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Cette fiche vous est proposée par : Vincent, sans pseudo


Les Royaumes du Grand Nord

   « Essayez de comprendre : les Muspeliens ont tenté de détruire la cité en créant un volcan, et maintenant les Jotuniens veulent faire de même en provoquant des séismes ! Le but des armées réveillées par Helheim n’est pas de nous combattre, mais d’anéantir Asgard !

   - Mais de quelle façon ? » lui répondit Hagen.

   Le guerrier de Delta se tourna vers le chef des Blue Warriors :

   « Dis-moi Alexei, j’ai entendu dire que tes ancêtres avaient des pouvoirs sur le froid qui étaient si étendus qu’ils pouvaient même commander aux tempêtes, est-ce vrai ?

   - Tu veux dire que cette tempête qui menace Asgard serait l’oeuvre de Nifliens ressuscités par Helheim ?

   - Je ne le dis pas, je l’affirme ! C’est tout à fait dans leur logique : s’attaquer à notre cité plutôt que de nous combattre de front. Aussi faut-il tout de suite débusquer ceux qui sont à l’origine de ce fléau, avant que notre cité ne s’effondre ! »

   Après quelques secondes de réflexion, il se retourna vers les Guerriers Divins :

   « Tout ce dont je suis sûr, c’est que ces Nifliens devaient être au moins cinq pour invoquer des tempêtes, et se plaçaient de manière à former une étoile dont l’épicentre voyait naître la tornade. Nous pouvons donc en conclure qu’ils se sont terrés à cinq endroits en bordure d’Asgard.

   - Comment les trouver ?

   - Je peux tenter de les repérer à l’énergie particulière qu’ils dégagent lorsqu’ils se mettent en méditation afin de concentrer le froid en eux, mais ça va me prendre quelques instants...

   - Maître Alexei ! »

   L’un des Blue Warriors venait d’interpeller son chef. Lui et ses deux compagnons indiquaient cinq directions en les pointant du doigt, figés comme des statues.

   « Tu as des hommes plutôt efficaces, dit Albérich au roi de Bluegrad. A présent, il ne nous reste plus qu’à nous séparer pour les contrer au plus vite.

   - Et les géants ? objecta Hagen, en désignant l’armée qui n’était plus qu’à quelques centaines de mètres d’eux.

   - Je vais m’en occuper, répondit Thor en avançant de quelques pas.

   - Pas sans moi. » ajouta Rung en le rejoignant.

   Thor le regarda de côté, un sourire en coin, et Rung le lui rendit.

   « Dans ce cas, allons-y ! »

   Albérich, Hagen et Syd partirent chacun dans l’une des directions indiquées précédemment, tandis que les trois Blue Warriors en rejoignaient une autre et qu’Alexei se lançait vers la dernière, laissant les deux imposants Guerriers Divins face à leurs adversaires désignés.


   « Tu vas voir ce que mes boomerangs peuvent faire face à ces monstres ! lança Rung.

   - Ils n’en feront pas autant que mes haches ! répondit Thor.

   - Pff ! Je parie que je tue plus de géants que toi !

   - Pari tenu ! »

   En face d’eux, trois géants s’apprêtaient à frapper le sol de leurs poings, mais Thor et Rung lancèrent leurs armes qui les fauchèrent avant qu’ils ne puissent briser la terre.

   « Votre lâcheté n’a d’égal que votre taille et votre laideur ! lança Rung à l’adresse de ses opposants. Venez vous mesurer à moi, ça fait trop longtemps que je n’ai pas exterminé de géants de Jotunheim ! »

   L’un d’eux, visiblement réceptif à la provocation, se jeta sur lui, mais Rung lui attrapa le poing, et malgré la différence de taille, lui passa le bras autour du cou, lui brisa la nuque.

   « Et de trois, dit-il à l’intention de Thor. Tu devrais t’activer, tu en as deux de retard !

   - Ne te fais pas de souci pour moi ! Titanic Hercules ! »

   La puissante attaque de Thor renversa deux nouveaux ennemis.

   Tandis que les deux guerriers d’Asgard se réjouissaient, trois des six Jotuniens qu’ils avaient vaincus se relevèrent.

   « Bon sang ! Ces maudits monstres ne sont pas faciles à tuer ! lança Thor, en regardant l’air inquiet ces nombreux ennemis se rapprocher.

   - Je les frapperai mille fois s’il le faut ! » répondit Rung en s’avançant les armes aux poings. Mais Thor le retint par l’épaule.

   « Dis-moi, Rung, plutôt que de voir celui qui tuera le plus d’ennemis, si nous mettions nos efforts en commun afin de voir en combien de temps nous pouvons anéantir une armée de géants ?

   - Hum... ça me va ! »


   Leurs ennemis les avaient entourés. Les deux alliés lancèrent leurs armes volantes sur les côtés, frappant les géants qui s’approchaient par la droite et par la gauche, et chargèrent en même temps ceux qui venaient de face, qu’ils renversèrent sans peine. D’autres Jotuniens arrivaient par derrière, sûrs de leur effet de surprise, mais les boomerangs et les haches, n’ayant pas terminé leurs révolutions, vinrent les abattre à leur tour.

   Sans perdre une seconde, Thor et Rung portèrent le coup de grâce à chaque ennemi à terre, sous le regard incrédule et haineux du reste de l’armée de Jotunheim. Dos à dos, tenant fermement leurs armes, les deux Guerriers Divins, malgré le danger palpable, ne pouvaient réprimer un sentiment de satisfaction.

   « La vie que vous a rendue Helheim n’est qu’une illusion ! Nous allons remédier à l’erreur de votre réapparition par la plus expéditive des méthodes ! lança Thor.

   - Ouais ! On va tous vous massacrer ! » ajouta Rung avec moins d’inspiration.


***


   Albérich se rendit à l’endroit indiqué par Alexei et découvrit l’origine de la menace : il s’agissait bien d’un Niflien, dans une toge bleu ciel, assis en tailleur, dont l’aura tourbillonnait telle une tornade. Il avait le visage couvert des mêmes bandes que les autres armées de Helheim ; ses yeux étaient fermés et sa méditation semblait intense.

   Le Guerrier Divin dégaina son épée de cristal et frappa l’homme, mais son coup fut dévié. Albérich se retourna et découvrit une dizaine de Nifliens qui l’encerclaient.

   « Allons, attaquer un homme en pleine méditation, ce n’est pas très loyal, lança d’une voix affreuse l’un des arrivants.

   - Pas plus que de vouloir détruire une cité au lieu d’attaquer de front ses défenseurs, répondit-il en plaçant son épée au-dessus de sa tête.

   - Bravo, vous avez fini par nous découvrir, dit leur chef, sans bouger de sa position en tailleur. Mais la destruction d’Asgard est déjà en route ! Tuez-le ! »

   Les guerriers projetèrent leurs souffles glacials avec leurs mains, et Albérich les bloqua en faisant tournoyer son arme.

   « Bande de naïfs ! Aucun froid ne peut éteindre le feu de l’Epée Ardente ! Au contraire, celle-ci n’en devient que plus puissante, et à présent elle réclame vos têtes ! »

   Il fonça vers l’un des soldats et lui planta son épée dans le ventre, puis bondit vers un autre qu’il décapita. Les Nifliens restants contre-attaquèrent, mais sans succès, ils furent mortellement frappés un à un, jusqu’à ce qu’ils soient tous à terre, leurs corps sévèrement lacérés par la sauvagerie d’Albérich.

   « Il ne reste plus que toi, dit-il au chef.

   - En es-tu sûr ? » répondit-il en ouvrant ses yeux aux pupilles mortes.

   L’un des soldats se releva et l’attrapa dans le dos, en lui faisant lâcher son Epée Ardente. Malgré une large blessure à la poitrine, le soldat parvint à concentrer un air froid tout autour de lui, et le corps d’Albérich se recouvrit peu à peu de glace.

   « Pff ! Je comprends pourquoi vous tentez de nous anéantir en vous cachant ! Vous n’avez aucune chance contre nous dans un face à face classique ! Amethyst Shield ! »

   Il tendit les bras vers le ciel, et la glace le recouvrant éclata, tandis que le corps du Niflien se couvrit peu à peu d’améthyste. Albérich se libéra de son étreinte, et le guerrier fut piégé dans un véritable cercueil de cristal mauve.

   « Où en étions-nous ? » dit le Guerrier Divin avant de reprendre son épée en main et de charger le chef des Nifliens. Albérich abattit son arme de cristal sur lui, mais son aura semblable à une petite tempête fit rebondir la lame. Il frappa de nouveau, mais l’Epée Ardente était à chaque fois repoussée.

   « Eh bien, esclave de Bolverk, ça ne se passe pas comme tu l’espérais ? L’énergie qui m’entoure est à l’origine de la tempête qui ravage en ce moment même Asgard, alors tu ne penses pas pouvoir la surpasser ainsi ?

   - Ne fais pas ton malin, tu n’es pas assez puissant pour te le permettre ! Amethyst Shield ! »

   L’attaque de cristal n’eut pas plus d’effet : les projectiles d’améthystes ricochèrent sur l’aura du Niflien.

   « Je t’ai dit que c’était inutile ! » répondit-il avant d’envoyer par la bouche un souffle glacial intense. Albérich l’esquiva de justesse, mais son bras droit fut gelé. Il en approcha l’Epée Ardente, et la glace fondit en quelques secondes.

   « D’une façon ou d’une autre je t’éliminerai ! » lança-t-il à son adversaire.

   Il leva une main au-dessus de lui.

   « Nature Unity ! »

   Le sol trembla très légèrement, et les arbres qui étaient autour d’eux se mirent en mouvement. Trois d’entre eux encerclèrent le Niflien, et leurs énormes racines jaillirent pour s’enrouler autour de lui. L’aura glaciale et agitée du guerrier résista quelques instants, mais les esprits de la nature étaient trop forts, et il fut littéralement broyé sans avoir le temps de pousser un cri.

   Lorsque les arbres reculèrent, il ne restait plus qu’un cadavre informe.

   « En voilà déjà un de moins ! dit-il en regardant le ciel. Guerriers Divins et Blue Warriors, à vous d’accomplir rapidement votre part du travail ! »


***


   Alexei était face au Niflien qu’il était venu chercher, mais une dizaine de guerriers le défendaient.

   « Hommes de Niflheim, dit-il, cessez tout de suite cette entreprise de mort, sinon je verrai dans l’obligation de vous en empêcher par la force.

   - Si tu souhaites employer la force, nous avons de quoi te satisfaire, répondit l’un des soldats.

   - Tant pis ! Blue Impulse ! »

   Son attaque fut si vive que ses ennemis furent presque tous emportés dans la bourrasque. Ils retombèrent au sol, sans vie, et seuls trois d’entre eux avaient pu s’écarter. Ils fixaient Alexei, intrigués :

   « Ce pouvoir... Tu serais donc un Niflien ! »

   Mais le jeune prince fut sans pitié : il se jeta sur eux et frappa du tranchant de sa main, coupant trois têtes d’un coup.

   Désormais seul, le chef Niflien rompit sa méditation et se leva pour s’approcher du Blue Warrior.

   « Ainsi tu es l’un de nos héritiers, nous ne devrions pas nous combattre.

   - C’est pourtant ce que je vous ai demandé avant d’attaquer, mais vous ne sembliez pas disposés à écouter.

   - Nous avons eu tort. A présent, j’aimerai que ce soit toi qui écoutes. Je fus autrefois un roi de Niflheim, mais une guerre contre Asgard éclata. La victoire ne leur suffisait pas, il fallut qu’ils ravagent notre pays. Ce jour-là j’ai cru que c’était la fin pour notre peuple. Et aujourd’hui, tu combats à leurs côtés ? Comment est-ce possible ?

   - Les deux royaumes vivent en paix désormais, répondit Alexei, et les manifestations du passé telles que toi ne doivent pas revenir hanter notre époque.

   - Le passé ? Mais ce type de conflit ne se termine jamais ! »

   Retirant les bandes qui masquaient son visage, il s’approcha encore.

   « Regarde-moi bien. Je devrais être mort, et pourtant je suis debout ! Imagine si tu accédais à ce pouvoir extraordinaire, tu pourrais ramener à la vie les êtres qui te sont chers... Argh ! »

   Il ne put continuer, Alexei venait de lui transpercer le ventre d’un coup de poing.

   « Tu appelles ça vivre ? cria-t-il. Ne parle pas de la vie et de la mort, toi qui n’es qu’un fantôme ! »

   Il retira son poing, et le corps putréfié de son ennemi tomba à terre.

   « La mort n’est pas un concept avec lequel on peut jouer. »


   Il tourna son regard vers le ciel.

   « La tempête a diminué d’intensité. Asgard sera bientôt hors de danger. »


***


   Une jeune fille courait, fébrile, dans les couloirs du Palais de Valhalla. Elle portait une large robe blanche et ses cheveux blonds, longs et bouclés, virevoltaient à chacun de ses pas. A bout de souffle elle ouvrit les portes de la salle du trône et elle cria :

   « Hagen ! »

   Mais il n’y avait personne à part sa soeur.

   « Hilda ! Hagen est-il revenu ? Je dois savoir.

   - Oui Freya, mais il est reparti combattre une armée ennemie qui menace le royaume.

   - Pourquoi ne pas m’avoir prévenue ? Tu sais à quel point j’avais hâte de le revoir ! dit-elle sur un ton lourd de reproches.

   - Il ne faut pas m’en vouloir. Depuis ce matin où je t’ai signalé que je ressentais à nouveau l’énergie de certains de nos défenseurs, tu as passé tout ton temps à prier pour qu’Hagen revienne lui aussi. Lorsque les Guerriers Divins furent de retour au palais, je suis venue te chercher dans ta chambre, mais tu étais écroulée de fatigue. Et puis...

   - Quoi, Hilda ? Dis-moi tout !

   - J’ai senti que Hagen n’était pas prêt à te revoir. »

   Le regard de Freya se mouilla de larmes et se perdit dans le vide.

   « Les dernières images que j’ai de lui sont celles où il m’attaque et où il meurt. J’ai besoin de le revoir, de retrouver le Hagen que j’ai toujours connu. Pourquoi me refuserait-il cela ?

   - Ma petite soeur, même si j’étais sous l’influence de l’Anneau des Nibelungen lors de cette bataille, j’ai ressenti chacune des souffrances de mes fidèles guerriers, y compris celles d’Hagen. Il a dû choisir entre les sentiments qu’il nourrissait pour toi et son devoir de Guerrier Divin. L’inéluctabilité de ce choix l’a brisé. Désormais, il ne sait pas quelle attitude adopter face à toi. »

   Hilda s’approcha et la prit doucement dans ses bras.

   « Laisse-lui un peu de temps, lui chuchota-t-elle à l’oreille. Je suis sûr qu’il va revenir sain et sauf, et là vous pourrez vous retrouver. »


***


   Près de l’une des frontières d’Asgard, un Niflien méditait, tandis que dix autres encerclaient un combattant d’Odin venu à leur rencontre.

   « Je suis Syd de Mizar, Guerrier Divin de...

   - Ton identité ne nous intéresse guère ! l’interrompit l’un des soldats de glace. A mort ! »

   Il s’élancèrent contre le Tigre Viking dont la cape fut transpercée par une multitude de coups. Mais le corps du guerrier n’était plus là. Ils portèrent leurs regards dans toutes les directions.

   « C’est moi que vous cherchez ? » lança une voix bien connue. Elle provenait de derrière le chef Niflien qui, surpris par la proximité de son adversaire, fit exploser son aura glaciale afin de se défendre, mais Syd le prit de vitesse et lui porta un coup de griffe à la base du cou. La tête du guerrier de glace roula au sol.

   La réaction des soldats fut instinctive : ils projetèrent leurs souffles de glace en hurlant. Le Guerrier de Zeta répliqua par ces quelques mots :

   « Viking Tiger Claw ! »

   Se jetant au milieu de la mêlée, il frappa ses adversaires à la vitesse de l’éclair tout en esquivant les jets mortels. Quelques secondes plus tard, les cadavres des dix soldats jonchaient le sol.

   « J’espère qu’à présent les conflits du passé ne viendront plus nous hanter, sous quelque forme que ce soit. »

   Il s’apprêtait à quitter les lieux lorsqu’il ressentit une douleur : son flanc gauche était gelé.

   « Maudits zombis ! pensa-t-il. Il y en a quand même un qui a réussi à m’atteindre ! Mais il en faudra plus pour m’arrêter. »


***


   « Universe Freezing ! »

   Hagen projeta son souffle glacial vers les soldats Nifliens, mais ce fut sans effet.

   « Imbécile ! Ta technique ne peut rien contre nous, ce n’est pas par hasard que l’on nous appelle les guerriers des glaces !

   - Si mes attaques de froid sont inefficaces, nous allons voir ce que donnent mes attaques de feu ! Great Ardent Pressure ! »

   Les soldats répondirent en projetant leur souffle glacial vers Hagen. Un équilibre se créa entre les deux camps, sans qu’aucun ne puisse prendre le dessus.

   « Bande d’incapables ! cria le chef Niflien. Déjà trois factions ont été détruites, et vous ne semblez partis pour subir le même sort ! Vous m’obligez à prendre part à la bataille ! »

   Il ouvrit la bouche et projeta à son tour un souffle de glace très puissant qui vint se joindre à celui de ses hommes. Leurs attaques prirent le dessus et le jet de feu recula. Hagen était de plus en plus inquiet, tandis que le froid allait bientôt atteindre ses mains.

   « Freya, tu ne m’auras pas réveillé pour rien ! Je défendrai Asgard jusqu’au bout ! »

   Il intensifia son cosmos et son attaque redoubla de violence. Elle repoussa les souffles des soldats, qui tentèrent de résister, mais sans succès. Tous furent dévorés par les flammes, laissant leur chef seul sous la chaleur intense de l’attaque qui continuait de battre son plein. Il augmenta la vitesse du tourbillon qui l’entourait tel un bouclier, mais celui-ci ne résista pas longtemps, et le dernier adversaire d’Hagen fut emporté à son tour. Les cadavres calcinés des Nifliens retombèrent à terre.


***


   Il y a une quarantaine d’années, à Asgard.

   Un groupe de guerriers revenait en ville suite à une éprouvante bataille. Le chef de l’escouade était à peine arrivé devant les portes de la ville qu’un soldat l’interpella :

   « Seigneur Balder ! Votre femme accouche plus tôt que prévu ! »

   Le visage du guerrier s’éclaira malgré la poussière qui recouvrait sa peau, puis il pressa le pas jusqu’à atteindre la pièce ou sa femme accouchait. Un cri de bébé lui vint aux oreilles : le fils du roi venait de naître.

   « Félicitations ! s’écria la sage-femme, vous voilà père ! »

   Balder s’approcha et prit dans les bras le petit être que sa femme lui tendait.

   « Voici le nouveau Balder, lui dit-elle d’une voix épuisée mais heureuse.

   - Ce ne sera pas son nom.

   - C’est pourtant la tradition !

   - Non, ces traditions vieilles comme le monde me fatiguent. Il est temps de rénover notre politique bien trop pacifiste, et que le plus puissant des royaumes du Grand Nord dicte ses règles au lieu de se les faire imposer. J’ai entrepris un mouvement de renouveau, et j’ai bien l’intention que ma descendance poursuive dans cette voie. Le nom de mon fils en sera le symbole. Il s’appellera Derbal. »


   « Derbal ! Réveillez-vous ! » s’exclamait Hilda tout en secouant l’épaule de son ancien maître. Assis sur une large chaise, Derbal était couvert de sueur. Après quelques appels de la reine, il revint à lui.

   « Qu’y a-t-il ? répondit-il sur un ton qu’il voulut naturel.

   - Vous sembliez en prise à un cauchemar ou une vision.

   - J’ai fais un rêve étrange, mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter, répondit-il, gêné.

   - Est-ce la première fois que ça vous arrive ? » interrogea Hilda.

   Il la regarda, l’air soupçonneux. Il n’avait aucune raison de discuter avec elle, et ce qu’il lui arrivait ne la concernait pas. Toutefois ces rêves à répétition l’intriguaient, et la reine n’avait nullement l’air de porter un quelconque jugement à son égard. Puis ils n’étaient que tous les deux dans la salle du trône.

   « C’est depuis que j’ai été ramené à la vie. J’ai fais un premier rêve lorsque mon corps reposait encore au fond du gouffre au pied de la statue d’Odin, puis un second cette nuit, et là je viens de faire le troisième.

   - Qu’y avez-vous vu ?

   - C’était comme si toute l’histoire des Guerriers Divins défilait sous mes yeux. Aujourd’hui j’ai assisté aux guerres successives que se sont livrés mes ancêtres avec Helheim. J’ai été témoin de la reddition de Svartalfaheim, de l’alliance avec Niflheim, et de toutes ces batailles sans fin. Puis mon rêve s’est achevé sur ma propre naissance. Plutôt troublant, n’est-ce pas ?

   - En effet.

   - Je ne comprends pas le sens de ces rêves, reprit-il. C’est si déroutant ! Je vois ces événements heureux ou tristes, beaux ou atroces se dérouler sous mes yeux, et je ne peux rien y faire, c’est une véritable torture !

   - Même si Odin a changé les règles du jeu et que je suis désormais la reine d’Asgard, vous êtes toujours l’un de ses représentants, et ces visions que vous avez sont sans aucun doute un message que notre dieu tente de vous transmettre. Un message dont vous êtes le seul à pouvoir saisir le sens. »


***


   « Freezing Charge ! »

   Dmitri s’élança à la vitesse de l’éclair, l’épaule en avant couverte d’une lumière bleue, renversant d’un coup trois soldats Nifliens.

   « Cold Wings ! »

   Aliocha ayant bondi à plusieurs mètres au-dessus du sol, tendit les bras telles les ailes d’un rapace et piqua sur ses proies, fauchant deux autres adversaires.

   « Icy Scratch ! »

   Le poing d’Ivan s’enveloppa d’une énergie bleutée formant des griffes autour de ses doigts, et quatre soldats qui s’écroulèrent sous un seul de ses coups.

   Le dernier guerrier se retrouva seul, encerclé par les trois Blue Warriors qui furent sans pitié : ils le frappèrent en même temps, le tuant sur le coup.

   « C’est ton tour, dirent-ils au Niflien assis en tailleur, lève-toi qu’on en finisse.

   - Vous aurez un peu plus de mal avec moi. » dit-il en ouvrant les yeux et en se mettant debout.

   Son aura déjà bien agitée se changea en tornade. C’était même pire que ça : il semblait que la tempête qui soufflait jusque là sur Asgard, ou du moins ce qu’il en restait, se concentrait autour de ce guerrier des glaces.

   « Etant le dernier soldat de Niflheim encore en vie, je me permets de récupérer la force de la tempête pour l’utiliser contre vous, et une fois que je vous aurais anéantis, je m’occuperai des autres Guerriers Divins.

   - Cela ne te sauvera pas ! répondit Aliocha. Cold Wings ! »

   Il s’élança vers l’ennemi mais fut repoussé par la tornade. Ivan et Dmitri se jetèrent à leur tour contre le Niflien, mais ils rejoignirent leur frère d’armes au sol.

   « Vous, des guerriers de Niflheim, oser vous dresser contre nous ! Vous n’êtes que des sous hommes !

   - Le seul traître ici, c’est toi ! Et tu ne résisteras pas à nos trois attaques combinées ! Icy Scratch !

   - Freezing Charge !

   - Cold Wings ! »

   Le Niflien déploya les bras, déclenchant une trombe qui emporta ses adversaires et réduisit une fois de plus leurs offensives à néant.

   Ivan et Aliocha se relevèrent tant bien que mal, prêts à poursuivre le combat malgré leurs armures endommagées. Mais leurs visages se décomposèrent en constatant que Dmitri était toujours à terre.

   « Je vais prendre plaisir à vous écraser comme des insectes ! » annonça leur ennemi. Il fit un geste avec le bras, et une puissante bourrasque se déchaîna contre les trois guerriers. Au dernier moment, un coup fit dévier l’attaque, épargnant les Blue Warriors.

   « Qui est l’inconscient qui se mêle de ce combat ? » dit le Niflien.

   Syd de Mizar se tenait entre l’ennemi et les trois lieutenants d’Alexei :

   « J’ai l’impression que vous aviez besoin d’un petit coup de main, dit-il.

   - Merci, dit Aliocha, mais nous finirons ce combat seuls.

   - Ces hommes sont avant tout les ennemis d’Asgard, c’est à moi qu’il revient de tuer le dernier d’entre eux.

   - Non, Guerrier Divin, nous détruirons cette menace par nous-mêmes !

   - Ne soyez pas entêtés ! L’un d’entre vous est déjà à l’agonie, pourquoi risquer ainsi vos vies ?

   - Tu ne peux pas comprendre, lui répondit Ivan. Nos trois destins sont indissociables : nous sommes nés le même jour, et nous mourrons le même jour ! Ainsi se comportent les vrais frères ! »

   A ces paroles, Syd comprit que ces trois hommes étaient des triplés : il ne l’avait pas remarqué plus tôt, mais leurs visages présentaient effectivement une ressemblance frappante.

   Cet instant de flottement permit à Dmitri de se relever :

   « S’il te plaît, homme d’Asgard, fais-nous confiance, nous n’échouerons pas. »

   Le Tigre Viking acquiesça et recula d’un bond.

   Il s’était à peine éloigné que le Niflien attaqua ses adversaires. Ivan, Dmitri et Aliocha esquivèrent en sautant, mais le souffle créé était si puissant qu’il les atteignit en plein ciel. Ils furent secoués dans tous les sens avec une violence rare, et lorsque les trombes qui les retenaient prisonniers s’estompèrent, trois corps disloqués, dont les armures n’étaient pas en meilleur état, tombèrent au sol. Le mort-vivant explosa de rire.

   « C’est pitoyable ! s’écria le mort-vivant. Vous pensiez vraiment pouvoir me vaincre ? A présent à ton tour, ajouta-t-il en se tournant vers Syd.

   - Désolé de te contredire, mais je tu n’en as pas terminé avec eux. » lui répondit-il.

   Les Blue Warriors se relevèrent comme un seul homme.

   « Nous ne sommes pas encore morts ! » crièrent-ils tout en faisant exploser leur cosmos bleuté. Leurs armures se mirent à briller d’une lumière nouvelle. Plus encore, les fissures qui en recouvraient leurs surfaces se résorbaient.

   « Nos armures ! Que leur arrive-t-il ? lança Dmitri.

   - Elles se réparent d’elles-mêmes ! ajouta Aliocha.

   - Ce n’est pas tout, continua Ivan. Elles changent de forme ! On dirait qu’elles évoluent ! »

   Les trois protections, qui jusqu’à présent étaient identiques et d’aspect relativement primaire se transformaient à vue d’oeil et devenaient plus couvrantes. Sur celle de Dmitri apparaissaient des ailerons au niveau des bras et des jambes ; celle d’Aliocha se recouvrait de plumes tandis que sur ses épaules les protections prenaient la forme d’ailes ; et enfin celle d’Ivan devenait beaucoup plus large, lui donnant l’allure imposante d’un ours.

   Syd et le Niflien regardaient, fascinés, cet étrange phénomène.

   « J’ai compris ! s’exclama Aliocha. Ce ne sont pas les armures qui ont changé, c’est nous ! Rappelez-vous la nature unique de ces protections ! »


   Les trois frères se remémorèrent le récit de l’origine des Armures Bleues. Cela remontait à plusieurs dizaines de siècles, à l’époque où leur ville s’appelait encore Niflheim. L’alliance avec Helheim s’était affaiblie et le pays n’était plus en guerre avec Asgard, mais les relations restaient toutefois tendues et aucune paix officielle n’avait été signée. C’est dans ce contexte que, pour une obscure raison, Poséidon avait envoyé son armée à Niflheim. Des messagers avaient été envoyés auprès d’Athéna, la déesse des terres du milieu, et à Asgard, la cité d’Odin, car ces deux dieux avaient en commun d’être de farouches ennemis du dieu des mers.

   La ville assiégée attendait, et les secours ne venaient pas. En fait, les Chevaliers d’Athéna et les Guerriers Divins d’Odin s’étaient déplacés, mais ils faisaient là leur première rencontre, et un conflit d’intérêt les opposait, chaque camp considérant que l’autre n’avait pas à intervenir dans cette guerre. Pendant ce temps, les armées de Poséidon étaient passées à l’action, et les Nifliens avaient dû jeter leurs dernières forces dans la bataille. Au prix de nombreux sacrifices, ils parvinrent à repousser leurs ennemis, forçant l’admiration des Chevaliers du Sanctuaire et des Guerriers d’Asgard. Pour se faire pardonner leur comportement qui avait coûté la vie à tant de Nifliens, Athéna et Odin décidèrent de s’associer pour offrir au peuple meurtri un présent unique : les Armures Bleues. Celles-ci seraient à même de permettre à Niflheim de se défendre en toute circonstance.

   Ces événements constituèrent la première alliance entre les peuples du nord et ceux des continents. Niflheim se rebaptisa Bluegrad, la ville bleue, et devint le symbole de cette nouvelle alliance. Ce fut également la fin des conflits entre Asgard et Bluegrad.


   « Ces protections s’adaptent aux pouvoirs de leur porteur, continua Aliocha. Si elles se transforment aujourd’hui, c’est qu’elles nous ont reconnus comme dignes de défendre Bluegrad. Nous sacrifierons nos vies s’il le faut pour rendre hommage à nos ancêtres les plus glorieux, afin que leurs souvenirs effacent la résurgence d’êtres tels que vous ! » ajouta-t-il en pointant le Niflien du doigt.

   Ce dernier n’avait que faire d’un tel discours. Il concentra les vents tourbillonnants pour former une tornade dont il était l’épicentre.

   Les trois frères se placèrent autour de lui en formant un triangle parfait, et ils concentrèrent leur énergie glaciale dans leurs mains tendues.

   « Bande de minables ! Vous n’arriverez à rien de plus, nouvelles armures ou pas ! Vos attaques seront incapables de franchir ma tempête ! »


   Le cosmos des trois frères s’échappait de leurs armures pour former un champ d’énergie bleu autour de leur corps, et cet amas prenait la forme d’un animal : un ours polaire pour Ivan, une chouette harfang pour Aliocha, et un béluga pour Dmitri.

   « Polar Bear Final Run !

   - Snowy Owl Final Flight !

   - Beluga Final Swim ! »

   Les trois bêtes sauvages furent projetées comme des boulets de canon vers le Niflien, mais elles furent emportées par la tornade. Dmitri, Aliocha et Ivan furent frappés à leur tour par les vents et tombèrent au loin.

   Le Niflien pensait que le combat était arrivé à son terme lorsqu’il entendit un rugissement étrange : il leva les yeux vers le ciel et vit les trois animaux des glaces fusionner en une créature chimérique qui s’écrasa sur lui, provoquant une explosion retentissante. Son corps éclata en morceaux aussi petits que des flocons de neige, et la tornade s’estompa.


   Syd retrouva les Blue Warriors quelques mètres plus loin. Leurs armures étaient en miettes, et deux d’entre eux étaient inconscients. Lorsque le Guerrier Divin s’approcha, le troisième entrouvrit les yeux. Syd aurait été incapable de dire duquel il s’agissait.

   Il posa un genou à terre, et lui dit doucement :

   « Pourquoi ? Pourquoi avoir combattu jusqu’à risquer vos propres vies ? Ces hommes ne menaçaient pas votre peuple.

   - Nous l’avons fait car... car tels étaient les ordres de notre maître Alexei. Notre chef est un homme plein de doutes, et nous l’avons toujours suivi, même lorsqu’il s’est laissé entraîner par sa propre soif de pouvoir. Aujourd’hui, il a choisi une nouvelle voie, plus vertueuse, et nous l’approuvons totalement. Mais nous serions incapables de le lui dire, c’est pourquoi nous avons combattu au péril de nos vies, car nos actes parleront pour nous.

   - Tout ça pour prouver à votre maître que vous cautionnez son choix de participer à cette guerre ?

   - C’est exact. Mais tu dois savoir de quoi je parle, toi aussi tu combats en ce moment même pour prouver ta valeur à quelqu’un, n’est-ce pas ? »

   Sur ces mots, il perdit connaissance, laissant Syd figé par la surprise.


   Une autre voix fit écho :

   « Est-ce vrai, Syd ?

   - Quoi donc ? répondit le guerrier de Mizar, sans même se retourner.

   - Ce que vient de dire cet homme : combats-tu en ce moment pour me prouver ta valeur ?

   - Peut-être... peut-être Bud. »

   L’homme émergea de l’ombre : il était en tous points identique à Syd, à l’exception de son armure, dont seule la couleur changeait : elle était entièrement blanche.

   « C’est stupide ! répondit Bud. Tu n’as rien à me prouver ! Mon rôle est de te suivre comme ton ombre et d’intervenir si tu es mis en difficulté. Ce n’est que ma mission, et ça ne signifie pas que je ne t’estime pas.

   - Tu es le plus fort de nous deux, c’est toi qui devrais porter mon armure !

   - Lors de la bataille où nous avons péri, tu as été capable de te relever pour immobiliser notre ennemi, alors même que j’étais sur le point de perdre, aussi ne vient plus me parler de qui est le plus fort ou le plus faible !

   - C’est que... notre vie précédente nous a tellement séparés. Pourrons-nous un jour être de véritables frères et repartir à zéro ? »

   L’homme de l’ombre s’approcha :

   « J’en suis sûr, oui ! »

   Syd tendit sa main droite et se coupa l’intérieur de la paume avec ses griffes.

   « Puisque notre naissance n’a pas suffi à faire de nous des frères, que le sang, lui, concrétise ce lien à jamais ! »

   Bud n’hésita pas une seconde : il se taillada la paume à son tour et la plaqua contre celle de son frère en une forte empoignade. Leurs mains restèrent agrippées un long moment sous le soleil feutré du Grand Nord.


***


   La quasi-totalité de l’armée de Jotunheim avait été détruite. Il ne restait en face de Thor et Rung que quatre géants, qui étaient parvenus à échapper au sort réservé à leurs congénères.

   « Bon sang, cracha Rung, ces quatre-là sont particulièrement coriaces !

   - Au moins, continua Thor, la tempête s’est arrêtée, ce qui signifie que nos frères d’armes sont parvenus à remplir leur mission. »


   Les derniers Jotuniens, alignés au sommet d’une colline, ricanaient en choeur.

   « Qu’avez-vous à rire ? leur lança Rung.

   - Nous nous réjouissons de notre victoire prochaine ! » répondit l’un d’eux.

   Ils contractèrent leurs muscles jusqu’à faire exploser les bandelettes qui recouvraient leur peau, dévoilant des corps si monstrueux que Thor en fut ébranlé.

   Il y avait de quoi : le premier avait le corps couvert d’une épaisse pilosité qui se rapprochait davantage de la fourrure d’un animal sauvage. Le second était doté de bras incroyablement longs, à tel point qu’ils touchaient le sol alors qu’il se tenait debout. Le troisième était déformé par une énorme bosse dans le dos qui l’obligeait à se tenir plié en eux, et le dernier était albinos ; sa peau blanche, presque transparente, laissait voir par endroit ses veines, et ses yeux rouges brillaient comme le regard d’un serpent. En plus de ces traits spécifiques à chacun d’entre eux, ces quatre géants accusaient tous des marques de putréfaction avancée, signe de leur appartenance à l’armée de Helheim.

   Le guerrier de Gamma avait déjà vu de telles malformations physiques, mais il n’en avait jamais constaté autant concentrées au sein d’un même peuple. Par ailleurs, un autre détail l’intriguait plus encore : ces quatre mastodontes semblaient éprouver une certaine fierté de part leur état. Rung ne tarda pas à lui en donner l’explication.

   « Tu sembles surpris, Thor, et je te comprends. Tu as sous les yeux le résultat de la dégénérescence séculaire du peuple de Jotunheim. Dans ce pays barbare, les habitants se nourrissaient de chaire humaine car ils pensaient que c’était l’une des causes du gigantisme de leurs corps, et peut-être n’avaient-ils pas tort. Mais le pire, c’est qu’ils ne concevaient la procréation qu’entre eux, et de préférence entre les personnes les plus aptes à donner naissance à des enfants encore plus grands et plus forts. Les effets de cette consanguinité furent dramatiques, comme tu peux le voir de tes propres yeux. Ils pensaient se renforcer en agissant ainsi, mais ça ne faisait que multiplier les déficiences de leur descendance. Nous avons dû les anéantir.

   - Vous les avez exterminés ?

   - C’est Derbal qui en a donné l’ordre à mon père et aux autres Guerriers Divins alors que je n’étais qu’un enfant, mais il n’avait pas le choix : à chaque génération le peuple de Jotunheim devenait plus bestial et incontrôlable. Il aurait été catastrophique de les laisser poursuivre dans cette voie.

   - Ca, on ne le saura jamais. » répondit Thor d’un air de désapprobation.


   Les deux guerriers d’Odin furent rappelés à la situation en entendant les ricanements grotesques de leurs adversaires.

   « Eh bien, leur dit l’un d’eux, notre apparence vous terrifie à ce point, ou bien est-ce l’approche de la mort qui vous fait trembler ? Rassurez-vous, nous ne vous torturerons pas trop longtemps.

   - Tous vos semblables ont été éliminés, pourquoi pensez-vous obtenir un meilleur résultat alors que vous n’êtes plus qu’une poignée ?

   - Nous vaincrons car cette fois le plus grand roi ayant jamais régné sur Jotunheim vient nous rejoindre !

   - Par Odin, pas lui ! »

   L’inquiétude s’était manifestée sur le visage de Rung. Les Jotuniens posèrent un genou à terre, tandis que le roi tant attendu apparaissait à l’horizon.

   Un géant parmi les géants.

   En découvrant sa silhouette qui cachait le soleil à la manière d’une éclipse, Thor comprit pourquoi Derbal avait ordonné l’annihilation d’une telle insulte à la nature.

   « Je suis Rungnir, et vous venez de contempler le ciel pour la dernière fois ! »

   Il bondit vers les deux Guerriers Divins et les attaqua avec ses deux poings. Thor et Rung esquivèrent de justesse, laissant le sol se creuser de deux énormes cratères. Ils étaient encore dans les airs que les quatre autres Jotuniens les chargèrent, les envoyant à terre avec des douleurs dans tout le corps. Alors qu’ils étaient tous les deux écroulés, ils entendaient résonner le rire effroyable du roi des géants.


***


   Dans une vallée à proximité d’Asgard, trois hommes plus morts que vifs gisaient sur le sol gelé. Un guerrier s’approcha d’eux, plein de tristesse.

   « Mes frères. Ai-je bien fais de vous envoyer combattre ? » dit Alexei pour lui-même.

   « Voici donc ceux qui ont vaincu le dernier Niflien qui menaçait Asgard. »

   Alexei se retourna et vit l’un des Guerriers Divins qui venait à lui.

   « Tu es Albérich, n’est-ce pas ?

   - Albérich de Megrez pour être exact. Tes amis ne sont pas encore morts. Si tu le souhaites, je peux t’aider à les transporter jusqu’à la cité, là-bas nous pourrons les soigner. »

   Le roi de Bluegrad répondit par un hochement de tête. Il se baissa afin de mettre l’un des corps sur son dos lorsqu’il ressentit une profonde douleur dans la jambe : Albérich venait de lui planter son épée enflammée dans la cuisse. Il retira la lame de la blessure, arrachant un nouveau cri à sa victime, avant d’éclater de rire :

   « Alors, prince de Bluegrad, on ne fait plus le fier !

   - Pourquoi m’attaquer ? Nous sommes pourtant du même camp !

   - J’ai sans doute oublié de te le dire, mais je n’ai aucune morale.

   - Dès le début j’ai eu un mauvais pressentiment à ton égard !

   - Ca ne t’a pourtant pas empêché de baisser ta garde face à moi, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même !

   - Tu ne mérites pas d’être un Guerrier Divin ! Tu es un traître et un lâche !

   - Oui, et je suis également puissant et intelligent ! Mais ne nous attardons pas sur l’éventail de mes qualités, veux-tu ? »

   Alexei recula en rampant, pressant la main contre sa cuisse. La blessure était sérieuse : non seulement sa chair avait été pourfendue jusqu’à l’os, mais en plus sa peau était gravement brûlée.

   « Maintenant que tu n’es plus en mesure de bouger, nous allons pouvoir discuter, poursuivit Albérich. Je suis sûr que tu as des choses à m’apprendre.

   - De quoi parles-tu ? répondit Alexei, donc chaque mot prononcé lui demandait un effort.

   - Voyons ! La situation actuelle est pour le moins étrange, ne trouves-tu pas ? Les Guerriers Divins reviennent à la vie, les effets du Ragnarok sur les mémoires s’annulent, on se retrouve avec deux ordres de guerriers d’Asgard, et personne ne sait pourquoi ! Même si je n’ai pas encore saisi le but de nos résurrections, il me semble évident que de tous les éléments réunis ici et maintenant il n’y en a qu’un qui n’est pas à sa place : toi !

   - Moi ?

   - Parfaitement ! Que vient faire ici un Bluegradien, et surtout maintenant ? C’est ça qui m’intéresse ! Et je pense même que tu es le seul à en savoir plus que les autres ici. Voilà pourquoi j’avais besoin d’avoir une petite discussion avec toi.

   - Je suis arrivé ici par hasard, rétorqua Alexei, toujours pris par la douleur.

   - Je ne crois pas aux coïncidences ! D’ailleurs, j’aimerais comprendre une chose : hier soir, lors de ton arrivée, tu t’es présenté comme étant le roi de Bluegrad. Or, d’après ce que je sais, c’est un cinquantenaire du nom de Piotr qui gouverne ce pays. Alors que s’est-il passé ? Serait-il mort ? »

   Alexei resta silencieux, les yeux rivés au sol.

   « Quel est donc ce visage si triste ? ricana Albérich. Nous n’allons tout de même pas basculer dans le dramatique ? »

   Puis dévisageant davantage le Guerrier Bleu, il poursuivit :

   « D’ailleurs, est-ce vraiment de la tristesse que je vois là ? Ne serait-ce pas plutôt de la honte, ou pire encore, de la culpabilité ? »

   Alexei releva brusquement la tête, foudroyé par ce qu’il venait d’entendre.

   « Cet homme ! pensa-t-il. Il est capable de découvrir les faiblesses des autres avec une telle facilité ! C’est terrifiant ! »

   Albérich, quant à lui, riait à gorge déployée.

   « Je n’en reviens pas ! Tu serais responsable de la mort de ton père ! C’est bien ça ? Ha ha ha ! »

   Il jubilait de sa propre intelligence, puis cessa brusquement de rire et arma son épée.

   « Bon, revenons-en à l’essentiel : dis-moi tout ce que tu sais, et je te laisserai peut-être en vie !

   - Je ne sais rien ! Hier, j’ai aperçu une Valkyrie au-dessus de Bluegrad, et en la suivant je suis arrivé jusqu’ici, où j’ai fais la rencontre de Derbal, qui fut autrefois un allié de mon père. Je suis aussi perdu que toi dans ces événements ! »

   Albérich le regarda droit dans les yeux quelques longues secondes. Alexei ne détourna pas le regard.

   « Tu sembles honnête, Blue Warrior. Il est possible que tu ignores toi-même ton rôle dans cette bataille, mais une chose est sûre : ta venue ici n’est pas le fruit du hasard ! »

   Le visage du prince de Bluegrad s’illumina. C’est vrai qu’il n’y avait pas pensé, mais si sa présence ici avait été calculée, s’il avait une mission à accomplir ? Cette soudaine prise de conscience n’échappa pas au guerrier de Delta.

   « Eh bien, guerrier, tu ne le comprends que maintenant ? Tu ne t’étais pas posé de questions sur ton rôle dans cette guerre ? Comme c’est drôle, il y a vraiment des esprits passifs sur cette Terre ! Heureusement que des hommes comme moi sont là pour que le monde bouge ! Que... ? »

   Le guerrier de Megrez se tut : Alexei était en train de se relever. Le sang coula encore plus de sa blessure, mais il fit briller son cosmos bleuté tout en posant ses deux mains sur la plaie béante, et un givre brillant comme le cristal recouvrit sa cuisse.

   « Intéressant. Tu as utilisé le froid pour anesthésier la douleur et stopper l’hémorragie ! dit Albérich, réellement impressionné. Mais ce n’est pas toi qui m’empêcheras d’accomplir mes projets !

   - Cette première blessure ne suffira pas à me faire fléchir ! Le froid ne me guérira pas, mais il me permettra de tenir assez longtemps pour vaincre un être aussi démoniaque que toi, foi d’Alexei, guerrier du Diamant ! »


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