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Cette fiche vous est proposée par : Aqualudo


Les ages mythologiques

L'enfer de glace



Le blizzard avait cessé de hurler. Le ciel restait chargé de lourds nuages sombres masquant l'astre solaire qui s'était levé pour quelques heures. Le paysage était immaculé, vide, désespérément inerte. Quelques blocs de glace découpaient bien la banquise sans fin, cassant la monotonie d'un environnement totalement recouvert de neige. La vie ne pouvait exister en cet endroit que les dieux eux-même semblaient avoir oublié. Le vent et la neige semblaient devoir se disputer pour l'éternité cet endroit glacé.

Un pingouin se promenait tranquillement, sortant d'une petite grotte. Soudain il s'arrêta, regardant à droite, puis à gauche, son instinct de survie l'ayant averti d'un danger proche. L'animal ne vit pas le projectile partir, la flèche se fichant dans son cou, le tuant net. Une silhouette apparut, marchant péniblement dans la neige, couverte d'une fourrure blanche lui permettant de se confondre dans le blanc monochrome de la neige, blanc à présent taché du sang d'un jeune pingouin un peu trop inattentif pour cette contrée hostile. La vie existait donc sur cette terre glaciale, et avec elle son corollaire, la mort. Mais quel genre de divinité pouvait bien régner ici ? Quels hommes étaient assez fous pour y avoir élu domicile ?

Le chasseur avait ramassé son butin et reprit son chemin, courbant l'échine face aux bourrasques qui de temps à autre soulevaient des masses informes de poudreuse. Après deux heures de marche, le voilà qui pénétrait dans une anfractuosité d'un énorme bloc de glace se dressant au milieu de la banquise. L'ouverture n'était pas très haute vue de loin, mais ceci s'expliquait aisément. Cette dernière s'enfonçait vers le sous-sol d'une galerie cristalline en suivant une pente assez prononcée, laissant croire lorsqu'on la voyait à la surface du sol qu'elle permettait tout juste à un homme d'y pénétrer. Il n'en était en fait rien, le chasseur s'engouffrant dans l'orifice sans problème. Le couloir de glace qu'il emprunta menait vers une grande salle de pierre. En fait, il s'agissait d'une grotte qui avait été prise dans la banquise, la neige ayant rehaussé au fil des âges le niveau du sol. L'espace était assez lumineux et chaleureux. Onze personnes avaient pris place autour d'un feu qui crépitait et laissait échapper une bonne odeur de cuisine.

« Tiens, revoilà Yshba ! Alors la chasse a été bonne ? »
Yshba retira son lourd manteau de peau sans répondre à Rahotep. Il déposa son pingouin dans un petit abri de glace servant visiblement de garde manger.

- Allez viens donc avec nous, reprit Rahotep en montrant à son compagnon que sa place était prête autour du feu.
Yshba s'assit sans dire un mot, tendant simplement ses mains vers le feu.
- On ne s'y fait pas, hein, à ce froid, questionna Akurgal en regardant son voisin d'un air complice.
Yshba se retourna vers le Mésopotamien.
- Non, on ne s'y fait pas facilement. Dehors il n'y a rien, rien du tout. Je n'ai trouvé que cet animal, en une demi-journée de marche. Je n'ai pas pu aller très loin, le vent glacé se lève soudainement, retombe, revient ... c'est l'enfer.
- Ce vent se nomme blizzard, il est courant ici sur la banquise. Quand nous aurons quitté ces terres vous verrez que tout ira mieux, enfin le temps sera plus supportable. Asgard est bordé d'une banquise sans fin. Mais vers le nord, où nous allons, la terre reprend vie. Le cœur du Royaume est parcouru de collines, de forêts, de montagnes, il y a des saisons.

Meijuk regarda longuement Hanz l'air perplexe. Il finit par interpeler le natif de cette contrée si austère : « Dis-moi Hanz, tu comprendras que j'aurai bien du mal à te croire sur parole. Nous marchons depuis 23 jours vers le nord. Pour le moment, nous n'avons vu que glace, vent, neige. Le troisième jour, nous avons bien croisé ce que tu as nommé des phoques. Depuis plus rien ! Heureusement que ces animaux nous ont fourni de quoi manger pendant tout ce temps. Nous dormons dans tes igloos, Yshba vient de rencontrer un nouvel animal ridicule qui ne risque pas de nous nourrir longtemps », dit-il en pointant du doigt le cadavre du pingouin.

Meijuk baissa la tête et regarda le feu comme s'il regardait dans le vide et poursuivit plus doucement.
- Nous avons trouvé cette grotte salvatrice avant-hier, gorgée de bois, de cadavres humains, de peaux d'ours blancs dont la taille me font dire qu'ils doivent être deux fois plus grands que moi, le plus grand de nous tous ... la vérité est que nous sommes au milieu de nulle part, Hanz.
- Tu te trompes, coupa Thrall. Je connais Asgard, j'ai déjà vu la terre dont il parle. Asgard est bien une terre avec des bois, des forêts, des ...

Un long mugissement résonna dans toute la grotte. La tempête venait de se réveiller une nouvelle fois, le vent s'engouffrait dans les moindres recoins de ce désert de glace, porteur d'une mort lente mais inéluctable pour ceux qui se trouvaient au-dehors.
- Thrall, tu as en partie raison, en fait. Asgard est divisé en trois régions. Celle qui borde la Germanie, ton pays, est telle que tu l'as décrite. C'est le pays que l'on nomme la Marche d'Asgard, c'est là que je résidais. Plus au nord c'est là où nous nous trouvons, c'est la banquise éternelle, ceinture naturelle protégeant le cœur d'Asgard, là où nous allons, que j'ai décrit tout à l'heure.

Rahotep s'immisça dans la conversation avide d'en apprendre davantage.
- Dis-moi Hanz, tu as déjà été dans ce que tu nommes comme étant le « cœur d'Asgard » ?

Hanz baissa son regard. Inyan le regarda et se leva. D'une voix assurée, il s'adressa à ses compagnons en les toisant les uns après les autres.
- Bien entendu qu'Hanz n'a jamais été au cœur d'Asgard. Et alors ? Que croyez-vous ? Vous n'avez encore rien compris ? Nous sommes ici pour être testés, comme nous l'avons été à Hattousa. Il n'y a rien à comprendre, du moins pour le moment. Hanz est notre seul guide, il fait ce qu'il peut. Ses igloos nous ont sauvés, il nous a appris les rudiments de la survie dans ce milieu hostile. Moi ça me convient.
- Mais personne n'attaque Hanz, calme-toi Inyan, assura Memnoch qui se leva à son tour et posa sa main gauche sur l'épaule droite de son compagnon. Allez Nibel, chante-nous une chanson, un air joyeux. Dehors la tempête va durer pas mal de temps je suppose. Reposons-nous, profitons de cette grotte, de ce bois, de ce feu.

Les deux hommes se rassirent, Inyan marquant son approbation par un léger mouvement de tête. Liu et Ryusei restèrent silencieux et se rapprochèrent encore davantage du feu pour se réchauffer. Akurgal se tourna vers Hanz, et tandis que Nibel entamait un chant réconfortant accompagné de sa petite harpe, le Mésopotamien s'adressa doucement à son ami.

- Hanz, sais-tu combien de temps nous allons encore devoir marcher vers le nord avant d'arriver au cœur d'Asgard ?
L'Asgardien sourit.
- Comme je vous l'ai dit, les corps que nous avons trouvés étaient ceux de chasseurs d'ours, c'est une certitude. Il y en a de fameux au cœur d'Asgard, parfois ils descendaient jusque dans la Marche pour vendre leurs fourrures. Ils nous racontaient leurs périples sur la banquise. Je me souviens d'une chose, ils disaient ne jamais partir très loin pour chasser, deux journées de marche suffisaient en général.

Liu sortit de sa torpeur en entendant ces mots. La voix tremblotante, le jeune Asiatique apostropha Hanz après un moment d'hésitation.
- Alors ça veut dire que nous sommes proches ?
- Et bien, conclut Hanz en regardant Liu dans les yeux, « on peut dire que nous n'avons jamais été aussi proches du but, oui. Ces chasseurs ont dû être pris dans une tempête alors qu'ils rentraient ».

- Ils ne devaient pas être très éloignés de leur camp de base, renchérit Meijuk en fronçant les sourcils pour marquer une pointe d'inquiétude. Si nous sommes proches du cœur d'Asgard, nous sommes tout aussi proches des dangers qui s'y trouvent. Ces journées interminables de marche dans la neige et la glace nous ont épuisés. Tâchons de retrouver des forces qui pourraient nous sauver la mise dans quelques jours au détour d'un combat ....




Le bout du chemin



- Ils sont trois. Ils nous attendent. Il va falloir coordonner nos assauts, éviter autant que possible le contact ou leur masse va nous écraser, dit Inyan en resserrant sa main droite sur son glaive tandis que son bras gauche portait sa petite rondache contre son flanc gauche. « Il faudra aussi penser si on s'en sort vivant à changer ses petites rondaches qui ne couvrent pas grand-chose », poursuivit-il en regardant son voisin qui fichait méticuleusement des flèches dans la neige.
- Je vais vous couvrir de mes flèches, si du moins elles percent la fourrure de ces animaux.
- Yshba, toi seul ne sera pas suffisant. Je vais t'aider. Prends le flanc droit, je prends le gauche. Je suis un bon archer, je vais faire pleuvoir mes traits sur ces ours avant que vous soyez au contact. Yshba et moi devrions en abattre deux sur trois, cela simplifiera les choses.

Inyan regarda Thrall et sembla approuver son plan. Liu préparait tranquillement deux dards empoisonnés dont il avait le secret. Ryusei s'était mis à genoux devant son épée et murmurait quelques mots dans sa langue natale en fermant les yeux. Chacun se préparait au contact. Les trois ours blancs ne bougeaient pas. Ils étaient séparés de plusieurs mètres et se trouvaient à une bonne centaine de pas.
- Ils sont trois. Yshba et Thrall vont les arroser. Je pense qu'ils fonceront sur nous. On devrait se séparer en trois groupes. On les encercle, portez les coups à la tête si les flèches ne les ont pas tués avant. Moi je prends ma hache, ce sera plus efficace que les épées je pense, insista Meijuk qui avait rencontré maints ours dans ses montagnes natales.
- Trois groupes, ça me semble satisfaisant, répondit Akurgal en jaugeant l'avis de ses compagnons qui semblaient tous d'accord.
- Moi ça ne me va pas. Ce n’est pas normal !
Thrall se tourna vers Dimitre l'air énervé.
- On n’a pas le temps de discuter ! Ces trois monstres vont nous charger si ça continue ! Alors Dimitre tu fais ce qui est convenu et tu la fermes !
- Le Germain, tu me parles encore une fois comme çà et je t'explose. Dimitre regarda l'ensemble de ses compagnons et s'expliqua en haussant la voix. « Mais vous trouvez normal que trois ours nous ayant assurément vus restent là, tranquillement à attendre qu'une bande de chasseurs en herbe leur fonce dans le tas ! Non mais réfléchissez ! »
- Ils ont peut être un plan, proposa Ryusei.
Dimitre se prit la tête entre ses mains et hurla de plus belle.
- Un plan ??? Mais ce sont des OURS ! Et alors quoi ! Ils ont préparé des flèches aussi ? Bon sang, mais des animaux en danger, soit ça se débine soit ça fonce sur leurs agresseurs ! Le froid vous empêche de réfléchir ou quoi ?

Le silence retomba lourdement. Dimitre venait de soulever un problème qui interpelait tout le monde. « Les animaux ne sont pas stupides », dit Meijuk d'un ton posé. « Les loups chassent en meute, ils ont des plans. Cela dit », poursuivit-il en se retournant vers les trois animaux, « il est étrange en effet que ces trois-là ne bougent pas d'un millimètre ».

« On va bien voir s'ils ne bougent pas », coupa Yshba en bandant son arc. L'Hindou tira une flèche au moment où Rahotep hurla « NON ! ». Le projectile suivit une course directe, filant vers sa cible en laissant une traînée de cristaux de neige. Elle atteignit le front de l'ours qui se trouvait au centre. Tous furent stupéfaits, partagés entre la colère de cette attaque non concertée et le résultat obtenu. L'ours n'avait pas bronché, les deux autres animaux non plus.

« Alors là, ce n’est pas possible. Je l'ai atteint en plein front ! Mon arc est enchanté, il y avait des cristaux de neige .... Ce ne sont pas des ours, ce sont des animaux magiques », dit Yshba d'une voix tremblotante.

Un sifflement parvint aux oreilles des guerriers encore sous le choc. Une première flèche se ficha aux pieds d'Yshba, bientôt suivie d'une dizaine d'autres encadrant le groupe d'élus.
- D'où ça vient ? lança Thrall en regardant tout azimut.
- Les ours nous attaquent avec des flèches ? Quel est ce pays maudit ! rétorqua Nibel l'air épouvanté.
- Déposez vos armes ! La prochaine fois, nous viserons vos têtes !

Une voix sourde venait de se faire entendre au loin, en provenance des trois ours qui ne bougeaient toujours pas. Hanz sourit et se tourna vers ses amis.
- Faites ce qu'il dit, je sais de qui il s'agit ! Ayez confiance, nous arrivons à bon port, ce sont des chasseurs d'ours !

Sortant de la neige et se mettant en position de tir, une bonne vingtaine de guerriers venaient en effet de faire leur apparition. Un homme sortit de l'un des ours et s'approcha d'un pas décidé. De bonne stature, ce dernier portait une hache en bandoulière, un casque cornu, un long manteau de peau d'ours blanc qui le faisait se confondre de loin avec son environnement. Les élus purent apercevoir à quelques pas de distance son visage barbu et son regard d'acier. Le guerrier s'arrêta à quelques pas du groupe.

- Qui êtes-vous ?
Instinctivement Inyan fit un pas en avant.
- Nous sommes des élus d'Odin. Nous rejoignons le cœur d'Asgard pour servir Odin, nous sommes des guerriers. Nous ne voulons aucun mal aux serviteurs d'Odin ... et vous qui êtes-vous ?

Le visage du guerrier se détendit. Il inspecta chacun des compagnons d'Inyan, voyant avec soulagement des équipements familiers. Il finit par éclater de rire. « Vous avez cru que c'était des ours hein ? Ce sont des leurres, nous sommes des chasseurs ! Bienvenue au cœur d'Asgard ! Nous avons été prévenus de votre arrivée prochaine, enfin, nous pensions vous voir bien plus tard ! Le Garde des Tours avait donc raison, vous êtes de sacrés gaillards ! Nous allons vous conduire au village, vous allez pouvoir retrouver la civilisation ».

L'atmosphère se détendit rapidement. La tension accumulée s'évapora comme par enchantement. Le périple à travers la banquise touchait enfin à sa fin. Les chasseurs menèrent les douze compagnons vers des traîneaux tirés par des rênes. Ces derniers permirent aux jeunes guerriers d'Odin de se reposer un peu lors du voyage qui suivit. Les yeux écarquillés, ils purent apercevoir au loin la limite de la banquise et les premières terres où une végétation basse s'épanouissait à travers la neige. L'horizon était barré par une grande chaîne de montagne, ses pieds étaient bordés par une dense ceinture forestière. Après quelques heures de traîneau, le village fut enfin atteint. Entouré de palissades de bois, solidement gardé par de nombreux guerriers nordiques, la fumée s'échappant des cheminées apportaient un réconfort dans le cœur des élus. « Nous avons réussi ! » pensa Hanz en voyant les portes du village s'ouvrir lentement, laissant apparaître un ensemble de chalets de bois recouverts de neige.




Le village des pêcheurs



« Voici donc le pays qui m'a vu naître.... un océan de neige et de glaces... ma terre.... », murmura Yshba en serrant son collier de perles noires sur lequel était représentée l'effigie d'un loup ...

Depuis son arrivée en Asgard, Yshba se posait beaucoup de questions, à l'instar de ses amis. Soluna, son maître, lui avait fait des révélations sur ses origines avant de quitter Hattousa, ce qui le troublait énormément. « Pourquoi le seigneur Odin me fait-il revenir sur ces terres ... quelle est cette vérité que je dois découvrir? »

Arrivé avec des élus comme lui, il avait découvert un pays rude et hostile. Il lui fallait savoir, il devait faire les recherches nécessaires, mais pour cela, il lui fallait connaître un peu plus ce pays. Seul, la tache eût été trop rude pour l'instant. Il lui faudrait donc faire route avec les autres élus, bien qu'il préférât le calme de la solitude. Et puis Odin avait choisi ces gens-là comme lui, si une divinité leur faisait confiance, il devrait en faire autant, du moins un minimum .... Yshba décida de passer ses journées à parcourir les environs du village en compagnie de Thrall et ils découvrirent une infime partie du territoire d'Asgard, campagnes enneigées, petits bois de sapins, pays si vide en apparence, mais si riche lorsqu'on prenait le temps de le voir évoluer.

Ce matin-là, les deux jeunes hommes revenaient d'une nuit de marche. Rentrés au village, Yshba alla seul à l'auberge tandis que Thrall restait discuter avec un vieux pêcheur qui se préparait à partir. L'Hindou demanda à l'aubergiste et au chef du village plusieurs renseignements, concernant les familles du royaume, s'il existait des archives de celles-ci... La Forteresse d'Odin intriguait tous les élus, peut-être Yshba y trouverait-il des réponses à son histoire personnelle.

« Désolé Yshba, je ne puis rien t'apprendre que tu ne saches déjà. Je l'ai déjà dit à Rahotep et Akurgal lorsqu'ils sont venus me voir il y a deux jours. Ce village vous offre le gîte et un repos mérité. Pour le reste, vous devrez rejoindre Troudheim pour en apprendre davantage. La grande cité du sud vous apportera des réponses ! », conclut le chef du village en tentant de réconforter son jeune interlocuteur.

Au fur et à mesure que le temps s'était écoulé depuis l'arrivée au village, Yshba passait de plus en plus de temps seul dans les forêts, seul dans cette nature, certes hostile, mais qu'il fallait apprendre à respecter... et puis la forêt lui rappelait la jungle de son Inde lointaine. Lors de ses marches solitaires, il n'était plus rare à présent de voir quelques animaux non maudits par Loki s'approcher de lui, d'abord craintifs, mais finalement rassurés, comprenant qu'il ne leur voulait pas de mal ... Il devenait de plus en plus l'un d'entre eux ...

- Tiens, te revoilà Yshba ! Et bien, toi et Thrall passez plus de temps dehors que parmi nous ! Vous ne craignez donc pas les animaux rendus fous par Loki ? Le chef du village a été assez clair, ce dieu maudit a ensorcelé la nature, vous devriez faire attention ! insista Ryusei accompagné de Liu qui descendaient les escaliers menant aux chambres d'hôtes.
- Tous les animaux ne sont pas atteints, répondit laconiquement Yshba en se rapprochant de la cheminée où le feu crépitait de plus belle.

Voilà maintenant deux mois que le groupe s'était installé dans le village des pêcheurs. Chacun avait pris ses marques à l'instar de Thrall et d'Yshba. Rahotep, Nibel et Akurgal passaient leur temps à regrouper diverses informations glanées au fil de conversations avec les membres de la petite communauté villageoise. Nibel avait eu la main heureuse en faisant la connaissance d'un Skald d'Asgard, conteur itinérant. Nibel étant conteur, il noua des liens d'amitié avec le Skald qui lui apprit un poème étrange.


« L'appel des Élus, par Snordjiknouil, Skald d'Asgard


Le Palais d'Asgard. Forteresse impénétrable des Dieux, en son cœur, une immense salle de réception. Étrangement, les portes étaient toutes ouvertes. L'air glacial qui venait de dehors s'engouffrait partout. Des corps baignant dans leur sang étaient éparpillés dans toute la grande pièce. Un homme, seul, blessé, tenant une longue épée couverte de sang pleurait.

« Pourquoi .... Pourquoi as-tu fais cela, ignoble LOKI ! Toute notre famille, tes démons ont tué toute notre famille ! Même le grand Thor est mort, lui que même moi ne pouvait espérer vaincre sans mourir à mon tour .... Comment tes elfes noirs et tes nains ont pu nous terrasser de la sorte ! »

« Seigneur Odin, regardez ce que j'ai trouvé », dit une jeune femme en s’approchant du Seigneur souverain d'Asgard.

Odin prit l'épée tendue par la jeune femme. « Mais c'est impossible .... Cette épée contient ... elle est faite pour tuer des dieux ! Mais d'où vient-elle ? Qui peut forger de telles armes ? Je comprends pourquoi nous avons été vaincus par de simples monstres ! Sans l'utilisation de tout mon pouvoir, je serai mort à mon tour ! »

« Mais alors c'est la fin d'Asgard mon seigneur ? »

« Non Gunehilde, non, pas encore. Loki devra payer avant. Fais venir les meilleurs forgerons, convoque les nains qui nous sont fidèles. Qu'ils emportent les restes de ma famille, les Ases morts au combat, dans le temple de la Forêt Noire. Je vais leur redonner une vie pour qu'ils se vengent. Je vais former les meilleurs guerriers qui soient pour porter fièrement les armures des Ases. »


- Ce texte est plus que troublant. En Mésopotamie, nos conteurs composent des poèmes qui ont toujours une part de vérité. Ton ami ne t'a rien appris de plus, Nibel ?
- Non, rien Akurgal. Il m'a juste permis d'apprendre ce texte et de l'accompagner d'une musique.

Rahotep relut longuement les lignes écrites par Nibel sur un petit rouleau de parchemin. Pensif, il s'adressa à ses amis sans quitter le parchemin des yeux.
- Tout ceci est étrange. Je suis un érudit, j'aime comprendre ce qui m'entoure. Nous sommes en Asgard, nous comprenons nos interlocuteurs sans avoir jamais appris l'Asgardien, si ce n'est Hanz. Disons qu'il s'agisse de la volonté d'Odin, d'un don à notre égard, comme ce fut le cas à Hattousa par la volonté de Cybèle. Pour autant, ce texte me laisse perplexe, où est le vrai, où est le mythe ? Sommes-nous ces guerriers appelés à porter ces armures d'Ases ? Qui sont réellement ces Ases ?

Akurgal sortit un petit calepin de sa poche et feuilleta brièvement les feuilles de papyrus, cherchant une note précise. « Là », pensa-t-il en s'arrêtant sur une page.
- Je crois que nous devrions convoquer nos amis. Il est temps de partir pour Troudheim. Ce village fortifié semble être important, assez pour être qualifié par certains de cité, nous devrions y trouver plus de renseignements. D'ailleurs le sage que nous avons rencontré sur le promontoire à l'épée nous avait prévenus, c'est là-bas que nous devions aller pour en savoir davantage.

Nibel se leva tranquillement.
- J'ai entendu Ryusei parler à Yshba. Ce dernier a quitté sa forêt, Thrall ne doit pas être loin. Je vais les voir, nous pourrions nous voir tous ce soir, à la veillée ?
- Bonne idée, répondit Rahotep en consultant l'avis d'Akurgal qui opina discrètement. Bon nous deux nous allons prévenir les autres. Meijuk, Memnoch, Dimitre et Hanz sont avec les chasseurs, ils seront là avant le coucher du soleil, dans quelques heures donc. Inyan est dans la petite boutique d'herbes, il ne quitte plus la vendeuse qui lui apprend diverses recettes médicinales asgardiennes. Nous allons le retrouver.

Le soir même donc les douze compagnons se retrouvèrent à la veillée organisée par la femme du chef du village. Moment de convivialité où chacun pouvait écouter les histoires de conteurs, les musiques de Nibel tout en mangeant des mets succulents préparés par les femmes de chasseurs et de pêcheurs. La bière coulait à torrent, participant à la détente généralisée. Ce soir-là, les élus se mirent seuls à une grande table afin de pouvoir parler du prochain départ.

- Vous pensez donc qu'il est temps de quitter le village, questionna Dimitre. Moi je me sens bien ici.
- Certes ce village est très hospitalier, mais notre but est de rejoindre un jour cette fameuse forteresse. Et nous devrons donc passer par Troudheim, cela me semble clair, répondit Inyan en reposant sa choppe de bière brune.

Dans l'auberge les chants reprenaient de plus belle, chasseurs et pêcheurs rivalisant dans un concours de chanson sur les femmes d'Asgard. Un homme en manteau était rentré depuis un long moment sans que personne ne s'en aperçoive. Il s'était assis seul à une table et finissait une soupe chaude. Il releva sa capuche et laissa tomber ses longs cheveux bruns, salis par des journées de dur voyage. L'inconnu se leva et se rapprocha de la table des guerriers d'Odin, ce qui n'échappa pas à Thrall. Ce dernier se leva et fit signe au nouveau venu de s'arrêter.

- Désolé étranger, c'est une discussion privée. Tu peux aller avec les pêcheurs et les chasseurs si tu veux.
- C'est vous que je viens voir.
- A quel propos ? interrogea Rahotep, l'air méfiant.
- Je recherche les guerriers d'Odin, les élus qui ont quitté Hattousa voilà des mois maintenant. Je vous ai entendu parler, je sais qu'il s'agit de vous.

Les guerriers se regardèrent. Liu avait sorti une petite dague sous la table, prêt à bondir sur l'étranger au moindre mouvement suspect. Meijuk se leva et prit un air ostensiblement menaçant, contractant ses muscles à tel point que ses veines devenaient de plus en plus apparentes sur son crâne rasé.

- Qui es-tu ? demanda le montagnard d’une voix tonnante.
- Je suis Siegard Tryl, guerrier d'Odin. Je suis né en Asgard et j'ai été élevé dans l'espoir de servir Odin, ce que je fais aujourd'hui. Je suis l'un des vôtres. Je vous attends depuis trois longues années. J'ai appris par Jogonstok, Gardien des Tours, que vous étiez arrivés au village des pêcheurs. Je viens de Troudheim, je suis chargé de vous y conduire quand vous serez prêts.

Devançant la demande de preuve, Siegard sortit de son haut de laine une rune, la même que chaque élu portait.
- Je pense bien que vous aurez du mal à me croire. Je ne sers pas Loki. Je suis seul. Libres à vous de me faire confiance, si je mens vous pourrez toujours me supprimer.
- Mais nous n'y manquerons pas, répondit Dimitre en reprenant une gorgée de bière.
- Viens à mes côtés, dit Memnoch en se levant et en tendant sa main. Tu m'inspires confiance, tu n'as pas peur. Viens donc nous raconter tout ça autour de quelques bières. AUBERGISTE ! UN TONNEAU DE BIERE PAR ICI ! Nous fêtons l'arrivée d'un nouvel ami !
- Lui, murmura Ryusei, je le garde à l'œil, il ne m'inspire pas confiance.
Hanz se pencha vers son voisin et lui souffla « Nous jugerons sur pièce ».

Les guerriers d'Odin étaient maintenant treize, treize serviteurs buvant joyeusement dans une auberge d'un humble village d'Asgard. Au dehors la neige redoublait d'intensité, la fumée des modestes habitations de bois se frayant difficilement un passage vers les cieux noirâtres à travers la multitude de flocons. Derrière un arbre, deux yeux rouges fixaient les lumières sortant de l'auberge, deux yeux écarlates en forme d'amande, luisant malgré la pénombre.


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[1] Conteur ou
poète chez les vikings.

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