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Cette fiche vous est proposée par : Johnny


Le 11ème chevalier

Deux années plus tard


Le vent soufflait fort sur l'une des collines de la région du fleuve Onon. Pour autant, cela ne troublait pas la méditation de Venceslas, qui avait laissé Kentaro s'entraîner seul dans la forêt. Seul avec la nature, le chevalier du Paon pensait au bilan des deux premières années que son disciple avait passées avec lui:


"Cela fait déjà deux ans que Kentaro suit mon entraînement...Et il s'est montré plus endurant que je ne le pensais, malgré son très jeune âge. Les nombreux bains passés dans le fleuve Onon l'ont endurci considérablement, il est presque capable de se fondre dans la nature, à l'instar du Lynx, mais ne copie pas encore parfaitement son comportement...Néanmoins, il semble encore manquer de confiance en lui, il a encore bien du mal à briser un rocher, à détruire les atomes...Pourtant, il devrait se hâter de le faire, car c'est seulement à partir de là que nous pourrons passer à la pratique pour l'entraînement au combat...Bon, je pense avoir suffisamment médité pour le moment. Je vais voir comment Kentaro s'en sort."


Venceslas se leva aussitôt et, en quelques secondes, rejoignit le seuil de sa maison de pierre et y attendit Kentaro, qui ne devait pas être loin. Et effectivement, trente secondes après son arrivée, il fut rejoint par son disciple, qui venait à sa rencontre. Kentaro avait désormais huit ans, tandis que son maître en avait quatorze, mais le petit garçon semblait avoir surtout grandi en maturité.


"Maître! Maître! cria Kentaro. Venez voir, il faut que je vous montre quelque chose!"


Etonné, Venceslas fit deux pas, puis demanda à son disciple:


"Que veux-tu, Kentaro? J'espère que tu as fait ce que je t'ai ordonné..."


"Bien sûr, maître! répondit Kentaro. Je tiens à vous montrer mes progrès! Suivez-moi!"


"Très bien, Kentaro. Je ne demande qu'à voir..."fit Venceslas avec un sourire un peu perplexe.


Kentaro incita donc son mentor à marcher pendant cinq minutes, jusqu'à ce que tous deux se trouvèrent en face d'un énorme rocher, de taille à peine plus grande que le premier rocher sur lequel le petit garçon avait vainement tenté d'exercer sa force, lors de son arrivée en Mongolie. Kentaro dit alors au chevalier d'argent:


"Maître, reculez de deux ou trois pas, il pourrait y avoir un risque pour vous!"


Le sourire aux lèvres, Venceslas recula alors de quelques pas, puis dit à son jeune élève:


"Eh bien, Kentaro, montre-moi ce dont tu es capable avec ce rocher..."


 


Le petit garçon serra alors son poing droit, puis sembla faire le vide dans son esprit, comme s'il ne voulait que se concentrer sur le rocher qu'il souhaitait briser. Il se disait en lui-même:


"Je ne dois penser qu'à ce rocher...Ce rocher est fait d'atomes, comme tout ce qui existe dans l'Univers, y compris mon corps! Il faut que je reproduise l'Univers à l'échelle de mon corps et alors, alors seulement je pourrai changer mes coups en étoiles!"


Subitement, sous les yeux stupéfaits de Venceslas, le sol se mit à trembler sous les pieds de Kentaro, des cailloux se mirent même à décoller de la surface et à flotter dans les airs, tandis qu'une aura dorée semblait désormais illuminer la silhouette du disciple du chevalier du Paon. Kentaro avait la mâchoire crispée, et ne semblait penser qu'à sa cible. Le halo doré qui l'entourait se mit à briller de plus en plus intensément. Venceslas reconnut aussitôt la même cosmo-énergie qui était apparue à plusieurs reprises, lorsque Kentaro avait manqué de se noyer dans le fleuve Onon. Le chevalier d'argent se mit à penser:


"C'est...C'est incroyable...Je ne pensais pas qu'il pourrait développer ce cosmos aussi rapidement...Kentaro commencerait-t-il à comprendre comment agissent les chevaliers sacrés?"


Venceslas eut très rapidement la réponse à la question qu'il se posait. Car trois secondes après, le halo qui entourait Kentaro disparut subitement, mais sembla réapparaître, entièrement concentré dans le poing droit du petit garçon, qui se mit à hurler:


"Que s'enflamme mon cosmos!"


Alors, Kentaro serra son poing droit de plus belle, et visa le rocher qui se tenait droit devant lui. Le choc fut immédiat...et, sous le regard de Venceslas, qui ne perdait pas une miette du spectacle, le rocher vola en éclats sous la force de Kentaro, tandis que le sol qu'il avait sous ses pieds se creusait progressivement, se déplaçant dans les airs, poussant même Venceslas à se protéger le visage de ses mains. Le chevalier d'argent avait beau être suffisamment conscient pour avoir de bons réflexes, il restait encore au fond de lui estomaqué par le potentiel de son disciple. Finalement, vingt secondes après que Kentaro eût frappé le rocher, tout s'arrêta, et Venceslas ne put que constater les faits; il ne restait plus rien de l'immense bloc de pierre, sauf des débris dont la taille ne dépassait pas le millimètre, et le sol sous les pieds de Kentaro s'était creusé d'à peu près deux mètres. Kentaro, ravi par son exploit, se dirigea vers son maître avec un grand sourire aux lèvres:


"Maître! J'ai réussi! Je suis parvenu à briser les atomes! Alors, qu'en pensez-vous?" dit-il sans cesser de sourire.


Venceslas resta encore sous le coup de de la surprise pendant dix secondes, puis dit à son jeune disciple:


"Kentaro...C'est...bien. C'est vraiment très bien. Tu as fini par maîtriser la technique des chevaliers sacrés de manière presque parfaite."


"Presque seulement?"s'étonna Kentaro.


Le chevalier d'argent se tut pendant trois secondes avant de répondre:


"Oui, presque seulement. Kentaro, tu as ressenti l'Univers au fond de toi et, désormais, tu maîtrises ce cosmos avec toute ta conscience. Cependant, tu te laisses trop emporter dans ton élan, de sorte que tu ne maîtrises pas parfaitement ta cosmo-énergie. C'est pour ça que, alors que tu brisais le rocher, le sol s'est creusé sous tes pieds. Lors d'un combat, tu dois non seulement focaliser ton esprit sur ta cible, mais aussi avoir la pleine maîtrise de ton corps. Cela peut te paraître difficile à faire, mais au bout d'un long entraînement, n'importe quel chevalier sacré y parvient."


Venceslas marqua une brève pause de nouveau, puis reprit:


"Cela dit, Kentaro, tu as fait d'inconstestables progrès depuis ton arrivée ici. Je pense que tu es désormais prêt pour l'entraînement au combat! Suis-moi, Kentaro!"


 


Kentaro sourit et suivit aussitôt son mentor, qui n'était qu'à un mètre devant lui. Après une marche de dix minutes, tous deux arrivèrent dans une plaine déserte et isolée. Venceslas dit alors à son élève:


"Kentaro, l'entraînement au combat ne sera pas une chose facile pour toi, du moins au début. Sache que l'écart de force entre toi et moi est considérable, étant donné que je suis un chevalier d'argent, et que tu aspires à porter une armure de bronze..."


Kentaro interrompit aussitôt son mentor:


"Maître, si...si vraiment je ne suis pas à votre niveau, alors quel intérêt cela a-t-il pour moi, cet entraînement au combat?"


Venceslas répondit:


"L'intérêt fondamental de cet entraînement, c'est que tu puisses saisir les bases des techniques de combat des chevaliers sacrés, afin que ton corps soit prêt au combat, si jamais tu devais combattre un envoyé du Malin. Mais cet entraînement peut aussi avoir une conséquence positive sur toi; te faire découvrir pourquoi tu veux gagner l'armure. Car cela, Kentaro, même après deux ans d'entraînement, je ne suis pas tout à fait sûr que tu l'aies découvert."


 A ces mots, Kentaro baissa la tête. Car, au fond de lui-même, il savait que le chevalier du Paon disait vrai. Il avait beau suivre avec assiduité les leçons de son maître, il ignorait toujours pourquoi il voulait devenir chevalier sacré. Bien sûr, il y avait la raison imposée par la fondation Graad; revenir au Japon avec l'armure, afin de pouvoir participer au grand tournoi que Mitsumasa Kido préparait en secret. Mais Kentaro ne pouvait se résoudre à satisfaire les volontés d'un père égoïste et indigne. Et cette ignorance, il s'était efforcé depuis deux ans de la diluer, de la noyer en s'investissant à fond dans l'entraînement auquel Venceslas le soumettait. Le petit garçon fut soudainement sorti de ses pensées par une précision donnée par le chevalier d'argent:


"Encore autre chose, Kentaro; sache que je ne me battrai jamais au maximum de mes forces. Non seulement cela ne se fait pas lors d'un simple entraînement, mais en plus, si je me battais à mon véritable niveau, tu pourrais très bien y laisser ta vie. Tout au plus je n'utiliserai qu'un centième de mes capacités."


Dès lors, Kentaro poussa un soupir de soulagement. Si son maître ne se battait pas en utilisant l'intégralité de son potentiel, alors il pourrait faire ses preuves très rapidement, comme il le dit tout haut:


"Très bien, maître! Si vraiment vous ne vous battez pas de toutes vos forces, je peux vous montrer ce que je sais faire! Yaaah!"


Kentaro se jeta alors sur son maître, poings en avant. Le chevalier du Paon sourit étrangement puis, alors que Kentaro était sur le point de l'atteindre, il disparut sans explication, comme s'il s'était littéralement évaporé. Stupéfait, Kentaro s'arrêta, regarda le vide qu'il y avait en face de lui, puis lâcha:


"Quoi?! Que...Où est-il passé?"


Soudainement, Venceslas réapparut à la gauche de son disciple. Avant que ce dernier n'ait pu réagir, le chevalier du Paon lui administra un coup de poing qui l'envoya valser deux mètres plus loin. Kentaro retomba au sol, le front contre terre, le nez dans la poussière. Il ne s'était pas encore relevé que déjà son maître semblait le narguer:


"Eh bien, Kentaro, est-ce vraiment tout ce que tu sais faire?"dit le chevalier du Paon d'un air goguenard.


Kentaro se releva lentement. Il saignait un peu du nez. Piqué au vif, il répliqua:


"Cette...Cette fois, je parviendrai à vous toucher, maître! Yaaah!"


Kentaro se précipita alors sur son maître, dont le sourire n'avait toujours pas disparu du visage. Alors que son disciple n'était plus qu'à vingt centimètres de lui, Venceslas se déplaça lentement sur sa droite, et administra à Kentaro un violent coup de pied. Le petit garçon se retrouva de nouveau au tapis. Venceslas lâcha:


"Tu te précipites trop, Kentaro! Tu ne comptes que sur ta force brute, or, jamais un chevalier sacré n'est parvenu à gagner un combat en comptant sur sa seule force physique!"


A ce moment-là, sans aucune explication rationnelle, un halo de lumière dorée vint entourer le corps du chevalier d'argent. Kentaro, qui ne s'était toujours pas relevé, leva néanmoins les yeux et fut non seulement surpris par l'aura qui recouvrait son mentor, mais aussi par l'importante sérénité qui se dégageait de lui. Le jeune Japonais se mit à penser:


"Quelle...Quelle est cette sérénité qui émane de mon maître? On...On dirait qu'il ne...qu'il ne ressent pas la douleur, qu'il semble même s'être détaché totalement de toute souffrance, qu'il a quitté le monde réel pour un autre monde..."


Tout à coup, le halo de lumière disparut subitement et Kentaro entendit son maître lui dire:


"Debout, Kentaro! L'entraînement est loin d'être terminé! Si tu veux vraiment gagner l'armure dans quatre ans, il va falloir te battre, je te l'ai déjà dit de nombreuses fois!"


Aussitôt, Kentaro se remit sur ses deux pieds et regarda fixement son mentor, qui semblait impassible. Il se dit en lui-même:


"Hmm...Peut-être que le maître a raison...Peut-être que je me précipite trop...Et...Et si je laissais mon maître attaquer le premier? Dans ce cas, je pourrais peut-être trouver une parade!"


Kentaro s'immobilisa alors, comme s'il avait renoncé à se défendre. Ce qui ne manqua pas d'étonner Venceslas:


"Eh bien, Kentaro, que fais-tu? Aurais-tu décidé de déposer les armes?"


Pour toute réponse, Kentaro sourit malicieusement à son mentor. Ce dernier fut d'abord surpris par la réaction de son disciple, avant de lui dire:


"Très bien, Kentaro...Puisque tu l'as décidé..."


Et, comme Kentaro s'y était attendu, Venceslas attaqua en premier. Le petit garçon se mit rapidement en position d'attaque, mais fut soudainement surpris par quelque chose qui contrariait ses plans. En effet, une seconde après que Venceslas eût décidé d'attaquer...il s'était brutalement dissipé! Kentaro lâcha avec stupeur:


"Quoi? Qu'est-ce que ça veut dire?"


Le petit garçon eut la réponse dans la demi-seconde qui suivit: sans avoir pu s'y attendre, il fut frappé au ventre par six à sept bons coups de poings et chuta au sol. Il entendit alors la voix de Venceslas:


"Ce n'était pas sérieux de ta part, Kentaro! Me laisser attaquer le premier n'était pas une idée brillante! Je te l'ai pourtant dit, Kentaro; même si je ne donne pas le meilleur de moi-même dans ce combat, l'écart existant entre ta force et la mienne reste très important!"


Malgré la douleur qu'il ressentait à la suite des coups portés par le chevalier d'argent, Kentaro se releva lentement, puis répondit:


"Maî...Maître, je...je veux malgré tout essayer de nouveau...S'il...S'il vous plaît, attaquez...attaquez le premier!"


Venceslas écarquilla des yeux:


"Que viens-tu de dire, Kentaro? Tu as perdu la tête, je te l'ai pourtant dit; tu pourras pas parer mes coups!"


Kentaro regarda son maître droit dans les yeux et répéta:


"Maître, s'il vous plaît...attaquez le premier!"


Le chevalier du Paon haussa les épaules, puis répondit:


"Très bien...Kentaro, c'est toi qui l'auras voulu!"


 


Venceslas se jeta donc sur Kentaro, afin de lui faire comprendre définitivement qu'il avait pris un risque. Mais, alors qu'il allait lui donner un coup de poing, Venceslas vit les yeux de Kentaro briller anormalement. Il s'en étonna naturellement, mais tâcha de ne pas en tenir compte et de le frapper coûte que coûte. Soudain, alors qu'il avait à peine serré son poing, le chevalier du Paon sentit qu'il était bloqué. Il jeta alors un coup d'oeil en face de lui et dut se rendre à l'évidence; c'était bien Kentaro qui avait paré le coup. Paraissant abasourdi, Venceslas demanda:


"Kentaro?...Que...comment as-tu pu réaliser ce prodige?"


Pour toute réponse, Kentaro déplaça ses poings, de sorte à atteindre son mentor. Surpris, Venceslas parvint, grâce à sa vitesse d'exécution supérieure, à parer les coups de son disciple, mais ce dernier lui donnait bien du mal. En effet, tout en bloquant les attaques du petit garçon, Venceslas se rendit compte peu à peu que les coups de son élève ne ressemblaient pas à des coups de poings, mais à des coups de griffes. Aussi le chevalier d'argent pensa-t-il:


"C'est insensé! J'ai...J'ai carrément l'impression de ne pas me battre contre un être humain, mais contre un animal...Contre un animal félin, comme le Lynx!"


Malgré sa surprise, Venceslas ne relâcha pas sa concentration. Au contraire, plus Kentaro tentait de donner des coups, plus le chevalier du Paon s'obstinait à ne pas lâcher prise. De plus, il savait que Kentaro avait moins d'expérience que lui, et que son agressivité inconsciente finirait par s'arrêter d'elle-même. Et effectivement, au bout de deux minutes, la lueur qui brillait dans les yeux de Kentaro disparut subitement et le petit garçon sembla devenir moins agressif d'un seul coup. Profitant alors de son avantage, Venceslas frappa son disciple d'un fort coup de poing dans le ventre. Kentaro, qui venait à peine de reprendre ses esprits, poussa un hurlement de douleur quand il reçut le coup de son mentor et s'écroula au sol. Venceslas recula de trois pas et attendit que son élève se remît de ses émotions. Quand ce fut le cas, vingt secondes plus tard, Kentaro se releva lentement et dit, d'un air penaud:


"Maître...Je m'incline...Vous aviez raison, je n'aurais pas dû vous laisser attaquer, vous avez su profiter de votre avantage à deux reprises et..."


Venceslas l'interrompit aussitôt:


"Non, Kentaro...Cette fois-ci, tu t'en es mieux tiré...Pendant deux minutes, tu m'as donné du fil à retordre...autant que si j'avais eu à affronter l'un des redoutables félins de cette région."


"Quoi?! Que voulez-vous dire, maître?"demanda Kentaro.


Le chevalier du Paon répondit en souriant:


"Pendant ces deux minutes, tu t'es battu comme un lion...ou plutôt, comme un lynx. Tes yeux scintillaient étrangement, tu semblais voir à la perfection la moindre de mes attaques, même si elles étaient à la vitesse du son, et tu semblais vouloir m'administrer des coups de griffes, plutôt que des coups de poings...Kentaro, je...j'ai bien du mal à me l'avouer, mais je dois me rendre à l'évidence; l'espace de deux minutes, tu semblais être devenu aussi redoutable que le Lynx de la constellation, comme si son esprit avait fusionné avec toi!"


Kentaro resta bouche bée devant les explications du chevalier d'argent. Lui, un petit Japonais réservé, était devenu pendant deux minutes aussi redoutable qu'un félin carnivore des montagnes! A l'instar de Venceslas, il avait bien du mal à se rendre à l'évidence, et pourtant, son mentor avait l'air d'être on ne peut plus sérieux. Finalement, Kentaro demanda au chevalier du Paon:


"Alors, maître, désormais, suis-je...suis-je digne d'être un chevalier sacré?"


Venceslas sourit:


"Oh, que non! Tu es encore bien loin de l'être! Je te l'ai dit, Kentaro, tu en as encore pour quatre ans avant de pouvoir espérer revêtir cette armure! Bon nombre d'épreuves t'attendent encore, tu n'es pas au bout de tes surprises! De plus, si tu as pu me mettre en difficulté durant deux minutes, il n'en reste pas moins que tu n'étais pas toi-même durant ce court laps de temps...Je veux dire que tu t'es battu comme le Lynx de la constellation, mais sans t'en rendre compte! Utiliser cette technique de combat ne sert à rien si on ne la maîtrise pas à la perfection, Kentaro! Sur le plan de l'esprit, tu as encore beaucoup de progrès à faire, crois-moi sur parole! Bon, reprenons l'entraînement."


Durant le restant de la journée, Venceslas et Kentaro continuèrent à s'entraîner au combat, sans qu'il y eût toutefois un progrès significatif de la part du petit garçon. Venceslas lui donna également quelques cours de physique et de biologie, et lui imposa d'escalader à mains nues un pan de montagne qui devait mesurer six à sept cents mètres. Au bout du compte, Kentaro revint plus épuisé que jamais dans la maison de pierre et, après un dîner rapide, s'écroula sur son lit de fortune et s'endormit sans problèmes. Quant à Venceslas, il était resté dehors, regardant le soleil qui se couchait sur la Mongolie, et paraissait songeur:


"Plus que quatre ans pour Kentaro...En dépit de ses indéniables progrès, le chemin qu'il doit encore arpenter reste long...Si sa force physique s'est nettement améliorée, il doit encore lui rester les deux tiers du chemin qui le mènera au titre de chevalier sacré...Mais cela ne dépend que de lui..."


Après ces pensées, Venceslas s'assit en tailleur et médita pendant six heures d'affilée, sans jamais s'interrompre.


 


Au même moment, dans la vallée du Gange, en Inde


Sous un arbre isolé, un homme méditait depuis plusieurs heures déjà. Il prenait la position du Lotus, la position de la sagesse. Il avait de longs cheveux blonds qui lui tombaient dans le dos, il avait une bonne vue, mais ses yeux étaient fermés en permanence. Il portait une large toge blanche comme seul vêtement. Il semblait vivre comme l'un de ces ascètes qui parcouraient l'Inde sans aucun bien matériel. L'homme ne semblait pas avoir conscience du monde qui l'entourait, comme s'il s'était envolé pour un nouvel ailleurs. Et ce fut probablement à cause de cette situation qu'un tigre qui se trouvait à quelques mètres de lui s'approcha, l'air menaçant. Le redoutable félin regarda l'homme à la toge en poussant quelques grognements furieux, comme s'il voulait l'avertir qu'il l'avait choisi pour être sa victime, son futur repas. Quand le tigre ne fut plus qu'à deux mètres de l'homme à la toge, il poussa un hurlement effroyable, qui aurait fait trembler, paniquer n'importe quel être humain. Pourtant, l'homme à la toge ne bougea pas. Au contraire, il poursuivit sa méditation avec ferveur, comme si ce tigre n'existait pas, n'avait jamais existé. Le félin, furieux de voir que sa cible osait le mépriser, sortit ses griffes et bondit sur l'homme à la toge, crocs et griffes en avant. Ce fut alors qu'un phénomène surprenant survint. Un halo de lumière éblouissant vint recouvrir l'homme à la toge et repoussa violemment le tigre, comme s'il avait été frappé par une force d'essence divine. Le tigre resta inconscient pendant dix secondes, puis se remit sur ses pattes et regarda l'homme à la toge, qui était toujours entouré par cette lumière presque divine. Le félin se mit à trembler sur ses pattes, à couiner une ou deux fois, puis il se décida à reculer lentement, sans cesser de trembler pour autant, puis repartit d'où il était venu, complètement apeuré.
L'homme à la toge se dit à lui-même:


"Qu'il est regrettable que ce tigre soit venu déranger ma méditation...Quoi qu'il en soit, je sens que Venceslas a quelques difficultés avec son disciple...Peut-être que ce jeune Japonais aurait besoin de certains de mes bons conseils...Je pars et je m'en vais requérir l'autorisation du Sanctuaire."


Aussitôt, le halo de lumière qui entourait l'homme se dissipa instantanément. Puis, le mystérieux adepte de la méditation se mit debout et, en un millième de seconde, disparut du paysage.


 


Deux jours plus tard, dans la région du fleuve Onon, en Mongolie


"Allez, Kentaro! Relève-toi! L'entraînement continue!"


Malgré les ordres de son maître, Kentaro eut toutes les difficultés du monde à se relever. Il n'avait en effet pas totalement récupéré de l'entraînement de la veille, qui s'était partagé entre une longue marche de quatre heures et des combats à répétition. Aussi, quand le petit garçon parvint à se remettre sur ses jambes, il sentit néanmoins qu'il avait le plus grand mal à se tenir debout. Faisant fi des faiblesses de son élève, Venceslas lui dit d'une voix plus forte que d'ordinaire:


"Kentaro, dépêche-toi d'attaquer! Si tu n'arrives pas à maîtriser les techniques de combat des chevaliers sacrés, jamais tu n'auras l'armure! Allez!"


Tentant d'oublier sa douleur, Kentaro serra les poings et se jeta sur son maître en criant. Le chevalier du Paon, bien peu inquiété par la vitesse de déplacement de son disciple, n'eut aucun mal à esquiver son attaque. Dans la foulée, il administra un bon coup de poing à Kentaro, ce qui le fit saigner légèrement de la lèvre inférieure. A bout de souffle, le nez dans la poussière, il eut à peine la force de murmurer:


"Pitié, maître...Pitié..."


L'air mécontent, Venceslas s'avança vers son disciple, le prit par le col et lui administra un coup de poing dans le ventre en guise de réponse. Alors que Kentaro n'était pas encore complètement au tapis, le chevalier d'argent dit à son disciple:


"Kentaro, dans un combat, le mot pitié n'existe pas! Les émissaires du Mal n'ont pas pour habitude de prendre des gants avec leurs ennemis, il ne faut donc pas en prendre avec eux non plus! Je te l'ai dit au tout début de ton arrivée en Mongolie; face au Mal, tu devras te montrer sans haine, mais aussi, et surtout, sans pitié! Allez, relève-toi!"


Kentaro avait été terrassé par les paroles très dures de son mentor. Il n'osait pas relever la tête, car les larmes lui montaient aux yeux, et il aurait préféré mourir plutôt que de pleurer en face d'un homme pour lequel il avait la plus grande estime, en dépit de sa sévérité. Venceslas soupira:


"C'est navrant...Kentaro a un potentiel immense en lui et il n'arrive toujours pas à le maîtriser! Pourtant, je suis sûr qu'il peut le faire..."


Le chevalier du Paon leva alors les yeux au ciel et pensa:


"Athéna...Cette tâche de mentor était-elle trop lourde à porter pour moi?"


Soudainement, une lumière éblouissante vint illuminer le paysage monotone et sombre de la région du fleuve Onon. Cette lumière brillait tellement qu'elle vint tirer Kentaro de la torpeur dans laquelle son désespoir l'avait plongé. Il leva lentement la tête, oubliant ses yeux rougis par les larmes, mais ne put voir que la lumière qui l'entourait. Parallèlement, il sentit une cosmo-énergie très puissante, mille fois plus puissante que celle de son mentor, bien que ce dernier n'eût jamais révélé son vrai potentiel. Le jeune Japonais songea:


"Que...Quelle est cette cosmo-énergie? Elle...Elle est inhabituelle, même maître Venceslas en est très loin...Comme...Comme si c'était la cosmo-énergie de Dieu!"


De son côté, Venceslas n'avait pas bougé depuis l'apparition de la lumière fantastique. Il ne put que se dire:


"Im...Impossible...Comment se fait-il qu'il...qu'il vienne ici?"


Ce fut alors que la lumière implosa brusquement, sous les yeux ébahis de Kentaro et de son mentor, pour mieux dévoiler son origine. Il s'agissait de l'homme mystérieux qui, deux jours, auparavant, méditait sous un arbre, dans la vallée du Gange. Mais il ne portait plus sa toge blanche. A la place, il portait une armure dorée, voire une armure en or pur qui couvrait tout son corps, une armure qui se caractérisait notamment par une double protection des épaules, dont certaines ressemblaient à des ailes pliées, et un casque à deux ailes et quatre branches. Il avança vers Venceslas sans ouvrir les yeux. Le chevalier du Paon resta immobile pendant cinq secondes, puis s'agenouilla devant l'homme à l'armure d'or, qui dit en souriant:


"Très bien, Venceslas...Je vois que tu me portes toujours le respect qui m'est dû!"


Il jeta ensuite un coup d'oeil à Kentaro, qui était impressionné par le charisme de l'homme à l'armure d'or, et lui dit:


"C'est donc toi qui suis les enseignements de Venceslas depuis maintenant deux ans, n'est-ce pas?"


Kentaro balbutia, tant il n'arrivait pas à se débarrasser de la forte impression qui l'habitait désormais:


"Oui...Oui...Je...Je m'appelle Kentaro, je...je viens du Japon..."


"Tu es bien plus résistant que ton apparence ne le laisse penser! dit l'homme en souriant. Pourtant, Venceslas ne ménage pas sa peine pour faire de toi un chevalier sacré au service de la déesse Athéna!"


"Qui...Qui êtes-vous?"demanda Kentaro, toujours aussi intimidé.


L'étranger répondit simplement:


"Mon nom est Shaka!"


"Shaka?"lâcha Kentaro.


A ce moment précis, l'homme du nom de Shaka jeta un coup d'oeil à Venceslas, qui était toujours agenouillé devant lui, puis lui dit:


"Cela suffit, Venceslas! Tu peux te relever!"


Le chevalier du Paon se releva lentement, puis se tourna vers Kentaro en lui disant:


"Kentaro, je vois que tu as fait connaissance avec mon propre mentor!"


Kentaro ouvrit grand la bouche:


"Votre...Votre propre mentor, maître? Vous voulez dire que c'est ce Shaka qui vous a permis de devenir un chevalier sacré?"


"C'est exact, jeune Kentaro, répondit Shaka en personne. Je suis Shaka, chevalier d'or de la constellation de la Vierge! Pendant quatre ans, j'ai eu Venceslas sous ma tutelle!"


Kentaro ne put dire un seul mot, tant il avait du mal à assimiler ces nouvelles. Ce fut Venceslas qui se chargea de tout lui expliquer:


"Pendant deux ans, j'ai suivi, avec d'autres enfants, les enseignements de l'ancien chevalier du Paon, Nersaki. Il fut malheureusement emporté par une forte fièvre, alors que je n'avais que huit ans. Pour poursuivre son entraînement, le Grand Pope a donc désigné un jeune chevalier d'or, Shaka de la Vierge. Bien qu'il n'eût que dix ans à l'époque, il avait toutefois un grand potentiel, si grand que l'on disait de lui qu'il était l'être le plus proche de Dieu!"


"L'être le plus proche de Dieu?!"dit Kentaro, qui avait du mal à croire les propos de son propre maître.


"C'est la vérité, Kentaro. Pendant les quatre ans que j'ai passés sous sa tutelle, sans pour autant dénigrer mon premier maître, j'ai appris bien plus de choses et j'ai progressé dix fois plus rapidement que durant mes deux premières années d'entraînement!"


Kentaro balbutia:


"Maître, vous...vous voulez dire que Shaka de la Vierge est plus fort que vous?"


Venceslas sourit:


"Bien sûr, mille fois plus fort que moi!"


Kentaro regarda de nouveau Shaka, qui n'avait pas bougé d'un pouce, et, sans bien s'en rendre compte, tomba à genoux devant lui. Le chevalier de la Vierge resta impassible devant cette marque de respect de la part du petit garçon. Venceslas demanda au chevalier d'or:


"Maître, dites-moi...Qu'êtes-vous venu faire ici?"


Shaka se retourna vers le chevalier du Paon et lui répondit de manière presque distante, comme s'il faisait mine de ne pas le voir:


"Venceslas, pendant quatre ans, tu as suivi mes enseignements, quand j'ai dû prendre le relais de feu Nersaki, ton prédecesseur! Et les trois quarts de ces ensignements ont été consacrés à la méditation, au développement de tes pouvoirs mentaux et psychiques, afin que la force de ton esprit égale celle de ton corps, qu'elle puisse même le surpasser! C'est ainsi que tu as fait fi des brimades de tes camarades asiatiques, qui voyaient d'un mauvais oeil un Slave venir les concurrencer sur leur propre terrain, et que tu as pu les surpasser tous! Tu as alors mérité l'armure d'argent du Paon, ainsi que le droit d'entraîner celui ou ceux qui prétendraient à l'armure de bronze se trouvant dans cette région!"


Après ce long intermède, Shaka resta muet durant cinq secondes, puis s'adressa de nouveau à Venceslas:


"Venceslas, alors que je méditais dans la vallée du Gange, j'ai senti que tu doutais de tes capacités à entraîner ce jeune Japonais! Venceslas, aurais-tu déjà oublié mes enseignements?"


Le chevalier de la Vierge avait parlé calmement, mais Venceslas, en écoutant les reproches de son maître, ne put s'empêcher de trembler comme une feuille. Il balbutia:


"Vos...Vos enseignements, maître?"


"Oui, Venceslas, reprit Shaka. Tu doutes de tes capacités à entraîner les prétendants au titre de chevalier sacré, je le sens au fond de toi! Or, tu le sais, je t'avais dit que, grâce au soutien de Bouddha, j'avais banni tout doute de mon esprit! Et je t'avais incité à en faire de même, grâce à la concentration et la méditation! Venceslas, mes enseignements auraient-ils été inutiles?"


Venceslas ne sut quoi répondre. Ne s'en souciant guère, Shaka poursuivit:


"En percevant l'embarras dans lequel tu te trouvais, Venceslas, je me suis rendu au Sanctuaire, où j'ai demandé audience au Grand Pope! Ce dernier m'a accordé le droit de venir en Mongolie, afin que le jeune Kentaro trouve en lui la force de surmonter les obstacles et de devenir chevalier sacré! D'ailleurs, le Grand Pope en personne m'a confié que tu avais beaucoup d'avenir, jeune Kentaro!" dit le chevalier de la Vierge en se tournant vers le petit garçon.


Kentaro, toujours subjugué par le charisme de Shaka, ne put dire un seul mot. Ce dernier se retourna alors vers son disciple et lui dit:


"Venceslas, ma tâche est terminée. Je m'en vais retourner dans la vallée du Gange, afin de poursuivre ma recherche d'un nouvel ailleurs."


N'y comprenant soudainement plus rien, Venceslas interpella son maître, qui venait de lui tourner le dos:


"Attendez, maître! Vous...Vous repartez comme ça, sans avoir prodigué le moindre conseil à Kentaro?"


Shaka répondit, sans s'arrêter, ni se retourner:


"Venceslas, si tu poursuis son entraînement, tu verras immédiatement que cela n'était pas nécessaire...A bientôt ou adieu, mon ami, le destin en décidera ultérieurement..."


Et brusquement, dans un éclair aveuglant, Shaka de la Vierge disparut de façon incompréhensible pour un simple mortel. L'éclair qui avait entouré le chevalier d'or illumina durant trois secondes le paysage, puis s'estompa totalement. Venceslas resta immobile pendant une dizaine de secondes, tout en pensant:


"In...Incroyable...Pourquoi maître Shaka a-t-il disparu aussi vite qu'il était apparu? Je n'ai pas du tout compris le sens de sa visite..."


Le chevalier du Paon fut alors sorti de sa distraction par un appel de son disciple:


"Maître Venceslas! S'il vous plaît, reprenons l'entraînement, moi, je suis prêt!"


Intrigué, Venceslas lâcha:


"Kentaro? Tu...Tu es sûr que ça va?"


"Oui, maître! répondit Kentaro en souriant. Je suis prêt à reprendre l'entraînement au combat, je vais beaucoup mieux qu'avant!"


De plus en plus surpris, Venceslas regarda Kentaro droit dans les yeux. Effectivement, le petit garçon semblait plus sûr de lui, avec un regard bien plus confiant que d'habitude, il semblait vouloir poursuivre le combat à tout prix, malgré les coups qu'il avait reçus. Face à ce changement brutal, Venceslas se mit à penser:


"Je n'y comprends plus rien...Il y a encore cinq minutes, Kentaro semblait prêt à abandonner notre combat et...et là, il semble plus déterminé que jamais...Non...Serait-ce la seule présence de Shaka qui lui a donné cet élan soudain?"


Toutefois, Venceslas se ressaisit rapidement. Il n'avait pas oublié les reproches à peine voilés du chevalier de la Vierge et souhaitait réparer ses erreurs. Il cria aussitôt à Kentaro:


"Kentaro! Prépare-toi au combat!"


Kentaro se jeta alors sur son maître, qui se prépara à riposter. Mais ce n'était plus le Kentaro qui s'était battu contre lui auparavant. Ce Kentaro avait changé, il semblait être devenu plus serein, comme s'il s'était non seulement concentré sur sa force brute, mais aussi sur celle de son esprit, ce qui intrigua particulièrement Venceslas:


"C'est incompréhensible...Ce n'est plus le même Kentaro! Comment un tel miracle a-t-il pu avoir lieu?"


Le chevalier d'argent n'eut néanmoins guère plus de temps pour les interrogations; Kentaro fonçait sur lui, poings en avant. Venceslas tenta alors de les parer, mais le jeune Japonais répliqua de plus belle, plus combatif que jamais. Venceslas eut le sentiment qu'il était dans la même situation que l'avant-veille, lorsque Kentaro avait inconsciemment fusionné avec l'esprit du Lynx. Cependant, il y avait désormais une différence flagrante; Kentaro paraissait désormais conscient de cet état de fait, comme en témoignait son esprit combatif, comme celui du Lynx face à sa proie. Venceslas ne s'y trompait pas; il était fortement concentré sur les moindres faits et gestes de son disciple et s'interdisait de baisser sa garde, malgré le fil à retordre que lui donnait Kentaro. Ce fut alors que le miracle survint; à un moment, Kentaro sembla augmenter sa vitesse d'exécution de manière presque anormale. Ce n'était pas encore la vitesse du son, la vitesse normale des chevaliers de bronze, mais elle était bien plus rapide que celle qu'il avait d'ordinaire. Venceslas, qui se battait largement en deçà de ses capacités, fut surpris par ce phénomène et sentit même que Kentaro surpassait sa vitesse d'entraînement. Il tenta de réagir, mais sentit subitement une violente douleur au ventre, comme s'il avait été frappé de plusieurs coups de griffes. A bout de souffle, le chevalier du Paon tomba à terre. Se rendant compte de l'état de son maître, Kentaro ne put s'empêcher d'accourir auprès de lui:


"Maître Venceslas! Maître Venceslas! Vous allez bien?"


En fait, Kentaro n'avait guère de raisons de s'inquiéter; trois secondes plus tard, le chevalier d'argent se remit sur ses deux pieds. Il portait quelques traces de coups sur son ventre, mais il ne risquait absolument rien. Devant l'air effaré de son jeune apprenti, Venceslas dit simplement:


"Kentaro, c'est...c'est très bien. L'entraînement est fini pour aujourd'hui, tu peux aller te reposer."


Kentaro sourit et courut immédiatement vers la maison de pierre de son maître. Celui-ci resta immobile pendant un bon bout de temps, encore surpris par le changement radical qui s'était opéré chez son disciple, qui était apparu plus déterminé que jamais, et était même parvenu à le mettre en difficulté et à lui porter un coup. Et tout cela s'était produit juste après le départ de Shaka de la Vierge, l'homme le plus proche de Dieu. Refusant d'y voir le simple fait du hasard, Venceslas songea, le sourire aux lèvres:


"Maître Shaka...Merci encore."


 


Lorsque le soir survint, après le repas, Venceslas s'en alla méditer dehors, afin d'apaiser son corps et son esprit, et de les préparer pour l'entraînement de demain, car il sentait que Kentaro progressait au fil du temps, et que la venue de Shaka ne ferait qu'accélérer ses progrès. Bien qu'il fût perdu dans sa méditation, le chevalier d'argent put penser néanmoins:


"Lors de mon entraînement avec Shaka, j'avais pris connaissance de la rumeur qui prétendait que mon maître serait la réincarnation de Bouddha...En dépit de ses immenses pouvoirs, je n'ai jamais pu croire totalement cette rumeur, étant persuadé que l'on ne vivait qu'une fois...Pourtant, après ce qui s'est passé avec Kentaro aujourd'hui, je me demande si tout cela n'était pas vrai, en fin de compte..."


Tout à coup, Venceslas sentit que quelqu'un s'approchait de lui. Il bondit sur ses deux pieds, mais se rendit ensuite compte qu'il n'avait pas à s'inquiéter:


"Ah, c'était toi, Kentaro!"


En même temps, Venceslas était étonné, car il n'avait pas su reconnaître la cosmo-énergie de son élève, fût-elle faible, dans l'immédiat. Aussi lui dit-il:


"Je ne suis décidément pas au bout de mes surprises, Kentaro...Normalement, j'aurais dû sentir immédiatement ton cosmos, mais ça n'a pas été le cas..."


Kentaro sourit:


"Maître...je crois que je commence à mieux maîtriser la force de mon esprit, et même à prendre conscience qu'elle l'emporte sur ma force physique! Lors de mes premiers jours d'entraînement, quand vous m'emmeniez faire de longues marches, je n'arrivais pas à comprendre comment vous pouviez en revenir à peine épuisé! Et aujourd'hui, j'ai fini par comprendre; c'était parce que votre esprit vous disait que vous n'étiez pas fatigué! Alors que moi, je me fiais trop aux sensations de mon corps! Je crois que, à partir de maintenant, je vais essayer de mieux contrôler ma force mentale, afin de maîtriser mon cosmos à la perfection!"


Venceslas sourit:


"Je suis heureux que tu aies enfin compris, Kentaro...Dis-moi, serait-ce la présence de Shaka qui t'a mené sur la bonne voie?"


Kentaro répondit, en hésitant un peu:


"Euh...Oui, enfin, je crois...Tout ce dont je suis sûr, maître, c'est que j'ai été frappé par le charisme que dégageait cet homme...On dirait que...que sans prononcer le moindre mot, il m'a transmis une partie de son savoir, pour que je reprenne confiance en moi et que je reste sur la voie qui mène au titre de chevalier sacré!"


Venceslas dit alors en souriant:


"Je comprends ta réaction, Kentaro...Moi-même, je dois en grande partie d'être devenu chevalier grâce aux enseignements de Shaka! Bien qu'il ait été plus loquace avec moi, dans le fond, les conséquences de sa présence ont été aussi bénéfiques pour moi que pour toi! Du moins, je l'espère, car le chemin que tu as pris pour devenir chevalier sacré est encore long..."


Le chevalier du Paon marqua une courte pause, avant de reprendre:


"Kentaro, je pense que tu devrais aller te coucher, tu as besoin de repos..."


"Oui, mais...maître, avant de partir, j'ai quelques questions à vous poser..."


"Je t'écoute, Kentaro."


"Lors de mon arrivée ici, vous m'aviez dit que vous étiez un chevalier d'argent. Au cours de mon entraînement, vous m'aviez dit que j'étais destiné à devenir chevalier de bronze. Et aujourd'hui, j'ai fait connaissance avec un chevalier d'or, qui m'a aussi parlé du Grand Pope du Sanctuaire...Pouvez-vous m'en dire plus à leur sujet?"


Venceslas répondit:


"Sans aucun problème, Kentaro. Il existe autant de chevaliers sacrés que de constellations. Les chevaliers de bronze sont les plus nombreux au sein de la chevalerie d'Athéna, mais ils sont également les plus faibles. Un chevalier de bronze peut porter un coup aussi rapide que le son, soit mach 1. Cela dit, ils sont mille fois plus forts que de simples mortels. Les chevaliers d'argent représentent la catégorie intermédiaire de la chevalerie d'Athéna, leur vitesse d'exécution varie de mach 2 à mach 5. Sans fausse modestie, je suis capable de porter des coups d'une vitesse mach 5, soit la vitesse maximale des chevaliers d'argent. Enfin, il reste les chevaliers d'or, qui sont au nombre de douze. Ils sont protégés par les douze constellations les plus proches du soleil, les constellations du Zodiaque: le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons. Leur force est incommensurable, seule la déesse Athéna les surpasse. Ils peuvent faire sept fois et demie le tour de la Terre en une seule seconde. Ils peuvent parcourir 300 000 kilomètres en une seule seconde. En d'autres termes, les chevaliers d'or ont une vitesse d'exécution égale à celle de la lumière."


Kentaro laissa alors échapper un cri de surprise:


"Quoi?! La vitesse de la lumière? Vous voulez donc dire que votre mentor, Shaka de la Vierge, peut se déplacer à la vitesse de la lumière?"


"C'est exact, Kentaro. Cela lui a d'ailleurs servi pour se rendre au Sanctuaire et voir le Grand Pope."


"Justement, maître, poursuivit Kentaro, qui est ce Grand Pope dont Shaka de la Vierge a parlé?"


Venceslas répondit:


"Le Grand Pope n'est nul autre que le représentant d'Athéna sur Terre. Il réside au Sanctuaire de la déesse à Athènes, en Grèce. Sa fonction principale est d'assister Athéna, mais dans la réalité, il est le chef de tous les chevaliers sacrés. Il est l'autorité suprême à laquelle tous les chevaliers, moi y compris, doivent obéir aveuglément."


Intrigué par les paroles de son maître, Kentaro lui demanda:


"Mais, maître...si le Grand Pope est aussi puissant que vous le dites, n'y a-t-il pas un risque qu'il en profite un jour pour prendre le contrôle de la Terre grâce aux chevaliers sacrés?"


Venceslas sourit:


"Il n'y a aucun risque pour que cela arrive, Kentaro. Pour la simple et bonne raison que le Grand Pope est toujours doté d'un corps, d'un esprit et d'un coeur purs. Car depuis la nuit des temps, le Grand Pope choisit lui-même son successeur parmi les douze chevaliers d'or. Quand le Grand Pope demandera à te voir, Kentaro, tu devras répondre à sa requête sans aucune réserve."


Kentaro dit alors, les lèvres tremblantes:


"Pour...Pourtant, maître, on...on m'a dit que...que si je venais à gagner l'amure sacrée, je devrais repartir au Japon avec elle..."


"Kentaro, répliqua Venceslas, je viens de te le dire; tu ne te rendras au Sanctuaire que si telle est la volonté du Grand Pope. Pour l'instant, repose-toi, tu en as grand besoin."


"J'ai compris. Bonne nuit, maître."


Soucieux de ne pas être trop familier avec son disciple, Venceslas ne répondit pas et se contenta de laisser Kentaro partir se coucher. Il était loin de se douter que ses dernières paroles avaient semé le trouble dans l'esprit du jeune Japonais:


"Alors le devoir d'un chevalier d'Athéna est de servir le Grand Pope, représentant de la déesse sur Terre? Je l'ignorais complètement! Et moi qui me destinais à revenir servilement au Japon, pour satisfaire les caprices d'un père odieux et de Saori, cette sale garce!"


Cinq minutes plus tard, Kentaro se coucha sur son lit de paille et se mit à réfléchir:


"L'on m'a dit que, si je gagnais l'amure, je devrais revenir au Japon avec elle...Mais au fond, à qui dois-je le plus? A Mitsumasa Kido ou à maître Venceslas? Dans le fond, pourquoi devrais-je servir les quatre volontés de cette ordure qui n'est mon père que par le sang? Sans parler de cette sale peste qu'est sa petite-fille...Maître Venceslas s'est souvent montré dur avec moi, mais il l'a toujours fait pour mon bien...De plus, sans jamais vouloir le montrer, il a témoigné bien plus d'affection à mon égard, il a eu un comportement plus digne d'un père que ce magnat égoïste! Et puis, le premier devoir d'un chevalier d'Athéna n'est-il pas de servir sa déesse avant tout?"


Cinq secondes plus tard, la réponse tomba comme une évidence:


"Oui, le premier devoir d'un chevalier sacré, c'est servir la déesse Athéna! J'ai enfin trouvé la raison pour laquelle je m'entraîne depuis deux ans: servir la justice! Si je gagne l'armure sacrée, je partirai au Sanctuaire pour me mettre au service de ma cause!"

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