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Le juste retour des choses

- Ikki ! Répétai-je, désemparé. Mon frère… non !

Nohr ne me laissa pas le temps de m’assurer plus longuement de l’état de mon frère et se rua sur moi, le poing en avant.

- Je vais en finir une bonne fois pour toutes avec toi, chevalier.


- Ne t’en fais pas pour moi Shun, je vais bien, entendis-je non loin de moi, alors que je me préparais à affronter Nohr une nouvelle fois.

Le fait d’entendre la voix de mon frère à nouveau fut pour moi une libération, comme si toute la peur et la tristesse qui avaient commencé à émerger se changeaient en une force nouvelle et une détermination sans faille.


- Approche, gardien, dis-je à Nohr, soulagé. Viens…


- Ne te réjouis pas trop vite, chevalier. Il est des malédictions dont on ne soupçonne l’existence, me lança Nohr. Et maintenant, assez parlé. Adieu ! Strong arms of Earth !

Je fus complètement surpris par l’attaque rapide du gardien de l’Elément Terre.


De part et d’autre de l’endroit où je tentais de me maintenir debout avec difficultés surgirent deux énormes bras dont la circonférence se rapprochait de celle du tronc d’un arbre centenaire. Dans un réflexe défensif rapide, je fis appel au Khân, espérant ainsi me mettre à l’abri de l’emprise monstrueuse de l’attaque de Nohr.

Cela sembla fonctionner et, pendant un moment, je parvins même en fermant les yeux à augmenter le volume et la puissance de la sphère d’énergie qui me protégeait. Mais les immenses membres de roche sombre, formant maintenant une arche monumentale auréolée d’une énergie brune et brillante, augmentaient leur pression sur ma barrière défensive. Les deux monstrueuses mains s’attelaient à écraser de leurs paumes la sphère, afin d’y pénétrer pour me broyer.


- Tu ne pourras pas résister longtemps à la pression que ces bras exercent sur toi, chevalier, me lança Nohr, le regard vif et fixé sur moi. Ils passeront outre ta défense et te submergeront bientôt. Il vaudrait mieux que tu abdiques, sans quoi je ne donne pas cher de ta peau.


- Plutôt… mourir… que de… de me rendre face à Gaïa et… ses gardiens, soufflai-je haletant.

Mais les efforts que je faisais pour contenir l’étreinte de l’attaque du gardien ne purent résister plus longtemps à sa force. Les deux mains géantes pénétrèrent dans la sphère comme si elles traversaient une bulle en en déformant les parois. Je fus arraché de terre et écrasé par leur puissance phénoménale. La main de gauche me serrait à la taille, m’empêchant de respirer alors que l’autre formait un poing et me prenait pour cible. Je fus asséné de coups fulgurants, n’ayant pas la possibilité de me protéger de mes bras coincés et j’avais à chaque fois l’impression qu’un pan de montagne s’effondrait sur moi. L’armure d’Or de la Vierge me protégeait encore efficacement et sans elle, j’aurais succombé dès le premier coup. Je m’aperçus avec horreur que l’armure, aussi résistante soit-elle, se détériorait un peu plus à chaque attaque. Eclats, fêlures et craquelures commençaient à s’étendre petit à petit et je ne parvenais toujours pas à me sortir de cette étreinte mortelle. Je n’avais jamais vu la roche détruire le métal auparavant, et celle-ci était mue par une force incroyable.

Le dernier coup me projeta plusieurs mètres en arrière et je perdis conscience presque immédiatement, entouré par les déflagrations furieuses des autres combats. Juste avant de fermer les yeux, Nohr s’approcha de moi lentement et s’agenouilla face à moi.


- C’est la fin, murmura-t-il.

Puis ce fût le noir complet pendant une durée indéterminée. Je ne pourrais te dire combien de temps je restai évanoui, attendant la mort dans les limbes de l’inconscience.


Mais celle-ci ne semblait pas vouloir encore de moi. Je m’éveillai avec difficulté, la vision troublée. Ce que j’apercevais dans mon maigre champ de vision tournoyait dans tous les sens. Nohr était toujours devant moi. Il ne devait pas s’être écoulé beaucoup de temps. Je me redressai sur un coude et regardai mon adversaire avec attention, les effets de son attaque se dissipant petit à petit. Nohr restait immobile et silencieux, mais ses yeux papillonnaient et trahissaient un affolement et une peur immenses. Il détourna son regard et fixa de la même façon quelque chose ou quelqu’un derrière moi sur la droite. Puis il ramena lentement sa main gauche sur son cœur. Une rose blanche tachetée de pourpre était plantée là. La fleur dégoûtait de son sang. J’en compris immédiatement la signification et me relevai doucement, titubant tel un ivrogne. Marine se tenait à mes côtés, haletante. Son armure n’était qu’un pâle reflet de celle qu’elle avait revêtu lors de la réunion au Sanctuaire.

Nohr se releva à son tour, le regard maintenant apaisé.


- Merci… balbutia t-il, un maigre sourire sur les lèvres. Je… vous demande… pardon.

Il s’effondra brutalement. Il n’était pas nécessaire de vérifier si la vie coulait toujours dans ses veines. Elle venait de le quitter, en imprégnant la rose que Marine lui avait envoyée.

Nous nous retournâmes alors pour observer les autres combats autour de nous. Mais il semblait qu’il n’y eût plus rien à faire. Tout venait de se terminer. Mes compagnons et moi-même étions les seules personnes encore debout. Nous nous regroupâmes et commençâmes à marcher vers les déesses.


- Ne faites pas un pas de plus, rugît alors Gaïa, que la tournure des événements avait considérablement affolée. Est-ce que vous croyez réellement que cela va se finir ainsi ? Vous pensez peut-être avoir gagné le combat ? Qu’espérez-vous faire contre moi ?


- Vous ne pouvez pas continuer, lança Shiryu. Vous ne devez pas continuer !


- Votre utopie ne verra pas le jour, ajouta Geki. Vous ne pouvez pas ordonner de telles choses, régner de cette manière, et réduire ainsi la planète à une terre de laquelle l’homme serait banni. Nous ne vous permettrons pas une telle ruine.


- Nous vous arrêterons, comme nous avons déjà arrêté d’autres dieux par le passé, renchérit Hyoga.


- Et comment comptez-vous vous y prendre ? Vous faites face à une déesse et vous êtes en piteux état, répondit-elle, narquoise.

Elle abaissa alors le sceptre de la Victoire et foudroya Nachi d’un rayon d’énergie gigantesque. Mon ami fut projeté plusieurs mètres en arrière, imprimant de son corps un sillon profond sur le sol rocheux.

Athéna, l’œil dans le vague depuis le précédent assaut des gardiens, cilla. Elle semblait recouvrer ses forces tout doucement et revenir à la réalité à nouveau.

Nous décidâmes de ne pas laisser paraître notre surprise et poursuivîmes le dialogue pour gagner du temps. Geki se pressa d’aller voir Nachi.


- Votre objectif, Gaïa, est de réduire la race humaine à quelques groupuscules inoffensifs, afin que la nature puisse reprendre ses droits. C’est bien cela ? lui lançai-je.


- C’est exact, chevalier. Quoi de plus noble que de redonner à la Terre un nouveau souffle ? Pourquoi ne pas lui permettre de revivre par elle-même ?


- Il existe de meilleurs moyens que d’exterminer la plus grande partie de l’humanité ! s’écria Marine. Pourquoi ne pas faire confiance aux hommes ? Nous en sommes capables.


- Imbécile, souffla Gaïa. Regardez donc ce que l’homme en fait ! Regardez comme il en prend soin ! Je préfère tout recommencer, avec plusieurs groupes de fidèles, que d’attendre le bon vouloir de quelque autorité humaine…

Pendant que Gaïa parlait, Athéna nous fit comprendre par un signe de tête discret qu’elle avait à nouveau l’esprit clair. Elle se trouvait légèrement en arrière de la déesse de la Terre, et il nous faudrait agir vite dès lors que notre déesse passerait à l’action.


- Il faut laisser du temps à l’homme, reprit le chevalier des Poissons. Il en a conscience mais nous pouvons l’aider autrement.

Tout se passa rapidement. Gaïa s’apprêtait à riposter à la phrase de Marine lorsque Athéna vint se placer derrière elle et l’emprisonna en lui barrant la poitrine avec le sceptre. Gaïa le tenait toujours.


- Petite idiote ! siffla-t-elle. Que comptes-tu faire ?


- Moi ? Mais absolument rien, répondit tranquillement Athéna. Nous tenons toutes les deux le sceptre et nos puissances sont équivalentes. En revanche, il suffirait d’un léger déséquilibre pour que je prenne l’avantage décisif.

Mademoiselle Saori nous regarda alors, le visage dur et déterminé.


- N’hésitez pas chevaliers. Je vous l’ordonne, au nom des Hommes. Je vous l’ordonne en mon nom.

Gaïa nous lança alors un regard affolé.


- Vous ne pouvez pas vous lever contre les dieux ! Vous n’en avez pas le droit cria-t-elle, horrifiée de la tournure que les événements prenaient contre elle.


- Vous n’en faites plus partie, désormais, soufflai-je.

Mes amis et moi-même prîmes alors position face aux déesses. Je jetai un œil à Ikki, qui, encore entouré de la lueur de l’attaque qu’il avait subie peu de temps avant, me renvoya un regard intense. Chaque chevalier déclencha alors son attaque la plus puissante, avec le peu de forces qu’il nous restait et Athéna se projeta au dernier moment sur le côté.

Gaïa hurla et se protégea de son bras par réflexe, mais les attaques combinées la touchèrent de plein fouet. Elle disparut alors en poussière dorée, soufflée par le vent qui commençait à s’élever dans l’arène. Tout était fini.


Pas un mot ne fut échangé pendant un moment. Nous étions tous harassés, tristes et trop perdus pour exprimer le moindre contentement. Sans un mot, alors que notre déesse descendait nous rejoindre, nous nous mîmes en tête de rentrer. Les moments qui suivirent furent très durs. Nous nous efforçâmes de porter les corps de nos compagnons tombés au combat vers le palais de Gaïa, ne sachant pas trop comment le rejoindre puisque nous étions arrivés dans l’arène par téléportation. Son dôme de protection avait disparu en même temps que celle qui l’avait créé.

Nous prîmes un sentier rocheux qui serpentait non loin de là en s’enfonçant dans la forêt recouvrant les abords de la colline. Seuls les bruits de la nature alentour accompagnaient notre marche. Les regards sont parfois plus évocateurs que les mots.

Bon an, mal an, nous arrivâmes finalement dans la première clairière que nous avions vue en arrivant sur l’île, par le côté opposé. Nachi fût chargé d’aller voir si l’avion était toujours là. Après réflexion, je ne parvenais toujours pas à comptabiliser le nombre d’heures qui s’était écoulé depuis notre atterrissage ici. Nous savions par contre que le premier monument dans lequel nous avions pris un peu de repos n’était pas loin et Hyoga partit sur le sentier qui y menait afin d’aller récupérer de l’eau et quelques victuailles. D’un commun accord, nous préférions nous reposer dans la clairière, et ne pas remettre ne serait-ce qu’un pied dans ce palais maudit. Il ne nous restait qu’une heure de marche environ jusqu’à l’avion.


La nuit était déjà bien avancée lorsque Nachi revint avec les deux pilotes portant des brancards et des valises de soins. Ils n’avaient pas eu besoin de nous voir pour savoir qu’il s’était passé de terribles combats. L’un d’eux nous certifia avoir vu une monstrueuse boule d’énergie dévaler la pente d’un des plus hauts points de l’île en rasant tout sur son passage pour finalement exploser dans l’océan. Et les nombreuses détonations des combats leur avaient également mis la puce à l’oreille. Peu de temps avant que Nachi ne vienne à leur rencontre, ils avaient joint par contact radio la fondation et avaient demandé un autre jet en renfort dans les plus brefs délais, avec à son bord quelques chevaliers de Bronze appelés en urgence. Mais en ayant entendu le récit de celui-ci, ils avaient décidé d’annuler cette demande, estimant que la meilleure chose à faire était de rentrer le plus vite possible.

Nous rejoignîmes l’avion peu de temps après et, fourbus, nous écroulâmes à bord alors que l’engin décollait rapidement de l’île de Pâques.


Pendant le trajet du retour, je repensai à toute cette histoire et j’avais encore du mal à croire et à réaliser ce qui s’était passé. Le silence de mes compagnons en disant long sur notre ahurissement collectif face à un tel épisode. Mon frère, assis à mes côtés durant la majeure partie du voyage, passait le plus clair de son temps à regarder par les hublots, le regard perdu au loin. La perte de nos compagnons ne nous incitait pas à parler entre nous, ne serait-ce que pour trouver quelque explication à l’aventure que nous venions de traverser.

La fin du voyage se déroula sans encombre et nous rejoignîmes la Maison Ellinogallikon très tard dans la nuit. La Lune n’était plus à son zénith lorsque nous parvînmes au seuil de la porte principale, mais beaucoup de chevaliers, qui avaient eu vent de nos aventures via les appels des pilotes, étaient encore debout et nous accueillirent en silence. La Grande Prêtresse et les 24 chevaliers d’Argent avaient pu regagner la Maison peu après l’annonce de notre retour.

Les corps de nos compagnons furent pris en charge immédiatement et nous montâmes nous coucher sans mot dire. Le fait de retrouver cet endroit avait ravivé notre douleur, et ce n’était pas les cris de désespoir d’Echo, le frère de Letho, qui nous aidèrent à trouver le sommeil après lequel nous courions vainement. J’etais cependant apaisé de me retrouver avec mon frère dans notre chambre. La douleur à laquelle Echo devait faire face avait ravivé un profond sentiment d’inquiétude que la présence d’Ikki avait du mal à calmer.

Avant de finalement réussir à sombrer dans un sommeil sans rêve, je regardai une dernière fois mon frère qui, debout face à la baie vitrée, semblait méditer, le corps toujours auréolé d’une lueur faible. Cette image devait elle aussi rester gravée à jamais dans ma mémoire.


Le lendemain, une procession funèbre était organisée pour l’enterrement de nos compagnons au Sanctuaire. Après avoir déjeuné, je retrouvai dans le grand salon commun au rez-de-chaussée, Echo, le regard vide, assis dans un des nombreux canapés faisant face à l’immense cheminée en pierre. La plupart des autres chevaliers étaient déjà partis au Sanctuaire lorsque je réussis à convaincre Echo de les accompagner. Sa douleur était telle qu’il ne semblait être plus que l’ombre de lui-même.

Arrivés au Sanctuaire en compagnie d’Ikki, la Cérémonie dirigée par Athéna et notre Grande Prêtresse Shina avait déjà commencé depuis un moment. Nous rejoignîmes les autres et nous mêlâmes au groupe discrètement. Plusieurs regards convergeaient vers nous, alors que la Cérémonie se prolongeait doucement sous un soleil pâle, non loin du monument dédié aux anciens chevaliers d’Or.


Je te passe les détails de ce sinistre moment, mon fils, tu auras le temps d’y faire face par toi-même lorsque le moment sera venu.

Je décidai le lendemain d’inviter tous mes compagnons ainsi que quelques chevaliers d’Argent, au nombre desquels Echo et quelques-uns de ses amis, à venir faire une veillée chez moi, dans cette maison où nous vivons aujourd’hui. Ce n’était pas tant pour prolonger la douleur, mais aussi pour profiter une dernière fois de mes amis avant qu’encore une fois, chacun reparte sur ses terres d’origine.

La seule touche d’allégresse dans cette terrible journée fut de voir June, Ban et Jabu en bien meilleure forme. Outre les soins d’urgence apportés par les gens de la Fondation, Athéna avait également tenu à apaiser leurs douleurs en les guérissant un peu grâce son énergie divine. Les visites régulières de leurs amis et la nuit de repos leur permit de se lever et de marcher lentement, en retrouvant peu à peu leurs forces.

Le jour même, Athéna nous fit un discours d’adieu très court et je ne doute pas que la disparition de Seiya y ait été pour quelque chose. Quant à Shina, je l’aperçus la veille du départ, assise sur une des enceintes qui entourent la Maison, seule et silencieuse, face à la mer d’un bleu profond. Les reflets de la Lune éclairaient sa silhouette, mais je ne saurais te dire ce qu’elle éprouva à ce moment-là.

Vint enfin l’heure du départ, et nous jurâmes à notre déesse notre fidélité et notre présence en toutes circonstances, si le besoin s’en faisait sentir. Je ne pus m’empêcher de sentir quelques voix tremblantes ainsi que quelques tons de voix moins passionnés qu’à l’ordinaire. Il se lisait dans les rangs de la chevalerie le doute, la peine et le remords.

Lorsque nous franchîmes beaucoup plus tard le seuil de la porte de chez moi, je sentis enfin mon cœur s’alléger un peu plus. La soirée passée avec mes amis fut agréable, bien que teintée de tristesse. Nous n’osions évoquer ouvertement la perte de nos amis, pas plus que la folie qui avait conduit Gaïa à projeter de telles choses. Il nous suffisait de rester ensemble ce soir là, en parlant de choses légères, autant que faire ce peut. Plus tard dans la soirée, je me retrouvai seul avec mon frère, après avoir promis à June de lui expliquer la suite de nos aventures sur l’île en la retrouvant plus tard.


Je rejoignis Ikki dans le jardin de la maison, un verre à la main et me tins debout à ses côtés, admirant une fois de plus l’astre lunaire plein et brillant.


- Comment te sens-tu, mon frère, me demanda-t-il.

Je mis quelques temps avant de lui répondre.


- Je pense qu’avec le temps… ça ira, répondis-je en buvant une gorgée de vin.

Un silence s’installa un moment. La Lune était splendide, pensai-je. Je tournai la tête vers Ikki, les yeux attirés par une lueur intermittente. Ce halo lumineux n’avait pas quitté mon frère depuis le moment où le gardien de l’Elément Radian l’avait attaqué. Mon frère se tourna vers moi, et je compris alors soudainement la signification de ce regard.


- Non, murmurai-je, les yeux écarquillés.


- Shun…


- Non, ce n’est pas possible… mon frère…


- Shun, écoute-moi, coupa Ikki.

Je laissai tomber mon verre, le regard empli de larmes.


- Shun, reprit-il, me tenant par les épaules. Je suis désolé, je… je ne savais pas comment…


- Ikki, dis-je la voix éraillée, tu… la lumière qui t’entoure est de plus en plus brillante…

Mon frère me regarda alors intensément, sans ciller.


- Shun, l’attaque du gardien a été… fatale.


- Non… non… Tu ne peux pas… tu n’as pas le droit… pas toi ! m’écriai-je, en pleurant toutes les larmes de mon corps.


- Ecoute-moi Shun, me demanda-t-il encore une fois. Il est trop tard. Je… je suis déjà parti… depuis que j’ai reçu cette attaque.


- Mais pourquoi ? criai-je. Pourquoi toi ? Tu ne peux pas me laisser comme ça !


- Regarde-moi. Regarde-moi bien. Je serai toujours là pour toi. Tu comprends ? Je serai toujours présent, à tes côtés.

Ikki me souriait.


- Tu n’auras plus à espérer ou à me chercher. Je t’accompagnerai, où que tu sois. Tu n’auras qu’à regarder en toi.


Je ne pouvais plus parler, ni même esquisser le moindre mouvement. Depuis la fin des combats, ce que je croyais être mon frère n’était en fait qu’une image, une projection de son corps qui lui avait disparu lors de l’attaque. Je me rappelais maintenant le silence de mes autres compagnons, leurs regards peinés. Je me rappelais aussi pourquoi je n‘avais pu m’en apercevoir plus tôt, lors de la Cérémonie notamment, puisque Echo et moi-même étions arrivés en retard, et que nous avions donc raté le moment de recueillement pour mon frère. Apparemment, j’étais la seule personne à voir Ikki depuis les combats dans l’arène, comme un souvenir persistant ou une image de son âme.

Je regardai à nouveau mon frère en pleurant et en secouant la tête.


- Je serai toujours là. Je suis juste passé de l’autre côté. Je t’ai un peu devancé, me dit-il en souriant.

J’esquissai un sourire triste.


- Je veux que tu sois heureux, mon frère, et je suis sûr que tu le seras. C’est notre juste retour des choses à nous, me dit-il en me faisant un clin d’œil. Je te laisse maintenant. Le temps est venu. Je devais te dire ces choses là avant de partir.


- Ne me laisse pas, soufflai-je entre deux sanglots.


- Va, mon frère, rejoins nos amis, me demanda-t-il en s’éloignant doucement de moi. Appelle-moi, et je serai toujours là. Ne l’oublie pas.


- Ikki…


Mais mon frère s’éloigna de moi petit à petit, toujours souriant. Puis il se retourna pour faire face à son chemin et disparut doucement en poussière dorée.

Je restai assis là à pleurer longuement, maudissant le jour où les hommes avaient découvert la haine, l’ambition et le pouvoir. Puis, au bout d’un moment, je me relevai et regarda une nouvelle fois la Lune, le regard brillant.


- Pourquoi pas, murmurai-je. Après tout, pourquoi pas…

Je me retournai face à la maison, séchai mes larmes, et marchai en direction du salon où se trouvait June.


J’espère que tu ne m’en voudras pas de te laisser un écrit aussi peu heureux. Je pense que je me devais de te raconter ce passage là, afin que tu puisses profiter pleinement de la longue vie qu’il te reste à écrire et du long chemin qu’il te reste à parcourir. Nous serons toujours là, June et moi, pour veiller sur toi, fils. Même lorsque nous t’aurons devancé, et que le sentier qui nous sépare ne sera qu’une pensée.

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le 01/01/1970 à 01:00:00 par




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