissant ! Et si les chevaliers d'Athéna écoutaient de telles inepties, l'Empereur des Ténèbres n'aurait aucun mal à établir son règne de terreur sur la Terre !"
Omar s'avança vers la quatrième statue et la décapita tout aussi froidement. Sans se retourner, le chevalier d'argent dit au pasteur :
"Maître Bosching m'a dit ce soir que vous, ces étrangers et leur couard de fils devriez partir demain...C'est dommage que vous ne partiez pas aujourd'hui, le Sanctuaire ne s'en porterait que mieux !"
Puis, aux deux chevaliers d'argent :
"Ramenez cet individu dans sa chambre, de gré ou de force, tandis que j'en finis avec le dernier guerrier qui a croisé imprudemment le regard de Méduse !"
Et tandis que les chevaliers du Cocher et du Serpentaire ramenaient Valnoy dans ses appartements, Omar s'avança vers la dernière statue et la décapita sans autre forme de procès. Ce fut alors que Sun apparut près de lui :
"Tu vas bien ?"
"J'ai dû combattre cinq de ces soldats...Enfin, façon de parler, leur heure est venue quand ils ont contemplé le regard de Méduse !...Et toi, Sun, comment t'en es-tu sorti ?"
"Très bien, j'ai terrassé une dizaine d'ennemis grâce à la Colère du Dragon...Les autres l'ont aussi emporté aisément...Il n'y a que cet homme en noir qui nous a donné un peu de mal..."
"Ils n'étaient pas vraiment résistants...Je me demande à quoi rimait cette attaque...Le meneur des troupes nous a dit qu'il voulait semer la confusion au Sanctuaire...Mais pourquoi et dans quel but ?"
Emma arriva auprès des deux chevaliers et leur dit :
"Je me suis débarrassée de dix guerriers, de véritables vicieux !"
"Pas mal pour une femme ! fit narquoisement Omar. Mais cela ne répond pas à ma question : à quoi rimait cette attaque ?...Et où est passé l'homme en noir ?"
"Il a subitement disparu, sans laisser de traces, répondit Joseph. Nous ne comprenons pas grand-chose aux motivations de nos ennemis...Et moi qui pensais que la Guerre Sainte commencerait dès ce soir..."
Tout à coup, deux gardes du Sanctuaire apparurent et s'adressèrent à Omar :
"Chevalier de Persée !"
"Oui ?"
"Le Grand Pope demande à vous voir, il veut un rapport sur la bataille qui a eu lieu dans les environs..."
"Soit, j'y vais tout de suite..."
"Il a aussi convoqué le chevalier du Paon, je pense que vous ne serez pas de trop pour lui fournir des réponses aux questions qu'il se pose depuis quelques minutes..."
"Je me pose autant de questions que le Pope, vois-tu...Bon, je vais y aller...Quant à vous, dit le chevalier d'argent, restez vigilants et soyez impitoyables, au cas où l'ennemi reviendrait !"
Après s'être assuré du soutien des autres chevaliers, Omar partit en courant vers les douze maisons du Zodiaque, dont la traversée était obligatoire pour accéder à la salle du Grand Pope.
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A l'issue du récit de John, le révérend Trevor leva les yeux au ciel, ce que comprit aisément le jeune homme :
"Je comprends votre désarroi, révérend...Vous vous demandez ce que tout ceci veut dire ? Moi-même, je me le suis demandé quand l'on m'a narré ce passage de la Guerre Sainte...Il ne trouverait son sens que quelques jours plus tard..."
John reprit son récit et aborda la venue d'Omar et Thérava dans la salle du Grand Pope.
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Plus d'une heure plus tard, les chevaliers de Persée et du Paon arrivèrent devant le Grand Pope et s'agenouillèrent devant lui :
"Que pouvons-nous faire pour votre service, Grand Pope ?"demanda Thérava.
"Chevaliers, je vous ai convoqués, car vous avez été au coeur des événements de cette nuit, évenements auxquels j'ai du mal à comprendre le sens, car ils sont fort différents de la Guerre Sainte de 1538..."
"En effet...Les ennemis que nous avons dû combattre étaient certainement de vulgaires hommes de main d'après leur force...Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de l'Empereur des Ténèbres, mais un homme en noir aux pouvoirs magiques nous a dit qu'il voulait semer la confusion dans le Sanctuaire !"affirma Omar.
"Quels étaient les pouvoirs de cet homme ?"
"Il maîtrisait des éclairs rouges et a atteint certains chevaliers..."
"Par ailleurs, intervint Thérava, près de l'entrée de la maison du Bélier, des chevaliers de bronze ont été attaqués par un mystérieux guerrier armé d'une courroie munie de boulets d'acier ! Je le sais, j'ai combattu contre cet homme et j'ai aperçu très distinctement son arme !"
"Je suis encore plus perdu, répondit le Grand Pope. Des boulets d'acier...C'est impossible qu'un serviteur de l'ennemi possède une telle arme !!"
"C'est pourtant ce que j'ai vu, Grand Pope." insista le chevalier du Paon.
Le Grand Pope se tut aussitôt et se mit à réfléchir :
"Des subalternes qui attaquent le Sanctuaire, un homme maîtrisant la foudre et un autre armé de boulets d'acier...Dans quel jeu l'ennemi nous entraîne-t-il, deux cent cinq ans après sa dernière défaite ?..."
Puis, à voix haute :
"N'avez-vous rien remarqué d'autre ?"
"Non, répondit Thérava. Après avoir mis en fuite l'homme aux boulets d'acier, je suis resté avec les onze chevaliers de bronze qu'il avait attaqués, mais il n'y a eu aucune autre offensive de la part de l'ennemi..."
"Grand Pope, en ce qui me concerne, il s'est passé quelque chose avant que l'ennemi ne nous attaque, quelque chose avec l'un des naufragés qui devront nous quitter le lendemain !"
"Et de quoi s'agit-il, chevalier de Persée ?"
"Eh bien, le fils de ces étrangers, dont la couardise n'est plus à prouver, a fait un cauchemar et poussé un cri tellement puissant que tous les chevaliers gardant les environs l'ont entendu ! C'est mon opinion, et elle n'engage que moi, mais il est déplorable que ce jeune homme soit aussi lâche !"
"Qu'est-ce qui te fait dire ça, chevalier ?"demanda le Grand Pope.
"Il est on ne peut plus réservé et déteste la violence ! Enfin, d'après le chevalier de la Colombe, c'est un jeune homme gentil et sensible, mais il l'est beaucoup trop à mon goût !"
"Ces étrangers n'ont-ils pas fait l'objet de menaces de la part de l'ennemi ?"
"Non, mais...à un moment, l'homme aux éclairs nous a parlé de l'un d'entre eux avec des propos pour le moins équivoques..."
"Quels sont ces propos ?"
"Il nous a dit qu'il ne lui voulait que du bien, mais cela devait certainement cacher quelque chose...Je n'en sais pas plus, Grand Pope..."
"Hmm...Bon, très bien...Vous pouvez disposer."
Omar et Thérava saluèrent leur supérieur, puis se dirigèrent vers la sortie du palais. Au même moment, le chef des chevaliers sacrés songeait :
"L'un de nos ennemis a dit qu'il ne voulait que du bien à l'un de ces étrangers...C'est curieux, car cela ne ressemble guère à l'Empereur des Ténèbres de faire preuve de mansuétude envers les humains, qu'il considère comme de vulgaires pécheurs..."
Ensuite, une autre réflexion lui vint à l'esprit :
"Et ce jeune homme dont Omar m'a parlé...Réservé, non-violent, docile, sensible...Connaissant le caractère dur du chevalier de Persée, cela ne m'étonne guère qu'il ne trouve pas grâce à ses yeux...Pourtant, à bien des égards, l'on pourrait dire de ce jeune homme qu'il est bien plus pur que le commun des mortels...Oui, il est pur sur bien des points, il me rappelle même quelqu'un..."
Le Grand Pope réfléchit encore quelques instants, avant qu'une nouvelle pensée ne survienne dans sa tête :
"Oui! Je sais qui il me rappelle, il me rappelle...!"
Le représentant terrestre d'Athéna se figea alors sur son trône. Il était impossible de savoir à qui il avait pensé en particulier, mais le parallèle établi avec John avait suffi à le clouer sur place :
"Non...Ce jeune homme et...Ils se ressemblent sur bien des points...Mais...Mais alors..."
Le Grand Pope se leva alors d'un bond et interpella les deux chevaliers d'argent, qui n'avaient pas encore disparu de son champ de vision :
"Chevaliers !"
Intrigués, Omar et Thérava se retournèrent vivement, puis le premier répondit :
"Que voulez-vous d'autre, Grand Pope ?"
"C'est au sujet de ce jeune homme dont tu m'as parlé, John Roligny, si je me souviens bien de son nom...Je veux que toi et Thérava le surveilliez discrètement à partir de demain !"
"Mais...pour quelle raison ?"demanda le disciple de Bosching, légitimement étonné.
"J'ai mes raisons, chevalier. Surveille-le attentivement avec Thérava ! Vers la fin de l'après-midi, je veux que vous me disiez tout ce que vous avez observé chez lui !"
Bien que les deux chevaliers d'argent eurent du mal à comprendre la logique de leur maître, ils durent se contenter de répondre :
"Soit...Nous ferons le nécessaire..."
"Merci, chevaliers. Vous pouvez disposer..."
Trente secondes plus tard, Omar et Thérava avaient quitté le palais du Grand Pope. Ils discutèrent brièvement entre eux :
"Omar, pourquoi crois-tu que le Grand Pope nous demande de surveiller ce jeune colon ?"
"Je n'en sais strictement rien, mais je pense que les informations que nous livrerons au Grand Pope n'auront rien d'utile pour la lutte contre l'Empereur des Ténèbres !"
************
Les nouvelles révélations de John avaient considérablement surpris le révérend Trevor, qui demanda au fils de son défunt ami :
"John...Pourquoi le Grand Pope a-t-il demandé que vous soyez surveillé ?"
Le jeune homme répondit d'une voix sombre :
"Parce qu'il avait un mauvais pressentiment..."