Tout paraissait terminé. Après les morts successives de la plupart des chevaliers d’or et la disparition des derniers dieux qui avaient soutenu Moros, le champ de bataille paraissait totalement dévasté. Des corps sans vie gisaient ci et là, disloqués par la violence des combats menés. Il ne restait plus grand-chose de leur grandeur passée. La lumière naissante du petit matin éclairait la Chine de ce mois de septembre. Une Chine renaissante, après le chaos qui avait failli l’anéantir, tout comme le reste de la terre.
Qui pouvait encore se relever ? Combien de temps, encore, allait durer ce combat qui avait vu tant de sang couler ? L’issue semblait inéluctable. Quelques corps se mettaient péniblement en mouvement sur le sol…face à un Moros impassible, jamais inquiété une seule fois depuis le début. Il était debout, déjà triomphant, devant une Athéna au bouclier fendu et presque brisé, repliée derrière les quelques valeureux guerriers qui répondaient encore présents à l’appel.
Moros : Tu peux toujours te relever, misérable Athéna…mais ton sort est scellé…regarde ce soleil qui grandit, dans l’Orient…c’est la dernière fois que tu le vois se lever…ce jour est important pour toute l’humanité…il marque le début d’une nouvelle ère…une ère de gl…
Athéna : Tais-toi !!
Moros : Quoi ??
Athéna : je t’ai dit…DE TE TAIRE !!!
Jamais Athéna n’avait paru si furieuse. Son rang de déesse l’avait toujours poussé à se retrancher derrière une froideur et une contenance qui lui avait permis de faire face aux difficultés de son existence. Mais elle se montrait enfin telle qu’elle était. Athéna, protectrice des hommes. Et la personne qui lui faisait face la hérissait. La haine commençait à la gagner, après les trésors de compassion déployés depuis des jours, des semaines. La seule vue de tous ces valeureux guerriers morts lui ravivait en elle l’idée de l’absurdité de cette Guerre Sainte. Trop de sang avait coulé, beaucoup trop. Il fallait en finir, coûte que coûte.
Moros : Tu es si stupide…
Athéna : Peut-être as-tu raison sur certains points, peut-être es-tu plus fort que nous tous, peut-être ne sommes-nous pas de taille à nous mesurer à toi…peut-être ai-je surestimé mes chevaliers, leur en ai-je trop demandé et suis en quelque sorte responsable de leur mort…mais, dans ce cas, je ne me le pardonnerai jamais, et, si offrir ma vie peut donner un sens à tous ces sacrifices, alors je le ferai sans hésiter…car je te le dis, je le jure sur ma vie, mon existence, mon nom même de déesse…
aujourd’hui…
tu vas mourir, Hadès…
tu vas mourir…MENELAS !!!
Moros : Comment m’appelles-tu ?!
- Comme ce frère dont tu as lâchement pris…l’apparence…
En entendant les paroles d’Athéna, un corps venait de se remettre en mouvement. Archinoald de la Balance se tenait à nouveau devant sa déesse, la protégeant de son corps. Son corps meurtri par les blessures et les coups reçus, et pourtant…son armure en lambeaux ne le protégeait plus, mais la seule force de sa volonté le maintenait debout.
Archinoald : Ce n’est pas fini, Moros…(concentre son cosmos)
Moros : Et qu’espères-tu encore, en brûlant ton misérable cosmos ? Tu peux toujours m’attaquer, cela ne te servira à rien, et en plus ton corps n’y résistera pas…
- Alors…dans ce cas…nous attaquerons à deux…et nous te réveillerons...chevalier d’or du Cancer !!
Doko venait de se relever à son tour, péniblement. Il pouvait remercier son armure d’or de l’avoir maintenu en vie après la dernière rafale de coups.
Doko (regardant Archinoald) : Mon maître…
Archinoald : Tu es bien mon digne successeur, Doko…Tong Hu, jeune tigre fougueux, je te propose d’unir une nouvelle fois nos forces…Athéna !!
Athéna : Oui, à trois, nous pouvons encore renverser cette situation…nous ne pouvons sans doute pas tuer Moros…mais nous pouvons réveiller l’âme prisonnière de Ménélas…
- Attendez…nous aussi, nous sommes là…Athéna…
A leur tour, Sion du Bélier et Jason de Heinstein se relevaient, le visage ensanglanté, l’équilibre hésitant, mais le regard plein de détermination et de furie.
Quatre cosmos dorés brûlaient désormais autour de la déesse, devant un Moros toujours aussi inexpressif, qui contemplait la scène du haut d’un tertre, enveloppé de sa longue robe de sacre pourpre. Les yeux du chevalier du Cancer guidaient le regard de celui-ci. Quatre chevaliers d’or, deux anciens et leurs deux dignes successeurs.
Moros : Inutile…Vous allez tous mourir…Personne ne survivra à cette déferlante…vous allez périr de votre propre force…de votre arrogance !!
Athéna : Si je suis arrogante, alors qu’es-tu donc, toi qui te fait passer pour Hadès sous les traits de l’un des nôtres ?
Moros : Je suis…Hadès, l’empereur des Ténèbres ! Et, à compter de ce jour…Empereur de cette nouvelle Terre !!
Jason : C’est le moment !! Attaquons, mes amis !!
Doko : Mais moi et Sion sommes protégés par nos armures d’or…toi et Archinoald n’avez que ces restes de reproductions ! Vous n’y survivrez pas !!
Archinoald : Peu importe !! La survie de cette terre…
Les quatre cosmos s’élancèrent avec une puissance prodigieuse, mêlés à un cinquième cosmos divin, qui les englobait tous…
Archinoald : …Est entre vos mains !!!
Moros disparut dans une gerbe d’étincelles…Toute la scène du combat fut ébranlée par un tel déferlement…il fallut plus d’une minute pour y distinguer quelque chose dans le nuage de poussière élevé. .
Moros : Impossible…du sang ! (passa sa main sur son front) : Une égratignure ! Vous avez réussi à me toucher !
Des cinq personnes à avoir lancé leurs dernières forces dans cet assaut, Athéna se releva évidemment la première.
Athéna : Non…c’est fini…nous ne l’avons qu’à peine effleuré…(ferma les yeux, médita un instant) : Pour la première fois de ton existence, déesse Athéna, vas-tu devoir t’avouer…
VAINCUE ???
Non…
Ce n’est pas possible…
Je suis…je suis…
- Ce n’est pas fini, déesse…
Doko et Sion se relevaient encore, prêts à se battre. Pour la Justice. Pour la Paix du Monde. Pour l’Humanité. Leurs deux aînés, gisant au sol, ne manifestaient plus de mouvement, peut-être morts, peut-être encore capables de se relever. Athéna regarda son bouclier brisé, qu’elle brandissait pourtant encore.
Doko : Une chance que nous portons ces armures d’or…
Sion : Oui, tant que nous les porterons, nous aurons la vie sauve…
Moros : Ne vous réjouissez pas trop vite…regardez bien…
Les amures d’or commençaient à se fissurer par endroits…une épaule de l’armure de la Balance se détacha à moitié…le casque de Sion explosa purement et simplement !!
Sion : Non, ce n’est pas possible !!
Doko : Les armures d’or sont pourtant indestructibles !!
Moros : Elles ont été tant éprouvées par les combats que vous avez livrés qu’elles ont perdu leur vigueur…et elles vont bientôt tomber en poussière…le bouclier d’Athéna a déjà été brisé…maintenant, c’est le tour de vos dernières protections…à présent, vous n’avez plus rien…plus rien…et toi, Athéna…
Athéna : S’il le faut, je me tiendrai seule face à toi…ce sera un ultime duel entre toi et moi…je ne te crains pas, Hadès…
Moros : Tu n’en auras même pas l’occasion…
Athéna : Que dis-tu ?? Ahhhh !!
Athéna fut, d’un seul coup, prise d’une douleur au ventre. Un filet de sang s’écoula de son armure. Elle tomba en vacillant…
Athéna : Je suis une déesse…la déesse de la guerre…revenue sur terre après près de deux siècles pour lutter et vaincre le Mal…il en est ainsi depuis des générations…mais, aujourd’hui…
Pour la première fois…
Athéna va t-elle…
…mourir ???
Moros : C’est fini…La Guerre Sainte est terminée…
Doko et Sion tombèrent à nouveau, sans pouvoir résister au poids de leurs jambes. Ils n’eurent que le temps de voir le sol se rapprocher de leurs yeux, jusqu’à ce que leurs têtes s’y écrasent pour de bon, et qu’ils perdent à connaissance. Athéna avait fait de même.
Un vent froid souffla et déplaça un petit nuage de poussière sur les nombreux corps et cadavres qui jonchaient le sol. Des spectres, des chevaliers d’argent, d’or, une déesse. Seule une personne restait debout.
Pourquoi nous battons-nous ??
Quel est le sens de cette bataille ?
La terre a été créée par les dieux pour les hommes et pourtant, depuis la nuit des temps, ils tentent de la leur reprendre…
Jusqu’ici, Athéna avait toujours réussi à s’opposer à ces sombres desseins…
Mais il faut bien que, un jour, la balance se renverse dans l’autre sens…
Oui, la Balance…
Mais …!!
Doko bougea un doigt, puis deux, puis une main, puis commença à manifester l’envie de se relever, encore et toujours. Tant qu’un souffle de vie l’animerait encore.
Doko : Je suis…le chevalier d’or de la Balance…et cette armure n’est pas ordinaire…elle m’est revenue de droit, car elle possède un pouvoir que nul autre ne possède, capable de vaincre le mal en ultime recours…
Le moment est peut-être venu, aujourd’hui !!
Et Doko baissa les yeux et regarda un instant les douze armes qui ornaient son armure, et qui luisaient encore, malgré les dommages reçus par l’armure.
Doko : Moros !! Je sais comment te vaincre !
Moros : Ah oui ??
Doko : L’une de ces armes que je porte…aura raison de toi !
Moros : Humm !! Tu sembles oublier avec quelle facilité la flèche du Sagittaire s’est retournée contre vous tout à l’heure…qu’espères-tu encore ?
Doko : Peu m’importe, tant qu’il restera un espoir, et un seul !
Il saisit l’un des tonfa de l’armure, le détacha et le brandit en direction d’Hadès.
- Arrête, Doko, ne fais pas ça !!
Doko : Quoi ???
Athéna, une nouvelle fois, s’était relevée, et s’adressait à Doko.
Doko : Mais, déesse Athéna… !!
Athéna : N’utilise pas ces armes de ton armure…je te l’interdis !
Doko : Pardonnez-moi, déesse, mais nous n’avons plus d’autres solutions…
- Elle a raison, Doko…
Archinoald se relevait, puis, bientôt, les deux chevaliers du Bélier à leur tour.
Doko : Archinoald ! Toi, le Grand Pope, l’ancien chevalier d’or !! Toi qui a déjà combattu Hadès par le passé !! Comment peux-tu me défendre d’utiliser les armes de cette armure, que tu as toi-même portée ??!
Archinoald : Athéna a raison, Doko…ces armes servent la justice, et ne peuvent être utilisées qu’en dernier recours ! Les lois de la chevalerie nous interdisent d’avoir recours aux armes…nous devons lutter à la seule force de nos cosmos…
Doko : Mais c’est absurde ! Il s’agit bien là…d’un dernier recours !!
Moros : Assez entendu, vous me fatiguez avec vos bavardages !! Puisque vous ne vous décidez pas à attaquer, je vais le faire à mon tour !! Par les Vagues d’Hadès !!
L’ancien chevalier du Cancer lança à nouveau son attaque…qui fit changer le décor où tous se trouvaient…le champ de bataille disparut, les paysages montagneux de l’Ouest chinois…Pour laisser place à un spectacle de désolation…des montagnes ténébreuses, dans une immensité lugubre, où surgissait de nulle part un gouffre béant…le Yomotsu Hira…
La fin de toute chose…
Athéna et ses quatre chevaliers rescapés étaient inéluctablement aspirés par le gouffre…
Moros : Plongez dans le gouffre de l’oubli, pour l’éternité, et mourez enfin !! Adieu, Athéna !!
Athéna (volant vers le gouffre et le voyant approcher) : C’est fini…j’ai failli à ma mission…
Doko : Nous avons échoué…nous allons…mourir…
Mais, au moment de plonger pour de bon, une force invisible empêcha tout le monde d’aller plus loin.
Jason : Nous…nous ne sommes pas encore morts…
Doko : Pourquoi n’avançons-nous plus…
- Ce n’est pas encore le moment, chevaliers…retournez sur terre, avec Athéna, terminer le combat…et vaincre Hadès…
- (autre voix) : Oui, terminer…ce que nous avons commencé…
Sion : Ce que vous avez commencé !! Mais alors…
Archinoald : Cette voix !! Iolaos !!
Iolaos : Athéna…même morts, nous vous protégerons…
Zéthée : Oui…nos sacrifices n’auront pas été vains…
Abel : Nous ne pouvons vous laisser nous rejoindre…
Hippolyte : Pas temps…qu’Hadès n’aura été vaincu !!
Alrisha : Relevez-vous, chevaliers !!
Gassama : Enflammez vos cosmos…comme vous ne l’avez encore jamais fait !!
Janus : Oui, comme nul chevalier, de toute l’Histoire, ne l’a jamais fait !!
Samsom : Vous êtes l’espoir de toute l’Humanité !!
Siddartha : Et tant qu’une étincelle de foi et de vie brûlera en vous, vous ne pourrez trépasser !!
Les neuf cosmos dorés des chevaliers d’or morts au combat brillèrent comme jamais, et les visages de leurs compagnons apparurent dans la pénombre, comme des bulles flottant dans les airs.
Doko : Nos compagnons…vous êtes tous morts, et, grâce à vous, nous sommes encore là…
Sion : Il reste donc un espoir…
Athéna : Il…il n’y a pas…que les chevaliers d’or…
Peu à peu, des cosmos brûlèrent de partout dans ce lieu déserté qu’était le Puits aux Morts. Les cosmos surgissaient du fond du puits.
- Nous sommes morts et nous ne pourrons plus revenir…mais que nos cosmos vous guident jusqu’à la sortie…
Doko (reconnaissant la voix): Adam, mon ami…valeureux chevalier de l’Horloge…
- …Et que le bien que nous défendons triomphe pour de bon !!
Athéna : Caïn du Peintre…
Aux neuf cosmos dorés s’ajoutèrent des cosmos bleutés, blancs, de toutes sortes de tons. Si nombreux qu’on ne pouvait plus les dénombrer, quarante, cinquante, peut-être plus. Tous les chevaliers de bronze, d’argent, d’or morts au combat dans cette guerre, tous donnaient ce qui leur restait, offraient le sursaut de leur âme à leur déesse, au combat de toute une génération.
Moros : Non !! Vous êtes tous morts !! Nous vous avons vaincus avec les spectres !!
Janus : N’oublie pas une chose, Hadès…il reste trois chevaliers d’or encore en vie…Doko, Sion…et le chevalier d’or du signe du Cancer !!
Moros : Non !! Tout cela est terminé !! Je suis Moros, incarnation d’Hadès à cette époque !! Et je viens de mettre un terme à ce combat, en vainquant Athéna !! Plus personne ne peut s’extraire de ce lieu, à part moi-même !!
Archinoald : C’est ce que tu crois…Ménélas !!
Moros : Je ne suis pas, je ne suis plus ce..Mén…aaarghh !!
Hadès, qui se tenait debout près du puits aux morts et regardait Athéna et ses quatre rescapés plonger dans le puits, fut pris de violents maux de tête. Il prit sa tête entre ses mains…
Doko : Il dit pourtant vrai, Athéna…comment allons-nous sortir de ce lieu, et revenir sur terre ??
Moros : Aaargh…les cercles d’Hadès…sont ma plus belle création…ils sont l’expression de ma toute-puissance…
Mais, d’un coup, le paysage se brouilla, comme un rideau que l’on tirait. Le puits aux morts s’effaça de la vue d’Athéna, d’Hadès et de ses chevaliers.
Un éclair, une lumière blanche aveuglante…
Cinq corps étaient allongés dans l’herbe d’une montagne, dans la Chine de l’ouest. Le mont Kunlun se dressait majestueusement.
Athéna (se réveille) : Que…que s’est-il passé ??
Doko : Athéna !!
Jason : Nous revoici sur terre !
Athéna : Vous êtes tous vivants…comment sommes-nous revenus ??
Archinoald : Il n’y a qu’une solution… regardez !!
Un sixième corps gisait un peu plus loin, allongé à terre. Celui d’Hadès. Ou plutôt…
Sion : Il ne réagit pas…Croyez-vous qu’il est… ?
Athéna : Non, il n’est pas mort…et regardez l’expression de son visage…
Doko : Son regard semble apaisé…ce n’est plus Moros !!
Archinoald : Mais alors !!
Jason : Ménélas, chevalier Ménélas…reviens à toi…
Athéna : Laissez-le…je suis sûr qu’il va revenir à lui…
Doko : Et Hadès ??
Jason : Il a disparu…il est parti…
Archinoald : Alors…cette Guerre Sainte est terminée…
Le grand Pope tomba à genoux, épuisé, prêt à se laisser aller au sommeil, malgré ses nombreuses blessures. Le poids des années passées le rattrapait. En quelques minutes, il avait vieilli de plus d’un siècle. Et était redevenu le vieillard qu’il était vraiment.
Archinoald : Athéna…je sens ma fin venir…alors ma mission arrive à son terme…nous avons gagné et le sursis de vie que vous m’avez accordé…est lui aussi terminé…
Athéna : Archinoald…je…
Mais Athéna n’eut même pas le temps de répondre.
- Que croyez-vous avoir gagné, misérables ??
Une forme blanche flottait dans les airs, au-dessus d’eux. Un être incorporel, mais à l’aura démesurée, s’adressait à eux.
Athéna : Hadès !! Tu t’es maintenu en vie dans cette aura !!
Doko : Mais, tu le vois, nous avons réchappé à ton Puits aux Morts !!
Sion : Tu ne peux plus lancer ton attaque, et tu ne peux plus utiliser ce corps d’emprunt !! Autrement dit, tu n’as plus qu’à retourner t’enfermer dans ton monde des morts, et ne plus jamais en sortir !!
Hadès : C’est là que vous vous trompez tous !! Admirez plutôt le spectacle !!
Un vortex de lumière se forma dans les airs…une bulle flottante où se noyaient des images diffuses…les images se firent de plus en plus nettes, et tous purent les regarder fixement…celle d’un tombeau…un tombeau usé par le temps…
Sion : Mais de quoi s’agit-il ?? Quel est cet endroit ??
Athéna : Non !! (une goutte de sueur sur le front) : C’est la première fois qu’une telle chose se produit !!
Doko (commence à comprendre) : Vous voulez dire que… !!
Athéna : Il fait ce que nous n’avons pas fait avec les armes de la Balance…il utilise la dernière solution qu’il lui reste…une solution dont il répugne à se servir…
La dalle commença à bouger…la tombe s’ouvrit…et, au moment où son contenu allait apparaître, un éclair violent éblouit Athéna et ses chevaliers rescapés, qui furent projetés sur les côtés de la bulle lumineuse. Qui disparut aussi vite qu’elle était apparue.
Tout se passa très vite. Lorsque tout le monde rouvrit les yeux, un homme en armure noire se tenait devant eux, une épée à la main. Un homme à la peau blanche comme la neige, et aux cheveux noirs comme l’ébène. Un regard à glacer les entrailles.
Sion : Un…un spectre ?? Mais ils sont tous morts !!
Doko : Non, Sion !! Ce n’est pas un spectre !!
- Eh bien vous avez l’air surpris, chevaliers…
Athéna : Nous nous rencontrons enfin pour de bon, Hadès…
Hadès : Oui, Athéna…il fallait que ce moment arrive…
Athéna : Cela fait des millénaires que j’attends cet instant…Ce combat n’a que trop duré…et, maintenant que nous avons enfin réussi à te déloger de cette tombe où tu dormais depuis tant de Guerres Saintes, nous allons pouvoir te tuer !! Et ces guerres prendront fin !! A jamais !!
Hadès : Tu es folle…tu ne mesures pas ce que tu dis…
Athéna fit brûler son cosmos et brandit ses deux attributs. Dans la main gauche, le bouclier qui, bien que brisé, trônait encore majestueusement à ses côtés. Dans sa main droite, le sceptre d’Athéna Nikê, miraculeusement épargné par le combat…
Hadès : Ton armure et ton bouclier sont en pièces, tes chevaliers réduits à quelques insectes sans force…tu ferais bien d’abandonner…il en est encore temps…
Athéna : Il n’est temps que de mettre fin à ce combat ! Que je gagnerai, une fois de plus !!
Le combat des dieux commençait. Deux cosmos brillaient d’une rare intensité, que regardaient les quatre chevaliers encore en vie.
Archinoald : Je n’avais jamais vu une chose pareille…il m’aura fallu attendre deux Guerres Saintes pour assister à un tel combat…
Doko : Archinoald, nous ne pouvons pas rester là !! Intervenons, et aidons Athéna !!
Archinoald : Non, Doko, nous devons la laisser…Nous ne sommes pas de taille à prendre part à un combat singulier entre deux dieux…et puis, tant qu’elle tiendra ce sceptre de la victoire entre ses mains…
Les deux cosmos s’entrechoquèrent dans une explosion qui retentit au loin et souleva les branches des immenses arbres voisins. Hadès s’approcha d’Athéna et dégaina son épée…qu’il abattit sur la déesse mais celle-ci réagit en opposant son précieux bouclier…
- Arrag…arghh…
Un corps commençait à bouger non loin de là…
Hadès repartait à la charge, tandis qu’Athéna faisait à nouveau barrière de son seul cosmos. Il était évident qu’elle privilégiait la défense à l’attaque, contrairement à son adversaire, et qu’elle répugnait à utiliser une quelconque force brute. Mais cela ne pouvait pas lui permettre de tenir bien longtemps…
Hadès : Quand te décideras-tu à attaquer pour de bon ?
Athéna : Il n’en est pas question ! Reçois plutôt ta propre attaque !!
La barrière créée par le cosmos d’Athéna renvoyait à Hadès ses propres déferlantes d’énergie. Hadès sauta d’un bond et réapparut dans son dos, en dégainant une nouvelle fois son épée. Le coup partit si vite qu’elle ne put l’éviter. Le bouclier céda et se cassa en deux.
Athéna (prise d’effroi) : Non !! C’est impossible !!
Hadès : Tu n’as plus de bouclier, Athéna…il est temps de te tuer, enfin !! Depuis que j’attends ce moment !!
Athéna : Non !!
Doko : Athéna !!
Archinoald : Je ne peux pas laisser faire çaaaaaaaaa…
Un nouvel éclair jaillit et aveugla tout le monde. Quand il fut passé et que tout le monde retrouva la vue, du sang coulait en abondance de l’épée d’Hadès. Mais ce n’était pas celui d’Athéna.
Athéna : Archinoald !! Pourquoi ???
Archinoald (souriant) : Je ne pouvais vous laisser mourir sous mes yeux, déesse…
Athéna : J’aurais évité cette épée, malgré tout !!
Archinoald : Tout à l’heure, lorsque nous sommes revenus du Puits aux Morts, j’ai senti que le poids des ans me rattrapait…j’ai vécu plus de deux siècles…vous m’avez prêté vie le temps de mener une deuxième guerre sainte…j’ai été Grand Pope, en formant de nouveaux chevaliers…j’ai vu la bravoure dont ils ont fait preuve…ils vaincront…et le vieillard que je suis peut mourir en paix…
Athéna : Ar…Archinoald !!!
Sion : Grand Pope !!
Une larme roula sur sa joue gauche, et Archinoald, Grand Pope, ancien chevalier d’or de la Balance, rendit l’âme en fermant les paupières, pour toujours.
Doko : Tu vas nous le payer, Hadès !!
Jason : Oui, ça a assez duré !! Attaquons Hadès tous les trois !!
Sion : Oui !!
Athéna : Arrêtez !! Ne faites pas ça !! Laissez-le moi !!
Mais la voix d’Athéna n’empêchait plus les trois derniers chevaliers de se ruer sur Hadès pour défendre leur déesse et tenter le tout pour le tout, en vengeant la mort du Grand Pope.
Sion et Jason : Par Le Tourbillon de Poussière d’Etoile !!!
Doko : Par les Cent Dragons Sacrés de Rozan !!!
Les deux attaques simultanées, surpuissantes, surtout celle cumulée des deux chevaliers du Bélier, s’écrasèrent littéralement sur Hadès comme une énorme vague sur un rocher.
Hadès : Vous croyez m’atteindre, misérables, et souiller ce corps parfait ?? Goûtez une nouvelle fois à mon épée !!
Athéna : Noooonn !!!
En un instant, un nouveau chevalier s’effondra, mort sur le coup. Jason de Heinstein, ancien chevalier d’or du Bélier, maître de Sion, n’avait pas survécu.
Sion : Maître Jason !!!
Doko : Non !!
Hadès (voyant Sion et Doko): Il ne me reste maintenant plus que ces deux-là, et nous pourrons terminer ce combat, Athéna…
Athéna : Je ne te laisserai pas faire !!
Doko : Nous ne te laisserons pas nous tuer, Hadès !!
Hadès : Ah oui ?? Et comment allez-vous vous y prendre ??
Un nouveau coup d’épée jaillit, surpuissant. Doko et Sion fermèrent les yeux, finalement résignés…C’était sans doute fini pour eux.
Mais rien ne se passa. Ou, plutôt…
Doko : Qu’est-ce que… ?
L’armure d’or du Cancer venait de réapparaître, flottant dans les airs, reconstituée sous forme de crabe. Elle avait fait obstacle entre Hadès, Doko et Sion, absorbant en partie l’énergie qu’il avait déployée dans son épée. Mais, au lieu de se poser sur le sol, les morceaux se détachèrent et vinrent recouvrir le corps de Ménélas, qui se releva d’un coup.
Hadès : Incroyable…comment as-tu pu te relever et retrouver cette armure ??
Doko : Ménélas !!
Ménélas : Oui, me revoici après tout ce temps…Je pense que les chevaliers d’or morts au combat n’ont pas laissé leur vie pour rien…ils nous ont légué tout l’espoir de l’humanité…et, tant qu’un seul de nous survivra, nous te combattrons… Et, contrairement aux autres, l’armure que je porte n’a pas subi tous les combats menés dans cette guerre sainte, Hadès…elle resplendit encore de toute sa puissance…et, tout le temps que tu empruntais mon corps, j’ai pu me reposer…et garder toutes mes forces en attendant ce moment !! Doko, Sion !! Reposez-vous un instant, je me charge de lui !! A nous deux, Hadès !!
- A…attends…moi aussi, je suis là…
Un chevalier à terre depuis plusieurs heures commençait à se relever à son tour.
Athéna : Chevalier Pégase !!!
Doko et Sion : Aritaki !!!
Aritaki : Que dis-tu de ça, Hadès ?? Nous sommes à nouveau quatre chevaliers à nous tenir devant toi !!
Hadès : Mmm…
Les chevaliers d’or du Bélier, du Cancer et de la Balance, le chevalier de bronze de Pégase, tous quatre encerclèrent leur déesse en formant une sorte de dernier carré protecteur.
Hadès : Ce que je dis…
C’est que vous êtes fous d’espérer autre chose que la mort !!
MOURREZ !!
Aritaki : Aaargh !!
Ménélas : Arrgggghhh !!
Les deux chevaliers volèrent plusieurs mètres en arrière et s’écrasèrent au sol. Ils se relevèrent assez rapidement. Mais Aritaki, plus que les trois autres, accusait l’usure de sa protection ; il ne restait presque plus rien de l’armure de bronze de Pégase, et un dernier morceau de son plastron acheva de se briser en tombant.
Aritaki : Ménélas, chevalier du Cancer, je n’ai ni ton rang ni ton niveau, et je vais avoir du mal à faire face…la seule solution pour t’aider est d’unir mes forces aux tiennes…
Ménélas : Très bien, mais mon pouvoir est très différent du tien…cela serait inutile…laisse-moi faire pour l’instant, fais-moi confiance…
Hadès : Que ruminez-vous, tous les deux ?
Ménélas : Je vais te montrer ma véritable puissance, Hadès…quand j’étais prisonnier de toi, j’ai eu tout le temps de méditer le moyen de t’affronter…et je connais une de tes faiblesses…
Hadès : Intéressant…voyons ça…
Ménélas : Par la morsure du Cancer !
L’attaque passa à travers le dieu comme si celui-ci était transparent ; c’est tout juste si quelques mèches de ses cheveux virevoltèrent.
Hadès : Eh bien ? Quelle est cette morsure que tu me promettais ?
Ménélas : Regarde bien ton bras, Hadès…
Hadès : Comment ? Mais… !!
Dans son avant-bras gauche, Hadès aperçut un petit point, pas plus gros qu’une piqûre de moustique.
Hadès : Mais tu as… !
Aritaki : C’est le moment !! Par le météore de Pégase !!
Profitant d’un instant de distraction, Aritaki lança son attaque avec la plus grande détermination sur Hadès, qui dut faire un effort pour l’éviter. Bien qu’ayant atteint un niveau de combat bien supérieur à son rang, le chevalier Pégase savait bien qu’il n’aurait que peu de chance de porter un coup à Hadès. Tout au plus pouvait-il ouvrir la voie à une nouvelle intervention d’Athéna. Celle-ci se trouvait toujours non loin de là, tenant son sceptre des deux mains pour se maintenir debout.
Hadès avait l’air maintenant furieux. Furieux de s’être fait surprendre, même l’espace d’un instant…et furieux d’avoir ce petit bouton de piqûre, même insignifiant, sur le bras.
Hadès : Vous avez…vous avez osé souiller ce divin corps…je ne vous le pardonnerai pas…votre mort ne me suffirait pas…je vais vous exterminer…jusqu’au fond de votre âme…
Athéna (se remet en position de combat) : Hadès, laisse mes chevaliers ! Désormais, ce combat est entre toi et moi !!
Doko et Sion (se relevant encore) : Non ! Nous sommes encore là !!
Hadès changea de regard, et concentra son cosmos, de même qu’Athéna se préparait à intervenir de nouveau. Il paraissait empli de haine.
Ménélas : Eh bien Hadès ? Quel effet cela fait-il de faire face à soi-même ? A son ancien soi-même ?
Hadès : Ainsi tu as décidé de me narguer, petit effronté !! Sais-tu ce qu’il va t’en coûter de provoquer un Dieu ?
Athéna : Ménélas…pourquoi as-tu attaqué Hadès en sachant très bien que ton attaque serait vaine ?
Ménélas : Athéna…En étant possédé par lui, j’ai compris une chose…Hadès chérit cette enveloppe corporelle qu’il utilise en ce moment…il ne supporte pas l’idée qu’elle puisse être ne serait-ce qu’égratignée lors d’un combat, c’est pourquoi, depuis la nuit des Temps, il utilise des corps d’emprunt pour se réincarner…mais, maintenant qu’il a été obligé de me libérer, nous avons pris un ascendant sur lui…ma morsure du Cancer n’a pas le pouvoir de l’empoisonner, comme c’est le cas avec mes adversaires humains…mais cette seule petite piqûre qu’elle provoque lui est insupportable…en l’attaquant sans cesse, nous parviendrons bien à prendre le dessus sur lui…
Aritaki : Je vois…attaquons encore !
Doko : Alors, tous en même temps !! Par les Cent Dragons Suprêmes de Rozan !
Sion : Par le Tourbillon de Poussière d’Etoile !!
Aritaki : Par le Météore de Pégase !!
Ménélas : Par la Morsure du Cancer !!
Un fracas formidable d’attaques retentit à des montagnes au loin, dans un déluge d’explosions et d’étincelles qui souleva des nuages de poussière…
Hadès : Misérables humains !! Cette fois…
MOURREZ !!!
La riposte fut rapide. Lorsque la clarté revint, les cinq adversaires d’Hadès étaient à terre. Athéna était allongée, sans connaissance. Ses chevaliers étaient en très mauvaise posture, les blessures de Doko et Sion s’étaient rouvertes, Ménélas gisait dans une mare de sang, et l’armure de bronze d’Aritaki avait définitivement volé en éclats, il n’en restait plus rien.
Hadès : Incroyable…ces petits combattants ont de la ressource…mais ils ne parviendront jamais à m’atteindre…
Eh bien ! Athéna ! Tu te relèves encore ? Mais regardes-toi un peu…
La déesse se relevait mais il ne restait plus grand-chose de sa force et de sa détermination. Blessée en de nombreux endroits, les bras et le visage ensanglantés, son armure était à moitié détruite, et elle sentait un filet de sang lui échapper douloureusement des entrailles. Elle passa sa main sur son estomac et ne put que constater l’étendue des blessures.
Hadès : Oh, rassure-toi, tu n’en as plus pour longtemps à souffrir…la mort est proche, et je te promets qu’elle sera douce…
Athéna (sanglotte) : Ha…Hadès…Je vais peut-être mourir…mais je…je le…jure…je vais t’emm…mener avec moi…
Hadès : Cesse de parler, tu vois bien que tu n’y arrives même plus…tu n’as plus aucune force…tous tes chevaliers sont morts…ton armure est brisée…même ce sceptre dont tu vantais les mérites…
Elle dut le constater avec effroi : le sceptre d’Athéna Nikê, le sceptre qui lui assurait la victoire, était fissuré en de nombreux endroits, et allait se briser d’un coup à la prochaine attaque.
Elle manqua de tomber, et se retint de perdre connaissance, en sachant qu’elle ne se réveillerait sans doute plus la prochaine fois. Le sang lui coulait jusque dans les yeux et commençait à l’aveugler. Elle tint solidement le sceptre à deux mains, comme une cane pour se maintenir debout, désespérément. Autour d’elle, il n’y avait plus que des débris d’armures et des cadavres de chevaliers.
Devant elle, il restait Hadès, invaincu, intouché.
Athéna : Alors ce serait la fin…moi, Ath…théna, déesse de la gu…
J’aurais…perdu….
Elle retomba sur le sol, des larmes coulant de ses yeux pers.
Près d’elle gisait le chevalier de bronze de Pégase, Aritaki. Qui, lui aussi, avait perdu de sa splendeur passée. Il ne restait plus de lui qu’un corps dont les spasmes nerveux et irréguliers montraient qu’il était encore en vie. Pour longtemps encore ? Des débris d’armure, éparpillés partout autour de lui, témoignaient des combats menés. Mais il n’en restait désormais plus rien…Plus rien…
Et pourtant…
Et pourtant !
- Même si les corps sont brisés, le cosmos, lui, est immortel…
Aritaki : Do…Doko ?
Doko : Je suis à bout de forces…je ne peux plus me relever…mais, Aritaki…mon maître Anatol me rappelait toujours cette phrase…
Aritaki :Qu’est-ce que tu veux dire ?
Doko : Chevalier Pégase…
Lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a un an, j’ai eu comme un pressentiment…notre rencontre n’était pas le fruit du hasard…qu’un jeune samouraï de l’Empire des shoguns se mette sur mon chemin, moi qui ai toujours eu comme destin de servir les dieux…tu ne pouvais pas être là par hasard…tu étais prédestiné à m’imiter…
Mais, contrairement à moi, tu…tu n’es pas un chevalier ordinaire…
Moi, simple chevalier de bronze au départ, j’ai mis beaucoup de temps pour acquérir la force me permettant de porter cette armure d’or…tout ceci est le fruit d’un entraînement…
Aritaki :Je ne vois pas, Doko…je ne vois pas où tu veux en venir…
Doko : Tu as acquis cette même force sans le moindre entraînement…tu as réussi à t’éveiller au septième sens sans jamais quitter cette armure de bronze…tu es le premier, dans toute l’histoire de la chevalerie, à avoir accompli une telle chose…et, quelque chose me dit…que ce n’est pas fini…
- Aritaki ! Samouraï Aritaki ! Relève-toi ! Tu es le chevalier de l’espoir !
Aritaki :Athéna ??
Athéna : Il nous reste un espoir…moi, déesse Athéna, j’ai été vaincue, et je vais mourir…mais, une dernière fois, une toute dernière fois, je vais t’aider…
En te donnant…un peu de moi…
Athéna bougea convulsivement la main gauche, toute ensanglantée qu’elle était, et la posa sur la ceinture du chevalier de bronze, où un ultime reste de son armure lui était encore accroché…
Ce fut le dernier geste qu’elle fit, de son vivant.
Hadès (triomphant) : Mmm !! J’ai senti le cosmos d’Athéna s’évanouir…Athéna est morte !!
Tout est terminé…J’ai gagné cette Guerre Sainte…
Je vais maintenant balayer ce champ de bataille, et faire voler en poussière ces dizaines de cadavres qui souillent les lieux…
Mais…
Au loin, au sol, parmi les nombreux cadavres éparpillés, il voyait une sorte de gerbe qui brillait.
Une lumière bleutée émanait du chevalier de bronze de Pégase…
La lumière devenait de plus en plus forte, de plus en plus intense, et commençait à brûler les brindilles d’herbe autour du chevalier.
Les restes de l’armure disparaissaient…ou plutôt, revenaient à lui…
Hadès : Mais qu’est-ce que c’est que cette force ? Celui-là devrait être à l’agonie, comme les autres, et semble vouloir se relever !!
Tu ne veux donc pas de la mort, misérable ? Je vais accélérer les choses ! Meurs pour de bon !!
Hadès lança une nouvelle rafale d’énergie sur Aritaki, qui, en temps normal, aurait eu facilement raison de lui, et même d’un chevalier d’or dans sa meilleure forme…mais Aritaki n’avait pas la moindre égratignure.
Mieux, les anciens coups qu’il avait reçus semblaient avoir disparu, et avec eux toute trace de blessure.
Son regard était lumineux, comme transcendé par une force nouvelle.
Le chevalier, transfiguré dans une bulle intense de lumière bleue, se tenait debout, et des minuscules cailloux décollaient du sol tandis qu’il déployait un cosmos que même les chevaliers d’or auraient eu du mal à générer.
La lumière bleue était si vive qu’on ne voyait plus qu’une partie de son visage, et notamment ses yeux bruns, dont le regard semblait littéralement dévorer de haine le Dieu de la Mort.
D’un bond prodigieux, les bras levés vers le ciel, le chevalier sauta…et prit son envol…il resta dans les airs, sans bouger…
Hadès : Mais…comment peut-il… ? Qu’est-ce que ça signifie…mais…OHHH !!!
La lumière, moins vive, dévoila peu à peu les contours du visage d’Aritaki, puis ses épaules, et l’ensemble de son corps. La petite armure de bronze de Pégase n’était plus. A la place, le corps d’Aritaki était couvert d’une somptueuse protection ailée, le couvrant intégralement. Deux ailes immenses et majestueuses, le faisaient flotter dans les airs !!
Hadès (paniqué) : Cette armure !! Mais…qui es-tu donc, chevalier Pégase ?? Quel secret me caches-tu ??
Aritaki : Je ne comprends pas tout…mais, ce que je sais, c’est que je me sens empli d’une force nouvelle…et que je vais te combattre !! A nous deux, Hadès !! (fait brûler son cosmos)
- Attends, Aritaki !!
- Nous sommes encore là !!
Doko et Sion, leurs armures d’or en lambeaux, la peau déchirée par les plaies, se relevaient une ultime fois en se donnant l’accolade pour se maintenir debout. Ménélas ne bougeait plus, il avait succombé à ses blessures. Et ils savaient qu’Athéna avait aussi succombé...Mais un sourire de fatigue et d’espoir mêlés illumina leur visage.
Doko : Nous sommes encore là…et nous allons nous battre…Athéna est morte, mais elle t’a laissé cette armure nouvelle, chevalier Pégase, et grâce à elle, nous vaincrons !!
Sion : Par le Tourbillon de la Poussière d’Etoiles !!
Doko : Par les Cent Dragons Suprêmes de Rozan !!!
Aritaki : PAR LA…COMETE DE PEGASE !!!!
Le météore d’Aritaki s’était métamorphosé en une comète surpuissante que rien ne semblait pouvoir arrêter. Cette force nouvelle, mêlée à celle de Doko et de Sion, surpassait celle-ci. Pendant un instant, un bref instant, Aritaki dépassait le niveau d’un chevalier d’or.
Et égalait celui d’un Dieu…
Hadès : Je vais arrêter ces attaques comme les autres…
Il bloqua en un instant les attaques des chevaliers du Bélier et de la Balance…mais eut plus de mal avec la comète d’Aritaki…qu’il bloqua dans ses deux mains jointes pour commencer…mais la lumière était d’une puissance inouïe…elle l’éblouissait…et puis…dans le dos du chevalier Pégase toujours suspendu dans les airs…les ailes de l’armure semblaient dessiner l’animal fabuleux…
Hadès : Mais…quel est ce prodige ??
Ce jeune chevalier, impétueux, qui devrait pourtant être l’un des plus faibles de la chevalerie !
Je suis mis en difficulté, moi, un Dieu !
Quel arrogant ! Je vais le tuer !!
Aritaki : A nouveau, Hadès ! Reçois ma comète !!! (il attaque à nouveau)
Hadès : Mais…
Hadès, en un instant, vit la boule incandescente s’abattre sur lui…juste avant, des dizaines de pensées défilèrent dans sa tête à toute vitesse…comme si toute son existence même de dieu revenait à lui…
Hadès (pensant) : On dit…parfois…que les dieux, autrefois, ont donné aux hommes une chose, qui permet d’être leur égal, l’espace d’un instant…
On appelle ça…un miracle…
Ce chevalier a repris vie grâce au sang d’Athéna…ce n’est plus un chevalier de bronze…ni d’argent, ni d’or…
Cette armure divine, et ces ailes…ce sont…
PEGASE, LE CHEVAL AILE !!!!
Hadès (hurlant) : AAAAAAAAAAAAAAGHHHHHHHHHH !!!!!!!!!
Hadès s’envola pour la première fois dans les airs et vint s’écraser, tête la première, sans pouvoir réagir, sur un rocher pentu.
Doko, Sion et leur nouvel égal retinrent leur souffle…
Hadès se releva, du sang s’écoulant de son front et de la commissure de ses lèvres. Il passa sa main dessus et, la voyant tachée, se mit à trembler, comme dans un état second et incontrôlable…Il ne lâcha plus Aritaki du regard.
Hadès : Comment…comment as-tu…osé…plus…jamais…plus jamais une telle chose…
Aritaki (n’en revient pas) : J’ai…j’ai blessé Hadès…le premier…je suis le premier…
Hadès : Et le dernier !!! MEURS !!!
Doko et Sion : Non !!!
D’une rafale d’énergie inouïe, Hadès lança son épée tranchante sur le malheureux chevalier Pégase, qui eut à peine le temps de lancer un soupir avant de succomber. L’épée lui entra dans le ventre comme un couteau dans une motte de beurre, et il rendit l’âme en quelques instants. Doko et Sion se précipitèrent mais, voyant Hadès brandir son épée vers eux, ils durent se rendre à l’évidence, il n’y avait plus rien à faire. Archinoald, puis Jason, Ménélas, Athéna elle-même, et, maintenant, Aritaki.
Sion : Doko, c’est fini, il ne reste plus que nous deux !! Qu’allons-nous faire ??
Doko : Le tout pour le tout !! Faisons exploser nos cosmos, et que, de nos deux vies offertes, Hadès trépasse !!
Sion (un frisson dans le dos) : Tu…tu as raison…
Hadès (fou de rage) : Imbéciles !! Comme les autres, vous allez mourir !!
Mais, au moment où il prononça ces paroles, un vacarme intense se fit. Le sol se mit à trembler violemment.
Hadès (arrêté dans son élan) : Mais… ! Que se passe t-il encore ?
Sion : Un tremblement de terre !
Doko : Impossible ! Nous sommes dans les montagnes parmi les plus hautes de la terre !! Je vais être emporté par une telle violence…aahh…
La terre trembla si violemment que les montagnes parurent s’agiter comme les vagues d’une mer déchaînée, prêtes à tout détruire sur leur passage. Sion resta debout en équilibre, tant bien que mal, mais il vit son compagnon d’armes disparaître de sa vue en tendant le bras vers lui et demandant désespéramment de l’aide.
Sion : Doko !! Non !!
Doko : Adieu, Sion…aaggghhh…
Le corps du chevalier de la Balance disparut dans une crevasse qui s’était formée non loin de là. Sion était parvenu à se maintenir debout. Il n’y avait plus que lui. Le tremblement devenait maintenant moins violent. Il ne semblait plus perturber les dizaines de cadavres amoncelés sur les lieux. Pas plus que la déesse de la Guerre, que Sion continua de regarder. Elle avait rendu son dernier souffle, et pourtant…un cosmos semblait émaner d’elle…
Sion comprit alors. Ce tremblement de terre…elle le provoquait…par-delà la mort…
Et, des ténèbres du gouffre sans fond marquant le passage entre ce monde et celui des Enfers, surgit une nouvelle montagne, un pic de pierre jaillissant avec violence et s’élevant à toute vitesse. La terre tremblait encore, tellement fort que le chevalier d’or du Bélier perdit cette fois l’équilibre et tomba. Hadès parvenait avec bien du mal à se maintenir debout…Jamais il n’avait été confronté à une telle chose…
Le tremblement cessa. Le trou menant au monde d’Hadès, le Puits aux Morts du mont Kunlun, sixième montagne sacrée, était désormais entièrement bouché. A la place, il y avait un pic abrupt d’une bonne centaine de mètres de hauteur. De loin, on voyait nettement que le pic était constellé d’une centaine de cavités nettement distinctes.
Cent huit exactement.
Hadès : Qu’est-ce que…qu’est-ce que cela signifie ?? Et toi…TOI ?? (regarde Sion) Que comptes-tu faire ??
Non !! NOOOOOOOOOONNNNNN !!!
D’un seul coup, comme pris d’un mouvement incontrôlable, Sion se précipita auprès du corps sans vie de sa déesse, qui avait encore la main ensanglantée brandie vers le chevalier Pégase. Il se pencha vers elle et plongea ses mains dans le sang divin, qui formait une flaque compacte autour de son corps…il le jeta d’un coup, presque instinctivement, sur le pic aux 108 trous en l’éclaboussant. Une lueur le parcourut alors de haut en bas…
Et, dans une explosion de lumière…
Tout le mal qui restait sur terre disparut…
Loin, très loin de là, dans un monde parallèle, une vieille tombe se referma…
Et, sur le pic abrupt aux cent huit cavités, le sang divin versé disparut…en laissant place à un sceau de papier orné de cinq lettres grecques…
ATHENA
Le chevalier d’or du Bélier ouvrit les yeux au bout de quelques instants…ils n’eut pas besoin de chercher le corps d’Hadès pour comprendre. Toute trace de son cosmos avait disparu.
Sion : Alors c’était donc ça…le pouvoir d’Athéna…la boîte de Pandore qui permettait d’enfermer Hadès…
Nous l’avions sous les yeux depuis le début du combat…
C’était le Puits aux Morts…
Et il fallait pour cela…le sacrifice d’Athéna…
Voilà pourquoi le Grand Pope ne voulait pas nous le révéler…
Sion regarda dans toutes les directions. …il ne restait plus rien…plus personne…Hadès était enfermé…Athéna était morte…lui seul avait survécu…
Sion : Quelle impression étrange…
Pour la deuxième fois de ma vie, je me sens…
orphelin…
Ses yeux rougirent. Il sembla entendre une mélodie funèbre qui marquait le début d’un deuil sans précédent. Le deuil d’une existence et de tous ceux qui avaient donné leur vie pour cette issue.
La scène du champ de bataille était indescriptible. Des cadavres de chevaliers si nombreux et parfois si éparpillés qu’il était difficile de les dénombrer...
Sion regarda son corps meurtri. Les dieux avaient donc décidé qu’il vivrait. Quand bien même tous les autres, même Athéna, avaient laissé leur vie dans la bataille. Il resta un long moment à se regarder, tentant de contenir ses larmes et son émotion.
Puis une goutte d’eau le sortit de sa léthargie. D’autres gouttes, puis une averse. La pluie s’était mise à tomber sur les hauteurs du mont Kunlun. Sion regarda au loin et aperçut des silhouettes qui approchaient. Des hommes recouverts d’une protection noire, presque toutes identiques.
Sion : Quoi ? Des spectres ?? ENCORE ???
C’étaient bien des guerriers d’Hadès, mais leur surplis, rudimentaire, laissait deviner leur rang inférieur. Sion comprit assez vite : la disparition de leur maître, enfermé dans la tour aux cent huit trous, avait provoqué la remontée des derniers soldats de son armée, qui s’étaient échappés du Monde des Ténèbres avant que le Puits aux Morts ne soit totalement rebouché.
Sion (médite) : La pluie qui tombe…
Lave et emporte le sang et les âmes de tous les Chevaliers Sacrés morts au combat.
Et c’est sous cette pluie que va s’achever la guerre sainte menée afin d’empêcher l’invasion de la terre par Hadès, le dieu des Enfers, maître des Ténèbres et des âmes.
Hadès a été emprisonné par Athéna. Ces soldats sont tout ce qui reste de l’armée du dieu des Enfers.
Puis, levant le regard vers les premiers d’entre eux qui s’approchaient, sans l’ombre d’une crainte, il leur adressa la parole.
Sion : Il est inutile de combattre jusqu’à la mort du dernier d’entre vous. Accepteriez-vous de battre en retraite ?
Soldat 1 : Tu es très drôle, chevalier d’or d’Athéna !
Soldat 2 : Nous, serviteurs d’Hadès, vivons au royaume des Ombres. La mort est toujours à nos côtés.
Nous n’éprouvons que mépris pour les guerriers qui se soucient de la vie et de la mort…
Soldat 1 : La terre ne doit pas être laissée sous la domination d’Athéna !!!
Les êtres au cœur faible sont incapables de contrôler cette terre et de la défendre contre ses ennemis !!!
Nous briserons l’incantation qui emprisonne Hadès... Nous transformerons la terre en champ de bataille pour notre guerre sainte !!
Et, sur ces paroles, les soldats attaquèrent, mais leur cosmos, moins puissant encore que ceux des chevaliers de bronze, était d’une faiblesse ridicule aux yeux du chevalier d’or du Bélier, qui avait survécu à des dizaines de spectres et à plusieurs autrement plus puissants. Il se contenta de joindre les mains sans effort, pour bloquer les attaques à mains nues, et montrer aux soldats à qui ils avaient affaire.
Sion : Athéna, la déesse que nous vénérons, n’a aucunement l’intention de dominer la terre.
Soldat 2 : Il a réussi à repousser notre attaque à lui seul !!!
Soldat 3 : Quel puissant cosmos !!! Voilà donc le véritable pouvoir des chevaliers d’or !!?
Sion : Un cœur rempli d’amour et de compassion pour la terre et la vie, voilà ce qu’est vraiment l’esprit d’Athéna !
Ce que souhaite Athéna n’est pas la domination mais l’harmonie.
Le pouvoir qui aspire à l’harmonie est le pouvoir ultime qui protège la paix.
Et Sion, malgré sa fatigue et ses blessures, concentra encore tout le cosmos qui lui restait.
Spectre 1 : Quel puissance !!! Ce cosmos prodigieux semble capable de détruire l’espace et de le transformer en quelque chose de totalement différent !!
Spectre 2 : l’âme des chevaliers d’or renferme t-elle donc la puissance d’un cosmos égale à celle de l’univers ?
Sion : …et ce pouvoir est l’amour.
LE TOURBILLON DE POUSSIERE D’ETOILE
Tous les soldats restants, soit une douzaine, furent tués sur le coup et retombèrent sur le sol. Ce dernier coup avait épuisé Sion, qui manqua de se laisser tomber lui aussi sur le sol, mais pour dormir…il ne le fit, de crainte de ne plus pouvoir se réveiller. Le ciel de la matinée était désormais entièrement voilé par une épaisse couche de nuages qui déversaient des averses, seul bruit émanant du champ de bataille. Pourtant, à sa plus grande joie, une voix familière retentit bientôt derrière lui.
- Beau travail…Sion, chevalier d’or du Bélier !!
Il reconnut tout de suite son dernier compagnon d’armes et, dans un sourire, se félicita qu’il soit toujours en vie.
Sion : Doko, chevalier d’or de la Balance…tu as donc survécu ?
Doko : Hum…hélas, à part moi, tous nos alliés et ennemis sont morts…il ne reste plus que nous deux.
Sion : C’était peut-être une guerre sainte…mains tellement absurde…
Presque tous les chevaliers sacrés chargés de protéger la terre dont péri.
Tous ces morts…c’est trop pesant…
Doko : C’était peut-être une guerre absurde…mais…
Ils ne sont pas morts pour rien !!
Le cosmos des âmes de tous ces chevaliers tombés au combat vivra pour l’éternité sur cette terre.
Ce sont les graines qui engendreront de nouveaux chevaliers sacrés…et…
Un jour, ils recevront une nouvelle vie et se relèveront en tant que chevaliers sacrés protecteurs de la terre…je le crois sincèrement.
Sion : Tu as raison…je veux aussi le croire. Et, jusqu’à ce qu’ils reviennent, je continuerai à protéger la paix sur cette terre.
J’en fais le serment devant leurs âmes héroïques !
Mais, d’un seul coup, tandis que la pluie continuait de tomber, un rayon de soleil perça le voile nuageux.
Les rayons du soleil percèrent les nuages…et pourtant, la pluie ne s’arrêta pas.
La lumière et la pluie se mirent à pleuvoir en même temps.
Sion : Le ciel nous a répondu…il verse en même temps des flots de lumière pour bénir ces âmes héroïques…
Et des larmes de compassion pour apaiser leur souffrance.
Sion se laissa tomber à terre, les yeux embués de larmes. Son armure brisée et ses blessures aux jambes ne lui permettaient plus de se maintenir debout.
Doko allait lui aussi tomber et se laisser succomber à un sommeil d’épuisement…ou peut-être à la mort, finalement…lorsqu’un détail le rappela à la réalité.
Le corps d’Athéna avait disparu !!
Doko : Qu’est-ce que cela veut dire ?
Ils cherchèrent un moment le corps de leur déesse, en se disant qu’elle avait été balayée, comme d’autres cadavres, par le tremblement de terre lorsque le sixième pic avait surgi, sans même qu’ils ne s’en rendent compte. Et puis…
- Doko ! Sion ! Chevaliers de la Balance et du Bélier !
Sion : Cette voix ! Athéna !!
La voix d’Athéna surgit de nulle part, saisissant à la gorge les deux chevaliers rescapés. Que n’auraient-ils pas donné, en cet instant, pour approcher une dernière fois leur déesse adorée, celle qui les avait menés à la victoire, une victoire si funeste ! Ils ne retinrent plus leurs larmes et écoutèrent Athéna dans un sanglot collectif.
-Ne pleurez pas, valeureux chevaliers, ne pleurez pas ma mort, car, tôt ou tard, j’aurais rejoint ce monde qui est le mien…
Doko : Où êtes-vous ? Où allez-vous ?
Athéna : Je vais retourner siéger dans l’Olympe…Ma mission à cette époque est désormais terminée…
Mais, avant de partir…outre vous remercier infiniment de tout ce que vous avez fait, je dois vous préparer à la nouvelle vie qui va commencer pour vous…
Cette Guerre Sainte a été la plus dévastatrice de toute l’histoire de la chevalerie…il ne reste plus que vous…personne n’a démérité…vous avez tous fait preuve d’une bravoure et d’un sens du sacrifice exemplaires…mais, malheureusement…cette guerre ne sera pas la dernière…
Doko : Que voulez-vous dire ?
Athéna : Cette tour que vous avez vu s’élever…je n’ai pas pu survivre à cette guerre, mais le sang divin est doté de propriétés que vous connaissez désormais…il régénère les armures instantanément, et porte en lui une partie du pouvoir du dieu qui l’a versé…Vous l’avez vu dans le chevalier Pégase, espoir ultime de ce combat… et vous l’avez compris en le versant sur le sixième pic…en faisant cela, les âmes des spectres d’Hadès, et Hadès lui-même, ont pu être enfermées..
.mais, comme vous vous en doutez, le sceau a une durée d’utilisation provisoire…
Sion : Je vois…un jour, le sceau se rompra, Hadès renaîtra à nouveau…et le cycle des guerres saintes reprendra…encore et encore…
Athéna : Oui…et, en prévision de ce jour,puisqu’il ne reste plus que vous, je vais devoir vous confier une mission d’une grande importance…
Sion…je te nomme Grand Pope…désormais, tu veilleras sur le Sanctuaire…tu rapporteras l’armure d’Athéna d’où elle vient, et tu veilleras sur elle jusqu’à ma nouvelle incarnation sur terre…
Sion : …très bien, Déesse Athéna…
Athéna : Quant à toi, Doko…tu vas retourner à Rozan…
Doko : Comment ??
Athéna : Tu as appris ta véritable origine durant cette bataille de la bouche de tes adversaires, Doko…j’ai voulu te protéger jusqu’au bout, comme tu le sais, et t’éviter d’accomplir le funeste destin auquel tu étais destiné…tu connais mieux que personne ces contrées où le combat a eu lieu…et, de Rozan, le centre des cinq montagnes sacrées, tu pourras surveiller au mieux cette tour où j’ai enfermé le Mal…surveiller le Mont Kunlun…dans la plus grande discrétion…jusqu’au moment venu…
Doko : …il en sera fait selon votre souhait, Athéna…
Athéna : Cette nouvelle mission commence aujourd’hui…je vais vous laisser vous reposer et vous remettre de ce combat, et vous pourrez prendre alors vos nouvelles fonctions…cependant, j’ai encore plusieurs choses à vous demander…
Doko : Tout ce que vous voudrez, déesse…
Athéna : Bien qu’ayant tous deux survécu, vous vivrez désormais aux extrémités ce cette terre, éloignés l’un de l’autre ; par conséquent, vous ne vous reverrez plus…
Il y eut un silence, pendant lequel Doko et Sion se regardèrent longuement. Pas une larme de plus, pas une expression de tristesse. Et pourtant…c’était probablement la dernière fois de leur vie qu’ils se voyaient…
Athéna : Il faut que vous sachiez…j’ai un secret important à vous confier à tous les deux. Un secret que vous devrez jurer de garder pour vous et vous seul, jusqu’à la tombe. Il en va de l’avenir de la chevalerie et de la prochaine guerre sainte. Je compte sur vous pour le garder jusqu’au bout…
Doko et Sion : Oui, déesse…
Athéna : A présent, je vais devoir vous laisser, et gagner l’Olympe où m’attendent mon père Zeus tout-puissant et les dix autres divinités….je vous souhaite bonne chance, chevaliers d’or !! Nous nous reverrons un jour, dans une autre vie !
Et tout cessa…la voix d’Athéna, la guerre sainte, les spectres, les chevaliers du zodiaque de cette génération…qui s’étaient battus pour un monde meilleur, jusqu’au sacrifice de leur propre vie…77 guerriers y avaient laissé la vie…Athéna elle-même, en ce temps-là, n’y avait pas survécu…
-…et nous sommes les seuls à pouvoir en témoigner...
La scène avait brusquement changé. Le Sanctuaire était en alerte depuis plusieurs heures, dans une nuit au ciel d’encre, constellé d’étoiles. En bas de la maison du Bélier, deux chevaliers se tenaient face à face…mais leur physionomie trahissait leur âge…l’un d’entre eux, un petit vieillard à la peau pourpre dépigmentée par les ans, parlait depuis plusieurs heures à un chevalier grand et vigoureux, vêtu d’une armure noire comme l’ébène…
-…eh bien, Sion, voilà que nous pouvons refermer cet album de souvenirs que nous avons en commun, si je puis m’exprimer ainsi…Tu vois, le temps passe…la flamme des Gémeaux va bientôt s’éteindre…Cela fait trois heures que nous bavardons, et que nous nous rappelons ces souvenirs enfouis en nous…et j’attends toujours que tu me dises la vérité…
Pourquoi es-tu ici avec les spectres ?
Sion (presque gêné) : Tu me fatigues, Doko ! Le passé est révolu ! Cependant, maintenant que nous nous le sommes rappelés, je ne résiste pas à l’envie de te poser une question…
Doko : Il faudrait d’abord que tu répondes à la mienne, mais je t’écoute…
Sion : Athéna nous avait chacun confié un secret avant de partir pour l’Olympe…maintenant tu peux sans doute me le révéler !!
Doko : Un peu de patience, le moment est presque venu de le découvrir…
Quant au tien, je doute que tu veuilles me le révéler…j’essaie tout au moins de le deviner…en tant que Grand Pope, cela a sûrement un lien avec Athéna…
(pensant) Et son armure !!
Mais, alors qu’il allait s’exprimer, Sion ressentit un déploiement de cosmo-énergies en provenance de la maison des Gémeaux. Il scruta le troisième temple niché dans la montagne, ainsi que l’horloge pyrique.
Sion : Mais…que font-ils ? Alors qu’ils sont arrivés facilement jusqu’à la maison du Cancer…
Pourquoi ne la traversent-ils pas rapidement ?
Que se passe t-il donc dans cette maison ?
Doko : Ils ont probablement trouvé une entrée secrète vers l’au-delà. Hahaha !
Puis, regardant Sion qui baissait la tête :
Doko : Sion, même si des morts s’égarent et reviennent dans le monde des vivants, au bout du compte, ils ne pourront que retourner dans le monde des morts…
Sion : Pff…Doko, es-tu en droit de dire des choses pareilles…
Car ce monde dont tu parles avec mépris sera bientôt le vôtre…
Sur les 79 chevaliers qui avaient participé à la précédente guerre sacrée, toi et moi sommes les seuls à avoir survécu…
Mais cette fois, personne ne survivra.
Tous les chevaliers périront ! Et les chevaliers d’or sont les premiers sur la liste. Ha ha ha…
La flamme des Gémeaux s’éteignit sur le coup.
Dans le troisième temple, au même moment, Saga, chevalier d’or des Gémeaux, Shura, chevalier d’or du Capricorne, et Camus, chevalier d’or du Verseau, luttaient contre une illusion dont Shaka, chevalier d’or de la Vierge, était à l’origine.
Shiryu, chevalier de bronze du Dragon, allait tenter, en vain, de s’interposer entre Sion et son vieux maître Doko.
Lequel allait révéler à Sion le secret qu’il avait gardé pendant plus de deux siècles.
Une nouvelle guerre était en route.
Une vingtaine de chevaliers d’Athéna allait lutter pour la survie de cette terre, une fois de plus.
Ne pensant sans doute pas que, près de deux siècles et demi plus tôt, leurs glorieux aînés les avaient précédé dans la lutte, et dans le sacrifice de leur vie.
Une fois de plus, Athéna allait affronter Hadès.
Une fois de plus, ses chevaliers allaient tracer, dans l’anonymat, la légende d’un combat sacré, pour l’avenir de ce monde.
Jusqu’à la fin des Temps.