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Cette fiche vous est proposée par : Aqualudo


Les ages mythologiques

Dans le village de Kröm


 


L'orage grondait de plus belle. Un orage comme on n'en avait pas vu depuis des mois dans cette région reculée du Caucase. Seul, assit sur un petit tabouret, Asturias lisait l'un des recueils qu'il avait emmené avec lui.


« Volume des Spectres


Le spectre ressemble tellement à ce qu'il était de son vivant que quiconque le connaissait ou a vu son portrait le reconnaît. Bien souvent, son corps lumineux et semi-transparent porte les blessures qui ont causé sa perte. Le froid de la mort plane autour de lui et dans le lieu qu'il hante. Un spectre a la taille d'un humain et ne pèse rien.


Combat - analyse technique - L'auteur décline la non compréhension des termes très techniques employés par les érudits du monastère !
En cas de combat rapproché, le contact glacé du spectre vole l'énergie vitale de ses adversaires. Ce mort-vivant fait usage de sa nature intangible en jaillissant des murs, du sol ou du plafond pour mieux surprendre ses proies.
*Absorption d'énergie. Toute créature touchée par un spectre perd de sa vitalité au profit du spectre. Seule une grande force mentale permet d'en réchapper.
*Création de rejetons. Tout humanoïde tué par un spectre en devient un à son tour au bout d'un certain temps. Tous les rejetons créés de la sorte sont automatiquement sous le contrôle du spectre qui les a tués; ils demeurent ses esclaves jusqu'à sa destruction et perdent les pouvoirs qu'ils avaient de leur vivant.
*Aura de mort. Les créatures, les humains les plus faibles refusent d'approcher davantage du mort-vivant et paniquent si on les oblige à le faire. Ils restent paniqués tant qu'ils se trouvent à neuf mètres ou moins du spectre. Neuf mètres semble répondre à la puissance particulière d'un sort inconnu.
*Impuissance à la lumière du soleil. Le spectre perd tous ses pouvoirs à la lumière du soleil et retourne se mettre à l'abri sans perdre une seconde. Dans ce cas de figure, il ne peut plus attaquer.


Note sur les Squelettes et Zombis :


Le squelette est un cadavre animé, un automate dénué d'intelligence qui obéit à la lettre aux instructions de son maître malfaisant. Il porte rarement autre chose que des lambeaux de vêtements ou d'armure délabrée. Il fait uniquement ce qui lui est ordonné. Incapable de parvenir à la moindre conclusion de lui-même, il ne peut pas faire preuve d'esprit d'initiative. En raison de son intellect inexistant, les instructions qu'il reçoit doivent être d'une simplicité extrême, comme par exemple «Tue quiconque pénètre dans cette salle.» Une étude est impossible sur ces squelettes car la force de ce dernier dépend de celle de son créateur et de sa proximité : de ridicule, un squelette peut devenir titanesque ! Il faut particulièrement se méfier de tout squelette ne se battant pas avec une arme ... souvent il s'agit de prêtre ou pire encore, de résultats d'expériences de Maiegeiam ! Le cas des Zombis est similaire. »


Pallas venait de rentrer dans la pièce et se dirigea vers son compagnon. Il prit un tabouret et s'assit à ses côtés. Le Grec avait du mal à se remettre de la perte de son ami Cléops et était resté jusqu'alors seul dans son coin. Asturias l'accueillit avec un sourire empli de compassion.


- Tu as trouvé quelque chose Asturias ?
- Je le crois oui. Tu nous as dit hier que Cléops avait perdu son pendentif juste avant la rencontre du Télépinou et l'attaque qui a suivi. Tu nous as aussi certifié que, par trois fois, Cléops avait touché mortellement le spectre .... Sans pour autant lui faire le moindre mal.
- C'est exact, répondit Pallas en fermant les yeux, se remémorant chaque instant avec douleur.
- Alors je sais ce qui s'est passé. Ce manuscrit provient de ma bibliothèque familiale. Mon père est le chef d'un ordre qui a voué son existence à la défense des mortels contre les forces de l'ombre. Je viens de lire les lignes traitant des spectres et des squelettes, ceux que nous avons combattus dans la Forêt des Morts. L'étude est formelle : l'existence des squelettes dépend d'un créateur, bien souvent un spectre. Ce dernier ne peut être atteint et détruit que dans un cas de figure particulier : il faut que son adversaire soit protégé par une divinité ou un artefact protecteur. Nous portions tous ...
- ... notre pendentif, mis à par Cléops ! compléta Pallas en se levant et frappant son petit tabouret d'un violent coup de pied.
- Tu as saisi. Nous devrons avertir les autres et être très prudents lorsque nous retournerons dans cet endroit maudit.


Les aventuriers se retrouvèrent quelques heures plus tard autour de Khonan. L'orage qui avait accompagné leur sommeil s'était calmé et tout le monde était sorti. Le chef du village expliqua longuement comment l'esprit de Kröm avait jaillit de sa statue pour venir en aide aux élus. Pourquoi le dieu l'avait fait, Khonan ne pouvait apporter de réponse. Il pensait néanmoins que Kröm désirait que Cybèle retrouve ses Télépinous ... et qu'il craignait par-dessus tout qu'une entité, ferment d'un mal total, puisse s'en emparer, « car les Télépinous peuvent décupler la puissance de tout être assez puissant pour les dominer ... », insista-t-il.
- Nous ferons de notre mieux Khonan, je prierai Râ de veiller sur l'Âme de Kröm, une divinité noble de cœur. Il nous reste deux écueils à résoudre avant de retourner dans cette forêt. Le premier est comment retrouver notre route : à l'aller comme au retour, c'est Kröm qui nous a conduis : le refera-t-il ?
- Je vous montrerai un chemin allant au cœur de cette forêt, répondit Khonan en regardant Mâa avec une grande révérence, ayant particulièrement apprécié les paroles du jeune Egyptien. Quel est votre second problème ?
« L'énigme », répondit Seth, « l'énigme des Télépinous. Nous avons échoué la dernière fois, ce qui a visiblement réveillé la colère de la forêt ou des Télépinous ... sous la forme de spectres et de squelettes tuant Cléops. »


Prenant une feuille de papyrus Mâa lut à voix haute l'énigme.
- « Qui suis-je, où suis-je, où est ma place ? ». J'ai beaucoup réfléchi, je crois pouvoir apporter une réponse.
- Nous t'écoutons, Mâa, dit Inyan d'une voix très sérieuse. Depuis les derniers événements Inyan semblait évoluer. Il en imposait grâce à son courage face aux êtres d'outre-tombe. Comme chacun des élus, il avançait dans une nouvelle voie, vers un nouveau destin. Avant de partir tous n'étaient que de simples mortels sans importance. Chacun pouvait maintenant toucher du doigt l'espoir d'entrevoir une déesse, de compter dans l'histoire des hommes. Des dieux les avaient choisis. Ils ne savaient pas encore qui ... mais ces divinités les conduisaient déjà vers la réponse que tout Homme se pose un jour : « Qui suis-je vraiment, quelle est ma place sur cette Terre ? »
- Bien. Je pense que la réponse suivante se rapproche de la vérité : les Télépinous sont des Esprits de la nature, se trouvant partout où la vie existe, et leur place se trouve auprès de la déesse ancestrale, Déesse-Mère.


Le silence se fit, chacun réfléchissant à la proposition de l'Egyptien. Seth redressa soudainement son visage, comme si la vérité venait de naître dans son esprit.
- Tu as presque raison, Mâa. Mais je crois que celle qui attend les Télépinous n'est pas Déesse-Mère, mais tout simplement ..... Cybèle ! C'est elle qui attend le retour de ses enfants à ses côtés.
- Où avais-je la tête ... bien entendu ! s'emporta Mâa en serrant Seth dans ses bras. Mes amis, nous avons la réponse, le dénouement est proche !
- Attention, ne nous enflammons pas, Asturias a découvert quelque chose de terrible à propos de la mort de Cléops. Explique-leur, dit Pallas en se retournant vers le Dalmate.
- Certains le savent déjà, j'appartiens de par mon père à un ordre qui lutte depuis des générations contre les forces de l'ombre. Avant de quitter les miens pour vous rejoindre, j'ai pris avec moi quelques écrits traitant de potentiels ennemis. J'ai entre autres un manuscrit traitant des spectres et des squelettes ...


Asturias expliqua avec force détails sa théorie qui emporta l'assentiment de tous. Il était clair que personne ne devait se séparer de son précieux pendentif, quoiqu'il advienne, ainsi que Youbdino le leur avait signifié à Hattousa. Quelques heures avant l'ultime départ vers la Forêt des Morts, tous rendirent hommage à leur compagnon autour de chants sacrés que les femmes du village de Kröm entonnèrent. Ces chants étaient très beaux, mais surtout très tristes, emplis d'une forte mélancolie. Comme promis, Mâa alla rendre hommage à Kröm en priant longuement aux pieds de la statue du fier dieu tombé ici-même dans des temps immémoriaux.


A la tombée de la nuit, la troupe quitta le village par un chemin dissimulé que Khonan avait indiqué. Ce dernier leur montra la direction à suivre à travers la forêt et rejoignit les siens. Formant un cercle, les élus se tinrent la main, en silence. Chacun avait ses peurs, ses motivations profondes. Mais tous étaient liés par un même destin, destin qui les attendait à quelques heures de marche au cœur de la Forêt des Morts.


 


La libération des Télépinous


 


- Dommage que Kröm ne nous ait pas conduit directement au cœur de cette forêt lugubre ! Voilà presque un jour que nous marchons, cet endroit n'a pas de fin ? Khonan se serait trompé ? J'ai l'impression que nous tournons en rond entre ces arbres puants.


Séléné n'avait pas tort. Une journée entière s'était écoulée. Les élus suivaient la direction indiquée par Khonan, « Suivez les essences d'arbre les moins tortueux, vous trouverez ce que vous cherchez », mais ils ne trouvaient rien. Rien si ce n’est... La mort. Cette dernière était partout : au sol à travers la vermine recouvrant les ossements épars, nettoyant les derniers lambeaux de chair animale qui les couvraient quelques heures auparavant ... Sur les arbres transpirant du sang, une décoction puante, génératrice de nausées très douloureuses si on ne prenait pas garde de ne pas en respirer les émanations. Des tombes apparaissaient ici ou là, entre des ronces, des pierres noires ... le groupe  ne s'étant pas encore reposé la fatigue commençait à se faire sentir, l'équipement devenait de plus en plus lourd.
- Reposons-nous un peu, lança Frank, nous ne tiendrons pas.
- Tu as raison, reprit Rahotep, tu as raison. Nul ne sait encore combien de temps nous allons devoir marcher.
Il n'était pas question de faire un feu, de peur d'attirer l'attention d'êtres malveillants. Frank et Mâa consultèrent le recueil de médecine que Nefzena leur avait donné avant de partir et concoctèrent quelques mélanges de plantes pour soulager les courbatures. La présence de trois médecins était une chance .... Surtout lorsqu' Inyan sauta sur Harald qui s'apprêtait à toucher une superbe fleur sortant d'un crâne éclaté.
- Ne touche pas à çà ! Hurla-t-il, avant de souffler, je comprends mieux ... nous sommes empoisonnés.
- Hein ? Que dis-tu ? s'enquit Harald agacé. Tous se retournèrent vers Inyan, attendant des réponses, laissant poindre tour à tour un air inquiet.
- Cette fleur est une Fleur du Mal : ces « fleurs » poussent naturellement sur une terre corrompue par la mort. Elles sont toutes aussi superbes les unes que les autres. Ce sont des fleurs aux propriétés uniques et dans l’ensemble maléfiques. Certaines peuvent aider à la confection des pires poisons et des meilleurs antidotes. Si l’on plante une graine sous la peau d’une créature, les racines de la plante pousseront sous le derme jusqu’au cerveau, qu’elle consommera au fur et à mesure qu’elle prendra possession de l’âme et du corps de sa victime. Elle deviendra alors une plante intelligente qui n’aura d’autre but que de produire des centaines de ses semblables avec la même méthode toute aussi atroce. Le pollen de cette fleur a des effets hallucinogènes, et si on ne plante pas la graine, c'est elle qui vient à vous ... le pollen attire la victime, qui finit immanquablement par se faire piquer par la tige hérissée de la superbe fleur ... il est alors trop tard, la graine est sous le derme ...
-« Tu m'impressionnes, Inyan. Comment sais-tu tout ça ? » lança Macubex autant intrigué qu'intéressé.
- J'ai beaucoup appris des druides dans ma terre natale avec mon frère. Et je suis médecin moi aussi ...
- Hum ... tu nous sauves la mise, dit Asturias d'un air préoccupé ... « mais tu dis que nous sommes empoisonnés ? »
- Oui. Et je pense que nous tournons en rond depuis une journée, nos sens sont troublés par le poison. Nous ne voyons pas la réalité, nous nous égarons en suivant les mauvais arbres. Frank, Mâa, recherchons un antidote dans le livre de Nefzena, vite !


Après quelques instants de lecture, Mâa fini par trouver la solution. Disposant de tout un panel de plantes séchées achetées à Hattousa, l'antidote ne posa aucun souci aux trois médecins. Les effets furent quasi immédiats. Un mal de crâne épouvantable immobilisa les élus avant qu'il ne disparaisse aussi vite qu'il s'était manifesté. Afin de fuir le pollen maléfique, les compagnons coururent à en perdre haleine pendant un bon quart d'heure. Essoufflés, éreintés par le manque de repos conjugué aux effets secondaires de l'empoisonnement, tous s'arrêtèrent les mains sur les genoux ...
 
- Notre repos n'aura pas été long, « il » est là ...
Comme l'indiquait Harald, l'esprit du Télépinou venait de faire son apparition lumineuse mais silencieuse. Tournant autour de la troupe, il finit par prendre une direction que tous suivirent, l'excitation du dénouement palliant la fatigue. Après une nouvelle heure de marche forcée, ils étaient enfin devant l'alignement mégalithique. La lumière disparut dans le ciel, laissant place à une forme plus humanoïde, aux yeux d'un noir profond, incarnation improbable de la tristesse absolue. Dans le village de Khonan, Mâa avait été désigné pour répondre à l'énigme, il s'avança donc au-devant de l'esprit.


- Qui suis-je ?
- Tu es un esprit de la nature.


- Où suis-je ?
- Tu es partout où la vie existe.


- Où est ma place ?
- Ta place est auprès de Cybèle, dont la tristesse est insondable depuis votre disparition.


- Votre destin est scellé, répondit finalement l'esprit en disparaissant dans une explosion de lumière.


Tous se regardèrent incrédules. « On a encore échoué, préparez-vous », murmura Rahotep la voix tremblante à l'idée de voir ressurgir les êtres d'Outre-tombe.


- QU'ILS VIENNENT ! ALLEZ VENEZ ! KRÖM ME DONNERA LA FORCE ! s'emporta Séléné en bombant le torse de défi.
- Chuttt Séléné, de grâce ! s'énerva Pallas en pensant à son ami Cléops qui avait disparu ici même dans d'atroces souffrances.


Un souffle irréel emplit l'espace glaçant le sang des aventuriers. La rafale se fit plus forte, les projetant tour à tour au sol sans qu'ils puissent se relever. Puis le silence se fit. Une épaisse brume apparut, émanant du sol dans un angoissant murmure. Des voix gémissaient, des cris venaient du plus profond des entrailles de la terre, cernant les élus, semblant les étreindre comme la mort se sert sur le champ de bataille, provoquant l'effroi de chacun ... les pires cauchemars naissaient dans l'esprit des élus. Inyan était submergé par des araignées ridiculement petites qui pénétraient dans sa peau et lui dévoraient les entrailles ... il ne mourait pas, souffrait le martyr tel Prométhée sur son rocher voyant son foie dévoré par un rapace. Séléné se battait contre lui-même encaissant les coups jusqu'au sang, souffrant pour les deux simultanément. A la fin, il gisait seul, se voyant se décomposer petit à petit sous les rires moqueurs des membres de sa tribu. Seth revivait quant à lui la rencontre avec cet être improbable dévoré par les vers à Didymes ... vers qui le dévoraient à son tour. Frank était dans un village. Il soignait les gens, les malades, tout le monde l'aimait, mais chacun de ses soins apportait la mort. Alors il ne voulait plus soigner ces innocents, mais une voix féminine le poussait à le  faire tout de même. Il apportait la mort à tous ceux qu'il voulait sauver, sans pouvoir échapper à ce funeste destin.
« Pallas, aide-moi ! ». Le pauvre Pallas voyait Cléops souffrir le martyr. Plus il s'en approchait, plus Cléops semblait loin. Enfin, il le rattrapait. « Je suis là, accroche-toi à moi ». Comme Pallas tenait son ami, ses mains lui broyaient les chairs provoquant des cris de douleurs insupportables. « Je suis ton ami Pallas, pourquoi me fais-tu ça ??? ». L'Etranger était figé, regardant dans le vide, semblant avoir perdu la raison. Son cauchemar recommençait, encore et encore. Il entraînait une femme au-dessus d'un pal en bois et lui glissait une poutre sur les épaules, derrière la tête. Il lui attachait ensuite les bras à la lourde pièce de bois et hissait à l'aide de chaînes le corps de la femme qui poussait des hurlements de terreur. Il reconnaissait alors cette voix, celle de sa femme. Tout en regardant un enfant, il la laissait glisser avec minutie sur l'épieu acéré. Le bas ventre déchiré, la femme pousse un cri affreux. Lorsque le pieu fut suffisamment enfoncé dans ses entrailles, il lâchait sa victime et s'effondrait en sanglots. Et la scène recommençait, encore et encore. Il en était ainsi pour tous, Mâa dévorant ses parents sous les ordres de prêtres de Râ, Harald se battant dans une grotte ténébreuse, lacérant à tour de bras les membres de sa propre famille .... Seul Asturias s'était remis debout et avait tiré son épée, nullement affecté par un quelconque cauchemar.
 
- Tu ne trembles pas, ton esprit n'est pas aisément corruptible. L'ombre sonda l'âme du jeune guerrier. « Un  enfant de Dagorlad, voilà une surprise, une mauvaise surprise. »
- Je ne te connaissais que dans les pires lectures qu'il m'ait été données de faire. Indicible, je connais les moyens d'échapper à ton emprise.
- Je connais les moyens de te faire céder pauvre mortel. Je puis faire de toi mon serviteur, éructa l'ombre dont les traits se dessinaient de plus en plus nettement derrière un halo de brume mauve.


Peu à peu, les élus reprirent leurs esprits. Devant eux ils reconnurent Asturias, épée au poing .... Et une silhouette à peine visible dans la brume. De rage, Mâa se porta au-devant de la créature sans qu'Asturias ne pût l'en empêcher.
- Qui es-tu, monstre ! Est-ce toi qui nous as possédés de la sorte ! Réponds !
« Mortel », menaça d'une voix lugubre l'étrange spectre,  « qui es-tu toi pour pouvoir t'adresser à moi de la sorte. Je fais ce qu'il me plaît des esprits faibles. Je suis venu chercher ce qui m'appartient,  prendre vos esprits, car tel est mon bon plaisir ! »


Mâa jeta alors ses armes à terre et retira ses vêtements. Il ne porta bientôt plus qu'un simple pagne, laissant apparaître un torse qui stupéfia la créature. Le torse de Mâa était recouvert d'un tatouage représentant le symbole solaire de Râ. Chose extraordinaire, celui-ci luisait de mille feux, ce qui fit reculer la créature. Il se mit à crier de toutes ses forces : « Râ, donne-moi la force, que je sois la main de ton ire ! Que cette créature démoniaque retourne aux confins du Royaume des Morts ! Laisse éclater ton courroux ! »


De ce qui suivit, les aventuriers gardèrent un souvenir confus ... le sol se mit à trembler, la chose était certaine. Un violent tourbillon entoura le petit groupe, l'air se réchauffant et dissipant la brume. La silhouette maléfique poussa des cris de rage, s'ensuivit une confrontation d'énergie intense qui craquela le sol et mit à bas plusieurs arbres. Puis plus rien. Plus rien avant le visage rayonnant de Khonan, « Vous avez réussi, c'est formidable », leur dit-il. Les compagnons passèrent la nuit dans le village, tentant de comprendre ce qui s'était réellement passé. Le lendemain, ils firent leurs adieux à Khonan et aux siens. Séléné passa un moment devant la statue de Kröm. Chose inhabituelle chez lui, on pouvait lire beaucoup d'émotion dans son regard. Le soleil se levait sur une nouvelle journée. Ils n'étaient plus les même. Ils n'étaient plus de simples mortels. Le regard des dieux s'était définitivement porté sur eux. Ils laissaient derrière eux l'un des leurs, Cléops. Rien ne disait qu'il serait le dernier. Du moins Cybèle allait retrouver ses Télépinous, l'espoir d'en savoir plus sur leur destinée demeurait intact.


 


L'Indicible


 


Personne ne revint sur les événements de la Forêt des Morts avant une journée de marche. Frank s’échangeait avec son frère à propos des plantes médicinales qu'ils croisaient, les trois Egyptiens parlaient de leur terre natale. L'Etranger était pour une fois enclin à bavarder quelque peu, s’échangeant avec Séléné à propos de leurs contrées respectives. Le soir apporta un repos bienvenu. La lune était claire « Nous avons quitté Hattousa depuis une lune et demi », signifia Pallas qui tenait un décompte des jours. C'est Harald qui, le premier, brisa le tabou.
- Qui était cet être de malheur ? Que s'est-il réellement passé ?
- Je sais qui était cet être, mais je ne sais pas ce qui s'est passé après que Mâa eut montré son tatouage.
- C'est un point de départ, lança Rahotep, dis-nous ce que tu sais, ou penses savoir Asturias.


Le Dalmate sortit un gros recueil de texte qu’il gardait avec lui en toute circonstance. L'ensemble était recouvert d'un épais cuir et d'un sceau qui semblait devoir empêcher les mots de sortir, à l'image d'un sceau protégeant d'un danger insondable. Asturias se rapprocha du feu pour pouvoir mieux lire. Tous écoutèrent avec une certaine forme de recueillement son récit. Les regards se figèrent, certains s’emmitouflèrent dans leurs manteaux pour se protéger du vent frais qui soufflait par moment, accompagnant les nuages qui se pressaient pour cacher la lune. En cet instant, la terre eût pu trembler, personne n’aurait réagit, tant le récit du Dalmate les troubla.


«L'histoire du Soleil Noir


Le Soleil Noir est par excellence la figure de l'Occulte. Il vécut au moment où certains hommes découvrirent la voie de la divinité. Il est une figure de légende plus qu'un fait et, comme toute légende, sont attachés à son nom des embellissements, des exagérations, des distorsions, des contradictions et des confusions.
Une des premières divinités se prit particulièrement d'affection pour l'esprit incroyablement vif et subtil d'un jeune homme d'avenir dénommé Ahrîma. Inspiré par les splendeurs de quelques sages, ce dernier commença l'étude de la magie, sous l'impulsion et la bienveillance du dieu. Après des années d'études, le jeune homme découvrit dans les splendides bibliothèques mésopotamiennes, disparues depuis ce temps,  un livre interdit des Prêtres d'Enlil, intitulé "Le Destin d'Enlil". Il découvrit, pour la première fois, que les hommes mortels pouvaient, sous certaines conditions, repousser les limites de la Mort. Au fil des mois que dura son étude, il se mit à croire que la Déesse Noire, Ereshkigal, pouvait offrir aux hommes l'immortalité que les dieux possédaient. Il fut ainsi poussé par un irrésistible besoin de vivre aussi longtemps que les dieux, et commença à vénérer secrètement Ereshkigal, espérant un signe de sa part.
Il poursuivit durant tout ce temps ses études, les années et la maturité faisant de lui un Maître en cet art pour le moins obscur. Après plusieurs décennies, il demanda à son hôte divin la permission de visiter sa terre natale. Celui-ci, sachant les jours de son protégé comptés, s'empressa d'accéder à sa requête, malgré la peine qui allait le submerger.
De retour parmi les siens, le Maître Ahrîma assembla ses forces, forgea certaines alliances, et se prépara pour "son" heure. Cela lui prit plusieurs années mais, finalement, il érigea une tour noire au milieu des terres Cimmériennes. Il proclama alors sa suzeraineté sur sa tribu, les Ur-Turuk originaires des sources de l'Euphrate, et tua son ancien chef en combat, en usant de sorcellerie. Dès lors, il cacha sa présence aux dieux par des moyens magiques.
En quelques années, il transforma radicalement son peuple, établissant des cités au modèle de celles qui régnaient sur la Mésopotamie. Il commença à expérimenter avec les esprits des Morts la "Solution Ultime à la Mort". Ce faisant, "grâce" à divers échecs, il créa plusieurs types de morts-vivants, les premiers de l'histoire de l'humanité. Il parvint finalement au résultat escompté et, perfectionnant la technique requise pour la "Non Mort", se l'appliqua avec succès.
Dès lors, il put mettre la deuxième phase de ses ambitions en action. Il partit dans les plaines du Nord,  rameuta sous sa bannière de nombreux clans humanoïdes. Il corrompit et pervertit non seulement son peuple, mais également tous les Barbares. Seuls échappèrent à son emprise les Cimmériens vénérant Kröm.
Il retarda encore de quelques années ses ambitions démesurées, afin de forger son Spectre de Mort, arme dévastatrice pour les Mortels, capable même de s'opposer aux dieux. Si formidable et hideux était son tempérament que les hommes craignaient de prononcer son seul nom. Le Seigneur Ahrîma devint Le Décharné, Le Maître du Trône-Araignée, L'Indicible, Le Roi Qui Ne Meurt Pas, ou encore le Seigneur de la Tour Abandonnée. Ayant voué sa vie aux sciences occultes, certaines traditions le surnommèrent aussi Soleil Noir : une étoile de savoir brillant dans une abîme de maléfice.
Finalement, se jugeant prêt, il lança l'attaque. Il marcha contre son ancien ami et formateur, le divin Nergal, ramenant ses soldats morts parmi ses hordes non-vivantes. Lentement, son alliance d'humanoïdes, de morts-vivants et de démons repoussa les Cimmériens dans leurs abris montagneux. Fort étrangement, il semble qu'il n'y ait eu durant toute cette période que fort peu de combats, les Cimmériens se contentant de reculer au fur et à mesure que les hordes de L'Indicible avançaient. Ces forces en vinrent à contrôler les plaines centrales du Caucase, jusqu'aux portes d'Anatolie. Enfin, près d'un siècle après que L'Indicible eût entamé sa marche contre son ancien bienfaiteur, le Royaume de Mésopotamie  se décida à intervenir et assembla une armée pour aider Nergal. Bien qu'ils rencontrèrent un succès initial certain, Le Décharné en appela au pouvoir d'Ereshkigal et libéra une énergie destructrice qui est, dit-on, à l'origine du sinistre gouffre des morts de Bhaal. La catastrophe fut irréparable, les morts se comptant par légions parmi les serviteurs du Soleil Noir. Les survivants se retirèrent en Mésopotamie, Enlil et tout le Royaume furent pris de panique, mais le démon ne poussa pas plus loin son avantage. Ses yeux restaient fixés à l'est, vers Nergal.
Se rendant bien compte qu'il pourrait être attaqué sur ses arrières, il décida à nouveau de patienter, comme il avait toujours si bien su le faire, renforçant ses positions. Le temps jouait de toute façon pour lui. Il reprit enfin l'offensive, et cette fois-ci ce fut le commencement de la Guerre de Quatre Siècles. En effet, grâce à une frappe éclair, ses armées prirent la première cité de Mésopotamie, Karkemish, et la rasèrent. Il s'agit certainement là du plus noir des moments de l'histoire mésopotamienne : une déesse de la famille d'Enlil avait permis à un sombre personnage d'en attenter au pouvoir du dieu suprême, Enlil. Au cours de ces quatre siècles, les armées de Nergal cédèrent lentement le pas devant L'Indicible. Aucune aide ne lui vint des autres divinités de Mésopotamie. Ses armées détruisent toutes les cités protégées par Nergal, transformant ce pays en vaste désert maudit
C'est alors que ce dernier quitta sa forteresse pour Canaan avec l'intégralité des restes de son armée. Là, il prépara ses forces. Il marcha sur son ancien protégé et le repoussa des montagnes. Mais une fois dans les plaines, L'Indicible révéla une "nouvelle" arme, son Sceptre de Mort, forgée à partir d'une étoile. Le dieu proposa alors à son adversaire de l'affronter en combat singulier, afin de mettre une fois pour toutes un terme à ces massacres. L'Indicible accepta et, utilisant les ineffables pouvoirs de son Sceptre de Mort, mais aussi sa propre sorcellerie, détruisit la dépouille mortelle de Nergal, laissant errer l'âme de ce dernier. Bafouant alors les promesses et accords passés en vue de ce combat singulier, son armée anéantit l'armée désemparée de Nergal et pénétra dans les montagnes. Ils violèrent et souillèrent les cités de Canaan, ancien refuge du dieu mort, les remodelant à l'image de leur nouveau maître. Ainsi disparut le dieu Nergal, du moins son enveloppe charnelle. Ainsi le trouble et le désespoir s'emparèrent de Canaan et de la Mésopotamie.
Ayant mis sa volonté comme ses pouvoirs à contribution depuis des siècles, le démon commença à être affaibli et fatigué. Il se choisit quelques années plus tard un lieutenant, Gilgamesh le Sanguinaire. Il lui confia son arme légendaire, celle-là même qui avait mis fin aux jours de Nergal. L'Indicible se retira dans une contrée lointaine, désireux de construire une antre secrète pour protéger ses secrets. Lorsqu'il revint, son regard infernal se porta vers un ancien adversaire : Kröm fut à son tour attaqué. Il défendit sa Cité trois années durant, avant de succomber à son tour. C'est alors que l'inattendu se produisit. Du fait de la quantité d'énergie dépensée lors des attaques contre la Cité du feu éternel, L'Indicible était grandement affaibli. Gilgamesh, agissant dans l'ombre, s'attaqua alors à son maître, usant du Sceptre de Mort. Le corps de L'Indicible fut, au cours de ce combat mythique, réduit en poussière, à l'exception de son esprit et de la lumière noire de son âme. Gilgamesh disparut lui aussi dans la titanesque bataille.
L'Empire du Soleil Noir s'effondra presque instantanément, Mardouk conduisant pour Enlil le feu purificateur au plus profond de ces contrées jadis abandonnées aux sources des ténèbres. Après cette défaite, plusieurs petits royaumes Turuk se créèrent, mais aucun ne rivalisant avec la puissance du royaume du déicide disparut. Plusieurs tribus Turuk du nord, craignant tout autant la colère des Mésopotamiens d'Enlil que la brutalité d'un autre démon, fuirent leurs cités et retournèrent à un système de gouvernement tribal, et à un mode de vie semi-nomade. Une exception majeure à cette dissolution générale fut une région sous le commandement d'un prince compétent, nommé Tenhoulen. Il parvint à éviter que son peuple ne s'éparpille, bien que les incursions de créatures monstrueuses et de morts-vivants aient depuis toujours été fréquentes dans cette région. On raconte que les descendants de ce roi vivent toujours au fin fond du Caucase, accrochés à une imprenable citadelle montagnarde. Au fil des années, quelques-uns des plus fidèles serviteurs de L'Indicible fondèrent un culte secret, tandis que sa légende survivait par l'intermédiaire de son héritage : une antre, cachée « au plus profond des entrailles des montagnes » comme le disait la rumeur.

Mais ces rumeurs ne sont pas tout ce qu'il reste à dire de ce démon. Sa volonté, maléfique et pervertie, était trop puissante pour être détruite quand son corps disparut. Durant d'innombrables siècles, elle erra, refusant de se soumettre. Étrangement, de minuscules filaments d'énergie et de puissance affluaient vers elle, énergie de ses fidèles sur les terres occidentales et caucasiennes, la puissance qui serait à nouveau sienne. Même un être aussi dépravé que L'Indicible attirait ceux qui baignaient dans le culte de l'ambition, de la violence et de la dépravation la plus abjecte. Le Soleil Noir brillait encore. Petit à petit, la secte qui le vénérait crut à son retour. Lui-même assuma ses pouvoirs et accéda au rang d'un Demi-dieu fantomatique mais bien réel. Le processus prit des siècles : rassembler sa puissance, répondre à ses croyants, et s'imposer lui-même parmi les Grandes Puissances. Peu à peu, il parvint à se rapprocher des dieux ...


Garanti de l'Immortalité, l'Indicible ne pouvait être satisfait. Avec son esprit comploteur, il imagina un plan pour accéder à la puissance ultime et devenir la plus grande divinité de toute la Terre, prendre sa revanche. Avec son habituelle patience, il travailla sur ce plan durant des siècles. Par l'intermédiaire de son avatar ou en manipulant d'autres êtres, il trouva sept objets enchantés. Chacun fut placé dans un lieu secret, en une position stratégique pour son plan. Ces objets, pleinement enchantés, créeraient une mystique toile d'énergie autour de la Terre, coupant littéralement les autres Dieux de leurs fidèles. Selon ses plans, lui seul recevrait l'adulation de ses fidèles, les autres déités s'affaibliraient et ouvriraient le chemin de  son accession au pouvoir suprême. Ensuite le Décharné ouvrirait les portes du temps et ramènerait ses fidèles serviteurs des temps passés. Se nourrissant de leur dévotion, L'Indicible deviendrait le plus grand de tous les Dieux. Mais bien évidemment tout ceci n'est qu'une histoire ... »

Le Dalmate se tut enfin, laissant ses compagnons plongés dans leurs pensées.
- Tu penses donc que nous avons vu l'Indicible en personne, c'est bien ça, demanda Inyan.


- Je le pense oui. J'ai acheté ce livre dans la bibliothèque d'Hattousa après la rencontre que nous avons faite à Didymes. Je suis certain que l'Indicible voulait utiliser les Télépinous pour retrouver son pouvoir. Mon père m'a souvent parlé de l'histoire terrifiante du Soleil Noir, ce démon a marqué de son empreinte maléfique de nombreuses générations.
- Alors nous l'avons vaincu ? demanda Séléné réjoui.
- Non, je pense que nous avons juste retardé le moment où il reviendra sur Terre semer le Chaos.
- Ouai ... bon de toute façon j'ai pas tout compris ... sauf que ton démon fantomatique a tué Kröm. Il paiera pour ce crime, je m'en chargerai. En attendant, je vais dormir.
- Bien parlé Séléné, je suis épuisé moi aussi, dit Harald en bâillant. Nous en apprendrons sans doute davantage en Hattousa, ne nous tourmentons pas avec ces histoires qui font froid dans le dos.


Asturias rangea son manuscrit et tout le monde suivit les conseils du géant, même si leur sommeil fut peuplé de rêves étranges et inquiétants. Les jours se succédèrent, calmes. Enfin, Hattousa fut en vue. «J'espère que les autres ont réussi » lança Mâa en franchissant le premier les portes de la cité sacrée.

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