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Cette fiche vous est proposée par : Atlas Le juste retour des choses
- Ikki ! Répétai-je, désemparé. Mon frère… non ! - Je vais en finir une bonne fois pour toutes avec toi, chevalier. - Ne t’en fais pas pour moi Shun, je vais bien, entendis-je non loin de moi, alors que je me préparais à affronter Nohr une nouvelle fois. - Approche, gardien, dis-je à Nohr, soulagé. Viens… - Ne te réjouis pas trop vite, chevalier. Il est des malédictions dont on ne soupçonne l’existence, me lança Nohr. Et maintenant, assez parlé. Adieu ! Strong arms of Earth ! De part et d’autre de l’endroit où je tentais de me maintenir debout avec difficultés surgirent deux énormes bras dont la circonférence se rapprochait de celle du tronc d’un arbre centenaire. Dans un réflexe défensif rapide, je fis appel au Khân, espérant ainsi me mettre à l’abri de l’emprise monstrueuse de l’attaque de Nohr. - Tu ne pourras pas résister longtemps à la pression que ces bras exercent sur toi, chevalier, me lança Nohr, le regard vif et fixé sur moi. Ils passeront outre ta défense et te submergeront bientôt. Il vaudrait mieux que tu abdiques, sans quoi je ne donne pas cher de ta peau. - Plutôt… mourir… que de… de me rendre face à Gaïa et… ses gardiens, soufflai-je haletant. - C’est la fin, murmura-t-il. Mais celle-ci ne semblait pas vouloir encore de moi. Je m’éveillai avec difficulté, la vision troublée. Ce que j’apercevais dans mon maigre champ de vision tournoyait dans tous les sens. Nohr était toujours devant moi. Il ne devait pas s’être écoulé beaucoup de temps. Je me redressai sur un coude et regardai mon adversaire avec attention, les effets de son attaque se dissipant petit à petit. Nohr restait immobile et silencieux, mais ses yeux papillonnaient et trahissaient un affolement et une peur immenses. Il détourna son regard et fixa de la même façon quelque chose ou quelqu’un derrière moi sur la droite. Puis il ramena lentement sa main gauche sur son cœur. Une rose blanche tachetée de pourpre était plantée là. La fleur dégoûtait de son sang. J’en compris immédiatement la signification et me relevai doucement, titubant tel un ivrogne. Marine se tenait à mes côtés, haletante. Son armure n’était qu’un pâle reflet de celle qu’elle avait revêtu lors de la réunion au Sanctuaire. - Merci… balbutia t-il, un maigre sourire sur les lèvres. Je… vous demande… pardon. - Ne faites pas un pas de plus, rugît alors Gaïa, que la tournure des événements avait considérablement affolée. Est-ce que vous croyez réellement que cela va se finir ainsi ? Vous pensez peut-être avoir gagné le combat ? Qu’espérez-vous faire contre moi ? - Vous ne pouvez pas continuer, lança Shiryu. Vous ne devez pas continuer ! - Votre utopie ne verra pas le jour, ajouta Geki. Vous ne pouvez pas ordonner de telles choses, régner de cette manière, et réduire ainsi la planète à une terre de laquelle l’homme serait banni. Nous ne vous permettrons pas une telle ruine. - Nous vous arrêterons, comme nous avons déjà arrêté d’autres dieux par le passé, renchérit Hyoga. - Et comment comptez-vous vous y prendre ? Vous faites face à une déesse et vous êtes en piteux état, répondit-elle, narquoise. - Votre objectif, Gaïa, est de réduire la race humaine à quelques groupuscules inoffensifs, afin que la nature puisse reprendre ses droits. C’est bien cela ? lui lançai-je. - C’est exact, chevalier. Quoi de plus noble que de redonner à la Terre un nouveau souffle ? Pourquoi ne pas lui permettre de revivre par elle-même ? - Il existe de meilleurs moyens que d’exterminer la plus grande partie de l’humanité ! s’écria Marine. Pourquoi ne pas faire confiance aux hommes ? Nous en sommes capables. - Imbécile, souffla Gaïa. Regardez donc ce que l’homme en fait ! Regardez comme il en prend soin ! Je préfère tout recommencer, avec plusieurs groupes de fidèles, que d’attendre le bon vouloir de quelque autorité humaine… - Il faut laisser du temps à l’homme, reprit le chevalier des Poissons. Il en a conscience mais nous pouvons l’aider autrement. - Petite idiote ! siffla-t-elle. Que comptes-tu faire ? - Moi ? Mais absolument rien, répondit tranquillement Athéna. Nous tenons toutes les deux le sceptre et nos puissances sont équivalentes. En revanche, il suffirait d’un léger déséquilibre pour que je prenne l’avantage décisif. - N’hésitez pas chevaliers. Je vous l’ordonne, au nom des Hommes. Je vous l’ordonne en mon nom. - Vous ne pouvez pas vous lever contre les dieux ! Vous n’en avez pas le droit cria-t-elle, horrifiée de la tournure que les événements prenaient contre elle. - Vous n’en faites plus partie, désormais, soufflai-je. Pas un mot ne fut échangé pendant un moment. Nous étions tous harassés, tristes et trop perdus pour exprimer le moindre contentement. Sans un mot, alors que notre déesse descendait nous rejoindre, nous nous mîmes en tête de rentrer. Les moments qui suivirent furent très durs. Nous nous efforçâmes de porter les corps de nos compagnons tombés au combat vers le palais de Gaïa, ne sachant pas trop comment le rejoindre puisque nous étions arrivés dans l’arène par téléportation. Son dôme de protection avait disparu en même temps que celle qui l’avait créé. La nuit était déjà bien avancée lorsque Nachi revint avec les deux pilotes portant des brancards et des valises de soins. Ils n’avaient pas eu besoin de nous voir pour savoir qu’il s’était passé de terribles combats. L’un d’eux nous certifia avoir vu une monstrueuse boule d’énergie dévaler la pente d’un des plus hauts points de l’île en rasant tout sur son passage pour finalement exploser dans l’océan. Et les nombreuses détonations des combats leur avaient également mis la puce à l’oreille. Peu de temps avant que Nachi ne vienne à leur rencontre, ils avaient joint par contact radio la fondation et avaient demandé un autre jet en renfort dans les plus brefs délais, avec à son bord quelques chevaliers de Bronze appelés en urgence. Mais en ayant entendu le récit de celui-ci, ils avaient décidé d’annuler cette demande, estimant que la meilleure chose à faire était de rentrer le plus vite possible. Pendant le trajet du retour, je repensai à toute cette histoire et j’avais encore du mal à croire et à réaliser ce qui s’était passé. Le silence de mes compagnons en disant long sur notre ahurissement collectif face à un tel épisode. Mon frère, assis à mes côtés durant la majeure partie du voyage, passait le plus clair de son temps à regarder par les hublots, le regard perdu au loin. La perte de nos compagnons ne nous incitait pas à parler entre nous, ne serait-ce que pour trouver quelque explication à l’aventure que nous venions de traverser. Le lendemain, une procession funèbre était organisée pour l’enterrement de nos compagnons au Sanctuaire. Après avoir déjeuné, je retrouvai dans le grand salon commun au rez-de-chaussée, Echo, le regard vide, assis dans un des nombreux canapés faisant face à l’immense cheminée en pierre. La plupart des autres chevaliers étaient déjà partis au Sanctuaire lorsque je réussis à convaincre Echo de les accompagner. Sa douleur était telle qu’il ne semblait être plus que l’ombre de lui-même. Je te passe les détails de ce sinistre moment, mon fils, tu auras le temps d’y faire face par toi-même lorsque le moment sera venu. Je rejoignis Ikki dans le jardin de la maison, un verre à la main et me tins debout à ses côtés, admirant une fois de plus l’astre lunaire plein et brillant. - Comment te sens-tu, mon frère, me demanda-t-il. - Je pense qu’avec le temps… ça ira, répondis-je en buvant une gorgée de vin. - Non, murmurai-je, les yeux écarquillés. - Shun… - Non, ce n’est pas possible… mon frère… - Shun, écoute-moi, coupa Ikki. - Shun, reprit-il, me tenant par les épaules. Je suis désolé, je… je ne savais pas comment… - Ikki, dis-je la voix éraillée, tu… la lumière qui t’entoure est de plus en plus brillante… - Shun, l’attaque du gardien a été… fatale. - Non… non… Tu ne peux pas… tu n’as pas le droit… pas toi ! m’écriai-je, en pleurant toutes les larmes de mon corps. - Ecoute-moi Shun, me demanda-t-il encore une fois. Il est trop tard. Je… je suis déjà parti… depuis que j’ai reçu cette attaque. - Mais pourquoi ? criai-je. Pourquoi toi ? Tu ne peux pas me laisser comme ça ! - Regarde-moi. Regarde-moi bien. Je serai toujours là pour toi. Tu comprends ? Je serai toujours présent, à tes côtés. - Tu n’auras plus à espérer ou à me chercher. Je t’accompagnerai, où que tu sois. Tu n’auras qu’à regarder en toi. Je ne pouvais plus parler, ni même esquisser le moindre mouvement. Depuis la fin des combats, ce que je croyais être mon frère n’était en fait qu’une image, une projection de son corps qui lui avait disparu lors de l’attaque. Je me rappelais maintenant le silence de mes autres compagnons, leurs regards peinés. Je me rappelais aussi pourquoi je n‘avais pu m’en apercevoir plus tôt, lors de la Cérémonie notamment, puisque Echo et moi-même étions arrivés en retard, et que nous avions donc raté le moment de recueillement pour mon frère. Apparemment, j’étais la seule personne à voir Ikki depuis les combats dans l’arène, comme un souvenir persistant ou une image de son âme. - Je serai toujours là. Je suis juste passé de l’autre côté. Je t’ai un peu devancé, me dit-il en souriant. - Je veux que tu sois heureux, mon frère, et je suis sûr que tu le seras. C’est notre juste retour des choses à nous, me dit-il en me faisant un clin d’œil. Je te laisse maintenant. Le temps est venu. Je devais te dire ces choses là avant de partir. - Ne me laisse pas, soufflai-je entre deux sanglots. - Va, mon frère, rejoins nos amis, me demanda-t-il en s’éloignant doucement de moi. Appelle-moi, et je serai toujours là. Ne l’oublie pas. - Ikki… Mais mon frère s’éloigna de moi petit à petit, toujours souriant. Puis il se retourna pour faire face à son chemin et disparut doucement en poussière dorée. - Pourquoi pas, murmurai-je. Après tout, pourquoi pas… J’espère que tu ne m’en voudras pas de te laisser un écrit aussi peu heureux. Je pense que je me devais de te raconter ce passage là, afin que tu puisses profiter pleinement de la longue vie qu’il te reste à écrire et du long chemin qu’il te reste à parcourir. Nous serons toujours là, June et moi, pour veiller sur toi, fils. Même lorsque nous t’aurons devancé, et que le sentier qui nous sépare ne sera qu’une pensée. |