Voyage
J’ai déchiré les nuages épais et j’ai regardé
Les Montagnes sacrées avaient disparu derrière les embruns
Tandis que notre Mère se couvrait du voile blafard que ses fils exhalent
La Terre de sable respirait au rythme de ses deux artères
Alors que la barrière pierreuse voyait ses herbes flétrir sous les assauts de Râ
La mer de Sel pas plus que la Terre Infernale ne put arrêter la course
Du serviteur qui pouvait à présent se purifier dans les eaux tumultueuses du Sindhu.
***
Apprentissage
Que crains-tu, fils de Râ ?
La défaite et la mort, la fin du rêve
Mon corps souffre le martyr, essoufflé par l’effort, j’attends la fin
Conjure le sort ! Puise la force en toi ! Lutte ! La Voie te montre le chemin des étoiles !
Courir, résister, frapper, esquiver, dormir, ne pas se reposer mais toujours lutter
Je suis las, le temps passe et je ne comprends pas
Laisse l’eau te pénétrer, laisse l’air te pénétrer, apprivoise la nature et la douleur disparaîtra
Les Etoiles ont rendu leur verdict, tu ne mourras pas aujourd’hui dans le fleuve sacré
Que crains-tu ? La défaite et la mort, la fin du rêve ? Alors lutte !
***
Révélation
Le Kosmos est une source qui vibre au milieu des étoiles
Des poussières qui parcourent l’habit sacré
Perce le pouvoir qui veille sur la déesse
Le Kosmos enveloppe de ses bras chaleureux les Êtres qui conduisent
En ce crépuscule d’un monde qui se meurt
Les Hommes vers une nouvelle destinée
Celui qui cherche la Voie rêve sous son arbre
Sans crainte et sans doute
Il rêve, il sait que la Vie et la Mort ne font qu’un
Comme l’Aurore et le Crépuscule
Le Grand Arbre finira par mourir, puisque les Mots l’ont condamné
Mais il sait, lui, qu’il pourra guider les siens vers ce nouveau rêve, cette nouvelle ère
Le jeune homme sage rêve mais il sait
La Voie se diffuse dans l’univers
Sans fin elle court et irradie, portant la vie
Sans fin elle ébranle et brûle, portant la mort.
***
Conscience
L’homme sage a connu le Bodha ; son âge n’a plus d’importance, il connaît sa place dans le monde
Il s’arrête sous l’Arbre, le silence se fait au milieu des murmures, il parle enfin
L’enseignement touche bientôt à sa fin, nos cœurs sont emplis de joie
La douleur n’est rien, la fatigue n’est rien, le temps n’est rien
La nuit n’apporte pas le repos, elle apporte simplement le silence qui permet de prendre conscience
La violence n’est rien, elle engendre simplement la conscience de la faiblesse des Hommes
Il faut accepter ce qui ne peut l’être au nom de la Voie et de l’Ordre des choses
La tristesse n’est rien, la peur n’est rien, la joie n’est rien
Rien ne peut m’atteindre, tout me traverse
C’est par ma conscience que je pourrais guider les miens vers l’Ordre nouveau qui doit présider le Monde
Car l’Ordre des choses, c’est ce que nous en faisons.
***
Prémonition
Om Mani Padme
Om Nanali Râ
Je suis désolé mais rien ne pourra empêcher que cela se réalise
Le cours du destin nous a déjà emportés avec lui
A ce moment je pourrai contempler la vision d’un monde qui disparaît
Au milieu de cette terre si paisible, sous l’Arbre où elle l’attend
Après avoir vu les Enfers, aller se jeter à nouveau dans ses entrailles
Sans se faire d’illusion sur leur force réelle, sans penser qu’ils auront une seule chance
Est-ce là la témérité ? L’ignorance ? La fatalité ?
Tout est-il gravé, quelque part ?
Om Nanali Athéna !
J’arrive accomplir mon destin !
***
J’ai passé ces années auprès d’un Maître qui ne quittera jamais mes pensées. J’ai compris l’essence même de ce monde. J’abhorre la violence mais elle fait partie des Hommes et de ce monde. Les dieux nous ont choisis pour changer le courant des choses. J’aime à croire que Râ m’a conduit vers Athéna pour accomplir cette tâche avec mes compagnons. Je suis Mâa, fils du Soleil, Guerrier Sacré du Lotus. C’est dans le Fleuve Sacré que j’ai puisé la force de faire naître mon Armure du chaos boueux du Sindhu. Après tout, n’est-ce pas là un signe ? Tel le Nil fécond qui apporte la vie, c’est au milieu des tourments limoneux et puants de ce Fleuve que jaillit la plus belle des fleurs. Le monde est ainsi : plongé dans le chaos indescriptible et insondable de la mort. Je saurai le guider vers la lumière ou ma vie n’aura servi à rien.