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Cette fiche vous est proposée par : Aqualudo


Les ages mythologiques



Cauchemar éveillé







Portant sa main à son visage pour essuyer les gouttes de sueur perlant sur son
front, Macubex jeta un coup d'œil furtif autour de lui. Le spectacle qu'il
découvrait était saisissant. A perte de vue des pierres sombres, telles celles
que l'on croise aux abords d'un volcan récemment éteint. Ces pierres pouvant
dépasser la taille d'un gros chien étaient toutes effilées sur leur sommet,
tels des pics mortels attendant qu'un malheureux se fichât sur elles pour y
laisser sa vie. « J'ai eu de la chance de ne pas finir sur l'une d'elles »
pensa le serviteur d'Athéna en tentant de se relever péniblement.



« Ton âme .... Ton âme ... »



Ce murmure, Macubex l'avait déjà entendu. C'est d'ailleurs lui qui l'avait tiré
de son état léthargique. Une voix et, pour seul interlocuteur visible, un
brouillard flottant au-dessus de pierres noires. Qui parlait ? Et quelle était
cette odeur putride qui montait aux narines, redécouvrant petit à petit leur
fonction olfactive. Et ce ciel ? Ces nuages zébrés d'éclairs épars, éclairs
sans orage et sans bruit ...

« J'ai compris ... je suis mort. La grotte, Siegard, les démons, Bhaal et Anat
... le sang noir, ce vortex qui nous a emportés ... cet endroit irréel, tout
concorde, je suis mort ! » Macubex se rassit en se prenant la tête entre ses
mains. « Ce n'est pas possible. Pas déjà, pas si vite ! Je n'ai encore rien
accompli, je n'ai pas mené ma mission à son terme ... ma femme, mon fils ... je
ne puis vous rejoindre encore ! Pourquoi ? Pourquoi ai-je échoué ? »

Ses membres se faisaient de plus en plus lourds comme son désespoir
grandissait. Une immense fatigue l’envahissait. Ses forces l'abandonnaient
petit à petit, ses yeux se fermait, son esprit sombrait dans l'abîme, un abîme
inconnu mais terriblement attirant.



« Réveille-toi, si tu veux vivre ».

Macubex eut le réflexe d'ouvrir péniblement les yeux. Un homme venait de surgir
de la brume ambiante. Il marchait lentement, gardant un visage impassible tout
en fixant le guerrier d'Athéna. Un manteau sombre recouvrait l'ensemble de son
corps, soulignant des formes étranges. On eût dit que cet homme avait des ailes
et que sa tête était entourée de cornes acérées.

- Tu es en train de te laisser gagner par le désespoir généré par cet endroit.
Tapis dans l'ombre, des morts n'attendent plus que tu sombres dans le coma pour
aspirer ton âme et t'ôter la vie. Avoue que ce serait dommage de mourir
maintenant.

- Qui es-tu, s'enquit Macubex en se relevant difficilement. « Ne suis-je donc
pas mort ? »

- Tu n'es pas mort. Pour ta gouverne sache que je suis Valentine, serviteur
d'Hadès. Tu en sais assez sur moi, toi qui sers-tu ? Odin ou Athéna ?

Macubex était interloqué. La réalité venait de le rattraper. Ainsi il n'était
pas encore mort, tant mieux, mais cet inconnu ne semblait pas particulièrement
amical, il fallait rester sur ses gardes.

- Pourquoi cette question ?

- Tu n'es pas le premier que je rencontre ces temps-ci et croiser des guerriers
dans cet endroit n'est pas chose habituelle.

Ainsi d'autres avaient survécu. Anat ne les avait pas tous tués, elle les avait
envoyés hors d'Astragoth pour...

- Où sommes-nous ? questionna Macubex en fixant durement son interlocuteur.

- Réponds d'abord à ma question. Qui sers-tu ?

- Athéna, je suis un apprenti Guerrier Sacré d'Athéna, lâcha-t-il agacé.

- Étrange, répondit Valentine en fronçant les sourcils, « étrange car tes
compagnons sont tous regroupés à quelque distance d'ici. Toi tu es seul ... »

- Alors, où sommes-nous ? Et où sont mes compagnons ? questionna Macubex, ne
laissant pas le serviteur d'Hadès réfléchir plus avant.



Valentine eut un petit rictus en pensant à ce qu'il allait révéler. Il savait
par avance que le visage de Macubex deviendrait livide, comme ceux de ses
condisciples lorsqu'ils avaient appris de sa bouche la vérité sur ces lieux.

- Et bien te voilà dans l'entre-deux mondes. Tu es au seuil des Enfers. Le
monde des morts est divisé en royaumes ou territoires sous la tutelle de
divinités puissantes telle Hadès, que je sers. Lorsqu'un être meurt, il rejoint
l'un des Enfers en fonction de la divinité qui veillait sur lui. Mais il arrive
que ceux qui servent des dieux échouent ici. Ils ne sont pas morts, protégés
par leur dieu, mais ont quitté le monde des vivants. Ici, les dieux ne peuvent
rien pour eux : soit ils trouvent le moyen de sortir vivants, soit ils
périssent, bouclant ainsi le cycle de la vie. Mais pour trouver le repos, il
faut encore payer le droit de passer les fleuves des Enfers ... et emporter
avec eux l’âme d'un autre guerrier.

Macubex tentait bien de garder son calme et de ne laisser paraître aucune
émotion. Pourtant, ces mots lui glaçaient le sang. Il ne savait quoi dire,
comprenant à présent que cette voix qui appelait son âme voulait en réalité
l'amener avec elle au plus profond des Abîmes.

« Quant à tes compagnons, je vais t'y conduire de ce pas. Je n'ai pas aidé les
serviteurs d'Odin qui se débrouillent d'ailleurs assez bien seuls, leur dieu
semble avoir trouvé un moyen de les guider dans la pénombre. Toi, servant une
déesse grecque de la famille d'Hadès, je vais te guider jusqu'aux tiens ».



Le trajet se fit dans le silence le plus total, Macubex suivait Valentine en
regardant le spectacle désolé de ce paysage de mort. Valentine avait expliqué
avant de partir qu’il ne fallait pas dormir ou fermer trop longtemps les yeux :
le repos était le moment choisi par les spectres pour attaquer la volonté des
mortels et sonder leurs âmes. Il ne fallait pas non plus se fier au temps qui
passe : le temps n'existait pas, c'était cela l'éternité qui permettait à
Valentine de vivre. Nul besoin de nourriture, de boisson, ici plus aucun
plaisir n'existait. En surface le temps s'écoulait normalement, s'ils sortaient
les serviteurs d'Athéna pourraient bien se retrouver des siècles après les
événements qui les avaient menés ici. Lorsqu'il vit ses amis, Macubex ne retint
pas un souffle de soulagement, même s'il ne voulut rien laisser transparaître
face à eux.

- Vous voilà face à vos destins. Vous êtes dans le cinquième sous-sol infernal.
Il vous faudra gravir les marches jusqu'à remonter à la surface. Cherchez de
grands escaliers d'airain que les dieux ancestraux nous ont légué. Méfiez vous
des assauts des morts qui pullulent ici à la recherche d'âmes salvatrices. Vous
pouvez encore renoncer et me suivre, servir Hadès serait une bonne idée vous
savez. Le monde des vivants est devenu un monde de cauchemar depuis quelques
temps ... c'est à se demander si les dieux infernaux les plus vils n'ont pas
pris possession de la Terre.

- Notre devoir est de rejoindre le Sanctuaire. Merci Valentine, merci pour
tout, dit simplement Mâa au nom des siens.



Le serviteur d'Hadès se retira sans un mot dans la brume qui l'enveloppa sans
tarder totalement. Il s'arrêta bientôt devant deux hommes en armure qui
l'attendaient derrière un rocher de basalte noir.

- Zélos, Cube. Suivez-les et tenez-moi au courant. Ils doivent sortir d'ici en
vie, les ordres sont formels. Mais soyez discrets, ils ne doivent se douter de
rien.

- A tes ordres ! répondirent en chœur les deux guerriers aux armures sombres.







La longue marche







La petite troupe ne tarda pas à partir. Frank et Asturias ouvraient la marche,
Mâa, Shiro et Macubex restant un peu en retrait, surveillaient attentivement
les alentours à la recherche du danger qui pouvait surgir n'importe quand de
l'épaisse brume.

- Tu as vu quelque chose Frank ?

- Oui Asturias, regarde là-bas, un nouvel escalier !

- Tu as vraiment le coup d'œil, avec toi nous ne serons jamais perdus, répondit
le Dalmate en souriant. « Il semble que dans cet endroit notre Souffle Divin
soit inopérant, reste ton sens inné de l'orientation ! »

- C'est le troisième que nous allons gravir. Nous nous rapprochons de la
surface. C'est étrange, l'atmosphère devient de plus en plus rouge et chaude,
j'ai toujours cru que le monde des Morts était telle une fournaise. C'est ce
que les druides nous disaient à Inyan et moi. Là c'est l'inverse, plus on
descend, plus c'est froid !



Asturias reprit son air sévère. Dans son monastère fortifié, il avait lu maints
et maints livres sur le sujet. Son père avait passé des soirées entières à lui
apprendre tout le savoir accumulé au cours des siècles sur le monde des Morts
dont il gardait avec ses hommes l'une des portes.

- En réalité Frank, ce que je sais et ce que nous vivons montre que la
situation est bien plus complexe. Il n'y a pas un mais des Enfers. Chaque
divinité semble y faire régner ce qu'elle désire. Tes druides avaient
certainement en partie raison, mais je pense que les Enfers de nos amis
Asgardiens doivent être aussi glaciaux que peut l'être leur contrée.

- Tu dois avoir raison. Je n'ai pas ta culture mais ce que tu dis est logique.
En tout cas, nous nous rapprochons d'une surface chaude, je doute que nous nous
retrouvions en Asgard en sortant !

- Je suis d'accord Frank, rétorqua Asturias en fixant l'escalier titanesque qui
se rapprochait de plus en plus. J'espère simplement que nous n'allons pas
sortir dans un endroit pire que ce seuil des Enfers. Les paroles de Valentine
m'inquiètent, je crains qu'en Astragoth nous ayions commis le pire des actes en
réveillant les dieux les plus terribles.



Mâa et Shiro échangeaient quelques mots de temps en temps, Macubex restait lui
plongé dans ses pensées. La vue du nouvel escalier lui arracha ses premiers
mots depuis leur départ.

- Quels dieux ont bien pu bâtir de tels édifices en ces lieux. C'est réellement
étrange. On dirait que ces espaces constituent en réalité des temples empilés
les uns sur les autres, une sorte d'antichambre de la mort.

- Théorie intéressante, Étranger. Nous pensons en Égypte devoir traverser le
fleuve des Morts dans une barque, je dois dire que je n'aurais jamais pensé
devoir descendre des escaliers pour rejoindre les Enfers !



Shiro avait écouté ses amis avec attention. En réalité, il savait beaucoup de
choses sur l'endroit qu'ils traversaient. Il avait côtoyé dans son Inde natale
des prêtres versés dans les choses occultes qui avaient selon leurs dires
voyagé jusqu'aux portes du Royaume des Morts. Shiro prenait maintenant la
mesure de leur périple.

- Les Enfers sont complexes comme Valentine nous l'a expliqué. Pour rejoindre
de son vivant le Royaume des Morts, il existe de nombreux passages ancestraux
légués par les divinités des premiers âges. Dans mon enfance, j'ai eu le
privilège de suivre l'enseignement de sages ayant découvert de lourds secrets.
J'entends maintenant mieux ce qu'ils m'avaient narré. Selon eux, dans les
premiers âges de la Terre, les dieux bâtirent des mondes différents de celui
que nous connaissons. Les guerres divines, la disparition de certaines
divinités, des cataclysmes ... ces mondes expirèrent peu à peu. Les nouveaux
dieux établirent leur empire sur les cendres de ces royaumes disparus. C'est
ainsi que par couches successives se formèrent le monde des Morts, tel l'arbre
qui croît et dont la jeunesse se trouve au creux de son tronc.

- C'est une croyance surprenante, s'enthousiasma Mâa. Tes sages ont
effectivement trouvé une explication qui semble intéressante, ces escaliers
auraient ainsi été mis en place pour rejoindre les nouveaux mondes, âges après
âges ... rien n'indique une telle histoire dans mes croyances mais poursuis, tu
m'intéresses au plus au point !

- Merci Mâa. Je ne prétends pas détenir la vérité absolue, mais à présent que
nous traversons ces lieux, ces souvenirs me sont revenus comme une évidence.
Pour les sages que j'ai rencontrés, les morts ne disparaissent pas, ils
reviennent sous une certaine forme à la vie. Pour ce faire, il faut que l'âme
rejoigne le puits originel, s'y plonge et alors l'âme rejoint un nouveau corps.
Ce puits serait gardé par le premier des démons, Jalhandara , au plus profond
des Enfers. Ce démon fut enseveli par les premiers dieux qui construisirent sur
sa prison un nouveau monde, lançant ainsi le cycle initial, créant les premiers
enfers.

Asturias n'avait pu s'empêcher d'entendre les explications de Shiro.
Succinctement, il prit quelques notes dans son calepin à l'aide de son stylet
usé mais toujours efficace grâce à l'encre de Dalmatie.

- Je ne te connaissais pas versé dans les savoirs des Enfers Shiro, voilà un
point commun que nous pourrons cultiver tous deux ! Je n'avais jamais entendu
parler de ces faits mais ils sont très intéressants !

- Pour intéressants qu'ils soient je vous propose de nous hâter. Montons ces
marches et retrouvons le soleil.

- Frank a raison, insista Macubex avec force. Nous aurons tout le temps de
disserter sur ces sujets plus tard. Depuis que nous sommes partis, aucun
spectre ou mort ne nous a attaqués. Profitons de leur absence pour avancer le
plus vite possible. Qui sait ce qui nous attend encore. Je ne suis pas certain
que cette brume rougeâtre soit de bon augure.



Les conseils de Macubex emportèrent l'assentiment de tous et les serviteurs
d'Athéna s'engagèrent dans les escaliers d'airain. Le nouvel espace qu'ils
découvrirent après une longue marche baignait dans un brouillard rouge, épais
et humide. Il suffisait de faire quelques pas pour que des gouttes couleur sang
s'accumulent sur les armures usées du Sanctuaire. La route promettait d'être
encore longue.







Un océan de poussière







L'animal se tenait devant Shiro, grondant en retroussant ses babines. La
mâchoire apparente ne laissait que peu de doute quant à sa puissance, elle
était capable de broyer les os de l'apprenti Guerrier Sacré sans aucune
difficulté. Sa faible armure de cuir ne le protégerait certainement pas
longtemps. Shiro fonça en avant et, d'un coup de pied, déséquilibra la créature
qui se tenait en haut des marches de pierre. L'assaut avait été fulgurant,
Shiro dominait maintenant son adversaire qui lui lançait des regards fulminants
en se redressant promptement. En une fraction de seconde, l'animal disparut du
champ de vision du guerrier d'Athéna. Ce dernier reçut alors un choc dans les
reins ; il chancela et ne put se retenir de dégringoler à son tour de quelques
marches, ne parvenant qu'à grand-peine à conserver un équilibre précaire contre
la paroi rocheuse qui ceignait l'escalier ancestral.



Le félin, car il s'agissait bien d'une sorte de lion portant des ailes, était
réapparu comme par enchantement à la place qu'occupait Shiro quelques secondes
plus tôt. Il bondit sur sa victime, mâchoires rouges grandes ouvertes, crocs
jaunes et luisants dégouttant de bave, poil hérissé, pattes tendues aux griffes
acérées. Shiro n'eut le temps que de lever son bras gauche pour parer l'attaque
avant d'être percuté en pleine poitrine par les pattes monstrueuses. Il fut
repoussé dos au mur de pierre, apercevant en coin ses compagnons qui arrivaient
à sa rescousse, Frank en tête. Mais cette aide fut inutile. La main droite de
l'Hindou avait trouvé le chemin du cœur de la bête féroce et le félin était
mort sur le coup dans un râle court, surpris de son sort funeste. Il se dégagea
de sous l'animal, réajusta son armure ensanglantée et accueillit dans un large
sourire ses amis.



- Tu es blessé ? s'enquit Mâa en observant la large tâche de sang avec
inquiétude.

- Non, c'est le sang de ce lion, enfin si tant est qu'un lion puisse porter des
ailes ! Et vous, vous avez réussi à vous débarrasser des squelettes ?

- Ce ne fut pas difficile, lança Macubex dans un sourire malicieux, « ces êtres
sont lents, nombreux certes, mais tellement lents ».

- Ils comptaient sur leur nombre pour nous battre je suppose, précisa Frank en
regardant avec attention le cadavre de l'animal. « En tout cas, tu t'en es bien
sorti, ton adversaire était de taille ! Je n'ai jamais vu de telle bête. Tu
maîtrises bien les techniques de Yolos ! »



Mâa se baissa pour examiner l'animal avec attention. Cet animal n'avait rien de
commun avec un simple lion. L'Egyptien ne mit pas longtemps à reconnaître cette
étrange créature.

- Un Sphinge , murmura-t-il après quelques instants. Un Sphinge de Mésopotamie,
un animal enchanté que seules les légendes permettent de croiser en temps
normal ... c'est impossible.

- Tu es certain de ce que tu avances Mâa ?

- C'est une certitude Asturias, les ailes, l'allure ... Shiro ce combat ne fut
pas étrange ? Il ne s'est rien passé d'anormal ? demanda-t-il en se redressant
vers l'Hindou.

- Il a disparu pour réapparaître devant moi en quelques secondes, et ce alors
que je ne l'ai jamais quitté des yeux !

- Alors c'est bien un Sphinge, soupira Mâa en s'inclinant devant la dépouille.
« Un être semi-divin, consacré aux dieux de Mésopotamie, au puissant Dumuzi .
Sa mort est un sacrilège ... et ceci signifie aussi qu'en haut de ses marches,
nous nous retrouverons dans le pays d'entre deux fleuves, en Mésopotamie, bien
loin de notre Sanctuaire ! »



Macubex arbora un sourire sardonique en regardant Mâa prostré devant l'animal
et semblant se recueillir pour apaiser la colère divine.

- Tu me fais rire, Mâa. Cet animal allait tuer Shiro, et nous ensuite. Bon
débarras ! Nous servons Athéna si je ne me trompe, alors peu m'importe si nous
tuons des êtres consacrés à d'autres dieux, tâchons déjà de survivre. Ce
Sphinge ne vaut pas plus pour moi que les squelettes qui ont tenté de s'opposer
à notre marche. Et si, comme tu l'affirmes, nous nous retrouvons en Mésopotamie
en haut de ces marches, alors nous devons nous attendre à de nouveaux combats.

- Étranger, répondit Mâa en le fixant durement, « les choses divines méritent
d'être respectées, on finit toujours par payer des actes impies. Cet être
devait mourir pour notre sauvegarde, il mérite cependant que je recommande son
âme à Râ au moment de rejoindre l'autre monde. »



Frank coupa court à l'incident en proposant de rejoindre la sortie de la
caverne. Ces longs moments passés au seuil des Enfers n'avaient que trop duré,
il avait hâte de revoir le soleil. Il gravit les dernières marches rapidement,
sortant le premier à la surface de la Terre. Il parvint à une touffe d'herbes
sèches et s'assit sur le sol ocre, contemplant l'ampleur du ciel, les nuages rouges
épars, le soleil qui se levait. Il commençait à faire chaud, Asturias s'assit à
son tour, les autres ne tardant pas à en faire de même, sans un mot. Un vent
léger s'élevait peu à peu sur le désert, soulevant par endroit un sable très
fin et volatile. Des rafales de vent partout. Un air sec et brûlant piquait la
gorge et les poumons des éphèbes, leurs paupières s'appesantissaient tandis
qu'une grande lassitude s'emparait d'eux. Combien de temps étaient-ils restés
sous terre ? Qu'étaient devenus les Asgardiens ? Où étaient-ils réellement ?
Asturias parut soudain désespéré, chose assez inhabituelle pour le Dalmate peu
enclin à laisser transparaître la moindre faiblesse morale. Il soupira :



- Par où commencer ?

- Je ne connais pas le désert mais en Égypte j'ai bien compris que l'eau est un
problème. J'ai déjà soif, je suis fatigué ... sous terre je ne ressentais rien
de ceci. Nous allons devoir trouver de l'eau sans quoi nous ne tiendrons pas
longtemps, affirma Frank avec force.

- Tu as raison mon ami, rétorqua Mâa qui, lui, connaissait bien le désert pour
être un enfant d'Égypte. La Mésopotamie est parcourue par de nombreuses
caravanes. Cherchons une piste, nous aurons peut-être de la chance.



Une bourrasque souleva soudain un nuage de poussière obligeant les éphèbes
d'argent à porter leurs mains sur leurs visages. Le premier, Shiro se leva.

- C'est une bonne idée. Je propose néanmoins de trouver un abri, et assez vite.
Nous ne pourrons marcher au soleil, je connais les déserts, il y en a un vaste
dans ma contrée. Allons vers là-bas, proposa-t-il en désignant du doigt de
vastes appendices rocheux. « Nous devrions y trouver abri. »

- C'est une bonne idée, allons-y !

Frank se leva à son tour et chercha du regard Asturias et Macubex qui avaient
disparu.

- Asturias !!!!!! Étranger !!!!!!!! hurla-t-il tandis que Mâa et Shiro
regardaient aux alentours l'air inquiet.

- Ici ! Répliqua une voix en contrebas.

- Mais que font-ils, ils sont redescendus dans les Enfers !!! s'inquiéta Frank.



Les trois hommes descendirent quelques marches avant de rejoindre Asturias et
Macubex qui se tenaient face à une statue d'homme à genoux, les bras en croix
et les mains en feu. De grands yeux noirs fixaient les serviteurs d'Athéna.

- Il y a un texte, Asturias le recopie. J'ai entendu des craquements derrière
nous, c'était le feu. Je me demande comment nous avons pu passer à côté de
cette statue en montant tout à l'heure. Elle barre le chemin, impossible de
retourner dans la grotte.

Frank et Mâa ne cachèrent pas leur inquiétude. Shiro brisa le silence qui
venait de s'installer d'une voix étouffée.

- C'est un gardien des Morts je présume, un sceau qui empêche les morts de
sortir, les vivants d'entrer. Un sceau divin.

- Quoi que cela soit j'ai repris le texte, répondit avec satisfaction Asturias.
Il semble que cela soit du sumérien, tel qu'Akurgal me l'avait décrit. Nous le
traduirons plus tard. Quittons cet endroit.



Rejoindre les gros rochers prit deux bonnes heures sous le soleil ardent du
matin. Cet édifice naturel offrit néanmoins un abri salvateur aux guerriers qui
purent s'y reposer toute la journée. L'astre solaire était si ardent qu'on eut
pu expliquer la formation du sable par la dislocation des roches sous l'effet
de la chaleur implacable. La nuit approchant fut salvatrice pour les éphèbes :
la température devint plus supportable et surtout une caravane croisa leur
chemin. Ils étaient saufs. La route vers le Sanctuaire était encore longue.
Mais ils pouvaient enfin espérer le revoir, si tant est qu'il existait encore
... le monde avait bien changé aux dires du marchand, tout n'était que
violence, désolation et mort. Seule la Mésopotamie semblait épargnée grâce à la
vigilance de ses dieux protecteurs ...





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1) Mythologie hindoue. Fils d’Indra par cadeau de Shiva, cet être fit trembler
la terre, la fit même pleurer et le monde résonna de tonnerre lors de sa
naissance. Il a le don de vaincre les dieux et de posséder les trois mondes :
cieux, Terre et Enfers. Il est ici un démon d’une puissance qui dépasse celle
de nombreux dieux.

2) Animal mythologique présent dans les mythes grecs, égyptiens et
mésopotamiens. A noter que suivant la contrée cet animal est masculin ou
féminin : en Mésopotamie il est plus souvent féminin, d’où Sphinge

3) Divinité pastorale associée à Inanna dans certains textes mésopotamiens
traitant des enfers. Ce dernier mythe est assez proche de l’enlèvement, par
Hadès, de Perséphone expliquant le cycle des saisons.





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