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Cette fiche vous est proposée par : Cedde


Epiphanie

13 août 2097, ???

- Vous êtes en retard.

Le nouvel arrivant referma lentement la porte dans un crissement fort désagréable pour l’assistance. Un léger sourire illumina quelques instants son visage. Tout en s’avançant, l’homme blond balaya la salle de son regard, scrutant le visage de ses camarades. Ces derniers semblaient quelque peu en colère. L’homme dirigea ensuite ses yeux bleus sur l’estrade située au fond de la pièce. Deux hommes étaient assis. Alors que le premier tapotait la table de ses doigts impatients, le second jouait des pouces. Le retardataire soupira puis monta sur l’estrade avant de prendre place aux côtés de ses deux compagnons.

- La prochaine fois, tâchez d’arriver à l’heure, voire en avance, si possible, demanda l’un des deux hommes.

- Pardonnez-moi, j’ai dû passer à la pharmacie, mes maux de têtes ont repris, répondit l’homme blond.

- Décidément, on dirait bien que vous ne vous en débarrasserez jamais, Kissinger ! Vous devriez agir plus souvent sur le terrain au lieu de rester cloîtré dans vos bureaux toute la journée ! plaisanta le second.

- Cessez de me taquiner, Monnet, je ne suis pas d’humeur à cause de ces satanées migraines…

- Messieurs, que diriez-vous de commencer la réunion ? À moins que les problèmes de santé de monsieur Kissinger ne soient plus importants que la mise en place du contrôle du Sanctuaire ? questionna le troisième homme.

- Je pense que nous en avons terminé, monsieur Naoyuki. Mais je vous en prie, veuillez ouvrir la session d’aujourd’hui…, dit Kissinger. Monsieur Monnet et moi-même, ainsi que toute l’assistance, attendons fébrilement l’annonce de l’ordre du jour. Ne nous faîtes pas attendre plus longtemps et éblouissez-nous par vos talents d’orateur.

Itô Naoyuki jeta un regard assassin à son camarade qui, satisfait, affichait un sourire provocateur. De son côté, Emmanuel Monnet tentait tant bien que mal de retenir un fou rire. Agacé, mais néanmoins stoïque, le Japonais prit la feuille de papier qui se trouvait devant lui et commença à lire. Le lourd manteau du silence recouvrit alors l’assistance ; étouffant le moindre bruit, le moindre mouvement. La vie semblait avoir quitté l’assemblée ; à tel point que seuls les badges d’argent, qu’arboraient toutes les personnes présentes, paraissaient se mouvoir, par leur luisance. La réunion hebdomadaire du groupe Neo-Thulé venait de commencer.

- … Bien, passons maintenant au rapport des cadres dirigeants. Monsieur Kissinger, à vous l’honneur de débuter. Racontez-nous ce qui se passe du côté des Etats-Unis d’Amérique.

L’États-unien se leva mais prit une aspirine avant la parole, ce qui amusa les membres dans l’assistance.

- Ne riez pas, c’est assez désagréable. Et faîtes attention, rien ne dit que je ne couve pas une maladie contagieuse…, plaisanta-t-il. Enfin, redevenons sérieux quelques minutes. Je suis heureux de vous annoncer que le gouvernement du Canada est désormais sous notre contrôle. Cela signifie qu’à partir de maintenant, Neo-Thulé a la mainmise sur l’intégralité de l’Amérique du Nord. Nous devons principalement cela à nos agents extérieurs qui n’hésitent pas à mettre leur vie en jeu pour la gloire de l’organisation. Même s’ils ne sont pas présents avec nous, aujourd’hui, j’aimerais que nous les applaudissions tous, en signe de respect.

Toutes les personnes présentes se levèrent et commencèrent à applaudir, heureuses. Elles semblaient totalement soumises aux trois hommes qui se tenaient devant elles. Au bout de quelques minutes, les clameurs cessèrent et les membres se rassirent.

- Je vous remercie, mes chers amis. Vous souvenez-vous de la réunion d’il y a deux semaines ? Je vous avais annoncé que Neo-Thulé contrôlait la Nouvelle Triade. Eh bien, je suis une nouvelle fois heureux de vous annoncer que bientôt, ce contrôle ne sera plus indirect. Comme vous devez tous le savoir, dans quelques semaines débutent les élections présidentielles états-uniennes. Je compte me présenter en tant que candidat à la Maison Blanche.

Des échos de stupeur parvinrent aux oreilles de Kissinger, suite à sa déclaration. Il soupira, amusé, et reprit la parole.

- Que se passe-t-il ? Cela vous surprend-il à ce point ? Allons… Dois-je vous rappeler qu’il y a de cela deux ans, Neo-Thulé est parvenue à modifier le mode de scrutin pour les présidentielles en faisant pression sur le gouvernement en place ? Vous n’ignorez donc pas que désormais, seule l’Assemblée a le pouvoir d’élire le dirigeant du pays. Maintenant écoutez-moi bien : toutes les personnes qui la constituent sont des membres de notre organisation. Je n’ai aucun risque de perdre les élections et je deviendrai ainsi l’un des hommes les plus puissants au monde ! Un monde que je vais changer… Pour vous, pour Neo-Thulé, pour notre cause !

Les acclamations passionnées des membres de l’organisation résonnèrent de nombreuses minutes dans la salle. Tous vouaient un véritable culte à l’homme qui se dressait devant eux. Depuis son entrée à Neo-Thulé, quelques années auparavant, Will Kissinger avait rapidement gravi les échelons grâce à son charisme et à son intelligence. Dans ses yeux bleus se reflétaient son incroyable ambition et sa fabuleuse âme de meneur d’hommes. Personne n’aurait contredit le fait qu’il était né pour diriger ; personne, sauf peut-être les deux autres cadres dirigeants…

Emmanuel Monnet, de nationalité française, n’était devenu cadre dirigeant que depuis quelques mois. Il s’était rapidement lié d’amitié avec Kissinger qu’il considérait comme son modèle. Homme au physique relativement banal, il tentait de cacher sa timidité derrière ses lunettes et avait la fâcheuse habitude de passer sa main dans ses cheveux d’ébène lorsqu’on le complimentait. Même si au premier abord, on pouvait croire que cet homme modeste n’avait rien à faire à la place qui était la sienne, on remarquait rapidement son intelligence et le précieux soutien qu’il représentait pour ses camarades. Si Kissinger était un homme de premier plan, Monnet préférait rester une aide de l’ombre.

Itô Naoyuki, quant à lui, était le doyen des trois hommes. Cadre dirigeant depuis de nombreuses années, il voyait d’un mauvais œil la grande ambition de son jeune collègue États-unien. De nature méfiante, cet homme brun d’âge mur privilégiait avant tout l’application des règles et le respect envers les aînés. Malgré sa mauvaise réputation, ce Japonais réunissait toutes les conditions nécessaires pour être un excellent leader. Les membres de Neo-Thulé le surnommaient affectueusement « Vieux Dragon » ; ce qui l’opposait une nouvelle fois à Kissinger qui était appelé « Jeune Tigre ».

Une fois les applaudissements terminés, la réunion put reprendre. L’États-unien laissa sa place à son camarade Français. Ce dernier passa instinctivement sa main dans ses cheveux effilés et inspira un bon coup avant de commencer son rapport, ce qui ne manqua pas d’amuser l’assistance.

- Euh… Ah oui ! Hum. Alors, avant de commencer, je suis désolé de vous apprendre que je n’ai pas de nouvelles aussi sensationnelles à vous annoncer. De plus, mon rapport sera bref pour la simple et bonne raison que tout va bien du côté de l’Union des Pays Européens et de la Méditerranée. En effet, nos agents infiltrés continuent de contrôler les gouvernements des pays occidentaux. Enfin, nous continuons à recevoir des informations sur les « Against States ». Une fois que nous en aurons réunies suffisamment, nous pourrons commencer à nous servir d’eux, à leur insu, pour notre III° Guerre Mondiale.

Les membres se levèrent une nouvelle fois et commencèrent à applaudir Monnet qui, gêné, rougit. Alors que ce dernier allait regagner sa place, il se ravisa et retourna au devant de l’estrade.

- Excusez-moi, mais j’ai oublié de vous parler de Henri Mahaut. Comme vous le savez, il est mort il y a deux semaines, éliminé par le Sanctuaire. Je veux que vous sachiez que cet assassinat ne restera pas impuni. En effet, sous peu, je vais, aidé de mon associé Grec, monsieur Solo, le châtier !

Le froid maquillage de la stupeur apparut sur tous les visages des personnes présentes, hormis celui de Kissinger, qui restait fermé. Le Français se rassit dans cette sombre ambiance. Le « Veux Dragon » entama, à son tour, son rapport. Chargé des événements en Asie du Sud-Est, il fit, à peu de choses près, le même discours que son homologue Européen. La réunion se termina ainsi. Une question brûlait les lèvres de tous les membres de Neo-Thulé : «  Mais comment Emmanuel Monnet compte-t-il châtier le Sanctuaire, protégé par les puissants Chevaliers d’Athéna ? ».

Une fois toutes les personnes retirées, Itô Naoyuki aborda le Français tandis que Will Kissinger continua son chemin vers la sortie, tout en adressant un léger sourire à son ami. Peu de temps après, l’États-unien croisa un jeune homme dans les escaliers. Les longs cheveux bleutés de ce dernier se mouvaient à chacun de ses pas, telles les vagues capricieuses des océans. Les iris azurs des deux hommes se rencontrèrent un court instant, mais aucun mot ne fut échangé. Kissinger et l’inconnu continuèrent leur chemin ; cependant le premier dut s’arrêter, pris de violents maux de têtes. Une voix féminine résonna dans son esprit.

- À croquer ce jeune homme, tu n’es pas d’accord ? demanda-t-elle.

- Désolé ma chère mais je préfère les jeunes femmes…, répondit Kissinger, en portant sa main à son front.

- Oh, désolée… J’oubliais que tu ne supportais pas les échanges télépathiques. Enfin, tu feras le douillet plus tard. Comment les choses se présentent-elles ?

- Nous ne l’avons pas encore retrouvée et nous ne pouvons pas faire de recherches sans que cela alerte le Sanctuaire. Pour le moment, nous sommes bloqués…

- Je commence à sérieusement m’impatienter ! hurla la voix, au détriment de Kissinger qui souffrait le martyre suite à cette plainte.

- Haaa… É… Écoutez-moi… Nous comptons nous servir de la mort de Mahaut pour créer une diversion qui nous donnera suffisamment de temps pour mener nos recherches. Nous avons seulement besoin de votre autorisation pour les utiliser… Haaa…, parvint à dire Kissinger, avec peine.

- Les renégats du Sanctuaire ne te suffisent-ils donc pas ?

- Nous pouvons, au maximum, utiliser les Chevaliers d’Argent. Cependant, ces derniers ne font absolument pas le poids face aux Chevaliers d’Or. Nous perdrons du temps au lieu d’en gagner.

- Très bien… J’accepte… Mais comment comptes-tu justifier la présence de tes « nouvelles aides » à tes associés ?

- Monnet est au courant de nos affaires et est de notre côté. Quant aux membres de Neo-Thulé, ils sont tellement crédules et soumis qu’il n’y a pas à s’inquiéter de leur comportement. Seul Naoyuki peut poser problème mais s’il se révèle gênant, je ferai le nécessaire pour qu’il nous laisse en paix…, déclara l’États-unien.

- Bon, tu sembles bien sûr de toi. Je te fais confiance. Je te donne tout pouvoir sur mes serviteurs. L’important est de la retrouver, après tout…, murmura la voix de femme.

- Je vous remercie… Mais dites-moi, comment cela se passe-t-il de votre côté ?

- Eh bien, pour le moment, le plan « Vipère » est un succès, bien que j’ai hâte qu’il se termine, je m’ennuie un peu… Au fait, connais-tu le jeune homme que tu as croisé il y a quelques minutes ? J’ai l’impression de le connaître…

- Il se nomme Théodore Solo et règne sur toute l’industrie maritime européenne. Il descend d’une longue lignée de marins et autres marchands. Malgré son jeune âge, il nous est très utile. De plus, il est également de notre côté et va nous aider à créer la « diversion ».

- Je vois… Enfin bref, je vais te laisser à tes maux de tête. Prépare-toi pour notre prochaine conversation, mon lapin. À plus tard…

- … Elle est partie… Fuh… Hé hé hé… Ah ah ah aaah ! … Ca fait mal…

Il resta assis dans les escaliers, de longues minutes, essayant de calmer la douleur. Sa souffrance se mélangeait à de longs rires nerveux incontrôlables. Cette scène, bien que pathétique, devenait peu à peu terrifiante…

20 août 2097, Égypte, Thèbes, ruines de Karnak

La chasse continuait dans les ruines de l’antique capitale égyptienne. Les deux hommes restaient cachés, à l’affût du moindre bruit. Se dévoiler signifiait sa perte. D’un côté, Ouser, un jeune Égyptien. Ses cheveux bruns cachaient des yeux de braises reflétant toute sa détermination à remporter l’épreuve. De l’autre, Sham, un jeune Soudanais. Ses cheveux bruns cachaient des yeux vairons exprimant tant sa douceur que sa résolution. Ces deux jeunes hommes concouraient dans le même but : remporter l’Armure d’Argent de la Flèche pour laquelle ils se sont donnés corps et âme durant leurs années d’entraînement.

L’épreuve finale se présentait comme une partie de chasse dans les ruines de Karnak. L’unique objectif était de débusquer son adversaire et de le toucher d’une flèche. Pour cela, les candidats étaient munis d’un arc et de cinq flèches. Le premier les ayant toutes épuisées se voyait disqualifié. L’arbitre de cette épreuve n’était autre que le maître des deux jeunes hommes : Medjes, le Chevalier d’Or du Sagittaire. Ses cheveux couleur ébène rappelaient son regard ferme et froid de pédagogue. Mais au-delà des apparences, le Chevalier d’Or était un guerrier convaincu de la justesse de sa cause et un homme d’une grande bonté. Situé sur le sommet d’un obélisque, il dominait le terrain de chasse.

- Cela fait deux heures que l’épreuve a commencé, constata Medjes. Nous en sommes à deux flèches utilisées pour Ouser contre trois pour Sham. La première heure fut intense mais la deuxième laisse place à la tactique et à la stratégie. Pour le moment, ils sont tous les deux dissimulés, attendant le moindre faux pas de l’autre. Cela peut durer longtemps comme cela peut se terminer en un instant… Je suis curieux de savoir qui va l’emporter, se demanda-t-il.

Du côté des deux jeunes, la tension était à son comble. L’un attendait le moindre mouvement de l’autre. Tous leurs sens étaient fixés sur le moindre bruit, la moindre odeur… Cependant, il était temps que l’épreuve prenne un nouveau tournant. Sham surgit de derrière un mur et traversa rapidement le terrain de chasse. Medjes fut surpris par l’attitude de son disciple mais attendit de voir avant de critiquer. Ouser n’attendait que ce moment. Il surgit de derrière son pilier et visa Sham qui était près de lui.

- Hé, dommage mais tu as été trop impulsif sur ce coup-là, lança Ouser. Prépare-toi ! Voici un des tirs dont j’ai le secret : le Tir Fantôme !

Le jeune égyptien tira une flèche vers Sham. Ce dernier repéra immédiatement la position de son camarade et évita la flèche.

- Raté ! dit-il d’un air railleur. Maintenant c’est à moi de jouer !

- Regarde plus attentivement mon carquois, lui répondit calmement Ouser.

- Comment ? Ce n’est pas possible, il ne lui reste qu’une flèche sur trois ! Où est passée la deuxième ?

- Regarde bien…

- Agh !

- Je vois… très ingénieux, nota Medjes. Ouser a tiré deux flèches en même temps mais la deuxième quelques secondes après la première. Le second tir s’est fait très rapidement de sorte que Sham ne l’a pas remarqué. La deuxième flèche ayant disparu sans qu’on s’en rende compte, il s’agit effectivement d’un « tir fantôme ». Et si Sham a réussi à éviter la première, j’émets des doutes quant à la deuxième…

Au moment où il dit ces mots, la deuxième flèche était sur le point de frapper Sham. Cependant, ce dernier, dans un ultime effort, parvint à l’éviter !

- Ce n’est pas possible ! s’étonna Ouser. Il bouge plus rapidement que la flèche !

Le chevalier du Sagittaire était aussi surpris que son disciple.

- Incroyable ! dit-il d’un air stupéfait. Sa vitesse d’exécution est égale à celle des Chevaliers d’Argent aguerris !

Sham, qui avait évité sur le côté, roula à terre et s’arrêta de façon à cibler son camarade de sa flèche. Désormais, il connaissait sa position. Ouser, totalement surpris par la prouesse de son camarade, se prépara à tirer une dernière fois. Malheureusement pour lui, Sham, plus rapide, était déjà prêt. Ce dernier décocha sa flèche à une vitesse incroyable. La flèche se planta sur un pilier se trouvant derrière Ouser.

- C’est terminé, constata Medjes.

Une goutte de sang tomba sur le sol. La flèche de Sham avait éraflé la joue d’Ouser qui venait de perdre non seulement l’épreuve mais également l’armure. Sham s’écroula, exténué par l’épreuve mais heureux de l’avoir remportée. Ouser, l’air apparemment grave, s’approcha de lui. Il lui tendit la main.

- Ce fut une belle partie de chasse, dit-il en souriant.
- Ouais, répondit Sham, heureux de constater que son amitié avec son camarade avait résisté à l’épreuve.

Medjes descendit de son obélisque et rejoignit ses disciples.

- C’était une beau duel, leur dit-il. Je suis fier de vous deux, vous m’avez vraiment impressionné. Que ce soit ton adresse et ta technique, Ouser ou ta vitesse, Sham.

Il se tourna vers Ouser.

- Ouser, tu n’as pas remporté l’épreuve mais rien ne t’empêche de continuer à t’entraîner pour prendre ta revanche. Même si tu n’es pas devenu un Chevalier Sacré, j’espère que tu conserveras ta fidélité envers Athéna et que tu persisteras dans tes efforts.

- Bien sûr, maître. Je vais continuer à servir Athéna comme je l’ai toujours fait et à œuvrer pour la paix sur Terre.

Medjes, rassuré par cette déclaration, se tourna vers le grand vainqueur, Sham.

- Quant à toi, tu fais désormais partie des chevaliers d’Athéna, protecteurs de la paix et de la justice. Une toute nouvelle vie s’ouvre à toi, tu deviens dès à présent un Chevalier d’Argent. Voici le gage de ta victoire !

Medjes banda son arc et décocha une flèche vers un mur. Ce dernier explosa laissant apparaître l’urne contenant l’Armure d’Argent de la Flèche. Le Chevalier du Sagittaire saisit l’imposante boîte et la déposa aux pieds de Sham.

- Au nom d’Athéna, je te fais Chevalier d’Argent de la Flèche ! Promets-tu d’agir au nom de ta déesse, d’œuvrer pour la paix et la justice sur Terre et de ne pas t’écarter du droit chemin ?

- Je le promets, répondit Sham solennellement.

- Alors dans ce cas, tu peux disposer de cette Armure mais je dois te mettre en garde. Tu ne devras surtout pas l’utiliser pour servir des intérêts personnels, est-ce bien clair ? Si malgré tout tu le fais, alors tous les chevaliers sacrés de cette Terre n’hésiteront pas à t’exécuter, moi y compris.

- Ne vous inquiétez pas de ce côté-là, maître.

- Parfait, nous pouvons alors rentrer au Sanctuaire pour annoncer la bonne nouvelle.

23 août 2097, Grèce, Sanctuaire, Rodorio

- Ah ! Seigneur Kijô ! Vous voilà enfin ! J’ai failli attendre !

Cette exclamation s’éleva dans les airs avant d’atteindre le Chevalier d’Or du Bélier. L’armure dorée de ce dernier, baignée dans les chauds rayons du doux Helios, étincelait de mille feux. En ce bel après-midi d’été, Kijô venait rendre visite à sa jeune protégée, Helena. Depuis la destruction partielle de la place centrale d’Athènes, le Chevalier d’Or mettait un point d’honneur à rendre visite à sa jeune amie le plus souvent possible. Sa bonne santé et sa joie de vivre lui donnaient du baume au cœur, à lui qui venait à peine de se remettre de la mort de son ancien frère d’armes. Quoiqu’il en soit, lorsqu’il rencontrait Helena, il préférait oublier un tant soit peu cette histoire de trahison.

Peu après l’exécution du Chevalier d’Argent, il avait confié sa nouvelle amie à une famille d’agriculteurs, habitant à Rodorio, le village rattaché au Sanctuaire. Celui-ci avait su résister aux inlassables assauts du temps et restait inchangé depuis sa construction. Ce village intemporel, placé sous la bénédiction d’Athéna, semblait tout droit provenir de la Grèce antique. Kijô connaissait la légendaire hospitalité grecque et la gentillesse des habitants de cette commune vétuste. Il avait été témoin de cette bonté des dizaines d’années auparavant : lorsqu’un vieil homme, originaire de ce village, n’avait pas hésité à recueillir une jeune japonaise à la recherche de son frère…

- Bonjour Helena, comment vas-tu aujourd’hui ? demanda Kijô, le sourire aux lèvres.

- Ca peut aller… Mais je suis un peu en colère, vous êtes légèrement en retard ! Si vous voulez être un parfait gentleman, vous allez encore devoir vous entraîner ! gronda la jeune fille, sous une fausse colère.

- Ah, pardonnez-moi. J’ai dû m’arrêter quelque part avant de venir vous voir. Le temps est simplement passé plus vite que je ne le pensais, à ma grande honte, charmante demoiselle.

Tout en disant cela, il s’agenouilla devant elle, comme s’il se trouvait en présence de sa déesse. Helena, amusée, continua de feindre sa fausse colère. Elle croisa les bras et, fermant les yeux, réprimanda son chevalier servant.

- Vous essayez de me flatter pour vous faire pardonner… J’en attendais plus de votre personne… Vous me décevez grandement, seigneur Kijô ! Cependant, dans ma grande mansuétude, j’accepte de vous accorder l’absolution. Puissiez-vous ne plus jamais faire attendre une jeune demoiselle.

- Il en sera fait selon votre bon vouloir, dame Helena. N’hésitez pas à prendre ma tête si je vous offusque une nouvelle fois…

Le Chevalier d’Or releva les yeux et croisa le regard de la jeune fille. Les deux amis commencèrent à rire de bon cœur. Kijô se releva et passa affectueusement sa main dans les cheveux dorés d’Helena.

- Hé, vous me décoiffez ! cria la jeune fille.

- Ah, vraiment désolé, chère demoiselle. Pour me faire pardonner, que diriez-vous d’une petite promenade à la découverte des environs. Êtes-vous d’accord ? dit le Chevalier en souriant.

- Pourquoi pas ? répondit la jeune fille qui, tout en se recoiffant, faisait la moue.

23 août 2097, Grèce, Sanctuaire, Salle du Grand Pope

Alors que Kijô et Helena prenaient du bon temps en cette belle journée d’été, le Grand Pope, quant à lui, ruminait ses sombres pensées. Depuis l’apparente trahison de Mah Taï du Grand Chien, son esprit était hanté par de nombreuses interrogations. Plongé dans l’obscur bassin du doute, il ne parvenait pas à comprendre les raisons de cette défection. Après avoir émis un long soupir d’impuissance face aux derniers événements, il se leva de son trône et commença à faire les cent pas. Puis il s’arrêta et leva les yeux au ciel.

- Qu’aurais-tu fais à ma place ?

Obnubilé par ses réflexions, il n’entendit pas la lourde porte de fer s’ouvrir. Un homme entra dans la pièce, suivi de près par quelques soldats. Le Grand Pope se retourna, surpris par leur arrivée soudaine. L’inconnu s’avança rapidement vers le représentant d’Athéna, avant de s’agenouiller devant lui. Ses longs et fins cheveux pourpres reposaient sur son Armure, qui irradiait de mille feux argentés. Les soldats imitèrent le Chevalier Sacré. Tous affichaient une certaine inquiétude sur leur visage. Le Grand Pope s’approcha d’eux.

- Kaijin de l’Autel ? Que fais-tu ici ? Tu ne m’as pas prévenu de ton retour de mission. Et pourquoi es-tu accompagné de tant de soldats ? Que se passe-t-il ? demanda le maître du Sanctuaire.

- Pardonnez-nous cette intrusion soudaine, Grand Pope, mais la situation est grave. Je reviens à l’instant d’Athènes, accompagné d’une mauvaise nouvelle. Le gouvernement grec vient de recevoir une lettre de menace, arborant le sceau de Neo-Thulé ! répondit le Chevalier d’Athéna.

- Que veulent-ils ? Préparent-ils un autre attentant contre la capitale en utilisant nos forces ?

- Non, c’est bien plus grave que cela, seigneur… Cette fois-ci, leur cible semble être le domaine que nous avons pour devoir de protéger : le Sanctuaire !

- Comment ?! Ces mécréants osent prétendre souiller la demeure d’Athéna ? Qui sont-ils pour déclarer de telles choses ? Et que veulent-ils démontrer ? Réponds, Kaijin !

- Oui, eh bien… Apparemment, ils souhaitent venger le décès de l’un de leur agent Français, Henri Mahaut. De plus, la lettre donne le jour de l’attaque…, déclare, hésitant, le Chevalier de l’Autel.

- Qu’y a-t-il ? Continue ! Quand comptent-t-ils attaquer ?

- Aujourd’hui…
- Comment ?! Depuis quand cette lettre a-t-elle été découverte ?

- Depuis hier, cependant le gouvernement n’a cru bon que de nous prévenir qu’aujourd’hui… Je suis parti très tôt pour voir ce qu’il en était mais j’ai été attaqué à mon retour par des soldats qui nous ont également trahis...

- Bon… Voici mes ordres ! Que tous les Chevaliers présents au Sanctuaire se préparent à combattre ! Que les Chevaliers d’Or regagnent leurs Maisons et protègent le Zodiaque d’Or (1) et que des groupes de Chevaliers d’Argent et de Bronze protègent les différentes entrées du Sanctuaire ! Quant aux soldats et aux apprentis, qu’ils les soutiennent ! Hâtez-vous ! ordonna le Grand Pope.

- Bien ! déclarèrent toutes les personnes présentes, à l’unisson.

23 août 2097, Grèce, Sanctuaire, aux alentours de Rodorio

Loin de toute cette agitation, Kijô du Bélier s’évertuait à présenter les alentours de Rodorio à Helena. Ils venaient d’arriver devant un champ de fleurs, semblable à un immense tapis multicolore. Ces fleurs s’étalaient à perte de vue, par centaines. La jeune fille commença à en cueillir quelques unes. Elle comptait offrir à sa nouvelle famille et à son sauveur des bouquets, irradiants de couleurs. Le Chevalier d’Or la regardait s’amuser dans cette immensité de plantes resplendissantes. Il était heureux, heureux de profiter de la vie. C’était sa principale motivation en tant que Chevalier d’Athéna. Outre protéger sa déesse, il souhaitait ardemment protéger ces lieux uniques, sources de bonheur.

Après la cueillette, les deux amis s’installèrent à l’ombre d’un arbre, pour se reposer. Pendant qu’Helena tressait un collier à l’aide de sa précieuse récolte, Kijô observait les oiseaux qui virevoltaient gaiement au-dessus de leur tête. Dans ces moments-là, il oubliait les diverses menaces qui planaient sur le monde. Dans ces moments-là, il se sentait libre de vivre comme une personne normale, loin des combats et des missions ingrates. Son amie lui tendit alors le fruit de son travail.

- C’est pour vous, j’espère qu’il vous plaît…, dit-elle, en rougissant.

- Beaucoup, répondit Kijô, en souriant.

- Dites, vous n’avez pas trop chaud avec cette lourde Armure d’Or sur le dos ?

- L’Armure Sacrée est la tenue officielle des Chevaliers d’Athéna lorsqu’ils se trouvent dans l’enceinte du Sanctuaire. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, nous sommes toujours contraints de la porter. Mais ne t’inquiète pas, grâce à son Cosmos, un Chevalier ne ressent pas le poids de l’Armure.

- Ah… Euh… Je peux vous… poser une question ?

- Bien sûr, qu’y a-t-il ?

- Ben…

La jeune fille se recroquevilla et, tout en rougissant, jouait des pouces. Elle prit une profonde inspiration et posa sa question…

- Est-ce que… Est-ce que vous voulez bien être… mon grand frère ? réussit-t-elle à balbutier, gênée.

Kijô, tout d’abord surpris, se mit à sourire. Il prit la tête d’Helena entre ses mains et la tourna vers lui.

- Ça marche.

Le visage d’Helena s’illumina. Elle se précipita sur le Chevalier d’Or en pleurant. Kijô, quelque peu gêné par cette situation, finit par la prendre dans ses bras. C’est alors que le vent se leva, que le ciel s’obscurcit et que les oiseaux disparurent. Les couleurs de cet étincelant jardin semblaient s’être envolées en même temps que les charmants volatiles, tant les nuages s’amoncelaient et masquaient les rayons du Soleil. Une voix s’éleva dans les airs.

- Quel touchant tableau…

En un instant, le si beau et si coloré champ de fleurs s’embrasa et disparut dans la douceur des flammes.

23 août 2097, ???

- Monsieur Kissinger ! Monsieur Kissinger !

Un homme, visiblement affolé, pénétra brusquement dans la salle de réunion où l’États-unien se tenait devant des écrans. Ce dernier ne sembla pas remarquer la présence du nouvel arrivant. L’homme s’avança vers lui avant de s’arrêter devant l’expression du visage de son supérieur. Ce dernier affichait un sourire fasciné. L’homme jeta un œil à l’écran et vit une silhouette impérieuse au milieu d’un champ de fleurs en flammes.

- Monsieur Kissinger, désolé de vous déranger, mais nos agents infiltrés au Sanctuaire nous ont signalé que le domaine d’Athéna vient d’être attaqué ! Savez-vous ce qu’il se passe ?

Sans détacher son regard de l’écran, l’États-unien lui répondit.

- Disons… que c’est un châtiment divin.

- Comment ? Attendez… Serait-ce cette fameuse punition promise par monsieur Monnet et Monsieur Solo ?

Sa question resta sans réponse. Kissinger semblait véritablement happé par la scène de destruction qui s’étalait sous ses yeux. L’homme n’insista pas et, après avoir salué son supérieur, quitta la pièce. L’États-unien, désormais seul, admirait la silhouette impérieuse qui se mouvait dans les flammes tremblantes. Kissinger leva sa main et la posa sur l’écran, tout en le caressant. Ses pensées ne ruminaient qu’une seule et même obsession…

- Il me faut… ce pouvoir…

23 août 2097, Grèce, Sanctuaire, aux alentours de Rodorio

Un ciel teinté de rouge, un tapis de fleurs enveloppé par les flammes, une tranquillité brisée… Telles étaient les visions qui s’étalaient devant ses yeux. Malgré la chaleur suffocante, il tenait bon. La rage du feu ne parvenait pas à venir à bout de sa volonté. Tenant son amie dans son bras gauche, il maintenait un parfait Crystal Wall cubique de son bras droit. Suite au violent et soudain choc, Helena s’était évanouie. Cette scène lui rappelait celle d’une Athènes rongée par les flammes ardentes.

Kijô, quant à lui, ne pouvait contenir sa colère. Ses yeux, transformés par la fureur, recherchaient le responsable de ce tableau apocalyptique. D’entre les flammes surgit alors une silhouette. Elle prit peu à peu forme. Semblable à un homme de par l’apparence, l’aura meurtrière qu’elle dégageait semblait bestiale voire monstrueuse. Elle s’avançait lentement vers le Chevalier d’Or et sa protégée, sans craindre le feu alentour. Lorsque le mystérieux homme fut suffisamment près de lui, Kijô put remarquer qu’il portait une armure étincelante et reflétant les couleurs des flammes.

Cette mystérieuse protection arborait divers ornements dont des pointes acérées, semblables à des crocs animaux. L’avant-bras gauche ressemblait à une tête de chèvre aux cornes menaçantes, tandis que le droit prenait la forme d’une tête de monstrueux serpents. De boucliers ou d’armes, il était bien difficile de définir leur fonction. Cet individu portait une majestueuse tête de lion en guise de casque. Cette protection intégrale intriguait Kijô qui n’avait jamais vu ni entendu parler d’une telle armure. Cependant, trop occupé par son Crystal Wall, le Chevalier d’Or ne pouvait se permettre de perdre du temps à admirer une cuirasse ennemie. Ennemi qui s’arrêta devant le mur de cristal.

- Mortel, tes réflexes sont vraiment impressionnants. Je n’ai dévoilé mon Cosmos que quelques instants seulement pour détruire ce paradis, mais tu as malgré tout réussi à le ressentir juste à temps pour vous protéger. Je suis sincèrement admiratif, avoua le mystérieux assassin.

- Qui es-tu ? Qu’es-tu venu faire sur ces terres et que veux-tu au Sanctuaire ? Réponds ! ordonna Kijô.

- Tant de questions et si peu de réponses… Je suis ici pour vous infliger un châtiment.

- Un châtiment ?

- C’est une décision divine, nul ne peut s’y opposer et surtout pas les mortels. Vous n’avez aucun droit si ce n’est celui de mourir. Admettez-le !

- C’est absurde ! Si tu crois que je vais te laisser attaquer le Sanctuaire, tu te fourvoies complètement ! Je ne te laisserai pas souiller le domaine de celle que nous, Chevaliers, avant le devoir de protéger !

- Tes mots ne me décourageront pas et puis, cher Chevalier d’Or, que comptes-tu faire avec un tel fardeau ?

L’individu parlait d’Helena. Il est vrai que si Kijô se battait contre celui-ci, il ne pourrait assurer complètement sa protection. Le Chevalier du Bélier serra les dents, il était coincé ! L’assassin esquissa un sourire. Son Cosmos commença à étouffer les environs. Les flammes qu’il avait convoquées se réunirent dans ses deux poings. Une fois cela fait, il se plaça en position de combat.

- Accomplis ton destin et meurs.

Dès qu’il eut prononcé ces paroles, il commença à marteler lourdement le Crystal Wall. Chaque coup de poing faisait trembler violemment la terre. Kijô résistait avec peine. Il n’avait jamais combattu un individu aussi puissant que cela. Peu à peu, ses forces déclinaient tandis que de multiples fissures apparaissaient. L’assassin s’arrêta un court instant afin de concentrer tout son pouvoir dans son bras droit. Les flammes redoublèrent de violence et de volume. Visiblement, il préparait le coup de grâce. L’inconnu s’apprêtait à frapper une dernière fois de son poing quand soudainement, une rafale de flèches l’arrêta !

- Qui ose ?!

- Seigneur Kijô, tout va bien ?

L’inconnu et le Chevalier d’Or se retournèrent. Un jeune garçon brun et aux yeux vairons se tenait non loin d’eux. Protégé par une Armure d’Argent, son visage ne reflétait aucune peur de l’ennemi. Il se précipita sur lui et, après avoir concentré son Cosmos, décocha une nouvelle série de flèches de lumière ! Cette salve immobilisa l’agresseur pendant quelques instants. Instants suffisants pour permettre à une adolescente masquée, du même rang que le jeune garçon, d’entrer en scène. Ses fins cheveux blancs flottaient avec grâce tandis qu’elle s’approchait de son supérieur.

- Mais qui êtes-vous donc pour vous opposer à la volonté divine ? demanda l’assassin.

- Les Chevaliers d’Argent Sham de la Flèche et Alice de la Coupe. Sous ordre du Grand Pope, nous venons porter secours au Chevalier d’Or Kijô du Bélier, affirmèrent les deux nouveaux venus.

- Reculez ! Vous ne faîtes pas le poids face à lui ! les avertit Kijô. Son Cosmos est bien au-delà de celui d’un Chevalier d’Or !

- Comment ?!

- Il est un peu tard pour noter la différence, ajouta leur ennemi. Permettez-moi de vous emporter dans la douceur de mes flammes, moi, Khimaira !

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Note

(1) Zodiaque d’Or : Terme désignant les Douze Maisons du Zodiaque dans Saint Seiya Episode G.

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