Asgard, palais d’Hilda de Polaris
« Non ! Vous ne pouvez pas entrer ici ! Ce palais est sacré, aucun étranger n’a le droit d’y pénétrer !
_ Laisse-moi passer. Je dois remettre un message à la princesse Hilda de Polaris et rien ni personne ne m’en empêchera ! »
Freya venait juste d’entendre ces paroles quand elle surgit à l’entrée de la salle Sacrée de Thor, où sa sœur recevait en temps normal ceux qui venaient lui demander conseil ou assistance. En face d’elle, deux individus enveloppés dans d’étranges capes de fourrure leur tombant sur les pieds et aux cols leur cachant la moitié du visage. Ils interpellaient un garde qui leur tenait tête alors qu’un deuxième était étendu par terre, inerte.
Elle avait entendu des bruits s’élever dans tout le palais et faisant allusion à l’intrusion de deux individus. Ils avaient anéanti la garde du Corridor et s’apprêtaient à forcer le passage vers la salle de Thor. Freya était immédiatement accourue car, en l’absence de sa sœur, elle était la seule responsable du Palais.
« Princesse ! Fuyez ! Ces étrangers sont dangereux, ils ont… »
Mais le garde n’eut pas l’occasion de terminer sa phrase. Il tomba inconscient tout comme son camarade, frappé sans avoir pu répliquer.
« Vous êtes la princesse Hilda de Polaris ? »
Freya n’avait nullement l’habitude de s’enfuir devant le danger et ces individus ne lui faisaient pas peur, même si une mauvaise impression l’étreignait.
« Non ! Je suis la princesse Freya, sœur d’Hilda de Polaris. Qui êtes-vous ? Ma sœur n’attend pas de visite !
_ Nous avons un message à remettre à la princesse Hilda. Vous seriez bien aimable de nous conduire à elle immédiatement ! » Freiya se renfrogna.
« Je n’ai d’ordre à recevoir de personne ! Ma sœur n’est pas disponible. Veuillez vous présenter et revenir plus tard en vous faisant annoncer. Nous n’avons pas l’habitude de recevoir les intrus qui forcent notre garde.
_ Je suis désolé, mais notre mission prime sur toute autre considération. Peut-on savoir où se trouve la princesse Hilda ?
_ Comme je vous l’ai dit, elle est absente, mais refuserait de toute manière de rencontrer des intrus tels que vous ! Maintenant, partez et ayez l’obligeance de revenir plus courtoisement la prochaine fois ! » L’étranger s’avança vers l’entrée.
« Puisque vous ne voulez pas nous conduire à elle, nous allons devoir nous introduire de force dans cette salle !
_ Je vous défends… »
Freya s’était jetée sur l’inconnu qui essayait d’ouvrir les portes de la salle de Thor, mais elle fut violemment repoussée. Elle serait tombée à terre si des bras ne l’avaient pas rattrapée. La princesse s’enquit alors de son sauveur.
« Bud ! Mais que fais-tu là ?... »
Bud d’Alcor soutenait la princesse, les yeux fixés sur le deuxième étranger qui n’avait encore dit mot.
« Qui êtes vous ? Comment osez-vous pénétrer ici de cette façon !? »
Le premier inconnu aux cheveux blonds et courts se tourna vers lui. Sa corpulence était plus imposante que celle de son compagnon.
« Encore un garde ?! Décidément ce palais est bien protégé pour un pays en paix. » Bud se plaça devant Freya pour la protéger.
« Je ne suis pas un garde et vous n’avez aucune raison de maltraiter ainsi la Princesse !
_ Je ne voulais pas lui faire du mal, c’est elle qui s’est jetée sur moi. Nous devons voir la princesse Hilda de Polaris pour lui remettre un message de sa Majesté Mars.
_ Mars ?... Je crois que la Princesse Freya vous a dit que la Grande Prêtresse d’Odin ne reçoit pas ceux qui s’introduisent dans son palais par la violence. Veuillez repartir immédiatement d’où vous venez où je serais obligé de vous reconduire moi-même à la sortie. »
L’inconnu s’esclaffa :
« Parce que tu crois pouvoir nous reconduire si facilement ! Tu es bien présomptueux ! Si c’est un combat que tu cherches, je suis ton homme ! »
Une aura rouge s’éleva de son corps, soulevant sa cape qui se mit à onduler. Bud se prépara à l’attaque, écartant la princesse.
« Attends Bosa. »
La deuxième inconnue avait posé sa main sur l’épaule de son compagnon. Sa voix féminine trahissait son sexe. Ses cheveux bleus cendrés aux teintes polaires lui tombaient sur les épaules par-dessus sa cape.
« Dana ! Nous avons une mission à accomplir ! » L’étranger corpulent n’était pas décidé à renoncer à ce combat.
« Il n’a jamais été question d’affronter qui que ce soit. Ce n’est pas très bon pour une mission diplomatique, et je pense que ce jeune guerrier te donnerait du fil à retordre.
_ Lui ? Tu veux rire ! »
Mais sa conversation avec Bosa était close. La dénommée Dana se rapprocha de Freya.
« Princesse, vous êtes celle qui avez la charge de ce palais en l’absence de votre sœur ?
_ C’est… c’est exact…
_ Dans ce cas, veuillez annoncer à celle-ci que deux ambassadeurs de sa Majesté Mars désirent la rencontrer au plus tôt. Nous attendrons en contrebas de la forteresse à la taverne « Le Loup Enragé ». Qu’on vienne nous y chercher quand la Princesse Hilda sera à même de nous recevoir. … Viens Bosa ! »
Bud était sidéré par cette femme qui commandait au colosse. La princesse Freya était également très surprise et ne savait que répondre. Un des gardes revenait à lui et elle se précipita pour l’aider à se relever. Bosa dépassa Bud non sans le foudroyer du regard et suivit sa compagne.
Bud aida la princesse à s’occuper des gardes qui reprenaient progressivement conscience. Il leva les yeux devant les battants ouverts de la salle de Thor. Il avait rarement eu l’occasion d’y pénétrer, préférant vivre à l’écart de toutes ces manifestations mondaines. Au milieu de la pièce s’élevaient d’une large coupole des flammes grisâtres. Le trône vide d’Hilda se dessinait à travers elles. Elle avait décidé de ne plus s’y asseoir.
« Princesse Freya ? Où se trouve donc la Princesse Hilda ? » Elle tourna des yeux étonnés vers Bud.
« Mais voyons, elle se trouve au pied de la statue d’Odin et prie avec les prêtres du Seigneur d’Asgard, comme tous les jours ! Es-tu aussi venu la voir ? »
L’appel d’un Dieu !
Urani regardait le ciel, de plus en plus troublé. Il sentait les conflits à venir, rien ne pourrait plus les empêcher. Mais son protégé était encore si jeune. Le Mal n’avait pas attendu longtemps pour reparaître, profitant de la faiblesse des protecteurs de la Terre. Les Chevaliers d’Athéna, célèbres pour leurs exploits passés, avaient réalisé l’impossible. Ils ne pourraient vaincre seuls cette fois. Urani se sentait prêt mais malheureusement, il n’en était pas de même pour Nan Li. Le garçon avait à peine sept ans, son plein éveil prendrait encore de nombreuses années et ce temps si précieux, ils ne l’avaient plus. Pourtant sa tâche était claire, il fallait agir ou laisser le Mal ravager le monde.
Urani avait obtenu de nombreux rapports de par le monde. Il avait surveillé les agissements de ceux qui pouvaient devenir une menace. C’était sa mission depuis des années et il l’avait parfaitement comprise et acceptée. Veiller sur la Terre jusqu’à ce qu’Il puisse la défendre. Le temps était venu de combattre et Urani, aidé des autres Muses, devait à tout prix empêcher que le Mal ne s’étende jusqu’à Nan Li.
N’était-il pas trop tard ? Il avait cru disposer encore de nombreuses années, mais ses adversaires n’avaient pas perdu de temps. Comment avaient-ils pu rassembler si rapidement leurs forces ? Cette réflexion le frappa et il ne vit qu’une seule explication : le Mal s’était réincarné avant la défaite des troupes d’Hadès. Savait-il qu’Hadès allait perdre ? Cela paraissait improbable mais il ne voyait pas comment cela était possible sinon.
Urani, gardien de sa Majesté Apollon le protègerait en lui offrant sa vie. Serait-ce suffisant ? Les Chevaliers d’Athéna avaient accompli des miracles, le pourraient-ils encore ?
Urani était toujours tourné vers les étoiles. Elles l’inspiraient, comme s’il eut pu y lire l’avenir. Quoiqu’il arrive, les combats allaient reprendre, le Mal s’attaquerait à eux. Urani avait beau tergiverser, Apollon devait s’éveiller. Maintenant.
« Urani ! Encore dans les étoiles ? » Son jeune apprenti venait de surgir de nulle part.
« Et oui, maître.
_ Maître ? Pourquoi tu m’appelles comme ça ? C’est un nouveau jeu ?… Je veux que tu me montres encore les étoiles. » Le garçon leva la tête vers le ciel, attendant le leçon de son mentor.
« Pas ce soir. Je dois te parler. Assieds-toi là.
_ Ouh ! Là, ça a l’air sérieux ! Qu’est-ce qui se passe ? Tu dois partir ?
_ Oui et toi aussi. Nous allons faire un long voyage. Nous allons remonter dans le temps.
_ Dans le temps ? Avant que je sois né ?
_ Oui, bien avant ! » Urani obligea Nan Li à le regarder. « Je t’ai déjà longuement parlé des étoiles. Elles brillent plus ou moins et parfois elles s’éteignent.
_ Oui je sais, on doit croire en elles pour qu’elles continuent à briller. Moi je crois en elles ! Je les regarde tous les jours. Tu sais j’en connais plein !
_ Je sais. Je t’ai également dit que les étoiles veillent sur la Terre. En fait, les étoiles forment entre eux des constellations, comme le Cygne, la Grande Ours, l’Hydre. Il existe quelque part sur Terre des hommes qui sont entrés en contact avec ces constellations. On les appelle les Chevaliers de l’Espoir.
_ Les Chevaliers de l’Espoir…
_ Oui, ils sont très forts, plus forts que n’importe qui. Ce sont eux qui protègent la Terre contre le mal. Ils ont juré de défendre les hommes coûte que coûte et pour ça, ils se sont mis au service d’une Déesse…
_ Une Déesse ?? Un peu comme Nü Wà ?
_ Oui, dans le même genre, mais beaucoup plus puissante. Elle s’appelle Athéna et c’est la déesse de la Guerre, de la Sagesse et de la Justice.
_ Ça n’a pas l’air d’aller ensemble tout ça… guerre, sagesse…
_ La guerre, elle ne la fait pas pour tuer les gens, mais pour les sauver… elle doit affronter le Mal quand il veut envahir la Terre. »
Urani se releva, Nan Li le trouvait particulièrement sérieux et préoccupé ce soir.
« C’est une justicière en fait ! » Urani se retourna vers son disciple.
« On peut dire ça. Avant que tu naisses, il y a très longtemps, il y avait plusieurs Dieux qui régnaient sur le monde. Le plus puissant d’entre eux s’appelait Zeus, c’était le Dieu des Dieux, celui qui régnait sur le Ciel. Il habitait l’Olympe. Il y avait d’autres Dieux très puissants dont ses deux frères : Hadès et Poséidon. Hadès régnait sur les Enfers, là où vont les âmes des hommes après leur mort et Poséidon régnait sur les Mers et les Océans. Zeus avait décidé que la Terre et les Hommes seraient protégés par Athéna, sa fille, la déesse de la Justice. Mais bien sûr, tu peux t’imaginer que les oncles d’Athéna n’ont pas accepté et c’est ainsi qu’ils sont entrés en guerre contre elle.
_ Et les Chevaliers de l’Espoir sont alors venus se battre pour elle ! » Urani était toujours surpris de la perspicacité de Nan Li.
« Oui, c’est exactement ça. Il y eut beaucoup de conflits entre eux, ainsi qu’avec d’autres Dieux qui ont voulu gouverner la Terre à leur tour. Un de ceux-là était le Dieu de la Guerre, Arès. C’était un des Dieux les plus puissants, le fils d’Héra, la femme de Zeus…
_ Y a toute la famille-là ! Mais… je croyais que c’était Athéna le Déesse de la Guerre ?!
_ Arès personnifie la guerre brutale. Il aime la guerre pour ses combats et non pour sauver les autres, c’est là leur grande différence. … Juste avant que tu naisses, Athéna s’est réincarnée parmi les hommes sous les traits d’une jeune fille. Elle a grandi, comme toi, et ses Chevaliers sont venus l’entourer. Elle a ensuite dû affronter Poséidon et a pu le vaincre. Je crois qu’ils lui ont d’ailleurs donné une bonne leçon ! »
Nan Li attrapa sa main, il avait toujours considéré Urani comme un grand frère.
« Et moi, je peux aussi être un Chevalier de l’Espoir ? Je veux en être un pour faire vivre les étoiles et défendre les Hommes. Tu en es un toi pour connaître tout ça ?
_ Non, je ne suis pas un Chevalier, je suis un Contemplateur. Je regarde les étoiles et j’y lis ce qui arrive aux Hommes. Quand une étoile s’affaiblit, c’est qu’un Chevalier de l’Espoir vient de mourir.
_ Parce qu’ils peuvent mourir ?! S’ils sont si forts, qui peut les tuer ?
_ Ils sont effectivement très forts, mais leurs adversaires sont aussi puissants qu’eux. Parfois ce sont des hommes, parfois non. Mais ce qui fait toujours la différence, c’est qu’eux combattent pour la justice et pour les Hommes.
_ Alors ils se battent jusqu’à la mort ?
_ Oui, ça arrive. Mais ils sont heureux de mourir pour Athéna et pour les Hommes. Ils ne meurent jamais seuls et quand cela doit arriver, ils savent qu’ils ont sauvé des milliers de personnes.
_ Pourquoi tu n’es pas devenu comme eux ?
_ Moi ?... Tu vois, les étoiles m’apprennent beaucoup et j’ai toujours soutenu les Guerriers de l’Espoir, seulement je ne suis pas né sous une de ces constellations. J’ai mon étoile gardienne comme tous les hommes, mais je symbolise autre chose. » Urani s’accroupit à hauteur du jeune garçon. « Je suis une Muse, celle de l’Astronomie et je suis au service d’un autre Dieu qu’Athéna.
_ Un autre Dieu ? Pourquoi tu ne l’as pas choisi, elle a l’air plutôt sympa comme déesse !
_ C’est vrai. Mais les hommes ne peuvent pas faire que combattre. La vie serait bien triste si les hommes ne passaient leur temps qu’à se faire la guerre, tu ne trouves pas ? Moi je m’occupe de l’astronomie, de la beauté du ciel et mon Dieu est le Dieu de tous les Arts, de la Lumière et de la Médecine.
_ De la lumière ? Y a déjà le Soleil pour ça !
_ La lumière ce n’est pas que le visible… c’est aussi la prédiction par exemple, ce sont les sciences de l’esprit. Mais revenons à Athéna. Comme je t’ai dit, elle a affronté Poséidon et ensuite, son oncle Hadès a également voulu régner sur Terre pour y créer un Enfer permanent en la plongeant dans une éternelle obscurité. Athéna et ses chevaliers sont intervenus et l’ont vaincu, mais de nombreux chevaliers sont morts durant cette deuxième guerre sainte et c’est pour cela que le ciel brille moins maintenant que par le passé.
_ Mais s’ils meurent tous, qui va protéger la Terre ?
_ C’est effectivement un problème mais il y en a un deuxième, plus important… Athéna n’est pas revenue sur Terre, elle est restée aux Enfers.
_ Mais alors… qui protège la Terre ?
_ Son père, Zeus, s’est rendu compte de la situation. Poséidon et Hadès ne peuvent pas revenir sur Terre, mais d’autres Dieux peuvent décider de l’attaquer à leur tour et dans ce cas, il n’y aura pas assez de Chevaliers de l’Espoir pour la protéger. C’est pourquoi mon Dieu a été chargé par Zeus, de revenir sur Terre et de la protéger en l’absence d’Athéna.
_ Mais ce n’est pas un guerrier ! Comment il va faire si par exemple, le Dieu de la Guerre arrive ? » Urani sourit intérieurement. Nan Li était presque prêt.
« Ce n’est peut-être pas un guerrier, mais c’est un Dieu très puissant malgré tout. En plus, c’est un excellent tireur à l’Arc ! Et puis moi, en tant que Muse de l’Astronomie, j’ai juré de le défendre quoiqu’il arrive. Alors, même si je ne suis pas destiné à combattre, je suis prêt à prendre les armes pour lui et pour sauver la Terre.
_ Et il est où ton Dieu ?
_ Comme Athéna, il s’est réincarné dans le corps d’un petit garçon. Mais il doit grandir pour devenir un homme. Peu à peu, le Dieu qui est en lui se réveillera et il sera alors plus puissant que n’importe qui. Quand il sera prêt, plus personne ne pourra attaquer la Terre. Mais… pour l’instant… il n’est pas très grand, il a les yeux bleus, les cheveux bruns et n’arrête pas de poser des questions.
_ Hein ?... Tu veux dire que ton Dieu, c’est moi ?! » Nan Li ouvrait tout grand les yeux.
« Tiens donc, tu serais le seul brun aux yeux bleus qui posent des questions tout le temps ?!
_ Bah, tu m’as appelé Maître et tu as dit que tu devais le protéger et comme tu es toujours ici avec nous… » Décidément, rien ne lui échappait à ce petit…
« Et bien oui, tu as raison. Mon Dieu c’est toi. Un petit Dieu pour le moment, mais qui va devenir encore plus grand, plus beau et plus fort !
_ Ouah ! Si j’avais su ça plus tôt ! Un Dieu ! Et je m’appelle comment au fait ?
_ Apollon. Le Dieu des Arts, de la Lumière et de la Médecine.
_ Bon, bah si je suis le Dieu de la Lumière, alors je veux créer de la lumière, maintenant ! En pleine nuit ! LUMIERE !! »
Urani éclata de rire devant l’air sérieux qu’avait soudainement pris son jeune compagnon. Pourtant, il ressentit pour la première fois s’élever distinctement une énergie que Nan Li n’avait encore jamais produite. Elle était très faible, mais réelle. Urani arrêta de rire.
« Ah, ce n’est pas si simple de créer de la lumière, hein ?
_ Je suis déçu ! Ça marche pas alors que je voulais vraiment… C’était qu’une histoire tout ce que tu m’as dit ? Les Chevaliers de l’Espoir, ils n’existent pas ?
_ Bien sûr que si ! Tout est vrai ! Tu es bien la réincarnation d’Apollon, mais comme je te l’ai dit, tu es encore trop jeune. Le Dieu qui est en toi ne s’est pas éveillé, il faudra encore attendre longtemps.
_ Ouais, bah c’est pas drôle alors !
_ Nan Li… je ne devais pas te dire toutes ces choses maintenant, mais je le fais parce que nous allons devoir partir. J’aurais voulu attendre que tu sois plus grand, plus fort, mais tes Gardiens t’attendent déjà. De par le monde, ils se réunissent car ils sentent qu’un grave danger arrive et menace la Terre. Tu vas devoir être courageux et les guider car, sans toi, ils ne pourront pas lutter et aider les Chevaliers de l’Espoir.
_ Ils ne sont pas tous morts ?
_ Bien sûr que non ! Il en reste encore. Mais si la menace est importante, ils ne suffiront pas. Ils vont se faire massacrer, c’est pour cela que je vais combattre sous tes ordres !
_ Mais je n’y connais rien à tout ça moi. Comment je vais faire ??
_ Tu ne dois pas t’inquiéter. Apollon ne se réincarne pas à chaque époque et pourtant il y a toujours eu des défenseurs des Arts. Tu ne les connais pas, mais il y a plein de gens qui sont là pour faire ce qu’Apollon désire, qui sont en contact avec lui et… lire dans les étoiles est un moyen d’entrer en contact avec lui par exemple.
_ Alors toi tu peux lui parler ?
_ Mais je le fais en ce moment ! Tu es Apollon. Toi et lui ne faites qu’une seule et même personne. Il est au fond de toi et tu l’influences aussi. Tu comprendras avec le temps, mais pour le moment, nous devons partir. » Une inquiétude s’empara de Nan Li.
« Et Li Hua ? On l’abandonne ici ?
_ Elle doit rester avec ton papa et ta maman. Ils ne peuvent pas venir avec nous, elle est beaucoup trop petite.
_ Mais pourquoi papa et maman ne viennent pas ??
_ Ils doivent s’occuper de ta sœur. Et qui va prendre soin des rizières si tout le monde part ?
_ Maman ne voudra jamais que je parte !
_ Ne t’en fais pas, j’ai déjà parlé avec elle. Elle sait qui tu es, elle l’a toujours su. Ses enfants ne sont pas des êtres ordinaires, c’était son destin. Elle aurait préféré que tu restes bien sûr, mais elle sait que tu seras digne d’elle et que là où nous irons, elle sera toujours avec toi. »
Son protégé réfléchissait sur tout ce qu’il venait d’apprendre. Urani attendait sa décision avec appréhension.
« On part quand ?!
_ Tu es sûr que c’est ce que tu veux, ça ne te fait pas peur ? Tu n’es pas triste de devoir abandonner tout le monde ?
_ Si, un peu… mais je veux rencontrer les Chevaliers de l’Espoir qui ont sauvé la Terre ! Je suis sûr qu’ils y arriveront encore, je n’ai pas peur ! Et puis tu es là pour m’accompagner, tu es mon cousin ! Je sais que tu prendras bien soin de moi.
_ Très bien ! Et bien nous partirons dans trois jours exactement. Tu peux commencer à te préparer. Maintenant, il faut rentrer chez ta mère sinon elle va s’énerver… et tu la connais, quand elle se met en colère, même moi je n’arriverai pas à te protéger ! »
Nan Li fila en courant entre les rizières. Peut-être que la transformation ne serait pas si problématique. Malgré son jeune âge il était très en avance et n’aurait pas à affronter seul tous ces changements.
Une dure décision…
Deux personnes étaient agenouillées devant la Princesse Hilda, appuyée sur son trône. Les mêmes capes blanches les enveloppaient, seuls les longs cheveux bleus de Dana en ressortaient. À la droite d’Hilda, la Princesse Freya était anxieuse. Derrière les deux étrangers, en retrait, Bud restait attentif, prêt à intervenir à la première traîtrise. La même flamme grisâtre tintait la salle d’une couleur polaire.
« Ambassadeurs de Mars, que désirez-vous donc pour vous introduire avec tant de fracas dans le Palais du Seigneur d’Asgard ?!
_ Princesse Hilda de Polaris, notre Majesté Mars nous charge de vous transmettre un message de la plus haute importance.
_ Je vous écoute.
_ Sa Majesté a décidé de lancer un défi au Sanctuaire d’Athéna qu’il ne juge plus apte à protéger la Terre…
_ Quoi ?! »
Freya porta sa main à la bouche, à la fois stupéfaite et effrayée.
« Nos troupes attaqueront le Sanctuaire dans exactement deux mois et vingt-cinq jours. Il vous demande instamment de ne pas prendre part à ce conflit qui ne vous concerne pas.
_ Et pourquoi Mars a-t-il décidé d’attaquer le Sanctuaire maintenant ? Toutes les menaces que constituaient Poséidon ou Hadès ont été vaincues par les Chevaliers d’Athéna. Aucun danger n’est à redouter pour les cent prochaines années et la Chevalerie d’Athéna est parfaitement capable de défendre la Terre durant cette période. Pourquoi Mars ne laisse-t-il pas les Hommes vivre en paix ?
_ Je ne suis pas habilitée à répondre à vos questions, mais les Hommes n’ont rien à voir dans cette affaire. Il s’agit d’un défi lancé directement à Athéna, qui peut le refuser et laisser à Mars le soin de défendre la Terre.
_ Les Chevaliers d’Athéna ainsi que vous-mêmes êtes des Hommes ! Attaquer le Sanctuaire après ce que les vaillants défenseurs de la déesse ont vécu est un acte de barbarie !
_ Je me dois de vous répéter la demande de sa Majesté qui est de ne pas intervenir dans ce conflit. Nous savons que votre pays a déjà beaucoup souffert…
_ Est-ce une menace ? »
La princesse Hilda ne savait pas comment répondre à cet étranger. Quand elle avait entendu prononcer le nom de Mars, son cœur avait fait un bon dans sa poitrine. Mars ou Arès, peu importe comment il se faisait appeler… le Dieu de la Guerre… Il n’avait pas perdu de temps pour se réincarner et profiter de l’affaiblissement des Chevaliers d’Athéna, qui étaient loin d’être sortis indemnes de leur affrontement contre Hadès. Hilda ne possédait pas de connaissances particulières sur Mars, mais la représentation qu’elle s’en faisait était suffisante pour la dissuader d’établir de plus amples liens avec lui. Les Grecs détestaient ce Dieu cruel et impitoyable qui n’avait d’intérêt que pour la guerre et les combats. Elle savait également que l’histoire était parcourue d’affrontements entre Mars et Athéna et qu’à chaque fois, la Déesse de la Justice l’avait ridiculisé. Il tenait donc à prendre sa revanche.
Le cœur d’Hilda penchait sans conteste pour Athéna qui avait suffisamment montré par le passé son amour pour l’humanité. Une victoire du Dieu serait catastrophique. Celui-ci n’était certainement pas prêt à laisser les Hommes agir à leur guise.
Mais elle devait également penser à son peuple qui avait déjà tant souffert. Siegfried, son meilleur guerrier qu’elle considérait plus qu’un ami lui avait été arraché. Asgard serait incapable de subir un nouvel assaut. Bud d’Alcor était le dernier Guerrier Divin et il avait certes montré sa bravoure contre les Chevaliers d’Athéna, mais ne pourrait parvenir seul à contenir les redoutables armées de Bersekers d’Arès. L’armure d’Odin avait fait sa réapparition à Asgard mais personne n’était plus capable de la revêtir. Pendant ces années de paix, jamais Hilda n’avait pensé devoir affronter un nouveau conflit et personne n’avait été entraîné dans cette optique.
Le regard de la Grande Prêtresse d’Odin croisa celui de Bud. Il paraissait déterminé et ferait tout ce qu’elle lui demanderait, elle était sûre de sa loyauté. En sept ans, elle avait appris à le connaître peu à peu, bien qu’il soit toujours resté très refermé sur lui-même.
A côté d’elle, Hilda sentait Freya prise de panique à l’idée que le Sanctuaire allait être attaqué. Elle s’était liée depuis plusieurs années maintenant avec un Chevalier d’Athéna, Hyoga, qui passait une grande partie de son temps ici-même. Sa sœur n’avait plus rien d’une enfant et Hilda attendait le moment où celle-ci lui annoncerait leurs fiançailles. Cette pensée la mortifia, non que l’idée lui soit désagréable, mais à cause de ce qu’elle savait devoir dire dans les minutes à venir.
Son peuple ne pourrait survivre à une guerre. Tous seraient tués. Les Bersekers de Mars détruiraient le royaume d’Asgard, les protecteurs des glaces. Toute la Terre serait mise en danger par un tel affrontement. Comment elle, Hilda, Grande Prêtresse d’Odin pouvait-elle se permettre de réitérer un tel délit ? Elle avait déjà assez nui à son pays.
La charge qui lui incombait encore aujourd’hui était si lourde. Sa sœur la détesterait pour ce choix et ne le comprendrait certainement pas. Personne ne pouvait la conseiller. Hilda pensait à Siegfried, son fidèle ami, disparu par sa faute. Des larmes lui montaient aux yeux, mais en tant que gardienne d’Asgard, elle ne pouvait se permettre de faiblir maintenant.
Athéna… elle avait été prête à se sacrifier pour sauver le royaume. La dette était immense et Hilda n’aurait jamais assez de sa vie pour la rembourser. Aurait-elle le courage de trahir Athéna et la confiance qu’elle lui avait donnée avant d’être kidnappée par Poséidon ?
Le silence qui régnait depuis plusieurs minutes devenait pesant. Tout le monde était gêné, mais la Prêtresse d’Odin ne desserrait pas les lèvres. Bud voyait sur son visage la nature du conflit qui l’habitait. Hilda était simplement incapable de répondre à la demande de Mars.
Décidé, il s’avança brusquement au devant de sa reine, dépassant les deux étrangers qui avaient gardé genou à terre durant tout l’entretien. Il s’agenouilla devant la Princesse, surprise, puis se releva sans rien dire et se tourna vers les deux étrangers.
« Envoyés de Mars, la Princesse Hilda de Polaris vous rendra sa réponse prochainement. Le conflit dont vous nous informez n’ayant lieu que dans plusieurs mois, vous ne vous offenserez pas d’attendre un jour de plus. »
Hilda se sentit infiniment soulagée par cette intervention car elle ne savait plus comment se sortir de cet entretien.
La Princesse Freya s’avança aux côtés de Bud.
« Le royaume d’Asgard vous offre donc l’hospitalité. Nous vous ferons préparer des chambres dans le Palais. Vous pouvez maintenant vous retirer. »
Les deux émissaires se regardèrent furtivement, inclinèrent la tête devant Hilda et ses conseillers et sortirent de la salle de Thor à grands pas.
Quand les portes se refermèrent, Hilda ne tint plus et s’effondra sur son trône en pleurant. Sa sœur se précipita vers elle pour la réconforter alors que Bud assistait à la scène, confus, sans savoir que faire devant le désarroi de celle qu’il avait juré de protéger.
Côte d’Azur, Résidence Solo
« Est-ce là que nous devons nous rendre ?
_ Pas de doute. Il s’agit de la résidence Solo où réside l’héritier Julian.
_ Cet endroit n’est guère approprié pour cacher la présence d’un Dieu.
_ Ne t’y fie pas. Poséidon est retenu dans l’urne d’Athéna, nous n’aurons affaire qu’à sa réincarnation terrestre.
_ Comment ferons-nous pour lui parler ?
_ Aucune idée. En attendant, ne restons pas là… je n’aime pas cette omniprésence de la mer… entrons.
_ Oui… »
Deux femmes s’approchaient de l’une des plus belles demeures de la Côte d’Azur. La première avait de longs cheveux tressés, un visage au teint pâle et aux traits fins. Les cheveux de la seconde étaient blonds, coupés très courts. Elle faisait cinq centimètres de moins que sa compagne, mais semblait la commander.
Le couple se préparait à entrer dans la demeure lorsqu’une jeune femme aux longs cheveux blonds, portant une robe de soie bariolée rouge et blanche, en sortit brusquement. La première étrangère pris la parole.
« Nous aimerions parler à Julian Solo.
_ Bonjour ! Je suis vraiment navrée, mais M. Solo ne pourra pas vous recevoir aujourd’hui. Il prépare une réunion de la plus haute importance. Mais si vous le désirez, nous pouvons fixer un rendez-vous…
_ Nous n’avons pas de temps à perdre. Je ressens votre aura et notre présence ici est très importante. Nous devons parler à la réincarnation de Poséidon ! »
Ces paroles firent haute impression sur la jeune femme qui recula, le visage contracté.
« Qui êtes-vous ? Poséidon n’est plus ici. Vous ne pourrez pas avoir d’entretien avec lui.
_ Nos ordres sont formels. Si nous ne pouvons discuter directement avec Poséidon alors nous parlerons avec sa réincarnation !
_ C’est inutile ! Julian ne se rappelle rien de son passé. Qui êtes-vous et que voulez-vous ?
_ Nous sommes ici de la part de sa majesté Mars et il est de la plus haute importance que nous parlions avec Poséidon. MAINTENANT !! »
Alerté par le bruit, Julian sortit à son tour, désinvolte et toujours aussi élégant.
« Thétis ? Que ce passe-t-il ici ?
_ Rien M. Solo…
_ M. Solo, nous devons vous parler d’une affaire de la plus haute importance concernant Poséidon.
_ Poséidon… ! »
Le visage de Julian s’était figé à son tour… réminiscence sans doute de son aventure avec le Dieu des Océans.
« Je n’ai rien à voir avec Poséidon. Maintenant si vous voulez bien me laisser, j’ai des affaires qui m’attendent ! »
Il leur tourna le dos pour rentrer dans sa demeure, mais une des deux émissaires joignit ses mains devant son torse et projeta une onde d’énergie sur lui. Aussitôt, Thétis bondit pour intercepter le projectile. La deuxième femme tendit alors un bras en avant et une couronne de lumière sortit de sa main vers le descendant des Solo.
Julian n’eut le temps de réagir qu’il avait été plaqué à terre, sauvé in extremis par l’intervention de son ami.
Sorrento contenait dans sa paume l’énergie mortelle alors que Thétis était retombée au sol, sa robe déchirée par l’attaque.
Julian se releva, furieux.
« Qu’est-ce que cela signifie ? Qui êtes-vous pour venir ainsi troubler notre repos ? »
Sa colère n’avait d’égale que celle du maître des océans. Sorrento se plaça directement à ses côtés pour le soutenir, une flûte dans sa main gauche.
« Thétis ça va ?
_ Oui… ils ont osé s’attaquer à Julian !
_ Je suis désolée d’en venir là, mais nous devons absolument parler à Poséidon et la seule façon que nous ayons de l’atteindre, c’est vous M. Solo !
_ JE NE SUIS PAS POSEIDON ! JE N’AI RIEN À VOIR AVEC LUI !!!
_ Vous êtes sa réincarnation et quoique vous en disiez, vous êtes son représentant sur Terre ! »
Sorrento s’avança, menaçant.
« Je vous demande de quitter cette demeure sur le champ ! Poséidon n’est plus ici et la seule chose que vous y trouverez c’est la mort !
_ Parce que tu penses pouvoir nous arrêter !? »
Thétis se mit à côté de Sorrento.
« Nous serons deux pour cela !
_ Allons-nous devoir vous affronter pour faire venir Poséidon ?
_ Mais qui êtes vous ?
_ Je me nomme Otrere et je suis l’Eloim d’Harael, au service du Zéphire Mikaelle de Hod, combattant de Mars !
_ Et moi je m’appelle Lompado, Eloim de Yeyalel ! »
Sorrento et Thétis faisaient barrière devant Julian, l’un avec sa flûte fermement tenue par sa main gauche, l’autre prête à l’attaque. En face d’eux, Otrere et Lompado restaient totalement détendues, attendant que leurs adversaires attaquent.
Mais ce fut derrière Sorrento que tout se passa. Julian avait les yeux rouges de colère et avant que quiconque n’ait pu réagir, son cosmos explosa sur le perron. Les deux combattantes de Mars durent alors faire face à un Julian méconnaissable, qui leur fonçait dessus, les projetant de son cosmos, sur le sable de la plage.
Sorrento se dirigea directement vers les deux ennemies alors que Thétis essayait de calmer Julian. Elle était impressionnée par la violence et la rapidité de cette attaque. Elle ne savait pas qu’il avait développé de tels pouvoirs. La possession par Poséidon y était sûrement pour quelque chose.
Otrere et Lompado se relevèrent avec, devant elles, un ennemi qui avait déjà porté sa flûte aux lèvres.
« Attends, Marina ! Nous ne sommes pas venus pour combattre mais pour vous délivrer un message de la part de sa majesté Mars ! Nous devons absolument parler à Poséidon, il en va de l’avenir de la Terre !
_ L’avenir de la Terre ? Qu’entendez-vous pas là ?
_ Je ne peux malheureusement en dire plus qu’à Poséidon et, en son absence, à Julian. »
Le jeune homme s’approchait justement des trois personnes, un peu soulagé d’avoir laissé éclater sa colère et retenu par une Thétis aux abois.
« Vous n’avez eu que ce que vous méritiez pour avoir frappé une jeune femme et un homme dans le dos.
_ Nous ne voulions nullement vous nuire, mais notre mission est essentielle et nous devons vous parler !
_ Et bien allez-y, je vous écoute ! Mais sachez que je n’ai rien à voir avec… »
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Sorrento ressentit immédiatement le cosmos de son souverain surgir de la mer. Julian restait bouche bée. Quand il put à nouveau parler, son timbre avait changé pour devenir celui de l’Empereur des Mers.
Sorrento et Thétis se mirent aussitôt à genoux devant leur Dieu. La plage rayonnait du cosmos flamboyant de Poséidon qui se dégageait du trident venu se mettre dans la paume de jeune homme.
« COMBATTANTS DE MARS ! Vous m’obligez à venir jusqu’ici et j’espère donc que vous avez une bonne raison pour cela !
_ Nous sommes navrées de vous déranger ainsi, Trembleur de Terre. Mars a lancé un défi au Sanctuaire d’Athéna et vous demande de ne pas intervenir dans ce combat.
_ Mon neveu me demande de ne pas intervenir ?! Est-ce que j’ai l’habitude d’intervenir dans les combats auxquels se livre ma nièce ?
_ Contre Hadès…
_ SUFFIT ! Depuis quand Mars a-t-il besoin de me demander une telle chose ? Cela ne lui ressemble pas. Dites à votre Dieu que je ne reçois d’ordre de personne, et sûrement pas d’un Dieu de pacotille comme lui, qui attend que son ennemie soit au plus faible pour l’attaquer !
_ Mon maître assure qu’il vous sera reconnaissant…
_ Est-ce à dire que j’ai besoin de lui ?
_ Ce n’était pas ce que je …
_ Mortelle, retourne auprès de ton Dieu et fais lui savoir que je n’accepterai aucune menace de sa part ! Ne revenez plus jamais vous en prendre à Julian ou à mes marinas, ou vous aurez affaire à mon courroux ! »
Aussitôt, le formidable cosmos de Poséidon s’envola et disparut, laissant le trident divin entre les mains de Julian qui regardait toujours les deux combattantes. La conversation était close. Julian reprit malgré tout la parole.
« Vous avez entendu ce que j’ai dit ? Ne remettez plus jamais les pieds ici !
_ Très bien. J’espère seulement que Poséidon aura compris le message de Mars.
_ Cette discussion ne vous a pas suffit ? Personne n’a le pouvoir de commander mes actes ! »
La voix était bien celle de Julian, mais ce dernier n’était nullement perturbé par le départ du cosmos du Dieu. Il gardait en main le trident sacré et un cosmos résiduel flottait autour de lui. Sorrento comprit que Julian avait enfin accepté son rôle et se comportait maintenant comme l’Empereur des Mers lui-même. Il n’y avait d’ailleurs plus de réelles différences entre les deux, sinon que le puissant cosmos dévastateur de Poséidon était retourné dans l’urne d’Athéna.
« Très bien Poséidon. Nous attaquerons le Sanctuaire d’Athéna sous peu. Je sais que vous vous êtes affrontés il y a peu. Désormais ce sera notre tour et Mars compte bien réussir là où vous avez échoué.
_ CETTE FOIS VOUS ALLEZ TROP LOIN COMBATTANTES !!
_ Excusez-nous, grand Dieu. Nous nous retirons maintenant. »
Otrere tira Lompado en arrière, empêchant retenant sa camarade de répondre. Les deux femmes disparurent afin d’aller faire un rapport plutôt négatif à leur Empereur.
Sorrento et Thétis restaient à genoux aux côtés de Julian, attendant un mot de leur maître.
« Rien ne change. Je suis toujours Julian Solo, même si j’ai accepté de représenter Poséidon sur Terre. Retournons chez nous.
_ Maître… Que devons-nous faire pour Athéna…
_ Appelle-moi Julian comme d’habitude, je n’ai pas changé. Athéna a subi de nombreux combats jusqu’à présent et j’ai peur que ce dernier soit de trop… Jamais elle n’arrivera à endiguer les flots de Bersekers avec le Sanctuaire décimé. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas à intervenir dans cette bataille comme je l’ai fait durant celle contre Hadès. La bataille se déroulera sur son terrain, elle seule sera en mesure de vaincre. Je fais confiance à ses Chevaliers, ils ont déjà accompli des miracles.
_ Bien Maître. J’aimerais vous présenter une requête…
_ Oui, qu’y a-t-il Sorrento ?
_ J’aimerais…
_ Oui ?
_ Non rien... Je continuerai à vous servir jusqu’à la mort. Si vous avez besoin de moi pour quelque tâche que ce soit, je vous suis entièrement dévoué.
_ Je te remercie de ta fidélité, Général. J’aurais effectivement bientôt besoin de toi. Le monde que nous connaissons va changer. »
Julian partit d’un pas lent et majestueux jusque dans sa demeure, son trident à la main, suivi de Thétis et de Sorrento.
Province de Guang Xi, Chine, Aéroport de Nanning
« Urani, c’est la première fois que je prends l’avion !
_ Vraiment ? Tu n’as rien à craindre. Tu vas voir, c’est une sensation très agréable.
_ Oh j’ai pas peur, tu sais ! Ils ne me font pas peur les méchants. J’ai décidé d’être le meilleur Dieu de la Terre et je serais comme les Chevaliers de l’Espoir, mais encore plus fort !
_ Ce n’est pas la force qui compte, jeune homme, mais la justice de tes idées.
_ Je sais bien ! Je serai comme les étoiles et je protégerai les gens et ma sœur ! Urani, là où on va, j’en verrais des Chevaliers de l’Espoir ?
_ C’est probable oui, mais nous ne devons pas perdre de temps. Il va falloir que tu guides beaucoup de personnes. Tu ne seras pas seul. Tu rencontreras Erophile, la Pythie. Elle te secondera. Elle connaît beaucoup de choses.
_ Je veux bien, mais c’est moi qui dirigerai ! Allez Urani, en avant ! »
Un jeune homme très fin et très grand, aux longs cheveux blancs accompagnait un petit garçon tout excité. Ils montèrent main dans la main la passerelle qui les guidait à l’intérieur de l’avion en partance pour la Grèce…