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Cette fiche vous est proposée par : Atlas Le juste retour des choses
La surprise fut de taille, et si j’ai vu maintes choses merveilleuses et surprenantes au cours de ma jeune vie, je te prie de croire que celle-ci était certainement la plus éblouissante. Alors que l’armure du Bélier ne faisait plus qu’un avec le corps de June, absolument stupéfaite par ce qui se passait, nous ne pûmes retenir une clameur sourde. Si nous fûmes dans un premier temps ébahis par le fait que l’armure choisisse mon amie, et non Shina, qui avait le même signe qu’elle et dont la puissance était véritablement indiscutée, nous allions un instant plus tard nous rendre compte que l’une des plus belles œuvres provenant des lointaines îles où les armures furent forgées se présentait face à nous. June se dressait maintenant sur la première marche des escaliers menant aux écrins sacrés, et n’eut été l’impressionnant masque doré qu’elle revêtait désormais, je n’aurais pas été étonné de la voir gênée à l’idée de figurer à la convergence de tous les regards. Elle était splendide ! Kiki, le disciple de Mû, qui apparaissait de manière aléatoire parmi les uns et les autres depuis le début de la réunion provoquant cris de surprise et nervosité pour son plus grand plaisir, vint se glisser derrière Shiryu et lui souffla à l’oreille d’un air malicieux que l’armure de son maître ne devait pas l’estimer prêt à prendre le relais. Mon ami lui répondit, sans quitter June des yeux, que celle-ci sera peut-être un bon maître si elle accepte de le prendre comme disciple. Tout en lui ébouriffant les cheveux, Shiryu lui dit que pour le moment il était trop tôt pour y penser, surtout avec ce voyage en vue, mais que Kiki avait toutes les qualités d’un chevalier en devenir. L’armure du Bélier n’avait plus grand-chose à voir avec celle de l’ancien chevalier d’Or Mû. Bien sûr, les majestueuses cornes reposaient de part et d’autre sur des épaulières solides, mais la forme générale de cette orfèvrerie était transfigurée par l’adaptation au corps de ma jeune amie. Des courbes douces rehaussées d’ornements épousaient le buste de June, lui conférant comme une seconde peau finement sculptée mais d’apparence solide et résistante à toute épreuve. Les protections des bras et des jambes étaient plus fidèles à l’armure précédente, bien que plus fines et allongées. Enfin le casque était identique à celui que portait notre ancien ami de Jamir. Quelques chevaliers s’étaient subtilement rapprochés pour détailler à leur aise notre nouveau chevalier d’Or du Bélier, et je ne cachais pas l’agacement que suscitait cette curiosité animale. Ikki sentit mon malaise et me sourit malicieusement : - Ne t’en fais pas, Shun, je crois qu’on est tous un peu curieux de savoir ce que cachent ces nouvelles armures, me dit-il doucement, laisse-les donc afficher leur air abruti et attendons de voir la suite ! - Vous avez remarqué la couleur de l’armure par endroits ? On dirait qu’elle n’est pas faite uniquement d’Or ! déclara Hyoga d’un air à la fois stupéfait et intéressé. - Bien sûr que si, c’est de l’Or ! intervint une voix féminine et tranchante comme une lame derrière nous. - Shina ! souffla Seiya, que… comment le sais–tu ? Et d’abord pourquoi restes-tu en retrait ? On ne t’a même pas remarquée, isolée dans ton coin ! - Je ne suis pas portée sur les réunions, Seiya, et je sais ce qu’il se passe depuis le début. Par ailleurs et pour répondre à ta première question qui est plus intéressante, je suis très souvent au Sanctuaire, surtout ces derniers temps, et j’ai eu vent de beaucoup de choses ! Sur les nouvelles armures que vous allez voir se marient Or Pur et Or Blanc, tout simplement… Je suis étonnée que ton ancien maître Marine (elle désigna du menton la jeune femme en pleine discussion avec quelques chevaliers inconnus) ne t’ait pas mis au courant… lui lança-t-elle, narquoise. - Je n’ai pas vraiment eu le temps de lui parler, figure-toi ! Délaissant Shina, Seiya nous poussa vivement en avant pour nous approcher de l’impressionnante scène. Nous jouâmes des coudes pour mieux approcher et admirer June. C’était donc cela. Chaque partie de l’armure d’Or du Bélier était un savant équilibre entre Or Pur et Or Blanc ! Ce dernier rehaussait de la plus belle des manières, à différents endroits, l’ensemble qui demeurait bien entendu majoritairement doré. Le résultat laissait penser que la poussière d’étoiles utilisée pour façonner ces protections sacrées était entrée comme part encore plus essentielle dans leur constitution. Mais nous n’eûmes que très peu de temps pour admirer cette réincarnation du premier symbole astral que déjà l’armure d’Or du Taureau jaillissait de son écrin et alla sur Geki, qui afficha une fierté assez théâtrale, toute justifiée qu’elle soit. Il en fut de même pour les douze armures d’Or, et voici le nouvel Ordre tel qu’il devint à l’époque : en plus des deux premiers chevaliers désignés s’ajoutèrent Letho, chevalier d’Or des Gémeaux (je te parlerai un peu plus loin de ce garçon devenu rapidement un ami fidèle), Nachi chevalier d’Or du Cancer, Ikki, mon frère, chevalier d’Or du Lion (c’était à mon tour d’être fier et de le montrer), je fus ensuite choisi par l’armure d’Or de la Vierge ayant appartenu à Shaka, Shiryu hérita logiquement de celle de son maître Dohko, l’armure d’Or de la Balance, Jabu revêtit celle du Scorpion, Seiya hérita de l’armure d’Or du Sagittaire, Ban fut choisi pour porter l’armure d’Or du Capricorne, Hyoga celle du Verseau et enfin Marine l’armure d’Or des Poissons. Nous étions tous alignés maintenant, entourant Athéna, et notre présence s’illuminait d’un cosmos doré, derrière lequel chacun de nous gardait trace d’une aura de Bronze maintenant invisible, néanmoins toujours en nous et avec nous.
à l’image de celle de June, nos armures respectives avaient elles aussi connu quelques modifications : toutes étaient d’Or Jaune et Blanc, bien sûr, et les protections s’étaient d’une manière générale affinées, sans altérer leur rôle de bouclier pour nos corps. L’armure d’Or des Poissons avait les mêmes caractéristiques que celle du Bélier au niveau du plastron (adaptation au corps de Marine oblige) mais dans l’ensemble chacune était unique et reconnaissable, tout comme les anciennes. Elles avaient cependant toutes un signe commun : une gemme ambrée était enchâssée dans le plastron de chacune d’elles, qui remplaçait pour certaines armures les anciennes pierres qui les ornaient. Saori intervint comme si elle avait deviné les nombreuses questions qui assaillaient nos esprits brûlants de savoir : - Voici donc le nouvel ordre des chevaliers d’Or, la nouvelle élite des chevaliers d’Athéna, clama-t-elle. Mais avant de vous donner de plus amples explications, je vous demande de mettre genou à terre devant la personne qui remplace dorénavant le Grand Pope, j’ai nommé la Grande Prêtresse du Sanctuaire, Shina, chevalier d’Orenium (1) d’Ophiucus. Nous nous exécutâmes sur-le-champ et Shina nous rejoignit. L’armure dont elle venait d’hériter pour la seconde fois dans sa vie se dévoila sous une grande cape sombre, et nous découvrîmes ébahis ce que Saori avait voulu dire : cette protection n’avait plus grand-chose à voir avec l’ancienne ! L’ensemble recouvrait autant le corps de Shina que nos armures d’Or les nôtres, et elle arborait sous le heaume reconnaissable de l’ancien Grand Pope un masque d’un subtil mélange d’Or et d’Argent. C’était d’ailleurs là la nature même de l’Orenium, alliage antique comme nous le comprîmes en découvrant Shina, ici transcendé dans une armure unique par sa composition, ce qui correspondait parfaitement au rôle de Grande Prêtresse et, il faut le reconnaître, au caractère unique de son incarnation humaine. Saori nous adressa de nouveau la parole, d’un air résolu : - La Grande Prêtresse va vous donner toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur votre nouveau rôle ainsi que vos capacités à remplir ce rôle. Elle vous attendra à l’endroit du Sanctuaire où reposent les âmes des anciens chevaliers d’Or dès demain matin. D’ici là, nous allons continuer cette cérémonie sans vous, afin que vous puissiez mieux vous connaître pour certains d’entre vous (nous regardâmes Letho qui se mit à rougir), et pour que vous puissiez vous reposer. Avant que vous ne partiez et que l’ordre des chevaliers d’Argent ne soit recomposé, j’aimerais vous faire part de mes intentions. Le silence se fit. - Gaïa m’a demandé de venir accompagnée de tous mes chevaliers, reprit-elle. Je ne me résous pourtant pas à laisser le Sanctuaire sans surveillance. J’ai donc décidé, en mon âme et conscience, d’emmener avec moi les douze chevaliers d’Or et de faire garder le Sanctuaire par les 24 futurs chevaliers d’Argent, à la tête desquels se trouvera la Grande Prêtresse. Quant aux chevaliers de Bronze qui seront choisis ce soir, je leur demande de retourner avec leur nouvelle armure chez eux, mais qu’ils se tiennent toujours prêts à répondre à mon appel s’il devait arriver quoi que ce soit. Vous trouverez par ailleurs ce soir à la Maison Ellinogallikon, celle-là même où notre nouveau quartier général est installé depuis peu, tout le nécessaire pour en apprendre plus sur l’île sur laquelle nous nous rendons… Je tiens à ce que tout le monde se renseigne là-dessus, et également sur la déesse Gaïa, pour que nous soyons tous au même niveau de connaissances. Sur-ce, chevaliers d’Or, reposez-vous bien, et à demain pour le départ vers l’île de Pâques. Nous n’avions plus en face de nous la réincarnation sensible et douce que nous connaissions mais bien une véritable déesse, dure et majestueuse.
Alors que notre ordre redescendait les marches des temples quelques instants plus tard, Seiya ne manqua pas de nous le faire remarquer. Jabu en profita pour le railler et il ne fallut pas moins de quatre chevaliers pour les séparer ! Je considère, et tu seras d’accord avec moi je pense, que dans ces chamailleries infantiles figuraient les dernières traces de notre véritable jeunesse. Nous en profitâmes néanmoins pour échanger nos impressions pendant que Marine rabrouait Seiya à propos de ce comportement indigne d’un chevalier d’Or, en le frappant assez durement pour bien lui rappeler qu’elle n’avait pas imaginé former un imbécile d’une telle espèce, pendant que Geki tenait tant bien que mal Jabu dans ses bras comme un colis encombrant et gesticulant dont on ne sait que faire. Kiki, qui nous accompagnait, trouvait cette bagarre amusante et il ne pouvait s’empêcher de singer les deux chevaliers. - Je suis vraiment impressionnée, me dit June à travers son masque brillant sous l’éclat de la Lune. Mais je ne sais pas si je mérite de porter une telle armure, avoua mon amie en regardant les protections de ses bras. Shina aurait été toute désignée pour prendre la place de Mû, si tant est que des personnes non originaires de Jamir comme elle et moi puisse se montrer à la hauteur ! Et je ne vois pas comment faire honneur à notre rang avec mes modestes capacités ! - June soulève un réel problème intervint Ban, qui mimait depuis le début de notre descente le coup porté par l’épée Excalibur cachée maintenant dans son bras avec une moue dubitative. Je suis heureux de pouvoir défendre Athéna en portant l’armure d’Or du Capricorne, mais je ne connais aucune des techniques de combat nécessaire ! - En plus de ça, ajouta Shiryu, si certains d’entre nous ont déjà eu l’occasion de revêtir des armures d’Or par le passé, nous n’en avons jamais exploité les réelles possibilités, mis à part peut-être Seiya avec l’armure du Sagittaire… - C’est vrai, dit l’intéressé en se rapprochant de nous, tout en massant son bras meurtri par les coups de Marine, mais je ne l’ai pas assez portée pour en connaître tous les mystères, je crois ! - Mademoiselle Saori a évoqué le mémorial des anciens chevaliers d’Or de l’autre côté du Sanctuaire, mais je me demande bien à quoi cela va nous servir ! avança Nachi timidement. Je me demande aussi quel rôle va avoir Ichi dans toute cette histoire, il n’est même pas des nôtres… dit-il comme pour lui-même. Ichi, le chevalier de Bronze de l’Hydre Femelle, était en effet resté en haut peu après le temple de la nouvelle Grande Prêtresse avec celle-ci et Saori, ainsi que les chevaliers restants. - J’imagine que nous aurons toutes ces réponses demain, déclara Ikki. Je serais plutôt curieux à propos du chevalier des Gémeaux ici présent, lança-t-il à l’adresse de Letho qui marchait non loin derrière. Nous nous retournâmes pour suivre le regard de mon frère. - Sais-tu que tu portes une armure damnée ? Connais-tu son histoire ? renchérit-il. - Ikki ! Ne sois pas si dur avec lui, intervins-je. Ce n’est pas une façon d’accueillir parmi nous notre nouvel ami ! - Je connais son histoire, en effet, répondit tranquillement le mystérieux chevalier. C’est un lourd fardeau, j’en suis conscient. Mais je n’ai pas choisi de porter cette armure, même si je suis heureux que cela soit arrivé. C’est elle qui m’a choisi, et je tâcherai de m’en montrer digne. - Qui es-tu ? Quelle est ton histoire chevalier ? demanda doucement Marine. - Mon histoire ? Sache simplement que j’étais chevalier de Bronze, tout comme la plupart d’entre nous ici. Chevalier de Bronze de la Couronne Australe, pour être précis. Et à voir vos mines interrogatrices, dit-il en souriant, sachez également que pour beaucoup d’entre nous, notre destinée de chevalier protecteur d’Athéna a été bien différente de la vôtre… Alors que nous traversions les différents temples, parsemés ça et là de pousses d’herbe étonnantes au milieu de ce champ de ruines en reconstruction, Letho nous raconta comment la majorité d’entre nous avaient dû accomplir les missions les moins glorieuses comme les recherches d’informations pour le compte de la Fondation Graad. Il nous expliqua également que chacun de ces 38 chevaliers de Bronze de l’ombre avaient été chargés de nous intégrer petit à petit dans nos sociétés, au fil des années, faisant en sorte de prouver et de démontrer, chacun dans son pays d’origine, combien notre existence et nos desseins avaient été capitaux pour l’avenir de l’humanité. Bien sûr, cette intégration à proprement parler était réussie, tout du moins au Japon, en Grèce, bref, dans la plupart des contrées où nous vivions. Mais comme pour tout ce qui sort de l’ordinaire, un combat moral et social était à l’œuvre dans bien des pays. L’appel de Saori les avait surpris, lui et les chevaliers de Bronze avec qui il avait noué des liens aussi forts que les nôtres, et il nous avoua, alors que nous sortions la maison du Bélier, que lui, son frère écho, chevalier de Bronze de la Couronne Boréale, et quelques autres, ne savaient pas trop à quoi s’attendre lors de la réunion. - J’espère que ton frère aura trouvé sa place de chevalier d’Argent auprès de notre Grande Prêtresse, lui avouai-je en souriant. Il est si dur, parfois, de ne pas pouvoir se retrouver ensemble lançai-je en regardant Ikki. - Shun ! Tu ne vas pas recommencer à pleurnicher ! s’emporta mon frère. - Du calme tous les deux ! intervint Shiryu, nous devons vite rejoindre la Maison Ellinogallikon, il est tard, et vous aurez tout le temps d’en parler ensemble !
Ce nouveau quartier général, établi par mademoiselle Saori via les fonds engendrés par la Fondation Graad, se situait non loin du Sanctuaire, à l’orée d’une petite cité portuaire donnant sur le littoral méditerranéen. De là, nous pourrions le lendemain rejoindre notre curieuse destination par voie maritime ou aérienne. Une vingtaine de minutes plus tard, et grâce aux indications de Marine, nous arrivions dans le hall d’une maison surplombant la ville. L’édifice était entouré d’arbres au feuillage épais, et son domaine, sans être immense, méritait que l’on puisse y flâner et découvrir de nombreux recoins suggérés par la lumière d’une Lune pleine et éclatante. Avides de réponses à toutes nos questions levées durant le trajet jusqu’ici, nous ne nous fîmes pourtant pas prier pour rejoindre les chambres qui nous étaient allouées deux par deux. Après avoir salué mes compagnons, j’installai mes affaires près de mon lit et m’y allongeai. Ikki, avec qui je partageais la chambre, contemplait la vue nocturne sur la baie à travers la porte-fenêtre. - Pourquoi faut-il que tu te plaignes toujours ? me demanda-t-il brusquement, sans quitter des yeux la mer dont la surface tranquille reflétait l’astre lunaire. Tu es triste quand je ne suis pas à tes côtés, et tu es bouleversé et mélancolique quand je t’accompagne… Il faut que tu apprennes encore à apaiser tes sentiments, Shun. - Je suis désolé, mon frère, répondis-je, surpris par le reproche. Si tu fais allusion à ce que j’ai dit à Letho tout-à-l’heure… - Bien sûr que j’y fais allusion ! tonna-t-il. Je te l’ai déjà dit, pourtant. Je serai toujours là pour toi, pour t’aider, si tu en as besoin… Rappelle-toi le moment où tu as été à l’initiative de l’attaque contre l’un des trois anges d’Artémis… J’avais alors à mes côtés un homme, qui avait surmonté ses peurs et transcendé sa force et son courage par ses sentiments. Mon frère se retourna : - Mais aujourd’hui… aujourd’hui j’ai retrouvé le frère pleurnichard, qui, dès qu’il m’a vu, n’a pas pu s’empêcher de retomber dans le sentimentalisme le plus bas ! Je te connais, Shun, et ce n’est pas parce que tu as essayé de faire bonne figure que tu as pu me tromper ! - Tu as raison, constatai-je. Mais cette histoire et les événements que nous allons affronter… Eh bien… J’ai un mauvais pressentiment. Je trouve l’attitude de mademoiselle Saori des plus bizarres, et le renouvellement des ordres, si important et valorisant soit-il, ne laisse rien présager de bon… - Tu auras toutes les réponses demain. Maintenant, tâche de dormir ! - J’espère au moins que le frère de Letho sera aux côtés de la Grande Prêtresse, soupirai-je. - Décidemment, tu es incorrigible ! Je vais dormir maintenant, bonne nuit. - Bonne nuit… mon frère.
Je dormis d’un sommeil peu profond et agité, et si des rêves troubles vinrent me hanter cette nuit-là, je ne pus m’en souvenir le lendemain matin au réveil. Ce jour-là, que je pourrais te décrire, fils, comme celui des découvertes les plus étranges et fascinantes, nous prîmes en hâte un petit déjeuner léger et partîmes de bonne heure retrouver Shina, la Grande Prêtresse (il faudra bien se faire à son nouveau statut), à l’endroit où demeurent les dernières preuves de l’existence des anciens chevaliers de notre ordre. Letho nous rejoignit en route, m’avouant avec bonheur que son frère faisait bien partie des nouveaux chevaliers d’Argent. Ceux-ci avaient rejoint la Maison Ellinogallikon peu après notre arrivée, et il avait pu le croiser ce matin-même, en compagnie d’autres chevaliers. Il m’expliqua que leurs armures d’Argent avaient également subi beaucoup de modifications, tant esthétiques que physiques, et que les protections d’Argent étaient finement rehaussées d’Or, les rapprochant un peu plus de l’armure d’Orenium de Shina, et par extension, des nôtres. L’ordre des chevaliers d’Argent était chargé de la surveillance du Sanctuaire pendant notre absence, deux chevaliers étant postés dans chaque temple. Athéna avait vraiment une appréhension pour les jours à venir, pour modifier des règles ancestrales comme celles-ci, me confia-t-il, ce à quoi j’acquiesçai d’un bref hochement de tête. Oui, il va se passer quelque chose, c’est sûr… Nous arrivâmes finalement au pied du mémorial, où Shina nous attendait déjà. Le soleil se reflétait sur son heaume, et lui conférait un air majestueux et noble. Elle avait relevé les pans de sa cape sombre par-dessus ses épaules, et laissait ainsi apparaître son armure qui, pour beaucoup d’entre nous, restait une énigme pleine et entière. Elle nous expliqua alors la raison de notre présence en ce lieu chargé d’émotions, et un murmure de stupeur parcourut l’ensemble des chevaliers. - Nous voici réunis au pied de nos maîtres et amis défunts. Elle marqua une pause, regarda la statue, puis reprit lentement : - Vous êtes ici sans savoir, pour la plupart d’entre vous, comment vous servir des immenses pouvoirs de vos illustres prédécesseurs… Je regardai June, puis les autres chevaliers. La plupart d’entre nous, moi compris, attendions une réponse, réponse qui commençait à faire surface dans mon cœur alors que je parcourais du regard la statue devant nous. - Oui Shun, me murmura Ikki, nous allons le faire encore une fois… Shina reprit la parole, se souvenant des derniers événements du Sanctuaire : - C’est exact, ajouta-t-elle à notre intention, vous avez tous les deux pu entendre les anciens chevaliers, tout du moins leurs âmes, alors que vous étiez pratiquement battus… Eh bien, c’est exactement ce qui va se passer, pour la deuxième fois… Avant de le faire, toutefois, je vous recommande de garder à l’esprit que ces chevaliers sont… Enfin, ils ne sont plus à nos côtés physiquement, et vous pourriez être bouleversés de… enfin… par un tel contact. Nous soupçonnions notre Grande Prêtresse d’avoir déjà tenté l’expérience avant nous, mais personne ne releva la chose, pas même Seiya, qui ne cessait de la regarder. La manière de faire nous vint naturellement, c’est comme si une partie de nous-mêmes savait depuis toujours ce qu’il fallait faire en cet endroit. Nous nous mîmes en cercle autour de la statue géante, posâmes un genou à terre, et entrâmes en contact par la paume de la main avec la pierre brune. Ce fut incroyable ! Les douze cosmos brûlaient à l’unisson, et du mémorial sourdait une aura dorée identique, qui finit par se joindre à la nôtre et former un véritable champ étincelant tout autour de nous. Et ce qui se passa, fils, à cet instant-là où nous entrions en communion avec nos aînés, fut pour moi une révélation : chacun d’entre nous sentit la force et le savoir de nos pairs passer de la statue à nos corps en faisant battre tel un cœur affolé nos bras tendus. L’énergie qui passait par ce canal charnel était tellement forte qu’elle se traduisait par un cosmos d’une blancheur écarlate et éblouissante. Alors, j’entendis la voix de Shaka, profonde et sourde mais réelle me parler : - Shun, chevalier d’Or de la Vierge, je te donne mon savoir en héritage… Tu es digne de l’armure que tu portes, et ta sagesse et ton courage font de toi un successeur à la hauteur. Bouddha lui-même reconnaît en toi la bonté et l’absence de haine qui feront de tes actes des décisions justes et utiles. Sois fort, Shun, et transcende ta bonté et ta sensibilité à travers ta nouvelle armure. Je serai là pour te guider, si tu en as besoin, ne l’oublie pas… ne l’oublie pas… ne l’oublie pas… Ces dernières paroles de Shaka vinrent comme un écho en moi, et aussi fortes que furent mes émotions, je sentais en moi tout le courage et la force nécessaires pour remplir ce rôle qui m’était donné auprès d’Athéna. La communion s’arrêta peu après et nous nous relevâmes, chargés d’émotions et d’une puissance nouvelle en nous, celle de chevaliers nous ayant reconnus comme leurs égaux. Personne ne fit de commentaires sur ce qui venait de se passer, nous savions tous qu’il n’était pas nécessaire d’en parler. Après nous avoir salué et recommandé de rejoindre la Maison Ellinogallikon, Shina se dirigea vers le Sanctuaire où l’attendait l’ordre des chevaliers d’Argent. Sur le chemin du retour, peu de mots furent échangés, nous étions apaisés et sereins. J’entendis Marine nous faire part doucement d’une réflexion qui traduisait ce que nous ressentions à cet instant : - Nous sommes prêts, maintenant. S’il devait arriver quoique ce soit à Athéna, nous serions en mesure de la protéger comme nos aînés l’ont fait auparavant. Il est temps de la rejoindre, le voyage va commencer… Le voyage va commencer, oui. Nous étions armés, sûrs de nous, et ce Conseil qui aurait lieu en début de soirée ne présentait maintenant que peu de mystères, si ce n’est la curiosité que chacun avait à propos de Gaïa. Mais à ce moment-là de notre histoire, aucun d’entre nous n’aurait parié sur un horizon trouble et funeste qui, proportionnellement à notre montée en confiance, assombrissait des perspectives pourtant considérées comme maîtrisées…
Notes de l'auteur
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