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Cette fiche vous est proposée par : Doko libra


Hadès 1743

au soir de ma vie, n’aimant que la paix
ne me souciant plus des dix mille choses
puisque je n’ambitionne aucun lointain projet
connaissant la vacuité, je retourne aux vieilles forêts
dans les pins le vent souffle, dénouant mon écharpe
la lune des montagnes brille et joue de la cithare
Monsieur demande à comprendre l’ultime vérité :
le chant du pêcheur atteint la rive, au loin...
Wang Wei


 


Le mont Kunlun plongeait peu à peu dans la pénombre de la nuit naissante. Un paysage montagneux, aux reliefs courbes et pentus, noyait dans le ciel foncé ses cimes les plus élevées recouvertes de neiges éternelles. A cette altitude, toute trace d’habitation avait disparu depuis longtemps, et l’air devenait difficile à respirer ; pourtant, un immense temple, aux couleurs somptueuses et aux multiples toitures d’ardoise aux lignes incurvées, crevait la déserté des lieux, planté dans le décor en monument improbable. Le temple était vide mais c’était comme s’il était habité en permanence. La gloire du divin Auguste de Jade, dieu suprême de la Chine, rejaillissait dans les nombreuses statues ou effigies à son égard, et le lieu de culte restait ouvert à tout visiteur téméraire qui décidait de faire l’ascension.
Pourtant, la quiétude des lieux était troublée depuis plusieurs jours. Des combats sanglants avaient depuis longtemps rompu l’harmonie de ces cimes où s’unissaient le ciel et la terre. Des affrontements qui échappaient à la perception du commun des mortels, et qui pourtant décrivaient la guerre que se livraient deux des dieux de l’Olympe. Une guerre plus que millénaire, dont l’origine se perdait dans la nuit des temps mythologiques. Une guerre absurde, qui ne semait que la mort et la désolation partout autour d’elle. Combien de corps étaient déjà tombés, à nouveau ? Combien de chevaliers, de spectres avaient péri simultanément en s’affrontant ? Les deux camps avaient usé de toutes leurs forces, avaient déployé toutes les ressources dont ils disposaient. Et plusieurs dizaines de combattants étaient tombés les uns sur les autres, dans des enchevêtrements absurdes de corps qui n’avaient semé que la mort sans jamais désigner de vainqueur.
Le combat se poursuivait, encore. La nuit qui tombait était peut-être la dernière que les derniers survivants auraient l’occasion de vivre. Qu’en ressortirait-il lorsque tout serait terminé ? Parmi les corps à terre, certains étaient là depuis plusieurs jours, et commençaient déjà à se décomposer, sans que personne n’ait pu leur donner la sépulture décente à laquelle ils avaient droit. Des débris d’armures, multicolores, jonchaient le sol, et le vent achevait d’en éparpiller les restes. Pourtant, plusieurs cosmos brûlaient encore, avec une intensité palpable bien loin aux alentours. Un chevalier d’or et un spectre achevaient de s’affronter, et le combat était particulièrement disputé.


Abdel du Papillon : A présent, Taureau, les Fairy de la mort vont emporter ton corps loin d’ici !! Dans un lieu dont tu ne reviendras jamais…meurs !!
Gassama : Aaaahhhghh !!


Le corps de Gassama, le chevalier d’or du Taureau, avait été soulevé de terre par des fils invisibles étonnamment solides tant le chevalier à la peau noire était grand et robuste. Gassama se débattit de toutes ses forces mais ses efforts ne faisaient que redoubler la tension exercée sur ses muscles. Il garda les yeux ouverts et vit le paysage défiler à toute vitesse, en l’éloignant de plus en plus de la scène du combat. Et puis la montagne disparut, le ciel, tout ce qui s’offrait à ses yeux, et un nouveau décor sombre et ténébreux, fait d’une brume laiteuse indéfinissable, prit le relais. Gassama sentait son corps de plus en plus comprimé, par des étaux invisibles qui allaient lui briser les articulations si cela continuait. La douleur était de plus en plus vive, il voulait que cela cesse…au loin, à une distance proche et infiniment loin à la fois, un grand trou noir apparaissait, et paraissait aspirer à lui tout ce qui s’en approcher. Etait-ce cela, la mort ? La fin de toute chose…


Gassama (pensant) : C’est fini…je n’ai pas pu réchapper à cette ultime attaque…adieu, mes compagnons…
- Gassama !!
Gassama : Cette voix…père !!
- Gassama….sois digne de la vie qui t’a été offerte…et bats-toi !!
Gassama : Mais…père…c’est fini…je ne peux plus me battre…l’heure est venu pour moi de vous rejoindre…mère…et les autres…tous les autres…
- Tu n’a pas connu le même destin tragique que nous tous et notre peuple opprimé…les dieux t’ont offert de te battre pour un monde meilleur, et plus juste…et tu n’as pas encore terminé ton combat…
- Le moment n’est pas encore venu !! Relève-toi, encore une fois, pour vaincre ton ennemi !!
Gassama : Mère !!…oui…


Un cosmos doré brilla soudain dans le tunnel sombre et sinistre, en rompant d’un coup la froideur qui y régnait. A la surface de la terre, non loin de l’immense et inquiétant Puits aux Morts qui surplombait la pagode de l’Auguste de Jade, le spectre du Papillon croisait les bras, fier de lui, en contemplant le casque de l’armure d’or du Taureau, que Gassama avait perdu en s’élevant dans les airs.


Abdel : Mmm…l’un des chevaliers d’or vient à nouveau de rendre l’âme…et je ne sens plus les cosmos des autres, qui s’affrontaient à côté…(regarde au loin, dans plusieurs directions) Se pourrait-il que… ??


Il chercha du regard les autres spectres qui étaient parvenus avec lui jusqu’au mont Kunlun, sur ordre d’Eaque, pour y affronter les derniers chevaliers d’Athéna survivants, mais ne sentit aucun de leur cosmos, pas plus que ceux des chevaliers de bronze et d’argent impliqués. Se pouvait-il qu’ils fussent tous morts ?


Abdel : Peu importe, après tout…cette Guerre Sainte va bientôt pouvoir se terminer, maintenant…(regarde le casque du Taureau) Je vais amener ce casque à maître Eaque, pour lui montr…
Mais !! Ce cosmos !!!


Une aura dorée apparut dans les airs, devant lui, et, dans une explosion de lumière, des dizaines, peut-être centaines de papillons, multicolores et en même temps phosphorescents, tombèrent au sol, en disparaissant au contact de la pierre. Devant eux se tenait le colosse à l’armure d’or et à la peau d’ébène, le regard courroucé.


Abdel : Mais…comment as-tu pu réchapper aux papillons de la mort ?? C’st impossible !!
Gassama : Pourquoi cela le serait-il ?? J’ai déjà vaincu un dénommé Minos, qui disait être l’un de vos chefs d’armée ! Je ne crains pas de me battre, et de vulgaires papillons n’auront pas raison d’un taureau en colère !! (brûle son cosmos)
Abdel : Ainsi c’est donc toi qui a vaincu Minos…je me disais bien…mais, pour ma part, j’ai déjà vaincu le chevalier de la Vierge en l’envoyant dans les glaces éternelles du Cocyte, la pire des prisons des Enfers…
Gassama : Peu m’importe, je suis sûr que Siddartha aura trouvé le moyen d’en réchapper et de poursuivre le combat !! A présent, prépares-toi…Par la Corne du Taureau !!


Gassama se pencha un peu vers l’avant puis fonça littéralement vers le spectre du Papillon, comme pour le pulvériser d’un coup. En piétinant le sol, des nuages de poussière se soulevèrent et se dispersèrent derrière le puissant chevalier d’or…mais le spectre du Papillon resta les bras croisés, sans sourciller ni tenter quoi que ce soit, les paupières légèrement baissées, comme en signe de relative indifférence. Lorsque Gassama entra en contact avec le spectre du Papillon, celeui-ci disparut, et le chevalier du Taureau traversa un corps complètement transparent, qui disparut aussitôt !! Il avait utilisé toute sa puissance pour finalement ne brasser que de l’air. Il tourna sa tête vers l’arrière, hébété, pour comprendre. Avant qu’une goutte de sueur n’ait fini de traverser son visage de haut en bas, Abdel réapparut devant lui, en surgissant de nulle part.


Abdel : Est-ce moi que tu cherches ?? Par l’Explosion de Lumière !!
Gassama : Aaaahhh !!!


La nouvelle attaque, inédite, éblouit Gassama et le fit tomber au sol, sur le dos, les bras et les jambes levées comme une tortue renversée. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il sentit de très vives douleurs le piquer un peu partout sur le corps. Du sang coulait un peu partout, le long de ses bras, de ses bras, de son visage, de sa poitrine…


Gassama : Agghh !! Mais…comment ??
Abdel : Ta Corne du Taureau est effectivement extrêmement puissante, et peut sans doute terrasser de nombreux adversaires…mais, comme le signe qui te représente, elle est extrêmement brutale, violente, et privilégie la force physique à celle du cosmos…ta vitesse d’attaque est inférieure à celle de la lumière…et je n’ai donc pas eu de mal à l’éviter, après l’avoir déjà reçue une première fois tout à l’heure. J’en connais maintenant toutes les arcanes !!
Quant à ce que je viens de te montrer…voici maintenant pour toi les papillons vénéneux !! Ils se nourrissent du sang de ton corps…tu sera bientôt vidé de toute substance de vie.
Gassama : Non…ce n’est pas possible…ces petites bestioles…n’ont pourtant pas une once de violence en elles…(s’effondre au sol)
Abdel : C’est exact, mais leur nourriture est celle qui te permet de vivre encore : le sang qui coule dans tes veines !! J’ai commis une erreur en t’attaquant avec les Fairy de la mort ; j’aurais dû comprendre que, dans ton cas, cela ne marcherait pas avec toi…


Mais Gassama n’avait déjà plus la force de répondre. Il se vidait réellement de son sang et tout son corps, allongé sur le ventre, ne semblait déjà plus qu’une immense carcasse sanguinolente agitée par des spasmes de douleur. Des centaines de petits papillons, toujours aussi phosphorescents, s’agitaient et s’activaient tout autour de son corps. Pourtant, le chevalier d’or était parfaitement conscient, lucide, et de nombreuses pensées l’assaillaient.


Gassama : Mourir ainsi serait ridicule…quelle fin absurde…je ne dois pas…
- Gassama !!


Cette fois, l’appel venait d’une personne bien vivante : Adam, le chevalier de l’Horloge, s’était relevé de son combat contre le spectre du Crocodile, aux côtés d’Aritaki, le chevalier de bronze de Pégase, et tous les deux, bien que légèrement blessés par le combat, avaient senti les cosmos de Gassama et d’Abdel qui brûlaient encore non loin de là. Ils découvrirent la scène, catastrophés de voir l’un des chevaliers d’or mis à mal, mais néanmoins déterminés sur l’attitude à adopter.


Abdel : Vous êtes venus assister au service funèbre de votre compagnon ??
Aritaki : Nous ne te laisserons pas achever ainsi le chevalier d’or du Taureau…en garde, Abdel !! Par le Météore de Pégase !!


Toujours aussi impétueux, le chevalier de Pégase attaqua le spectre sans vraiment réfléchir, le poing en avant, brûlant d’un cosmos bleuté d’une puissance étonnante. Des rafales de vent ponctuèrent l’attaque en faisant virevolter au vent les mèches brunes du chevalier et briller ses yeux de même couleur remplis d’une volonté farouche. Pourtant, une nouvelle fois, Abdel du Papillon ne bougea pas, et se contenta d’esquisser un sourire. Le poing d’Aritaki transperça un corps à nouveau transparent, en s’évanouissant un peu plus loin. Le chevalier de Pégase se retourna avec dépit et rage, et aperçut son adversaire, qui venait de réapparaître derrière lui.


Aritaki : Grr !! Tu ne perds rien pour attendre !!
Abdel : Tu ne croyais tout de même pas qu’un vulgaire chevalier de bronze allait atteindre l’un des plus puissants spectres de l’armée d’Hadès ?? Je viens à l’instant de terrasser le chevalier d’or du Taureau, et…


Mais, à ce moment précis, un petit bruit de craquellement suspect se fit entendre. Abdel regarda le plastron de son surplis, qui se fissura nettement d’un coup, en faisant tomber au sol des miettes de la protection ! Il tomba au sol à genoux, en portant une main à son ventre, surpris par la douleur.


Abdel : Aghh !! Misérable !! Je n’arrive pas à le croire…
Aritaki : Oui, et ce n’est pas fini !! (brûle encore son cosmos) En garde !!
Adam de l’Horloge : Aritaki, attention !!
Aritaki : Par le Météore de Pégase !!
Abdel : Par l’Explosion de Lumière !!


Le choc fut violent, mais malheureusement, le rapport de force tourna à nouveau favorablement en faveur du spectre, et le chevalier de bronze de Pégase, pris dans son élan fougueux, tomba au sol en saignant en de nombreux endroits. Sa protection, régénérée pourtant par le sang des chevaliers d’or, s’était elle aussi fissurée au niveau du plastron, en y laissant une commotion semblable à une toile d’araignée. Abdel se releva sans trop de mal, et approcha du chevalier de bronze, près duquel Adam de l’Horloge s’était désormais penché pour s’enquérir de son état.


Abdel : Bien essayé…mais ton coup n’est pas assez rapide pour m’atteindre et me surprendre à nouveau…une fois, mais pas deux !! A présent, tu vas subir le même sort que…
- A…attends…


Gassama venait de se relever, en faisant brûler sa puissante aura dorée autour de lui, si puissamment qu’elle enveloppa bientôt les deux chevaliers, impressionnés par une telle chaleur. Mais le corps du chevalier du Taureau était parcouru de nombreuses blessures, que la chaleur dégagée par le cosmos parvenait à peine à cautériser. La fatigue grandissante des combats passés le rattrapait peu à peu. Mais il faisait honneur à son rang. Sa détermination était intacte, et une lueur de détermination, peut-être même de colère, brillait dans ses yeux.


Abdel : Pourquoi te relèves-tu ?? Tu n’en as plus pour longtemps, de toutes façons…
Gassama : Peu m’importe de mourir, si mon adversaire est vaincu…même si j’y reste, je promets que je t’emmènerai avec moi…dans ce pays que tu as tenté de me montrer tout à l’heure !! Et où tous les miens ont déjà péri…
Abdel : Tous les tiens, dis-tu ?? Ce sera donc pour toi un cadeau que de t’y envoyer les rejoindre tous !


Les deux cosmos, surpuissants, brûlèrent, et les deux adversaires, désormais face à face, ne prêtèrent plus attention à Adam et Aritaki, qui observaient la scène, impressionnés par de telles énergies qui dépassaient de loin les leurs. Rien n’existait plus autour d’eux, à part le combat qu’ils étaient en train de mener.


Abdel : Alors tu veux tenter une dernière fois de m’attaquer…c’est courageux de ta part…mais mes papillons vénéneux ont déjà accompli leur œuvre. Ils auront bientôt sucé tout le sang qui te reste, et ton cœur va cesser de battre !!
Gassama : Je l’ai senti depuis tout à l’heure, même d’ici…le cosmos d’Athéna se déploie en ce moment dans l’autre monde…l’ultime combat contre Hadès a du commencer…et, même si je suis vaincu, je peux mourir en paix…car je vais retrouver ceux qui me sont chers…et la justice de ce monde va bientôt triompher du mal !!
Abdel : Tu vas mourir pour rien !! Et tu le sais !!
Gassama : Non, car tu mourras aussi !! Prépares-toi !!
Adam et Aritaki : Nonn !!


Mais les deux adversaires n’entendirent pas leurs dernières supplications, et Adam et Aritaki les regardèrent, impuissants, se lancer l’ultime assaut.


Abdel : Par l’Explosion de Lumière !!
Gassama : PAR LA FURIE DU TAUREAU DECHAINE !!!


Un fracas de vent et de poussière fit voler dans les airs des nuages de cailloux, de branches arrachées, et même de boules de neige presque fondue qui s’étaient détachées des pentes abruptes de la montagne non loin de là. Il était impossible de distinguer quoi que ce soit à l’endroit où se tenaient le spectre et le chevalier d’or. Adam et Aritaki durent se protéger les yeux, et perdirent en même temps l’équilibre en tombant à la renverse sans regarder où ils tombaient. Lorsqu’ils purent se relever, ils constatèrent qu’ils étaient à une vingtaine de mètres l’un de l’autre. Ils se rejoignirent et tentèrent d’apercevoir quelque chose. La poussière se dissipa enfin.
Le spectre du Papillon, le surplis à moitié brisé, se tenait debout, les yeux et la bouche grands ouverts, le regard tourné dans le vide. Il tomba au sol, le corps raide, comme une branche d’arbre mort. Gassama, quant à lui, se tenait toujours debout lui aussi, mais son armure avait quitté son corps, en dévoilant l’impressionnante musculature de son torse nu mais ensanglanté. Il gardait les yeux fermés et esquissait un sourire, comme s’il avait une dernière pensée. Adam et Aritaki virent une larme presque imperceptible rouler de ses paupières jusque ses joues, puis le corps du chevalier du Taureau se figea et vint retomber lourdement sur le sol, presque parallèle à celui du spectre.


Adam : Gassama !!


Adam et Aritaki accoururent, mais, au moment où ils arrivèrent à la hauteur de leur compagnon, les morceaux désunis de l’armure d’or du Taureau tombèrent du ciel et s’assemblèrent en quelques instants pour reformer le taureau doré dans toute sa majesté. Ils comprirent alors, et ne purent réprimer tous les deux quelques larmes d’émotion.


Adam : Gassama s’est battu jusqu’au bout…il m’avait raconté son histoire…il a perdu tous les siens il y a longtemps, dans des conditions atroces…puisse t-il désormais les retrouver, et reposer en paix…
Aritaki : Oui…comme moi, il était l’un des rares chevaliers du Sanctuaire à ne pas être grec…mais ses dernières paroles ont sonné juste…
Athéna doit être maintenant en train d’affronter Hadès…l’ultime combat de cette Guerre Sainte, a commencé !!


Les deux chevaliers, seuls survivants désormais des combats sanglants du mont Kunlun, contemplèrent le ciel de nuit désormais illuminé par la Voie Lactée au-dessus de leurs têtes, dans laquelle les étoiles de la constellation du Taureau brillaient avec une intensité inhabituelle.


Loin de là


Dans un monde inaccessible au commun des mortels…et pourtant quelque part, en Grèce…dans les profondeurs abyssales de l’océan, ou plutôt de la mer méditerranée…c’était un lieu dont nul être ne pouvait soupçonner l’existence.
Un immense temple, aussi vaste que celui de l’Auguste de Jade et que le Giudecca de Hadès, mais à l’architecture dorique classique, se dressait sous une voûte de lumière bleutée qui n’était pas le ciel, mais bel et bien le fond de l’eau. Les lieux étaient sans doute déserts depuis des temps immémoriaux ; pourtant, le bâtiment était dans un état neuf, comme si il avait été restauré récemment. Nulle trace de vie si ce n’étaient des de curieuses plantes sous-marines, aux très belles couleurs rouges et bleues, qui jonchaient des allées de pierre et survivaient sans avoir besoin de se nourrir de quoi que ce fût.
Dans une salle de ce vaste temple déserté, se dressaient sur des piédestaux sept armures orangées, constituées d’écailles qui leur donnaient l’aspect de monstres marins réels ou fabuleux. Une huitième armure, à forme humaine, surplombait les sept autres sur un piédestal plus élevé, en tenant dans une main un gigantesque trident. Au pied du piédestal, une urne était posée, et scellée d’un morceau de parchemin, sur lequel cinq lettres grecques étaient inscrites. Athéna, déesse de la Guerre.
Soudain, d’un coup sec, imprévisible, le sceau se brisa, et un grand rayon de lumière jaillit de l’urne, en renversant le couvercle qui roula sur le sol dans un résonnement lugubre.
Le rayon de lumière inonda le plafond du temple de sa brillance, et l’armure à forme humaine s’illumina, comme si elle prenait soudainement vie. Une voix ténébreuse se mit à résonner dans le vide, en se parlant à elle-même.


- Mmmm…ce sont eux…
Je les sens, tous les deux…
Alors…
Ils s’affrontent à nouveau ??
Très bien…
Ce sera donc pour plus tard…


D’un seul coup, aussi brutalement, le rayon de lumière disparut, et l’urne se referma d’elle-même, le sceau détruit se recomposant instantanément sur son couvercle. Les lieux retrouvèrent leur quiétude, comme si rien ne s’était passé.


Le Giudecca


La scène du combat venait de changer. Devant Moros, l’Empereur des Ténèbres, incarnation du dieu Hadès, se tenaient l’ensemble des chevaliers d’or survivants de la Guerre Sainte. Sion du Bélier et son maître Jason de Heinstein, Janus des Gémeaux, Siddartha de la Vierge, Doko de la Balance, Iolaos du Scorpion, Abel du Capricorne, Hippolyte du Verseau, Alrisha des Poissons…tous portaient les marques des nombreux et terribles combats qu’ils avaient eu à mener contre les plus puissants des spectres d’Hadès, tous ressentaient la fatigue grandissante de cette guerre sanglante qui avait vu tant des leurs périr des coups reçus, depuis des jours, des semaines désormais…mais tous ne souhaitaient qu’une chose désormais, vaincre leur ultime ennemi, celui pour lequel leur déesse était revenue à la vie à cette époque, et pour lequel ils s’étaient tous réunis à ses côtés. Athéna se tenait maintenant auprès d’eux, auréolée de sa gloire et de son cosmos divin, et la douce chaleur qu’il dégageait leur apportait le réconfort dont ils avaient besoin en pareil instant. Peut-être que tous n’y survivraient pas parmi eux…peut-être certains ne reverraient plus jamais la lumière du jour…mais, ils le savaient, Hadès serait vaincu. Même si tuer un dieu était chose impossible pour un mortel, Athéna saurait renfermer le mal là d’où il était revenu à la vie.


Moros : Mmm…tous les chevaliers d’or sont ici…enfin non…pas tous…
Athéna : Moros !! Notre combat ne regarde plus que nous désormais. Mes chevaliers resteront à mes côtés jusqu’au bout, mais je ne veux plus qu’ils se battent. Alors, pour la dernière fois, renonce à tes desseins de conquête et retourne siéger parmi les dieux de l’Olympe !!
Moros : Tu es folle…c’est bien pour cela que tu t’entêtes à venir me trouver jusqu’ici (concentre son cosmos)…alors que tu sais bien que tu ne peux rien contre moi !!


D’un seul coup, sans crier gare, Moros leva la main droite vers le plafond du temple et y concentra un disque d’énergie d’une lumière bleutée, puis baissa la main d’un coup en visant la déesse de la Guerre. Athéna n’eut que le temps de dégainer son bouclier massif, qui, bien que puissant, ne l’empêcha pas d’être repoussée vers l’arrière et de retomber lourdement sur le sol, sous les yeux inquiets de ses chevaliers d’or, qui s’attroupèrent autour d’elle pour s’enquérir de son état.


Abel : Athéna !!
Athéna : Agh…n’ayez crainte…
Abel : Ce coup…il ressemble au pouvoir que j’utilise…(concentre son cosmos)
Moros : C’est bien toi le chevalier du Capricorne, réputé pour avoir reçu l’épée d’Excalibur ?
Abel : Oui, et je vais aider Athéna à t’affronter !!
Sion : Abel !! Arrête !!
Moros : Dans ton état, sans l’usage de tes deux bras, je me demande bien ce que tu peux tenter…
Abel : Ce que je peux tenter ?? Eh bien…l’Omnitaillade d’Excalibur !!


Des dizaines de lames acérées jaillirent de la poitrine du chevalier du Capricorne, en zébrant la salle comme des éclairs à l’horizontale. Tous attaquèrent Moros en provoquant une explosion qui le fit disparaître dans un nuage de poussière. Tout le monde retint son souffle mais, lorsque le nuage se dissipa, Moros était non seulement debout, sans une égratignure, mais les rayons de lumière firent demi-tour et se retournèrent contre Abel ! Le chevalier du Capricorne dut sauter très vite sur le côté pour les éviter, de même qu’une partie des chevaliers d’or, menacés par l’attaque. Tous tombèrent au sol violemment, sans pouvoir se rétablir. Abel grimaça et constata que l’une de ses propres lames l’avait atteint aux cuisses. Il eut le plus grand mal à se redresser et se remettre debout.


Abel : je vais…(regarde Moros) Je vais…
Athéna : Arrête, Abel !! Je vous l’ai dit, ce combat est désormais le mien !!
Moros : Je vais t’affronter, Athéna…mais je ne souhaite pas que ce combat soit long. Admire la puissance divine qui va te plonger comme les mortels dans l’une des prisons de ce monde…
Doko : Athéna !!
Moros (lève à nouveau les deux mains) : Calice divin !!


En soulevant les deux mains, Moros fit apparaître une boule lumineuse qui ressemblait de plus en plus à un récipient. Il abattit les mains et une puissante cosmoénergie, sans commune mesure avec celle des chevaliers d’or, déferla sur la déesse. Cette fois, une lumière surpuissante aveugla l’ensemble des chevaliers, et les força à se cacher les yeux. Lorsqu’ils les rouvrirent, ils virent Athéna qui maintenait son bouclier fermement devant elle, et se concentrait, mais sans manifester la moindre intention hostile d’attaquer à son tour. D’un coup, le coup lancé par Moros, qui avait semblé s’évanouir au début, rejaillit du bouclier en le faisant briller intensément, et retourna vers Moros. Pour la première fois, contrairement à toutes les attaques lancées auparavant par les chevaliers d’or, le dieu des Enfers se déplaça, et fit un bond prodigieux pour échapper à son propre pouvoir !! Il sembla léviter dans les airs, à un mètre du sol, sa robe flottant dans le vide, pendant quelques instants…et joignit les deux mains devant lui, confiant, pour en contenir toute la puissance. Pourtant, la déferlante de cosmos était si puissante qu’elle le fit retomber sur le sol…en le projetant vers l’arrière. Moros retomba vers le sol, derrière son trône, le dos en premier, et s’écrasa dans une chute violente. Tous les chevaliers d’or ouvrirent de grands yeux étonnés…Moros se releva bientôt, d’un coup, mais du sang coulait sur son visage. Son expression fut autant celle de la surprise que de la souffrance, qu’il ne parvenait plus à masquer.


Moros : Argh…misérable Athéna…
Athéna : De quoi te plains-tu ? Je n’ai fait que te renvoyer ta propre attaque…plus puissante sera-t-elle, et plus puissante sera la réplique !!
Moros : Ce n’est qu’un début !! Prépare-toi !!


Sans prononcer le nom d’une attaque, Moros fit brûler un nouveau cosmos qu’il concentra cette fois dans tout l’ensemble de son corps, et qui l’enveloppa…les chevaliers d’or furent saisis d’effroi, en réalisant combien ce cosmos dépassait le leur, et ne pouvait guère leur permettre d’aider leur déesse. Pourtant, ils eurent peur pour Athéna, qui se contentait de brandir encore son bouclier, sans chercher à attaquer d’elle-même.


Sion : Quelle puissance…Pourvu qu’Athéna…
Moros : Tremble, Athéna !! (fait exploser son cosmos)


L’attaque fut cette fois simultanée, en tous les endroits de la salle en même temps, et l’explosion du cosmos de Moros en fit trembler les murs violemment, et détacha même de petits fragments de pierre des murs, qui tombèrent en petits cailloux sur le sol. La plupart des chevaliers d’or furent soulevés du sol et, n’ayant nul endroit auquel se raccrocher, furent repoussés contre le mur de la salle du côté de l’entrée, contre lequel ils s’écrasèrent sur le dos. Athéna avait tenu bon, abritée derrière le bouclier de la Justice, bien que repoussée une nouvelle fois vers l’arrière. Et, pour la seconde fois, l’attaque se retourna vers Hadès, en faisant trembler à nouveau les murs de la salle, sans menacer cette fois les chevaliers. On entendit les mêmes bruits de pierre qui se mouvaient légèrement, dans un craquement inquiétant. Doko et Iolaos, notamment, regardaient fixement le plafond de la grande salle avec crainte, en se demandant si la pièce, sans fenêtre ni autre issue que la grande porte du devant, allait tenir le coup. Ils assistaient maintenant, en spectateurs impuissants, au combat divin qui se déroulait une vingtaine de mètres devant eux.


Doko : Athéna tient bon…mais quelle violence dans le cosmos de Moros…
Iolaos : La salle ne va pas tenir le coup si cela continue…le temple du Giudecca menace de s’effondrer d’un moment à l’autre !!
Siddartha (à tous les deux) : Je crois que je commence à comprendre…c’est ce…qu’Athéna recherche…
Les autres : Quoi ??
Siddartha : Elle l’a dit tout à l’heure…elle répugne à faire du mal…même face à Hadès, elle fait preuve de compassion…elle ne veut pas l’attaquer directement, même si elle a en a le pouvoir…elle préfère lui renvoyer tous ses coups, jusqu’à ce qu’il finisse par comprendre…en agissant ainsi, Hadès, ou plutôt Moros, est en train de provoquer son autodestruction !!
Doko : Mais si ce temple s’effondre, nous allons tous périr dans son effondrement…


Devant eux, indifférents depuis quelques instants aux discussions inquiètes des chevaliers, Athéna faisait face à son ennemi, lequel était à nouveau tombé à terre, soufflé par la puissance du cosmos, qui s’était retourné contre lui. Le visage de Moros devenait inquiet, et retrouvait un peu plus l’expression caractéristique de douceur du chevalier d’or du Cancer. Lorsqu’il se releva, du sang coulait à nouveau le long de son visage et, en s’essuyant, il constata que sa robe était déchirée par endroits. Elle ressemblait de plus en plus à un haillon.


Athéna : Comme tu le vois, tes coups se retournent contre toi. Toute la force que tu emploieras contre moi fera de même ! Je ne suis pas n’importe quel adversaire, et tu le sais !
Moros : Pourquoi retiens-tu tes coups contre moi, stupide déesse ?? Tu ne m’as pas attaqué une seule fois depuis tout à l’heure…je vais te montrer ce que je peux faire contre tes pouvoirs…tu risques alors d’avoir une très mauvaise surprise…
Athéna : nous savons tous les deux qu’il existe d’autres moyens que la violence pour remporter la victoire sur un adversaire. Je t’ai déjà dit que ton entêtement à ce sujet était une de tes faiblesses…C’est ainsi qu’Athéna a déjà remporté la victoire, depuis la nuit des temps. Et, aujourd’hui, avec ou sans les quelques chevaliers qui sont encore à mes côtés, je jure d’y parvenir à nouveau !
Moros : Nous allons bien voir…(concentre son cosmos) Puisque ce bouclier te protège et te permet de parer mes coups, il me suffira de le briser…
CALICE DIVIN !!


Le coup fut encore plus violent et plus lumineux que la première fois. Cette fois, il dégagea un tel souffle de vent et de lumière, que la salle fut entièrement dévastée par des rafales qui balayèrent la totalité des chevaliers d’or présents, les projetèrent tous en les dispersant dans différentes directions, et les faisant tous s’écraser, à nouveau, contre des murs de la salle ou directement à même le sol. Des bruits de casques d’armures détachés et tombés à terre résonnèrent simultanément. Personne ne put voir ce qui se passait vraiment…Athéna s’était pour la énième fois abritée derrière son bouclier, mais le courant d’air était si puissant qu’elle ne put bientôt plus tenir fermement sa protection et que le bouclier lui échappa des mains ! Le précieux disque de métal roula au sol vers Moros, tandis que la déesse, livrée à l’attaque, fut balayée comme ses chevaliers.


Athéna : Hhhiiiiaaaaaaa !!!
Doko, Iolaos et Alrisha : A….Athéna !!


Les chevaliers d’or étaient tous à terre, la plupart allongés sur le ventre, encore engourdis par la douleur du choc contre la pierre, et ne pouvaient que regarder, impuissants, Athéna tomber à son tour dans le milieu de la pièce. D’autant que, cette fois, Moros vit le bouclier dont il parlait arriver à ses pieds. Il lui suffit alors de se baisser pour le ramasser. Il le prit dans ses mains, avec un regard avide et curieux.


Moros : Le voilà donc, ce fameux « Bouclier de la Victoire »…c’est ce qui te permettait jusque là de retenir mes coups, et même de me les renvoyer…voyons ce que tu feras…(lève la main droite)sans ce bouclier !! Yaahh !!
Les chevaliers d’or : Noonn !!


Il y eut un éclair de lumière, qui aveugla tout le monde. Lorsque la scène redevint visible, le chevalier d’or du Capricorne se tenait debout, devant Moros, une large fente toute rouge fissurant le plastron de son armure d’or. Le bouclier d’Athéna roula à terre et résonna sur le sol dans un silence sinistre. Quelques gouttes de sang accompagnèrent sa chute dans des floc toujours aussi inquiétants. Abel du Capricorne tomba à la renverse, sur le ventre, et ferma les yeux. Une tache rouge commença à l’entourer progressivement…


Doko (accourt) : Nonn !!! Abel !! Réponds !!
Athéna : Non…pour…pourquoi ??
Abel (rouvre les yeux) : Je…je ne pouvais pas…vous laisser…ainsi…déesse…


Nul ne savait si le coup reçu à la place du bouclier lui avait été fatal, mais le chevalier du Capricorne, mal en point, referma à nouveau les yeux, tandis qu’Athéna se remettait à nouveau debout face à Moros, le regard courroucé. Doko se tenait à ses côtés, suivi bientôt par Siddartha de la Vierge, qui gardait toujours les yeux fermés, mais percevait malgré tout chaque détail de la scène qui se déroulait devant lui.


Athéna : Tu ne détruiras pas le bouclier de la Victoire !! Moros !!
Moros : Ah oui ??
Doko : Athéna peut compter sur ses chevaliers d’or…nous sommes encore là, et nous nous battrons !!
Moros : Voyez un peu ça…des chevaliers d’or…mais en voilà déjà un de moins…(montre Abel) Quant aux autres…
Athéna : Dois-je te rappeler que tous tes spectres ont, de ton côté, été vaincus ou libérés ? Regarde !! (montre son collier de perles)


Athéna brandit à nouveau son collier de perles, qu’elle tenait autour du cou, à l’intérieur de son armure, et constata, comme les autres, que de nouvelles perles avaient noirci depuis le début des hostilités. Il ne restait plus désormais que deux perles rouges sur la totalité des 108 du collier !


Athéna : Tu vois ?? Tu n’as plus que deux spectres à tes côtés !! Reconnais au moins cette première défaite de ton armée ! Toi qui veux régner sur ce monde, ta froideur et ta haine des hommes te rendent incapable de rassembler des hommes et de diriger une armée…ni de diriger qui que ce soit ! Tu es isolé, et tu ne peux plus faire face !!
Moros : Je me moque d’être seul ou entouré de spectres, après tout…s’ils ont tous péri, c’est qu’ils n’étaient pas dignes de me servir !!


Et, d’un coup, Moros écarta les deux bras, fit exploser d’un seul coup son cosmos divin, et balaya à nouveau la totalité des chevaliers, et Athéna en même temps, en les repoussant vers l’arrière. En retombant, le choc leur fit de plus en plus mal, et des traces d’impact étaient désormais visibles sur le sol. Des fissures apparaissaient ci et là dans le plafond de la grande pièce, et de nouveaux gravillons se détachaient dangereusement de l’édifice…certains chevaliers d’or en reçurent sur la tête et réalisèrent l’imminence du danger. Mais presque aucun ne parvint à se relever, et la fatigue et l’épuisement les gagnèrent. Il ne restait plus qu’Athéna face à Hadès / Moros. La déesse de la Guerre avait retrouvé son bouclier, et le serrait maintenant un peu plus fort.


Sion (au sol) : Agghh…quelle force…c’est bien un dieu…
Jason : Nous ne pouvons rien faire…pourtant, Athéna…
Doko : Mais pourquoi…pourquoi n’attaque t-elle pas Moros, directement ??
(plus loin) Moros : Alors, Athéna ? Tu ne veux toujours rien entendre ? Tu veux que j’élimine, sous tes yeux, un à un, les derniers de tes chevaliers d’or, avant de t’éliminer toi-même ?
Athéna : Je ne pense pas que tu le feras…
Moros : Quoi ?
Athéna : Depuis tout à l’heure, tu n’as utilisé qu’une infime partie de la puissance destructrice dont tu es capable…Tu sais bien la force qu’il te faudrait pour me tenir réellement tête…en déployant un tel cosmos, tu détruirais instantanément ce temple, et tout ce qui s’y trouve ! Et tu y périrais, en même temps !!
Moros : J’ai d’autres moyens pour cela…rassures-toi…je vais te montrer quelque chose de nouveau…qui risque de te surprendre…
Athéna : De quoi parles-tu ??


Le dieu de la Mort leva la main droite, le doigt pointé vers le plafond, et concentra une partie de son cosmos. Mais les cercles concentriques qui commençaient à tourner autour de son doigt ne dessinèrent pas une attaque destinée à frapper d’un coup violent. Ils devenaient sombres, et une intense négativité s’en dégageait. Une force impure, infiniment ténébreuse, qui semblait vouloir aspirer la déesse à elle…Les autres chevaliers d’or, Doko en premier, comprirent ce que préparait Moros. Mais, cloués au sol, épuisés et à bout de forces, ils ne pouvaient rien faire.


Doko (pensant) : Non…pas ce pouvoir…nous allons tous y passer…
Moros : Athéna !! Prépares-toi !!


Mais, au moment où il allait prononcer la formule qui les entraînerait tous dans un néant certain, la grande double porte de l’entrée de la pièce se mit à grincer. Deux ombres longilignes se formèrent sur le sol, puis firent place à deux personnes que plusieurs des chevaliers d’or connaissaient déjà. Eaque, le Juge des Enfers, spectre du Garuda, était accompagné de Perséphone. Tous deux découvrirent sur le coup la scène du combat, en découvrant pour la première fois la déesse Athéna devant un Moros aux cheveux ébouriffés, au visage ensanglanté et à la robe déchirée, qui paraissait douter de lui pour la première fois. Mais le dieu de la Mort, dans le même temps, fut interrompu par l’arrivée inopportune des deux personnes qui lui étaient encore attachées, et parut offensé de cette soudaine intrusion.


Perséphone (air suppliant) : Majesté Moros !!
Moros : Mmm…que venez-vous faire ici ?? Vous m’interrompez au moment où Athéna et les derniers chevaliers d’or allaient quitter le monde de la vie…(courroucé) vous mériteriez que je…
Athéna : Il me semble que tu ne peux pas te permettre de les sanctionner…ils sont les deux personnes qui te sont encore attachées, et qui peuvent t’être d’un quelconque soutien…(regarde Eaque) Il vaut mieux pour ce spectre qu’il soit libéré, comme les autres, de l’emprise du mal…
Eaque (surpris) : De quoi donc parlez-vous ??
Moros : Tu n’en feras rien !! Athéna !! Je te l’interdis !!
Athéna : Et pourquoi donc ? T’ai-je interdit de tenter de me prendre certains de mes chevaliers ? (montre Doko) Tu as pu constater, avec le chevalier d’or de la Balance, que le mal ne peut faire vaciller la force du bien et de la Justice sur cette terre…Le bien triomphera, et le nom d’Athéna restera associé au destin de cette terre. C’est pourquoi je me fais un devoir de libérer les derniers spectres de ton armée. Et toi aussi, Perséphone !!
Moros : Non !!


Et d’un coup, sans crier gare, Athéna concentra son immense cosmos divin, le faisant briller d’une chaleur intense qui enveloppa la totalité des personnes présentes dans la salle, sans provoquer la moindre sensation de brûlure. La chaleur était si douce et si apaisante que chacun des chevaliers d’or sentait le poids de sa fatigue s’estomper peu à peu et vitalité et réconfort les remplir à nouveau. Le cosmos d’Athéna rayonna dans toute la pièce, en dégageant une telle lumière que c’était comme si tous se trouvaient en plein soleil, à la surface de la terre, au plus fort de l’été. Les corps de Moros, de Perspéphone et d’Eaque se figèrent sur place, les yeux et la bouche grands ouverts, comme si le temps s’arrêtait un instant. Lorsque tout cela cessa, les trois personnes concernées retombèrent au sol. Au bout de quelques instants, ils se relevèrent et se regardèrent, mais l’expression de leur visage avait changé, au moins pour l’une d’entre eux.


Perspéphone : Où…où suis-je ??
Moros : Perséphone !! Regarde-moi.
Perséphone (regarde Moros) : Qui…qui êtes-vous ??


Plusieurs des chevaliers d’or, qui se relevaient, retinrent leur souffle. Tous comprirent ce qui était en train de se passer. Moros n’avait été nullement touché par les rayonnements intenses du cosmos d’Athéna, et avait très vite retrouvé ses esprits. Mais la confusion la plus totale régnait maintenant dans la tête de Perséphone. Quant au spectre du Garuda, il se prenait le visage dans ses mains, pris de maux de tête très violents.


Iolaos : Mmmm…ces maux de tête !! Je me souviens…Ce sont les mêmes que lorsque Ménélas a…
Atbéna : Courage, Eaque !! Réveille-toi !! Tu n’es pas un spectre…tu es…
Eaque (d’un seul coup) : PAR L’ENVOL DU GARUDA !!!


Le coup, très violent, était parti d’un coup, en direction de Janus des Gémeaux, le premier à s’être relevé. Tous les espoirs d’Athéna et des autres chevaliers concernant Eaque, s’évanouirent en un instant. Janus n’eut que le temps de bondir sur le côté mais le coup le frappa néanmoins violemment dans l’estomac et il alla s’écraser avec douleur contre le mur qui se trouvait derrière lui. Perséphone, encore confuse, s’était accroupie, à genoux, dans un coin de la pièce, et observait toute la scène avec une curiosité mêlée d’hébétude.


Janus : Aggh…ça n’a pas marché…
Athéna : Eaque !! Pourquoi ??
Eaque : Qu’espérais-tu, déesse Athéna ?? Sais-tu au moins qui je suis ? Moi, Eaque de Garuda, l’un des trois Juges suprêmes de ce monde ?? Je servirai Hadès jusqu’à ma mort !! Même si tu as convaincu certains des spectres qui m’étaient affiliés, d’abandonner les desseins qui étaient pourtant les leurs, je ne suis pas du même sang que ceux-là !! Tu ne réussiras pas à me faire changer de camp…(brûle son cosmos) et tes chevaliers ne pourront pas me vaincre !! (vise Janus) Par l’Envol du Garuda !!


Le coup partit à nouveau si violemment, et si brutalement, que personne n’eut le temps de réagir. Janus était toujours fiché dans le mur, qui s’était creusé dans son dos sous la violence de l’impact, et n’eut pas non plus le temps de se déplacer. Le coup porté par Eaque fonçait sur lui comme une flèche visant le cœur d’une cible…Il ne pouvait pas y échapper. Il ferma les yeux par réflexe…
Pourtant, lorsque l’inéluctable dut se produire, un éclair jaillit à nouveau, en aveuglant tout le monde. Lorsque la lumière revint, le chevalier du Capricorne, Abel, s’était relevé, le corps recouvert de sang qui coulait de plusieurs endroits, et ses deux bras étaient levés à hauteur du spectre du Garuda. Janus, qui n’avait toujours pas bougé, coincé dans le creux de la pierre du mur, rouvrit les yeux, et découvrit avec effroi la scène, comme ses autres compagnons, toujours à terre.


Iolaos : Abel !!


Pourtant, le chevalier du Scorpion savait, pour l’avoir accompagné, que son compagnon avait été mutilé aux bras lors des combats contre les douze spectres du zodiaque, et qu’il était depuis incapable de les mouvoir même de quelques centimètres. Il ne s’expliqua pas que le chevalier du Capricorne parvienne malgré tout à effectuer un dernier geste…mais il finit par comprendre en voyant son cosmos brûler intensément.
Tout se passa alors très vite : Abel referma ses bras contre le corps du spectre, et le comprima autour de la taille comme une grosse tenaille, pour ne plus le relâcher.


Eaque : Mais !! Comment peux-tu encore me retenir, avec tes bras…lâche-moi !! Ce ne sera pas difficile pour moi, de toute façon…


Eaque brûla intensément son cosmos sombre, certain que la chaleur dégagée forcerait très vite Abel à le lâcher. Pourtant, plus la chaleur augmentait, plus Abel semblait resserrer encore davantage son étreinte. Il commença à se débattre en comprimant les muscles et serrant les mâchoires de toutes ses forces, mais rien n’y faisait.


Eaque : Mais !! Comment… ??
Abel : Tu…tu ne comprends donc pas…c’est la force…du cosmos…
Eaque : Je sais que la chaleur de mon cosmos te cause en ce moment des brûlures d’une douleur atroce…à quoi t’accroches-tu, chevalier ? Tu es déjà plus mort que vif, tu n’en as plus pour longtemps et tu le sais…
Abel : Je vais mourir, en effet…mais pas seul !!


Tous les autres sursautèrent et comprirent ce qu’Abel voulait faire. Hippolyte du Verseau, qui n’entendait plus rien, avait malgré tout compris ce qui se passait, et se remémora le combat durant lequel Caïn, chevalier du Peintre, le jeune frère d’Abel, était intervenu. Et son issue tragique. Athéna poussa un cri de supplication en voyant qu’Abel voulait en finir, mais ce dernier ne semblait déjà plus l’écouter. Moros, quant à lui, avait croisé les bras, et gardait ses distances avec la scène, sans la moindre réaction, le regard froid, mais néanmoins attentif. Abel recommença bientôt à brûler son cosmos doré…qui se mêla à celui d’Eaque pour former un seul cosmos aux nuances beiges qui les enveloppait tous les deux d’un seul tenant. Il brûlait vivement, comme un brasier ardent, et les deux combattants ne furent bientôt presque plus visibles sous le voile opaque qu’il formait. Tout le monde, dans la pièce, avait de plus en plus chaud.


Eaque : C’est stupide !! Dans ton état, tu ne tiendras pas longtemps !
Abel : Suffisamment pour en finir avec toi, en tout cas !! Je ne crains pas de mourir…depuis le début de cette Guerre Sainte, j’ai déjà vu tant des miens disparaître…et je sais maintenant que la victoire d’Athéna est en marche…
Athéna : Abel !! C’est inutile…tu ne dois pas… !!
Abel : Pardonnez-moi, déesse, de ne pouvoir rester davantage à vos côtés…mais, avec les survivants, je le sais, vous vaincrez Hadès et ses derniers maléfices…vous renfermerez le mal là d’où il s’est échappé…
Quant à moi, mon frère m’attend…Caïn…je viens te rejoindre…
Adieu !!
Tous les autres : Noonn !!


Le cosmos brûlant d’Abel explosa, et les deux combattants, le chevalier d’or et le Juge des Enfers, décollèrent du sol de la pièce, d’abord lentement, puis de plus en plus rapidement. Arrivés au plafond, une explosion se produisit et, en quelques instants, des blocs de pierre se brisèrent, et s’effondrèrent aux pieds d’Athéna et des chevaliers d’or, dans un fracas épouvantable, qui fit trembler dangereusement tout l’édifice du Giudecca. Au-dessus d’eux, par le peu de lumière qui se dégageait du trou creusé dans le toit, on ne distinguait déjà plus qu’une trace évanescente qui poursuivait sa route dans les airs, vers des cieux qu’elle n’atteindrait sans doute jamais. Il ne restait plus rien…
Dans le Giudecca, ce fut la consternation. L’un des Juges des Enfers était à nouveau vaincu, et l’avant-dernière perle du collier d’Athéna avait à son tour noirci…mais tous pensaient que cette mort du chevalier d’or du Capricorne était du gâchis, et qu’il aurait été possible de l’éviter.
Néanmoins, Moros, qui n’avait pas encore réagi à de qui s’était passé, décroisa les bras et avança de quelques pas vers les chevaliers d’or et Athéna, en descendant les marches qui surévelaient son trône du reste de la pièce.
 
Moros : J’avoue que je ne m’attendais pas à cela…et, à vrai dire, perdre ainsi l’un des trois Juges des Enfers est pour moi une chose fâcheuse…
Mais notre combat est loin d’être terminé…Athéna !!
Athéna : Je suis prête, Moros. Tu sais que je ne te crains pas !!
Moros : Calice Divin !!!


Moros joignit ses mains au-dessus de sa tête et, très rapidement, reproduisit l’attaque qu’il avait maintes fois utilisée à l’encontre de ses adversaires. Cette fois, les chevaliers d’or ne tentèrent nullement de s’interposer entre lui et Athéna, en raison des instructions que leur avait données la déesse, mais aussi parce qu’ils savaient bien qu’ils ne pourraient être très utiles dans cet affrontement divin. De plus, la règle qui voulait qu’une même attaque ne marchait pas deux fois sur un chevalier d’Athéna, ne s’appliquait guère encore lorsque cette attaque provenait d’un dieu en personne.
Athéna fit un geste assuré vers l’avant et opposa à l’attaque de Moros son puissant bouclier, qu’elle avait maintenant appris à placer et tenir au mieux face à son adversaire. Le Calice Divin explosa et rebondit sur la précieuse protection, puis fit demi-tour en direction du dieu de la Mort…mais, au moment où ce dernier allait recevoir à nouveau sa propre attaque, Moros fit un bond vers le dessus de la pièce, comme s’il avait prévu ce qui allait se passer, et disparut un instant dans les airs ! La déflagration fut si violente que tous, même Athéna, durent se cacher les yeux pour ne pas risquer d’être éblouis. Il y eut à nouveau une détonation assourdissante, puis de nouveaux tremblements…la salle du Trône était à présent dévastée en de nombreux endroits, et des blocs entiers de pierre se détachaient du toit de l’édifice, fragilisé par le trou creusé par Abel et Eaque. Tout le temple commençait à vaciller de plus en plus dangereusement.


Iolaos : Le temple…le temple du Giudecca va bientôt s’effondrer si cela continue !!
Sion : Oui, et Moros a disparu…Athéna !! Nous allons tous périt dans l’effondrement de cet endroit si nous ne faisons rien…pensez-vous que… ??
Athéna : C’est étrange…je ne sens plus le cosmos de Moros…
Où est-il passé après que son attaque se soit retournée ??


Cet aveu d’ignorance jeta le trouble parmi les huit chevaliers encore présents aux côtés de la déesse. Moros avait-il pu être déjà vaincu ? Ils n’avaient pas le temps d’y penser, et il leur fallait prendre rapidement une décision : s’ils ne faisaient rien, ils risquaient effectivement de tous périr ensevelis sous les décombres probables du temple du Giudecca.


Siddartha : Tant pis, nous aviserons plus tard concernant Moros…ressortons du temple par l’entrée !!
Les autres : Oui !!
 
Tous approuvèrent l’idée du chevalier de la Vierge, qui paraissait être la seule possible. Les huit hommes se rassemblèrent donc tous derrière la déesse, mais aussi Perséphone, muette depuis de nombreuses minutes, le visage vide, comme un animal perdu et apeuré. Personne ne lui avait prêté la moindre attention depuis l’envol d’Abel et d’Eaque, mais la compagne d’Hadès, qui semblait incapable d’émettre un son, suivit le petit groupe ainsi formé. Athéna se mit à courir à grandes enjambées vers la grande porte double, seule issue possible de la salle du Trône d’Hadès…des blocs de pierre se détachaient de plus belle et s’écrasaient derrière eux, dans les ruines grandissantes du bâtiment…
Lorsqu’ils allaient tous enfin ouvrir la porte pour en sortir, un brouillard épais se fit subitement tout autour d’eux, et des maux de tête les prirent tous simultanément. Ils tombèrent tous aux sols, à genoux, en se prenant douloureusement la tête dans leurs mains, sans comprendre ce qui leur arrivait. Ils ne voyaient plus rien, à part un épais voile noir et opaque qui leur rendait impossible tout discernement, et ne leur donnait plus conscience de l’espace, ni même de la présence des uns et des autres réunis. Il leur sembla qu’ils perdaient connaissance…Tout disparaissait, s’évanouissait…
Janus, le premier, rouvrit les yeux en battant des paupières. Il était allongé sur le ventre, dans une vaste étendue rocailleuse qui ressemblait à une gigantesque montagne. Au-dessus de lui, des milliers d’étoiles scintillaient dans un ciel où la voie lactée s’étirait comme un long rideau argenté. Où avait-il atterri ? Etait-il mort ? Etait-il parvenu là où il fallait qu’il aille, sorte de Purgatoire entre l’Enfer et le Paradis ? La sensation du vent et du froid le saisit, et lui fit comprendre qu’il n’était probablement plus dans le monde des Morts, mais revenu dans celui des vivants.
A côté de lui, le râle de quelqu’un qui se réveillait l’attira soudain.


Janus : Hippolyte !!


Le chevalier du Verseau était là, lui aussi, à ses côtés, et se redressait sur le sol en tremblant de ses vieux os. Un peu plus loin, Jason se relevait aussi, puis son élève Sion non loin de lui. Les huit chevaliers se retrouvèrent bientôt tous réunis, dans la même condition physique qu’à leur départ, sans trop comprendre où ils étaient. Athéna n’était pas à leurs côtés.


Iolaos : Athéna…où est passé la déesse ?? Et pourquoi avons-nous quitté le monde des Morts…Sion !!


Tous regardèrent subitement le chevalier du Bélier, et se rappelèrent un souvenir. Quelques mois auparavant, dans une situation identique, le combat contre Apollon, à Delphes, s’était conclu par une violente attaque qui avait menacé le temple du dieu de s’effondrer. Ils n’avaient alors dû leur salut qu’à l’intervention du chevalier d’or du Bélier qui, grâce à ses puissants pouvoirs de télékinésie, était parvenu à ramener tout le monde au Sanctuaire.
Les regards des uns et des autres se dirigèrent donc contre le chevalier du Bélier actuel, mais aussi l’ancien, avec une interrogation mêlée d’admiration.


Doko : Jason !! Ce serait toi qui…
Jason : Vous vous trompez…moi et Sion n’y sommes pour rien…nous aurions pu vous faire tous revenir dans un lieu se situant sur cette terre si nous ne l’avions pas quittée…mais déplacer à volonté des choses, ou des êtres, depuis le monde des morts, dépasse largement nos possibilités. Je ne sais pas ce qui s’est passé tout à l’heure, quand nous nous sommes tous évanouis un instant.
- Doko !! Janus !!


Deux voix résonnèrent au loin. Deux hommes accouraient vers eux. Lorsqu’ils arrivèrent tous vers eux, ils reconnurent Adam de l’Horloge et Aritaki de Pégase !


Doko : Adam !!! Aritaki !!
Adam : Vous êtes tous vivants !! Mais…vous étiez tous descendus dans l’Autre Monde…comment… ?? Et Athéna ??


Les chevaliers d’or comprirent alors instantanément à quel endroit ils s’étaient retrouvés : au sommet du mont Kunlun, non loin du Puits aux Morts, et donc de retour à leur lieu de départ. Adam et Aritaki guidèrent l’ensemble du groupe vers le Puits, sans que personne ne parvienne encore à comprendre comment et pourquoi ils s’en étaient sortis indemnes. Ils se racontèrent succinctement l’ensemble des combats qui avaient eu lieu depuis leur dernière séparation, la liste éprouvante des chevaliers qui avaient déjà perdu la vie…et, alors qu’ils arrivaient devant la gigantesque pagode de l’Auguste de Jade, en continuant de parler tout en marchant, ils se regardèrent tous un instant longuement avant de réaliser.
Il ne restait plus d’autres chevaliers qu’eux parmi les 79 à s’être ralliés à Athéna à cette époque : en d’autres termes, ils étaient les derniers survivants de cette effroyable Guerre Sainte.


Doko : C’est épouvantable…tant de sang a coulé…
Iolaos : Mais Athéna…où est-elle partie ? Et Moros…il n’a pas été vaincu…à moins que…
Siddartha (commence à comprendre) : Mais oui…Athéna nous l’a dit…elle voulait continuer à combattre Hadès, mais en nous évitant que nous nous battions encore…
Alrisha : Vous voulez dire qu’elle serait restée là-bas, volontairement, pour y affronter Hadès, en nous faisant revenir ici par ses propres pouvoirs ?
Sion : C’est fort possible…ses pouvoirs le lui permettent…
Janus : Nous serions donc contraints à rester ici, en attendant l’issue du combat…pourtant…
Iolaos : Oui, je te comprends. Nous sommes des chevaliers d’Athéna !! Nous ne pouvons laisser la déesse toute seule !!


Mais, avant que quiconque d’entre eux n’ait pu répondre quelque chose à cette dernière réflexion, un cosmos surpuissant venu de nulle part, inonda toute la montagne où il se trouvaient, en se répandant comme d’immenses langues de feu balayant tout sur leur passage. Ils furent tous soulevés du sol en un instant et projetés violemment contre la pierre du sol rocailleux, des dizaines de mètres en arrière. Jamais ils n’avaient ressenti un tel cosmos. La haine de tous les hommes de la terre réunis semblait le remplir et le nourrir.


Sion (au sol) : Aghhh…quel cosmos affreux…une haine épouvantable…
Doko : Mais c’est celui de…
Hippolyte : Ohhh !!!


Tous redressèrent la tête en même temps, à terre, et regardèrent dans la même direction, sur les marches menant à l’entrée de la pagode de l’Auguste de Jade. Un foyer de lumière d’où le cosmos avait été projeté, attira toute leur attention. Un homme se tenait sur ces marches…Revêtu d’une somptueuse robe de sacre noire et aux dorures brillantes…une cape pourpre dans le dos…le même homme qu’ils avaient affronté peu avant. Le blanc des yeux rougis, injecté de sang. Le regard furieux.


Doko : Mo…Moros !!!


Le dieu de la Mort se trouvait à nouveau devant eux, revenu en ce monde lui aussi, son cosmos plus puissant que jamais. Eux qui avaient eu la naïveté de croire, une fraction de seconde, que la disparition de son cosmos, dans le temple du Giudecca, signifiait qu’il était vaincu, étaient contraints d’admettre le contraire. Sa robe déchirée avait fait place à une nouvelle, plus somptueuse encore, et le visage autrefois angélique du chevalier d’or du Cancer, avait définitivement disparu sous des traits sombres et ténébreux, renforcés par la couleur de ses yeux et de ses cheveux, et l’impénétrabilité de son regard, dans lequel on distinguait de la haine malgré tout.


Moros (les regarde tous se relever) : Alors, chevaliers d’or ? Cet endroit vous plait-il plus que le temple dans lequel je vivais, et que vous avez détruit de vos misérables mains ??
Siddartha : Je ne peux le croire…c’est toi-même qui nous aurais ramenés ici, sur cette terre que nous chérissons tous et que tu convoites ?
Moros : Et qui d’autre ? Je dois admettre que, même si vous ne pouvez vous mesurer à moi, vous avez été suffisamment coriaces jusqu’ici pour me prendre un à un tous les spectres, et jusqu’aux lieux dans lesquels j’avais élu domicile…si je n’ai plus d’endroit où aller dans le monde des Ténèbres jusqu’à nouvel ordre, eh bien j’élirai désormais domicile sur cette terre qui, de toutes façons, sera bientôt mienne…votre monde est maintenant le mien !!
Doko : Non !! Avec ou sans Athéna, nous ne te laisserons pas prendre le contrôle de la Terre…ce mont Kunlun est, depuis toujours, la demeure de l’Auguste de Jade, intercesseur entre le Ciel et l’Empire de Chine…(concentre son cosmos) et, foi de chevalier de la Balance, jusqu’à mon dernier souffle, je te combattrai. Par la Colère des Cent Dragons de Rozan !!


Doko avait une nouvelle fois attaqué de manière irréfléchie, gagné par une colère grandissante qui lui faisait perdre sang-froid et sens de la mesure. L’attaque fut à la hauteur des pouvoirs du dieu de la Mort : les dragons s’évanouirent au loin, dans les airs, en traversant le dieu sans même l’effleurer, et un souffle de vent surpuissant, véritable petite tornade miniature, le souleva de terre lui seul et le fit retomber lourdement au sol, dans un cliquetis de morceaux d’armure heurtant la pierre.


Doko : AAAhhhhrrggh !!
Les autres : Doko !!
Moros (commence à s’approcher) : Je vois que tu as bien retenu ta leçon, spectre du Dragon…oh, ne me regarde pas comme cela, je sais ce que tu penses…mais, jusqu’à ton dernier instant, tu es et tu resteras pour moi l’un des spectres –puissants- de mon armée, qui aura refusé de se soumettre…et c’est bien dommage, crois-moi…
Aritaki (s’interpose) : Assez !! Je connais cette histoire mais, quelles que soient les origines de Doko, il n’est nul autre que le chevalier d’or de la Balance !! Et, en tant que tel, nous nous battrons à ses côtés jusqu’au bout, pour la même cause !! Celle de la Justice et de la Paix sur la terre !!
Moros (regarde Aritaki) : Les spectres n’ont pas fini d’abattre les derniers moustiques qui constituaient la première ligne de défense de l’armée d’Athéna…je ne sais pas par quelle miracle tu as réchappé au sort de la piétaille de ton rang, mais je vais corriger cela tout de suite…(regarde Adam) et pour l’autre aussi…


Le dieu de la Mort concentra une boule de lumière dans sa main gauche, en élevant doucement celle-ci à hauteur de son épaule, la paume grande ouverte, et le regard toujours aussi froid. Adam de l’Horloge et Aritaki de Pégase restèrent debout et immobiles, face à cet être divin qui avait pris les traits de l’un de leurs compagnons et qui les inquiétait de plus en plus. Aucun des chevaliers d’or n’avait envie de tenter de s’interposer, en sachant qu’il mourrait peut-être aussi…tous étaient paralysés par une peur irrationnelle…et pourtant compréhensible…


Adam : Ce cosmos…quelle puissance…ce n’est plus, et de loin, celui de Ménélas du Cancer…
Moros : MOURREZ !!


Mais, au moment où ils croyaient être touchés mortellement, les chevaliers de Pégase et de l’Horloge retombèrent au sol, balayés par un souffle de vent qui n’avait fait que leur faire perdre l’équilibre. Devant eux se tenait Athéna, le bouclier en avant, qui avait bloqué une nouvelle fois l’attaque du dieu !!


Tous : Athéna !!!


Le petit groupe accourut auprès de la déesse, qui venait d’apparaître comme surgie de nulle part, sans vraiment comprendre. Mais l’heure n’était pas aux embrassades. La déesse de la Guerre avait maintenant un regard rempli d’une colère grandissante, et la compassion dont elle avait su faire preuve jusque là, à l’égard de son ennemi, tendait à diminuer.


Moros : Déesse Athéna…tu es revenue, toi aussi, défendre ce lieu…pourtant, tu sais bien que c’est ici et maintenant que cette Guerre Sainte prend fin…à partir de cette nuit, le pouvoir d’Hadès va inonder ce monde, et le faire devenir sien !! A jamais !!
Siddartha (pensant) : Hadès…il a utilisé ce nom…
Athéna : Moros ! Même si tu es remonté jusqu’ici, ce monde n’est pas le tien, et je vais te sommer de retourner d’où tu viens ! A moins d’être contrainte de t’y remmener de force !!
Moros : Je n’en ai nullement l’intention, vois-tu…vous avez détruit le temple du Giudecca, alors, à moins que tes chevaliers le reconstruisent de leurs mains, je ne vois pas où je me rendrais…je me verrais plutôt élire domicile chez toi…au Sanctuaire, près d’Athènes…qu’en dis-tu ??
Athéna : Cesse tes sarcasmes, tu es seul et je suis encore entourée de mes fidèles chevaliers ! Même si c’est à moi qu’il revient d’achever ce combat divin, je sais qu’ils n’hésiteront pas, encore, à brûler leur cosmos jusqu’à leur paroxysme pour s’opposer à toi, à mes côtés !! Cette terre, que je protège, n’est pas plus à moi qu’à toi…elle est aux hommes qui y vivent…et eux seuls décident de la vie qu’ils veulent y mener !!
Moros : Rassures-toi, je ne suis pas encore seul, moi non plus…
Athéna : Comment ça ? Que veux-tu dire ?
Moros : Je ne pensais pas avoir besoin d’en arriver là…je pensais, un peu naïvement il est vrai, que les seuls Juges des Enfers suffiraient à expédier la totalité des chevaliers d’or dans l’autre monde…mais je me rends compte qu’il leur a manqué un petit quelque chose…et j’ai bien envie de corriger cela. Il reste quelques cartes dans mon jeu, et le moment est venu de les abattre…(concentre son cosmos)
Athéna : Quoi ?? Tu ne veux pas dire que tu vas… ??
Moros : Tu as l’air de comprendre…il serait temps…
Athéna : Non, tu n’as pas le droit de faire ça !! Ce n’est pas loyal !! C’est un combat singulier entre deux dieux…toi et moi, et personne d’autre !!
Doko : Mais… !!! De quoi parlent-ils… ???
Moros : Crois-tu que, de ton côté, tu as été loyale, en me prenant deux, et même presque trois, de mes spectres du Zodiaque pour en faire des chevaliers de ton armée ? Peu m’importe ce que tu appelles la loyauté…une seule chose compte pour remporter la victoire, et c’est la force !!


Avant qu’Athéna n’ait pu poursuivre la conversation, un rayon de lumière jaillit de la main droite de Moros levée à la verticale, et s’éleva dans le ciel étoilé, à des kilomètres en un instant, en déchirant le ciel en deux et pourfendant les étoiles comme pour les faire exploser. Il y eut un grondement pareil à celui de l’orage, annonciateur de pluie…mais il n’en fut rien, et le calme et l’obscurité de la nuit revinrent.
Tous les chevaliers se regardèrent entre eux, le visage pétrifié par la crainte, en se demandant bien ce qui allait se passer…au bout de quelques instants, deux boules de feu descendirent du ciel, lentement, en se dirigeant vers le petit groupe. Elles se rapprochèrent d’eux de plus en plus, mais sans manifester l’intention de les attaquer. Arrivées à leur hauteur, elles stagnèrent, devant eux, en parfaite lévitation, quelques instants. On n’y voyait rien d’autres que des flammes compactes et incandescentes, qui formaient deux sphères de taille identiques. D’un seul coup, les deux sphères de feu explosèrent, et les chevaliers se protégèrent le visage par réflexe, en craignant d’être brûlés. Pourtant, ils ne sentirent rien de particulier et purent bientôt rouvrir les yeux.
A la place des flammes ardentes en lévitation se tenaient maintenant deux hommes, grands, jumeaux, quasiment identiques en touts points, revêtus d’un surplis qui recouvrait la totalité de leur corps. On distinguait à peine leurs bras nus en haut des brassières, et leurs jambes mêmes disparaissaient sous une robe formée par de grandes plumes noires recroquevillées sous la ceinture. Seul leur casque différait, l’un portait une petite aile accrochée à gauche du couvre-chef, et l’autre à droite. Tous deux avaient les cheveux bouclés mais l’un avait les cheveux et les yeux d’un gris argentés, et l’autre d’un jaune doré. Leur dernier point commun était un regard froid, de la même impénétrabilité que celui du dieu de la Mort.
Les chevaliers d’or et les autres, qui s’étaient maintenant presque tous rassemblés auprès d’Athéna, regardèrent quelques instants les deux nouveaux hommes, silencieusement, avant d’oser prendre la parole.


Alrisha : De nouveaux spectres !! Pourtant, le collier aux 108 perles indique que…
Athéna : Non, ce ne sont pas des spectres !!
Tous : Quoi ?? Mais alors ???
Le premier homme : Ravi de vous rencontrer, déesse Athéna…nous avons tellement entendu parler de vous, depuis les Champs Elysées…
Moros : Thanatos, Hypnos, je vous présente…Athéna, entourée de ses derniers chevaliers d’or…quant aux deux autres, je ne prends pas le peine de vous les présenter. Ils sont en tout cas à vous désormais.
Doko : QUOI ??
Siddartha : Ces noms…je sais…je les ai déjà entendus…
Thanatos : Oui, habituellement, nous résidons dans les Champs-Elysées, le Paradis Céleste, et nous n’aimons pas être dérangés…mais, aujourd’hui, une situation un peu…particulière, nous impose de reprendre du service…
Hypnos : L’Empereur des Ténèbres pourrait très bien achever le travail sans nous, mais vous savez maintenant qu’il n’aime pas se souiller les mains…aussi, nous accepterons volontiers de lui rendre ce dernier service. Pendant qu’il en finira avec Athéna, nous en finirons avec…
Iolaos : Une minute !! Nous avons déjà vaincu la quasi-totalité des spectres, et même les Juges des Enfers, alors ce n’est pas deux nouvelles recrues qui vont nous inquiéter !!
Athéna : Non, arrête, Iolaos !! Ce ne sont pas des spectres !!
Iolaos : Peu m’importe qui ils sont !! Ce sont en tout cas nos ennemis…par l’Aiguille Ecarlate !!!


Le coup fut dirigé contre Thanatos, mais, au moment où la minuscule aiguille allait transpercer la solide carapace du surplis du dieu, Iolaos fut pris de contractions musculaires violentes et irrésistibles, qui le firent se tordre de douleur dans tous les sens, et hurler, son visage déformé dans une grimace épouvantable.


Iolaos : Aggh !!! AAAArrrrgghh !!! (retombe sur le sol)
Siddartha : Iolaos !! (va le voir)
Doko : C’est incroyable…non seulement il n’a pas été touché par l’Aiguille Ecarlate, mais en plus il l’a attaqué sans même bouger le petit doigt…quel cosmos effroyable…
Thanatos : Je crois que vous mesurez un peu mieux à qui vous avez affaire désormais…mais, rassurez-vous vite, tout ceci ira très vite, et vous n’aurez pas même le temps de souffrir, ni d’avoir peur…(concentre son cosmos)
Athéna : Non !!
Thanatos : Terrible Providence !!!


D’un seul coup, l’ensemble des dix chevaliers d’Athéna survivants fut balayé et tous retombèrent au sol à des endroits différents en heurtant le sol bruyamment. Du sang s’écoulait des blessures de Iolaos du Scopion, ainsi que sur le visage de la plupart des chevaliers, et des débris brisés de l’armure d’argent de l’Horloge, jonchant le sol, témoignaient déjà de la violence du coup porté.
Debout,                 toujours armée de son bouclier et de son sceptre, Athéna faisait face à son ennemi, Hadès le dieu de la Mort, mais aussi maintenant à deux autres dieux ralliés à lui…

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