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Cette fiche vous est proposée par : Aqualudo Les ages mythologiques
Dans les bras d'Allani-Ettitu La température était particulièrement froide, l'atmosphère humide et nauséabonde. Alors que ses compagnons se reposaient sur leurs peaux de bête, Akurgal acheva la traduction au bout de deux bonnes heures. Aidé de Rahotep et de Nibel, il s'était attaché à relire son texte afin d'être certain de ne pas se tromper. L'air grave, il se leva et exposa ses découvertes : - Nous nous trouvons dans un endroit assez spécial. Il se trouve qu'Allani-Ettitu recrute ses prêtres en fonction d'une épreuve terrible : ceux qui parviennent à satisfaire le rituel sont éveillés à un seuil de connaissances occultes. Les autres deviennent des Odjurwigs, des guerriers monstrueux reprenant l'apparence de leur déesse. Les épreuves sont au nombre de huit : à chaque fois, il faut libérer un éclat de cristal noir qu'il faudra par la suite incruster dans la porte à l'araignée. Memnoch eut du mal à retenir un sourire nerveux. - Et bien, intervint-il, ces Elfes Noirs et cette Araignée de malheur aiment les clés ! Ils doivent cacher un sacré trésor. - Je ne comprends pas encore la force de ce symbole mais il doit y avoir une explication, reprit Akurgal. Ces clés sont toutes cachées, il faut remplir des quêtes, cela fait penser à un rituel de passage, une sorte d'initiation aux sciences occultes. Seuls les plus décidés peuvent finalement la rejoindre dans son antre. En tout état de cause, les épreuves se trouvent derrière les huit portes latérales. Nous avons assez de clés pour les ouvrir. Le texte est assez obscur mais les épreuves sont dangereuses. Il est fait allusion à des pièges ou des gardiens. - Peu importe. Nous avons écrasé cette vermine dans son propre camp. Rien ne nous arrêtera. Ils peuvent être cent Odjurwigs, ils ne feront pas le poids. Hanz s'avança : « Je suis d'accord avec Dimitre. Nous devrions tenter notre chance en allant vite ; séparons-nous, un groupe par porte. Nous les ouvrons en même temps et nous verrons. Comme elles sont proches nous pourrons toujours nous entraider ou nous replier ici en cas de besoin. Quant aux gardiens, ils seront attaqués tous en même temps et ne pourront pas se préparer tranquillement ». Personne ne répondit à Hanz. Chacun réfléchissait, soupesant le pour et le contre. La proposition était séduisante, audacieuse, mais peut-être dangereuse. Finalement les guerriers se mirent d'accord pour former des équipes et chacun prit position devant la porte désignée. L'air, humide et froid, semblait vouloir faire écho à la tempête qui s'abattait au-dehors sur cette terre déjà ô combien meurtrie par la rigueur du climat. Du plafond, au noir insondable, quelques gouttes d'une eau glaciale rejoignaient des flaques s'étendaient ici et là, avec une lugubre monotonie. Ces dernières reflétaient les murs aux écritures étranges que seuls quelques érudits pouvaient apprécier à leur juste valeur. Akurgal n'avait pas eu le temps de tout découvrir, mais, pour une raison obscure, la Dame-Araignée avait fait graver en cet endroit l'essence même de sa vie millénaire. Au-dehors, la neige tombait avec vigueur, se frayant un passage à travers les arbres difformes. Dans une clairière, ils recouvraient les restes d'un champ de bataille, refermant pour un temps toutes ces horreurs laissées par la fureur d'un combat inégal, enveloppant le regard sans vie du serviteur pourpre. Le vent s'était brusquement levé, soulevant ce manteau si blanc et si pur ; la colère des dieux d'Asgard semblait se manifester ainsi à la veille de l'affrontement final. Le souffle de cette tempête résonnait tel un long hurlement parmi les arbres, descendant jusqu'aux tréfonds de la terre, jusqu'à atteindre les oreilles inquiètes des compagnons. Suivant le même chemin, une ombre rejoignait à présent l'antre de la Déesse-Araignée. - Les éléments se déchaînent au-dehors, dit Akurgal en sondant l'obscurité qui tenait lieu de dôme et qui semblait aussi dense qu’une nuit sans étoile. Rahotep ne répondit pas. Il se contenta d'insérer la clé dans la fente en même temps que ses compagnons et les huit portes s'ouvrirent sans un bruit, laissant simplement s'échapper un souffle qui fit trembler les plus courageux. Les salles étaient baignées d'une lueur tamisée et les guerriers d'Odin pénétrèrent prudemment, l'arme à la main, sens en éveil, prêts à faire face au moindre danger. Première salle La pièce était totalement recouverte d'immenses toiles d'araignées. Chose surprenante, une certaine chaleur régnait, ce qui laissait entendre que la salle était occupée, du moins entretenue. - Tu vois quelque chose Rahotep ? - Rien. Nibel, sois sur tes gardes, toutes ces toiles d'araignées ne me rassurent pas, je sens qu'on nous observe, restons collés l'un à l'autre. Les sens affinés de l'Egyptien ne se trompaient pas. Deux araignées géantes, hautes de deux mètres chacune, étaient tapie au plafond, n'attendant qu'un bon repas. La première se jeta sur Nibel qui semblait le plus faible ; ce-dernier fit preuve de sang-froid et lui transperça l'abdomen de son glaive enchanté. Il ne le savait pas encore, mais il avait en réalité anticipé l'attaque grâce aux pouvoirs qui sommeillaient en lui. Cet animal n'avait aucune chance. Rahotep bondit à son tour sur la seconde créature et n'éprouva, lui non plus, aucun mal à la tailler en pièce. Remis de leurs émotions, les deux compagnons se frayèrent un passage à travers les toiles et trouvèrent une petite stèle gravée, dont les lettres runiques se mirent à briller dès lors que Nibel la toucha. « L'épreuve se dresse devant toi, tu ne peux la refuser. Laisse-moi lire en toi, apporte-moi les louanges cachées Derrière les plus délicieuses souffrances de ton âme » Seconde salle Deux lames effilées jaillirent du plafond dès qu'Hanz franchit, le premier, la porte. Il put éviter la première mais la seconde se ficha dans sa cuisse gauche et lui arracha un cri de douleur terrifiant. La terreur et l'angoisse frappèrent son âme, Hanz semblant succomber à une douleur inconcevable lorsque la flèche empoisonnée se ficha dans son épaule droite, traversant de part en part son armure. Au milieu de ces cris, Thrall se pencha sur son ami sans parvenir à le calmer. Il se releva pour décocher quatre flèches de glace vers le fond de la pièce obscure. Son adversaire riposta et un éclair frappa l'épaule du guerrier, arrachant une partie de son armure. Fou de rage, pris de panique, Thrall laissa tomber son arc et dégaina son épée. Il se jeta en avant, hurlant, vociférant, s'apprêtant à affronter un adversaire inconnu, tandis qu'Hanz s'évanouissait sous les coups de butoir du poison. C'est un Odjurwig qui attendait le guerrier : totalement recouvert de glace, trois des quatre flèches l'avaient atteint en pleine poitrine. De rage, Thrall brisa la statue de glace. Une voix résonna alors dans la pièce, comme un cristal tombait sur le sol, sortant de nulle part. « Viens-tu des terres fertiles des Deux fleuves ou sors-tu de l'abîme, Ô Magnificence ? Ton regard azur et divin, Verse confusément la création et la destruction, Et tu es pour cela la mer tumultueuse qui berce nos désirs. » Troisième salle Sur leurs gardes, Ryusei et Liu pénétrèrent à tâtons dans l'épais nuage noir. Comme les autres salles, cette pièce se présentait sous la forme d'un couloir large de quatre mètres et long d'une dizaine de mètres. Le plafond était assez élevé, cinq mètres, mais l'obscurité laissait croire qu'il s'agissait du même plafond insondable que celui du couloir et de la pièce centrale. - Je n'aime pas ça. On n'y voit pas à deux pas, maugréa Ryusei en tendant son glaive dans la pénombre. - Je ne ressens rien. Il semble qu'il n'y ait personne. - Pas si sûr Liu. Un de ses maudits monstres se cache peut-être dans cette brume, prêt à nous fondre dessus. Restons en éveil. Ryusei ouvrait la marche, suivi de près par son compagnon. Tous deux longeaient le mur aux parois humides et glaciales, sondant l'obscurité, près à faire face à toute attaque. Totalement concentré sur la brume menaçante, Ryusei ne comprit que trop tard ce qui lui arrivait. D'un seul coup, le sol se déroba sous ses pieds et il vint s'écraser dans une fosse de deux mètres de profondeur, hérissée de pics. Liu s'arrêta net, le visage déconfit en entendant le hurlement de son compagnon. - Où es-tu, balbutia-t-il en regardant autour de lui. Dans la fosse, Ryusei se relevait péniblement. Il avait eu de la chance ; il était tombé au milieu de pics acérés. L'un d'entre eux lui avait transpercé le bras gauche de part en part, le dard de métal sombre se jouant de ses protections de cuir. Un second épieu avait déchiré son côté droit, son armure déchirée laissant apparaître une côte recouverte de lambeaux de chair. « Saloperie ! Hurla-t-il. N'avance pas, le sol est truffé de trous emplis de pics ». Dans un accès de rage le guerrier se releva, libérant son bras d'un coup sec. Son corps endolori irradiait d'une lueur vaguement blanchâtre. Il se saisit de son glaive et, maudissant cet endroit, pulvérisa tour à tour chaque pic. Semblant perdre la raison, Ryusei se mit à courir droit devant lui, traversant l'obscurité, sautant par-dessus une nouvelle fosse, bondissant par dessus un mur hérissé d'épées menaçantes. Il atterrit devant une petite stèle qui s'illumina et se mit à vibrer. « Ton regard embrasse le couchant et l'aurore, Tu répands des parfums comme l'orage réveille les sens le long du fleuve de vie, Ta bouche est un philtre d'amour qui donne la vie ou la reprend, Qui fait le héros lâche et ton enfant courageux. Toi, ô magnifique Allani-Ettitu. » Quatrième salle - Fais attention Memnoch, il y en a trois autres derrière nous ! Inyan et Memnoch pénétrèrent dans une salle totalement noire. Leurs armes enchantées n'apportaient aucune source de lumière. L'obscurité semblait dévorer les éclairs des glaives, les halos blanchâtres des haches gelées par la grâce d'Odin disparaissaient dans cette pénombre irréelle. Les deux guerriers comprirent assez rapidement qu'ils n'étaient pas seuls : un bruit de claquement sinistre résonnait au fond du couloir. Cinq scorpions géants se ruèrent sur les serviteurs d'Odin. Ces monstres mesuraient près d'un mètre et pour le double de longueur. Leur carapace noire n'offrait pas beaucoup d'ouverture aux coups et des gouttes de poison perlaient de leurs dards effilés. Inyan et Memnoch se jetèrent avec fougue dans la bataille, deux premiers scorpions périssant sous les coups de leurs armes enchantées. L'arrivée de trois nouveaux adversaires compliquait cependant la tâche : ils allaient devoir affronter chacun trois scorpions bien décidés à en finir avec ces intrus qui devraient leur fournir de bons repas. Inyan sa battit avec son principal atout : une rage hors de commun. Depuis quelques mois, Inyan avait changé ; lorsqu'il se battait, il se laissait aller à une fureur difficilement contrôlable Tout était instinct. Ses sens le guidaient à travers la pénombre, chaque coup qu'il portait arrachait un membre ou découpait littéralement son adversaire. Inyan ne visait pas, il tranchait avec brutalité tout ce qui se mettait sur sa route. Memnoch était plus subtil. Il dansait entre ses adversaires, évitant soigneusement leurs dards, frappant une seule fois, mais à chaque fois pour tuer. Malgré l'obscurité, il comprit très vite que les claquements venaient des mandibules des scorpions ; se fiant à son ouïe, il frappait juste au-dessus des mandibules, son épée zébrée d'éclairs se fichant entre les yeux des monstres sombres. Le combat fut rapidement inégal devant tant de dextérité et de démonstration de puissance. Les scorpions morts, les deux guerriers fouillèrent la salle, qui s'illumina soudain, laissant apparaître un texte aux mots de feu. « Sors-tu de l'antre de la Dame Sombre ou descends-tu des astres ? Tu es celle qui tisse le destin des mortels, Tu sèmes au hasard la peur ou les désastres, Tu gouvernes tout et ne réponds de rien. Tu es la seule Déesse digne de ce titre, Toi, ô magnifique Allani-Ettitu. » Cinquième salle La porte s'ouvrit brusquement. Meijuk voulait conserver l'effet de surprise et il s'engouffra dans la salle hache à la main. Un scintillement l'accueillit, qui se transforma rapidement en éclat de lumière. La salle était totalement éclairée, baignée dans une lumière bleue, froide et pénétrante. Nibel entra à son tour et se figea. La lumière se mit à changer, devenant rouge, verte, blanche, tel un kaléidoscope. Cette salle était à coup sûr enchantée. Un immense miroir courait le long des murs latéraux. Nibel comprit rapidement pourquoi Meijuk ne disait mot. Le montagnard si serein et sûr de sa force semblait perdre pied. Son visage exprimait une émotion intense, ses traits traduisaient une peur terrifiante proche de la folie. Son reflet se décomposait en images cauchemardesques, touchant son âme au plus profond, sans que son regard puisse se détacher de ces murs plongeant dans l'infini. Nibel frappa Meijuk de sa rondache. Le coup, violent, fit vaciller le guerrier, qui s'effondra en pleurs. - Meijuk, regard- moi. C'est moi, Nibel. C'est miroirs sont enchantés, ils vont te voler ton âme si tu les regardes. J'ai lu des choses à ce sujet, ils sont très dangereux. Ne les regarde pas, concentre-toi, ne regarde que devant toi. Meijuk essuya ses larmes et resta prostré sans dire un mot. Après quelques minutes, il finit par relever la tête pour regarder Nibel qui s'inquiétait des cris qu'il entendait dans les salles voisines. « Je ne comprends pas, je me suis vu mourir, j'ai vu des choses horribles, un enfer de glace, une femme au visage à la fois magnifique et décomposé, j'ai vu la mort personnifiée. Je ne pouvais détourner mon regard ». - Ce n'est rien. Viens, avançons. Il y a une stèle au fond, le cristal y est posé, il scintille. Hâtons nous, je crois que nos compagnons ont des ennuis. Grâce à Nibel les deux guerriers purent échapper à l'emprise maléfique de cette pièce ensorcelée. Au moment où Nibel prit le cristal pour le ranger sans sa sacoche de cuir, une voix résonna, sinistre et pénétrante. « Tu marches sur les dépouilles des mortels, tapis qui sied à ta beauté, De tes charmes l'Horreur n'est pas le moins éblouissant, Et le déicide parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement. Toi, ô magnifique Allani-Ettitu. » Sixième salle Yshba s'avança dans le couloir arc à la main, près à faire pleuvoir ses traits sur d'éventuels adversaires. Ulv ne cessait de grogner et, pourtant, le couloir éclairé de torches ne laissait distinguer aucun piège, aucun adversaire. La seule chose qui angoissait Yshba venait de ces murmures et ces ricanements féminins qui pénétraient son âme et tourmentaient son esprit. Il s'arrêta et se mit à caresser son anneau avec frénésie. Les voix cessèrent. Tout au fond de la pièce, le cristal flottait dans les airs en émettant des lueurs étranges. Yshba s'en empara sans plus attendre, tandis qu'un souffle fétide jaillit du plafond et l'entoura. « L'éphémère ébloui vole vers toi, torche, Crépite, flambe et irradie : Bénissons ta lumière ! Le serviteur des dieux iniques, A l'air d'un décharné caressant sa propre tombe qui ceint son doigt. Toi, ô magnifique Allani-Ettitu. » Il sortit sans attendre de la pièce, découvrant Thrall qui portait Hanz, la cuisse ensanglantée. Septième salle La pièce était tapissée de tentures représentant des araignées de toutes tailles, dotées de couleurs mordorées, brillantes et nuancées. Une petite araignée descendit du plafond et se posa délicatement sur l'épaule de Dimitre. « Tues-toi », lui susurra-t-elle. Comme Dimitre entendait ces mots, il vit apparaître son double, parfait clone du fier guerrier qu'il était. Dimitre fut décontenancé. Ce personnage faisait les mêmes mouvements, arborait le même visage stupéfait. L'araignée insista, « Tue-toi ». Sans se retenir, Dimitre se jeta sur ce qu'il pensait être une illusion. Tous les coups étaient parés. Toutes les attaques évitées. Pendant des minutes qui semblèrent durer une éternité, Dimitre se battit contre son double parfait. Les mêmes parades, les mêmes attaques, le combat pouvait durer infiniment. Et cette maudite araignée, qui ne cessait de le pousser au combat. Dimitre explosa de rage et, subitement, lâcha son épée, crispa son poing droit et lâcha une décharge d'énergie en direction de son double qui effectua la même manœuvre. Le serviteur d'Odin fut projeté en arrière, venant brutalement s'encastrer dans un mur de pierre. Lorsqu'il reprit ses esprits, Dimitre constata avec soulagement que son double avait disparu, tout comme l'araignée, écrasée par le choc. Il se releva péniblement, se dirigeant vers le cristal qui venait d'apparaître, sans écouter les mots qui venaient à ses oreilles. « Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe, Ô Beauté ! Monstre énorme et effrayant pour les esprits faibles ! Si ton regard, ton sourire, tes mains m'ouvrent la porte scellée, D'un infini que j'aime et n'ai jamais connu, je te servirai. Ô toi, magnifique Allani-Ettitu ! » Huitième salle Le sourire carnassier de Bjarnulf ne trompait pas. Il avait un adversaire à sa mesure et se faisait une joie de l'affronter. Il se releva et cracha le sang qui naissait de sa lèvre coupée. L'Odjurwig préparait déjà une autre attaque. La première fois, il avait fait jaillir de ses doigts quatre éclairs qui avaient brûlé une partie de l'armure du guerrier d'Odin, le propulsant contre le mur. Cette fois-ci, l'ensorceleur avait fait apparaître une boule de feu qu'il s'apprêtait à lancer sur sa victime. Bjarnulf attendit le dernier moment pour plonger sur le côté d'une roulade parfaitement maîtrisée. Profitant de son impulsion, il rebondit sur le mur adjacent et se lança, hache en avant, contre son adversaire. L'Odjurwig ne s'attendait pas à pareil assaut et, trop heureux de voir la boule de feu exploser à l'endroit qu'occupait son ennemi, il ne put éviter l'attaque du guerrier qui lui trancha un bras. Bjarnulf n'en resta pas là. Bien décidé à venir en aide à ses compagnons qui hurlaient dans les salles voisines, il décapita le monstre, dont la tête rejoignit le sol en conservant l'expression de surprise qui tiraillait les traits de son visage noir. Bjarnulf se saisit du pendentif au bout duquel pendait le cristal, laissant derrière lui la stèle enluminée qui affichait une ultime prière. « Démone ou déesse, qu'importe ? Qu'importe, si tu rends, être aux yeux de velours, Rythme, parfum, lueur, ô mon unique Reine ! L'univers est moins hideux grâce à toi, Créatrice de la vie, reprends-la et purifie-la. Ô magnifique Allani-Ettitu ! » Le Cauchemar apparaît « Ce n'est pas possible ! Comment allons-nous faire à présent ? Hanz et Ryusei sont blessés, Meijuk ne semble vraiment pas en état psychologique de combattre. Qui sait ce qui nous attend encore derrière cette porte ! » Assis aux côtés d'Inyan qui pansait les blessés, Liu ne cachait ses doutes. Hanz souffrait en silence mais les traits torturés de son visage trahissait sa douleur. Ryusei semblait perdu dans ses pensées, revivant une nouvelle fois la scène qui l'avait mené au fond de cette fosse. Comment avait-il pu tomber dans un piège aussi simple ? Inyan acheva son dernier pansement et se releva. Il fixa durement Liu : « Tu n'as pas le droit de douter. De toute façon, nous n'avons pas le choix, nous sommes dans l'obligation de réussir. Nous allons donc rejoindre les autres, ouvrir cette porte et nous battre. Je suis certain que Ryusei et Hanz feront de leur mieux. Toi, tu es sain et sauf, alors montre l'exemple, secoue-toi Liu, cesse de pleurer comme une femme ». Le reste du groupe se tenait devant la porte de forme ronde sur laquelle une araignée menaçante, gravée dans la pierre, semblait leur retourner un regard menaçant. Ils n'attendaient plus qu'Inyan soigne les blessés pour mettre les huit cristaux dans les concavités des pattes et ouvrir ainsi, enfin le pensait-il, cette porte, dernière barrière avant l'épreuve finale. Huit compagnons accomplirent le rituel ancestral. L'air glacial se figea, tout comme les regards des guerriers. Alors, la salle se mit à rire. Une lumière dorée moucheta l'atmosphère si froide et humide. Une aurore boréale surgit au-dessus d'eux, projetant au sol des formes démesurées et inquiétantes. La porte se mit à scintiller de lueurs violettes. Et le rire ne cessait pas, envoûtant, inquiétant. Akurgal cacha son visage hagard entre ses mains et ses épaules s'affaissèrent. « C'est elle, nous l'avons tiré de son sommeil ancestral. Nous venons de réveiller une déesse qui désire répandre le chaos. Allani-Ettitu vient à notre rencontre ». Akurgal se redressa et dit quelques mots dans sa langue natale, semblant demander protection à ses ancêtres avant l'instant fatidique. Il tira son glaive, bientôt suivi de l'ensemble de ses compagnons. La porte avait disparu, laissant apparaître une salle immense éclairée de lueurs magiques. « Ne la faisons pas attendre, il me tarde de rencontrer une déesse ! » fit Dimitre avec froideur. D'un pas décidé, les serviteurs d'Odin s'avancèrent dans la salle, à la rencontre de leur destin. Les dalles de pierre obsidienne qui pavaient le sol tremblaient aux échos du rire. « Où êtes-vous Déesse-Araignée, où êtes-vous créature maudite ? » lança Bjarnulf l'œil flamboyant de défi. - JE SUIS PARTOUT ! répondit une voix douce et immense. « JE SUIS CETTE TERRE, ET CECI EST MON TEMPLE. » - Cette fois-ci nous sommes condamnés, murmura Liu. « Cette déesse va vouloir nous faire payer cher notre audace ». - Et bien qu'on en finisse, le plus tôt sera le mieux. Ryusei ne cachait pas son angoisse, mais l'imminence d'un combat désespéré le libérait de manière assez paradoxale. Leur mort était assurée, alors lui et ses compagnons allaient se jeter de toutes leurs forces dans la bataille. Rahotep fixait le fond de la pièce nappé d'un étrange brouillard. Il disparaissait peu à peu, laissant apparaître plusieurs guerriers de la déesse. Huit Odjurwigs se tenaient là, en position de combat. Tous étaient recouverts d'une armure blanche scintillante, recouvertes d'arabesques complexes. « Des sorciers ! » signifia Bjarnulf avec gourmandise. « J'en ai terrassé un tout à l'heure ; ils font beaucoup de bruit mais sont très lents. Si elle n'a que ceci à nous proposer, nous n'avons rien à craindre ». Le rire continuait tandis que les créatures se mirent à chanter et à entrer en transe. Les chants étaient harmonieux et rendirent les Odjurwigs plus terrifiants encore, Bjarnulf perdant peu à peu son assurance. « Je vais détruire quelques Mortels qui se dressent contre moi, qui ont osé prendre la vie de ceux que j'aimais. Je vais réduire à néant ces divinités infectes qui n'ont de divinités que le nom. Je suis la seule à mérité ce titre, je suis celle qui créa ! » Les guerriers d'Odin se retournèrent. Ils virent la plus belle femme qui eût jamais existé. Allani-Ettitu ne ressemblait pas au pire des cauchemars, à cette déesse-araignée. Elle avait des cheveux d'or sombre rayés de bleu et ceint de lapis-lazuli[1] , un visage parfait, des yeux et des lèvres qui offraient mille fois plus que tout autre femme eût jamais offert à un homme. De haute taille, exquise de formes, vêtue d'un voile transparent violet, elle souriait à ces mortels qui contemplaient l'éclat d'une déesse. « Vos regards trahissent vos émotions. Vous voilà subjugués par ma beauté, terrorisés par ma puissance que vous ressentez au plus profond de vos âmes. Vous servez un dieu inique, trop lâche pour venir m'affronter seul à seule. N'espérez pas que je vous plaigne cependant. Vous allez percevoir l'horreur de mon visage de guerrière avant de mourir et vous emporterez cette vision aux Enfers ». Les traits d'Allani-Ettitu se figèrent soudain. Peu à peu son corps se déforma et elle prit l'apparence d'un de ses guerriers. Elle était bien devenue la Dame-Araignée, seul son buste gardant sa beauté initiale, le reste de son corps devenant celui d'une monstrueuse araignée armée d'un fouet lacéré de sang. Son regard empli de terreur fit reculer les serviteurs d'Odin. « Tuez-les fidèles serviteurs » cria-t-elle en désignant les Odjurwigs qui avaient cessé leurs chants de guerre. A la grande surprise de la déesse, le combat fut expéditif. Les serviteurs d'Odin se ruèrent au combat, déployant leurs pouvoirs naissants, tel Nibel capable d'éviter les sorts lancés par son adversaire avec une célérité et une grâce déconcertante, ou Rahotep, pulvérisant un Odjurwig à bout portant, lui collant simplement sa main sur le thorax et libérant une décharge d'énergie destructrice le réduisant en cendre. Allani-Ettitu lança une première boule de feu sur le groupe, projectile qui fut dévié dans le mur adjacent par Memnoch d'un revers de son glaive. Tandis que la paroi se lézardait en plusieurs endroits la Dame-Araignée prit un air soucieux. - Odin a pris le soin de vous munir d'armes divines. Mais je vois que certains d'entre vous commencent à percer le Mystère. Je vais déployer toutes mes ressources pour vous détruire, vous êtes une menace bien trop grande pour l'essence divine. - Qu'est-ce qu'elle raconte ? Elle parle de tes tours de passe-passe Rahotep ? questionna Hanz en se préparant à l'assaut final. - Je ne sais pas de quoi elle parle. Je sais juste que certains parmi nous développent des pouvoirs que nous ne connaissions pas. Lors des récents combats, nous avons pu percevoir de nouvelles choses, nos sens se sont aiguisés, nous voyons les choses avant qu'elles n'arrivent, nous anticipons, nous canalisons notre énergie intérieure en ces traits de lumière. Je crois qu'elle nous craint pour cela. « Alors profitons-en ! » cria Dimitre en se ruant sur la déesse sombre. Il fit tournoyer son arme avec fureur et tous purent entendre le gémissement d'avidité sanguinaire d'Inyan qui le suivait de près. Les deux hommes furent projetés en arrière par un puissant souffle rougeâtre. Akurgal et Nibel se portèrent au secours de leurs compagnons tandis que Memnoch, Ryusei, Meijuk et Rahotep se lancèrent à leur tour contre la déesse. Cette dernière expédia une nouvelle boule flamboyante qui, cette fois, fut détournée par la hache de Meijuk contre le mur qui explosa à l'impact en fragments de pierre incandescents. La chaleur dégagée leur écorcha le visage, le souffle de la déflagration pénétrant leur poumon et leur arrachant des cris de douleur. « Il faut que nous attaquions de manière concertée sinon nous courons à notre perte ! » admonesta Thrall. D'un regard complice, il se mit d'accord avec Yshba pour arroser la déesse de traits magiques. Le reste de la troupe se releva et se prépara à fondre sur leur adversaire, de tous côtés. Ils espéraient qu'elle ne pourrait tous les éviter et qu'elle finirait par commettre une erreur fatale. Ils restèrent pétrifiés à la vue de la nouvelle transformation qu'opérait la déesse. Des ailes noires lui poussaient sur le dos, battant rapidement, tandis qu'elle modifiait sa prise sur son arme, transformée en une sorte de faux. Au signal de sa voix, quatre boules de feu se développèrent autour de la Dame-Araignée. Brusquement, elles fondirent sur la troupe, précédant la charge mortelle de la déesse. Les quatre projectiles n'avaient servi qu'à aveugler les guerriers d'Odin : ils explosèrent à quelques mètres devant eux, irradiant le sol d'une chaleur insupportable et projetant les guerriers au sol. Comme il tentait de relever la tête pour prendre des nouvelles de ses compagnons, Meijuk comprit qu'il n'avait plus le temps de songer aux autres, car il luttait maintenant pour sa propre vie, esquivant la faux sifflante qui cherchait à le décapiter. Allani-Ettitu était partout : elle se déplaçait si vite qu'on eut dit que chaque guerrier devait affronter seul une déesse. La cuisse d'Hanz se rouvrit sous ses coups répétés. Ryusei eut rapidement son bras valide tailladé sur toute sa longueur, Liu vit son manteau découpé, tandis que la faux déchirait sa côte de maille et lui découpait un bout d'oreille. Personne n'était en mesure de tenir face aux furieux assauts de la Dame-Araignée. Yshba se retrouva soudain nez à nez avec le visage terrifiant de la Reine du monde sombre. Elle plongea ses yeux dans le regard terrifié du serviteur, repoussant d'un cri aigu Ulv venu à la rescousse de son maître. Le temps se figea sans qu'aucun bruit ne vienne troubler cet instant. Elle sourit longuement en regardant cet homme apeuré, dont les doigts tenaient maintenant fermement son anneau qui brillait. La déesse recula soudain et se retourna, l'air inquiet. Un trait de lumière vint frapper la crypte, transperçant les différents niveaux de l'édifice et déversant des blocs de pierre dans toute la salle. Au-dessus de leurs têtes, les guerriers d'Odin pouvaient maintenant entrapercevoir le ciel menaçant d'Asgard. Une vague de froid immense s'engouffra à travers cette ouverture, arrachant sur son passage quelques blocs de pierres chancelants, pénétrant dans la salle dans un angoissant mugissement. Le souffle parut prendre vie et se mit à hurler : - TU AS SOUILLE MES TERRES DEPUIS TROP LONGTEMPS ! MES GUERRIERS M'ONT GUIDE A TOI, IL EST TEMPS QUE TU DISPARAISSES ! - QUE DIS-TU ? M'AURAIS-TU TENDU UN PIEGE AUSSI GROSSIER ? - TU VAS DISPARAÎTRE SOUS LES COUPS DE BALMUNG ! - NON ODIN, TU NE PEUX AVOIR AUCUN POUVOIR SUR MOI ! La voix d'Odin tonnait si fort que ses guerriers en eurent des battements dans les oreilles. Ils étaient fascinés par tant de puissance et réconfortés que leur divinité protectrice leur vînt en aide. Sa présence enveloppait l'ensemble de la crypte. Balmung, son épée, se matérialisa au-dessus de la tête d'Allani-Ettitu et commença à s'abattre. « NON ! Supplia-t-elle. C'ETAIT UN PIEGE, TU T'ES JOUE DE MOI ! ». Sa voix faiblissait. Allani-Ettitu disparut petit à petit, s'évanouissant dans un brouillard qui se dispersa dans toute la crypte. - GUERRIER D'ODIN. IL VOUS RESTE UNE TÂCHE A ACCOMPLIR. ASGARD NE POURRA TROUVER LA PAIX TANT QUE LE ROI DE NIBELUNG SERA EN VIE. VOUS ÊTES MES SERVITEURS, ACCOMPLISSEZ MA VOLONTE, ACCOMPLISSEZ VOTRE DESTIN ! VOUS ETES LES PORTEURS DU COURROUX DIVIN ! Retrouvailles Pallas tendit sa gourde à Seth qui la prit volontiers. Le soleil était à son zénith sa chaleur était accablante. Ils avaient quitté le Sanctuaire depuis plusieurs semaines maintenant. Le ciel était bleu pâle au-dessus de la forêt verte et argent, au-dessus des roches et de l'herbe des montagnes pyrénéennes. Si la Grèce était sous la protection des divinités olympiennes et conservait de ce fait un climat relativement clément, il n'en était pas de même en ces terres occidentales abandonnées des dieux. La chaleur accablante d'un ciel d'été pouvait rapidement se muer en orages terrifiants, charriant des torrents de boue. Parfois, le soleil disparaissait pendant des semaines sous un épais manteau nuageux, le vent venant tourmenter les habitants de ces contrées qui se réfugiaient dans des villages fortifiés pour échapper, lorsque c'était possible, aux assauts de brigands ou, pire encore, de monstres surgis des entrailles de la Terre. Les deux guerriers sacrés avaient reçu pour mission de retrouver la trace de leurs anciens compagnons. D'autres guerriers sacrés étaient partis ainsi aux quatre coins du monde pour ramener tous ceux qui avaient dû achever leur formation. Si telle n'était pas le cas, seule la confirmation de leur mort attendait ces envoyés du Sanctuaire. Après quelques jours de marche, le duo fut rattrapé par Artholos. Il avait réussi à devenir un guerrier sacré après un terrible entraînement dans la cité de Tyrinthe. Il portait fièrement le pendentif de l'armure de l'Hydre Mâle à son cou. - Voilà donc la fameuse chaîne de montagne où Séléné a reçu son entraînement. Je me demande s'il a triomphé de ses épreuves. - Je ne m'inquiète pas pour lui Artholos, intervint Seth en embrassant le paysage d'un regard pensif. « Séléné a dû tout entreprendre pour réussir ; si nous avons réussi, il a réussi ». - Nous serons bientôt fixés de toute façon. Je pense que nous atteindrons les montagnes ce soir si nous nous hâtons. Il devrait être aisé de retrouver Séléné en nous concentrant sur son Souffle Divin. Le trio reprit sa route, courant à travers les champs, bondissant au-dessus des roches, disparaissant par instant totalement du champ de vision des simples mortels tant leur vitesse semblait vertigineuse. L'éveil au Pneuma des Guerriers Sacrés ne faisait que commencer mais, déjà, ils possédaient des capacités hors de portée des chasseurs qu'ils croisèrent à l'orée d'un bois. Ces derniers commençaient à ranger leur matériel alors que les plus téméraires insistaient, espérant encore concrétiser un dernier coup au but. Les temps étaient durs, leur village attendait avec impatience un retour synonyme de nourriture pour les semaines à venir si la chasse avait été fructueuse. La minuscule route qui sillonnait la vallée et s'enfonçait dans le bois était déserte. Deux jeunes garçons jouaient à se battre avec des morceaux de bois, copiant des scènes devenues trop habituelles en ces terres. Ils avaient déjà croisé à de nombreuses reprises le regard de la mort et savait, de manière inconsciente, qu'ils devraient eux aussi se battre un jour pour sauvegarder leurs familles des monstres qui erraient jour et nuit. Au loin, le soleil disparaissait derrière les montagnes et un vent de fraîcheur les fit frémir. - Eh, Gezige, essaie donc de me toucher ! - Tu es trop rapide pour moi, Izexon, tu te bats trop bien…, haleta un jeune garçon au visage encrassé. Son souffle se faisait court, son visage trahissait dans ses traits tirés la difficulté du combat. Au loin, résonna un cri de joie ; l'un des adultes venait d'en finir avec un sanglier, belle prise pour parachever cette partie de chasse commencée trois jours plus tôt. Surpris par ce cri, Izexon trébucha sur un gros caillou : il se retrouva par terre, étalé de tout son long, le visage ensanglanté. Horrifié par les sanglots montant de son compagnon, Gezige accourut mais s'arrêta net lorsqu'il aperçut une ombre déjà penchée sur lui. L'inconnu retourna délicatement le petit garçon qui exprimait sa douleur en gémissant et constatant avec horreur le sang qui coulait entre ses mains. L'inconnu mit sa main au-dessus de la plaie du front tout en le réconfortant tandis qu'une étrange lueur apparue. En quelques instants, la douleur s'évanouit et le jeune garçon cessa de pleurer. - Merci Monsieur, balbutia-t-il, « mais qui êtes vous ? » - C'est Pallas au grand cœur ! On dirait que vous vous êtes perdus ! Pallas sourit aux deux enfants, se releva et porta son regard vers les trois hommes qui arrivaient. Seth et Artholos l'avaient rejoint, sourires en coin. Les deux garçons disparurent dans une course folle, rejoignant les leurs qui, habitués aux mauvaises rencontres, quittèrent les lieux en disparaissant dans le bois. Pallas se détacha du trio et se porta à la rencontre des visages familiers qu'il avait tout de suite reconnu. - Nous étions venus te chercher Séléné, je vois que c'est finalement toi qui viens à nous ; mieux encore, tu n'es pas seul ! - Pallas, Seth, Artholos, heureux de vous revoir. Je vois que vous portez à vos cous vos Armures Sacrées. Nous voilà donc tous Guerriers Sacrés ! Séléné de l'Ours, Nevali du Loup et moi-même, Nekkar de l'Hydre Femelle. Et vous ? - Artholos de l'Hydre Mâle, Seth du Phénix et moi-même de la Croix du Sud. Six Guerriers Sacrés de bronze ... et tant de temps passé loin du Sanctuaire ! - Cinq ans pour être précis. J'ai tenu un décompte à Tyrinthe lors de ma formation, rétorqua Artholos. « Je pense que votre entraînement a été aussi difficile que le mien, nous aurons bien des choses à nous dire ». - Des nouvelles des autres ? - Je suis rentré au Sanctuaire le premier voilà quelques mois. Maître Graal est venu me chercher au milieu des glaces éternelles. Séléné posa ses affaires et croisa ses bras. Il n'avait pas vraiment suivi la conversation, suivant du regard le groupe de chasseurs qui avait disparu dans le bois pour rejoindre son village perché dans les montagnes voisines. Il se tourna vers Pallas et le regarda sans émotion. « Qui ça ? » lâcha-t-il froidement. « Le Guerrier Sacré d’Argent de la Coupe. C'est un des maîtres du Sanctuaire, un peu comme Yolos ». Séléné plissa son front. Il avait un compte à régler avec ce dernier et la simple évocation de son nom lui arracha un rictus de colère. « Asseyons-nous autour d'un bon feu. Nous avons des choses à vous apprendre avant de rejoindre le Sanctuaire. Je pense que nous serons tranquilles là-bas, à côté de ce grand arbre », dit Pallas en désignant un frêne isolé au pied duquel coulait un petit ruisseau. Les six serviteurs d'Athéna installèrent un campement de fortune autour d'un feu qui apporta un peu de chaleur dans la nuit qui tombait à présent. Les compagnons achevèrent le repas préparé avec le fruit de la chasse de Nekkar et de Séléné en échangeant quelques mots sur leurs nouveaux pouvoirs et leur formation. La tête tournée vers les cieux, contemplant le merveilleux spectacle qui s'offrait à eux, ils gardèrent le silence. Les étoiles scintillaient d'une rare lumière, le ciel entier semblait vibrer, les constellations portant un regard protecteur sur leurs représentants terrestres. Pallas brisa finalement cet instant de quiétude et narra tout ce qu'il avait appris depuis son retour au Sanctuaire. Seth et Artholos étaient au courant, mais pour les trois autres représentants d'Athéna ce fut un choc. Astragoth, la traversée des Enfers, la poursuite de Maiegeiam, le chaos régnant maintenant sur l'ensemble de la Terre, Séléné, Nekkar et Nevali avaient du mal à cacher leurs inquiétudes. - Je comprends pourquoi Athéna désire disposer de guerriers aussi puissants que nous, intervint Séléné. C'est la guerre ! - Pire, bien pire en réalité, c'est le chaos. L'ouverture d'Astragoth a libéré des forces que même les dieux craignent. Maiegeiam a ourdi un plan qui conduit le monde à sa perte, la folie s'est emparée des hommes ... je ne sais pas comment tout ceci finira, mais notre tâche, et là Yolos a été clair, est de nous opposer à ce tumulte et de répandre l'ordre et la justice d'Athéna en ce monde. - Et les autres ? Pourquoi ont-ils ouvert cette porte d'Astragoth ? Et où sont-ils en ce moment ? s'enquit Nevali, perplexe. Seth s'allongea et regarda le ciel étoilé. « Mâa, Asturias, Shiro et Frank ont fait de leur mieux. Ils ont vécu des choses dépassant nos pires cauchemars. Ils n'étaient pas seuls en Astragoth, nos anciens compagnons d'Hattousa étaient avec eux. Ceux qui ont rejoint Odin et Asgard sont aussi responsables. D'ailleurs, pour aller plus loin, personne, les dieux mis à part, n'est responsable. Nous ne sommes que des instruments au service de la fatalité divine. Nevali, nous sommes au début d'un processus qui nous mènera à la fin d'un monde. A nous de suivre Athéna et de prendre la bonne route ». En guise de réponse, une rafale de vent mugît au cœur de la vallée, faisant frémir les feuilles de l'arbre, laissant les guerriers à leurs interrogations. - Au moins sommes-nous armés maintenant, nous sommes des Guerriers Sacrés. Nous sommes puissants. - Moi, c'est certain, coupa Séléné. « Toi Nevali, à te regarder, je me demande si tu n'as pas volé cette Armure : tu es toujours aussi chétif ! » - Ta bouche est aussi grande que ta taille, rétorqua son compère en souriant. « Pourquoi nos compagnons ne sont pas devenus des Guerriers Sacrés ? Ils n'auront pas de formation ? Et les autres, Darkhan, Harald, que sont-ils devenus ? » - Darkhan et Harald devraient nous rejoindre bientôt au Sanctuaire, Asham de Pégase et Minosandre du Lionnet sont partis à leur rencontre, répliqua Artholos. - Minosandre, c'est vrai, je l'avais oublié lui, il a participé au tournoi avant notre départ. - C'est cela Nevali. En ce qui concerne Mâa, Frank, Shiro et Asturias, ils devraient partir bientôt, dès qu'ils auront achevé leur mission. Enfin c'est ce que j'ai cru comprendre d'une conversation entre Graal et Yolos. - Si je résume, nous serons bientôt tous réunis, entre Guerriers Sacrés, pour sauver le monde. Charmant programme. - Non Nekkar, pas pour sauver le monde, pour apporter la justice d'Athéna. Sur ces derniers mots Seth ferma les yeux. Ses compagnons l'imitèrent bientôt, rejoignant la quiétude de la nuit pour dormir quelques heures. Leurs esprits demeuraient en éveil, leur Souffle Divin acquis au prix de multiples et terribles épreuves rendant inutile tout tour de garde : désormais ils faisaient un avec le monde qui les entourait et nul adversaire ne pouvait tromper leur vigilance inconsciente. [1] Pierre précieuse souvent utilisée dans la Mésopotamie antique.
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