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Cette fiche vous est proposée par : Doko libra


Hadès 1743

Alors que le combat entre Abel du Capricorne et le spectre du Cheval semblait devoir bientôt toucher à sa fin, un rebondissement remettait en cause une future victoire du chevalier d’or. Le spectre du Coq, Tchang, rescapé d’un combat précédent, venait de faire irruption, et son étonnante fraîcheur témoignait de la facilité avec laquelle il s’était déjà remis. Son surplis, abîmé par endroits, indiquait la violence du conflit.


Tchang : Alors, Pa Shi, on se laisse malmener ?


Pa Shi : Même si tu n’étais pas intervenu, j’en serais venu à bout…regarde le chevalier du Verseau, au sol…le chevalier du Capricorne subira bientôt le même sort…c’est un animal nuisible…


Abel : Pardon ? Ai-je bien entendu ? J’étais sur le point de te vaincre…d’une manière générale, ce combat n’a que trop duré, et il est temps d’en finir…temps pour moi d’accomplir ce pour quoi je suis venu ici…vous allez tous les deux payer pour ce que vous avez fait à mon frère…


Pa Shi : Je croyais que tu le détestais !!


Abel : Je viens d’ouvrir les yeux ! Je sais qui je dois détester à présent !!


Le chevalier du Capricorne fit brûler son cosmos doré, plus puissant que jamais, rempli de l’énergie nouvelle que lui donnait le deuil subit de Caïn du Peintre. Il fallait en finir. Les deux spectres qu’il avait face à lui ne lui faisaient plus peur.


Abel : Je vais vous découper en morceaux tous les deux, d’un seul coup…Excalibur !!


Les deux spectres s’écartèrent vite en voyant la lame acérée arriver vers eux, mais chacun d’un côté différent. La différence entre leurs vitesses de réaction était nette : Tchang du Coq n’avait eu aucun mal à s’écarter, tandis que le spectre du Cheval, qui n’avait plus de surplis, ne pouvait se protéger, et la lame lui érafla le bras. Il avait déjà été touché une fois précédente et il hurla atrocement devant la douleur. Du sang coulait en abondance sur son bras et il devait se soigner et stopper l’hémorragie rapidement pour éviter le pire. Il prit alors une décision.


Tchang (à Abel) : Je vois que tu ne peux plus te servir de ton bras droit…ce combat sera donc rapide…


Abel : Mon bras gauche est tout aussi efficace ! Je vais te tuer, spectre du C…ehh, où vas-tu ?


Le spectre du Cheval faisait mine de s’enfuir ! Abel voulut l’en empêcher, fuir un combat que l’on savait perdu relevait pour lui d’une grande lâcheté. Puis il se ravisa, se disant que, après tout, un adversaire de moins lui rendrait sa tâche plus facile. Car son but n’était pas de tuer, mais bel et bien de détruire le Sceau des Ténèbres. Il le laissa donc fuir, et ne le poursuivit pas.


Abel (au loin) : Nous nous retrouverons !!


(à Tchang) Allez, à nous, spectre du Coq !!


Tchang : Tu es blessé, et ton compagnon du Verseau a l’air de vivre déjà ses derniers instants…je n’aurai pas de mal à finir le travail…goûte à mon attaque favorite…par le Chant du Coq !!


Abel : Ahhhhghh !!!


Le chevalier entendit le cocorico puissant du Coq qui résonnait à ses oreilles, et n’était pas sans lui rappeler les mélodies démoniaques du défunt spectre du Cochon. Mais il repensa à sa mission. A Athéna, au sceau…et à son frère, qu’il avait vu une dernière fois.


Abel : Il est fort, très fort, mais pas plus que moi…pas plus qu’un chevalier d’or…je ne peux pas me laisser vaincre…j’ai une mission à remplir, et je la remplirai…(augmente son cosmos)…Déesse Athéna…


Spectre d’Hadès !! Ecarte-toi de là !!!


EXCALIBUUUUUUURRRRRR…


Sans même prêter attention à son adversaire, Abel lança son puissant rayon de lumière en direction de la fontaine…Tchang du coq, croyant évidemment que le chevalier d’or allait l’attaquer de front, vit avec étonnement la lame le contourner sans le toucher…puis il réalisa ce qu’il était en train de faire. Mais il était trop tard. Il se retourna ; la lame venait de s’enfoncer dans la base de la gigantesque fontaine, laquelle était déjà ébréchée par une précédente rafale. Tous les deux retinrent leur souffle…


La fontaine explosa en morceaux, et se volatilisa, comme si elle n’avait jamais existé. Toute trace d’humidité disparut sur le sol. Et le sceau n’était plus. Presque aussitôt, la terre se mit à trembler à des dizaines de kilomètres aux alentours.


Tchang (avec effroi) : Non…le sceau des Ténèbres…tu as brisé le sceau…c’est impossible…


Abel : C’est pourtant ce que je viens de faire !! C’est le deuxième sceau qui cède…encore trois, et nous aurons réussi !! Je suis sûr que ce tremblement que nous venons de sentir, se reproduira bientôt, à trois reprises…il y a encore beaucoup de chevaliers d’or en état de pouvoir se battre…et de réussir…


Tchang : Imbécile…je ne sais comment tu as trouvé le moyen de détruire le sceau, mais tu ne te rends pas compte des conséquences d’un tel acte…


Abel : …Qu’est-ce que tu veux dire…?


Tchang : Les Sceaux des Ténèbres scellent l’entrée du royaume des Morts…ils sont le garant de l’équilibre de ce monde…les détruire reviendrait à déclencher un cataclysme sans précédent…


Est-ce la fin du monde que vous voulez ? Est-ce cela que veut Athéna ?


Cette réponse eut l’effet d’interloquer le chevalier d’or. De quel cataclysme parlait le spectre ? Il ne comprenait pas. Tout ça n’avait aucun sens, il ne pouvait avoir raison.


Abel : Tais-toi !! De toutes façons, la victoire d’Athéna est déjà en marche, depuis qu’elle a revêtu son armure !! Finissons-en !


Tchang : Très bien, puisque je n’ai plus rien à perdre ! Je vais te briser le bras gauche et tu ne pourras plus rien faire !! Prends ça !! Par la Semence des Ténèbres !!


Abel : Excalibur !!


Les deux coups s’entrechoquèrent avec violence ; tandis que le Coq fonçait sur le chevalier d’or, Abel lançait une énième fois sa lame acérée. Tous deux furent projetés en arrière dans leurs directions respectives.


Lorsque Abel se releva, une fissure était apparue sur son bras gauche, brisé.


Le spectre du Coq, quant il se releva, lui, vit une fissure apparaître également sur son surplis…la fissure s’agrandit, des étincelles jaillirent du surplis…qui éclata en deux morceaux presque symétriques, du haut en bas ! Tchang n’avait plus la moindre protection et se trouvait torse nu.


Abel : Aghh…arrghh…


Tchang : Alors, qu’en dis-tu ? J’ai brisé ton bras gauche…ton corps est mutilé, tu ne peux plus lancer ton Excalibur…Ce qui signifie que tu ne peux plus rien faire…tu vas mourir, Abel…


Abel : C’est peut-être vrai…mais je viens de briser ton surplis, et tu n’es pas mieux avancé que moi…je peux mourir, j’ai accompli ma mission en brisant le sceau…Athéna peut être fière de moi…


Tchang : Alors tu es décidé à mourir ?…


Tchang fit brûler un cosmos immense qui surprit encore le chevalier d’or. Une autre surprise, de taille, changea d’un coup l’expression de son visage.


Dans le dos, le spectre du Coq avait l’effigie d’un serpent tatouée à même la peau !!


Abel : Mais…quel est ce serpent ?? Qu’est-ce que ça signifie ??


Tchang (sourit) : Ah, ça… ?!? C’est, comment dirais-je, la marque des Spectres du Zodiaque, l’emblème de leur appartenance à l’élite de l’armée d’Hadès…


Abel : Que…que veux-tu dire exactement ?!


Tchang : Il n’est pas permis que tu le saches !! (S’énerve) J’ai tué le chevalier d’or du Scorpion, l’autre jour, je vais en tuer un deuxième maintenant !! Allez, goûte à mon attaque !! Tu ne peux plus rien contre moi !!


Mais Abel du Capricorne, contre toute attente, fit brûler un cosmos insoupçonné, et une épée flambant neuve apparut dans l’aura dorée, alors qu’il ne pouvait désormais plus bouger les deux bras.


Tchang : Mais… !! Comment peux-tu ?


Abel : Spectre du Coq, tu te trompes en croyant que tu m’as privé de mon pouvoir après m’avoir brisé les deux bras…tu vas découvrir l’ultime pouvoir du Capricorne…je ne l’ai quasiment jamais utilisé, car c’est un pouvoir effroyable…je ne suis pas sûr de pouvoir y survivre moi-même…je ne devrais même pas l’utiliser…qu’Athéna me pardonne ce que je vais faire…


Tchang : Avec quoi d’autre que tes bras pourrais-tu m’attaquer ?? C’est stupide !! Je ne te crois pas !! Allez, meurs, Capricorne !! Par la Semence des Ténèbres !!


Abel : L’Omni-taillade du Capricorne !!!


Des lames acérées fusèrent de partout, comme les étincelles des célèbres feux d’artifice qui faisaient depuis longtemps la renommée de la Chine. Mais c’étaient bel et bien des couteaux redoutables, qui jaillissaient du corps immobile du chevalier d’or, qui paraissait se consumer en même temps qu’il attaquait. La Semence des Ténèbres fit néanmoins son effet, et les deux adversaires tombèrent au sol. Mais le corps du malheureux spectre du Coq ne résista pas aux nombreuses lames qui lui sectionnèrent un à un les tendons des bras, des jambes, puis la moelle épinière…avant de le décapiter, dans une vision atroce de lambeaux de chair sanguinolents qui éclataient de part et d’autre. Il ne restait plus rien du corps du spectre.


Abel resta un instant debout, hébété, devant une telle vision d’épouvante. Horrifié par ce qu’il venait de faire.


Abel (une larme) : Athéna…pardonnez-moi…j’ai gagné le combat…et j’ai rempli ma mission…mais j’ai fait quelque chose d’horrible pour vaincre mon adversaire…si je dois mourir, que mon âme puisse malgré tout reposer en paix…


Le chevalier d’or du signe du Capricorne s’écroula au sol et ferma les yeux, en retombant presque parallèle au corps d’Hippolyte du Verseau, qui n’avait plus donné signe de vie depuis un long moment.


Au même instant, une douzaine de chevaliers arriva à toute allure, essoufflés. Douze chevaliers d’Athéna à l’armure d’un blanc argenté étincelant. A leur tête, Patros, chevalier d’argent de Canis Major. Ils s’étaient dépêchés d’arriver en sentant les cosmos puissants des chevaliers d’or s’entrechoquer, mais il était trop tard pour intervenir.


Patros (accourt vers eux) : Abeeeel !! Hippolyyyyte !!


Le mont Hengshan, Pic Sacré du Sud


Deux chevaliers d’or finissaient de gravir un nouveau mont sacré de la Chine. Petit à petit, tous les chevaliers d’or atteignaient le but de leur voyage, non sans mal. Doko de la Balance et Gassama du Taureau, avaient parcouru les immenses vallées chinoises à pied, à allure constante, bien qu’Athéna leur avait donné pour consigne de prendre leur temps et de ne pas se presser. Doko, qui connaissait mieux que quiconque l’Empire du Milieu d’où il était originaire, se trouva parfois en difficulté pour trouver le chemin qui menait au pic du Sud. Mais, enfin, ils touchaient au but. Pendant leur voyage, ils avaient senti les puissants cosmos de leurs compagnons se déployer, puis parfois diminuer et s’évanouir de façon inquiétante, à l’instar des chevaliers du Cancer et du Scorpion. Mais ils savaient, hélas, que cela faisait partie de la mission. La Guerre Sainte entre Athéna et Hadès voyait s’affronter la totalité des chevaliers de la déesse, et ils n’étaient plus amenés à se revoir, depuis leur séparation du mont Kunlun.


Gassama : Enfin !! Regarde, Doko, le sommet du Pic, devant nous…et le soleil qui commence à se voiler…


Le chevalier d’or du Taureau, à la peau noire comme l’ébène, avait de la peine à gravir des milliers de marches d’escalier, tant son imposante carrure, de plus de deux mètres, le pesait en altitude. Mais il n’en avait cure, il était un chevalier d’Athéna. Doko, lui, n’avait pas l’air rassuré, tandis qu’ils approchaient du but.


Gassama : Eh, Doko !!? Qu’y a-t-il ??


Doko : J’ai…comme une impression bizarre…


Gassama : Quel genre d’impression ??


Doko : Comme si…comme si j’étais déjà venu ici…il y a très longtemps…c’est absurde…


Doko avait bien sûr grandi à Rozan, à deux mille kilomètres au nord-ouest de là, et tous les souvenirs de son enfance le ramenaient à ces terres sacrées. L’Empire du Milieu, appelé Chine par les autochtones – en souvenir de la première dynastie impériale, celle des Qin - et Cathay par les Grecs et les Occidentaux, était si vaste que nul être y habitant, même en voyageant toute sa vie, n’aurait jamais eu assez de celle-ci pour le connaître dans sa totalité. Pourtant, l’impression étrange se poursuivait.


Doko : Nous sommes…Oui…cette fontaine…


Ils découvrirent, à leur tour, l’imposante fontaine caractéristique de chacun des cinq pics sacrés. Ils la contemplèrent un instant sans bouger, comme pris d’une étrange fascination. Ils se demandaient par quel prodige de l’eau, en cet endroit, pouvait jaillir de nulle part et se répandre sur le sol en formant un petit ruisseau qui grandissait très vite pour devenir, en quelques kilomètres, une gigantesque cascade dévalant la montagne.


Ils découvrirent enfin ce qu’ils étaient venus chercher : le Sceau des Ténèbres, en bonne place sur le sommet de la fontaine.


Gassama : Le voilà !! Doko, il n’y a personne, profitons-en !! Brisons-le !! Eh ; Doko ?!


Le chevalier de la Balance, étonné de la désolation qui régnait en ces lieux, ne regardait pas dans la même direction que Gassama du Taureau. Il venait de remarquer deux grosses boites métalliques noires posées de chaque côté de la fontaine, posées à même le sol, et les deux objets attiraient toute son attention.


Gassama : Qu’est-ce que c’est que ça ? On dirait des urnes d’armure…


Doko : Oui, c’est aussi ce que je pense…Gassama, prend celle-ci, et aide-moi à les ouvrir…


Gassama (surpris) : Mais ; Doko ?!? Et le Sceau ? Ce n’est pas pour ouvrir des urnes que nous…


Doko (nerveux) : Après, après, le sceau ! Je veux juste savoir ce qu’elles contiennent…


Les deux chevaliers d’or prirent chacun une boite et tirèrent sur la poignée qui déclenchait le mécanisme d’ouverture. Une telle forme, une telle couleur…il s’agissait à coup sûr de boites contenant des surplis. Mais lesquels, et pourquoi ?


Les boites s’ouvrirent, en grinçant, comme si elles n’avaient pas été ouvertes depuis bien longtemps. Sans la moindre émission de lumière, deux splendides et majestueux surplis, a priori très couvrants, apparurent devant leurs yeux. Gassama parut très surpris de ce qu’il découvrit. Quant à Doko, il resta comme éteint devant le surplis, sans aucune réaction.


Gassama : Regarde, Doko…c’est un surplis représentant un tigre…et toi, quel surpl… ??


Gassama vit Doko les yeux hagards, grands ouverts, une goutte de sueur perlant sur son front, qui regardait fixement le surplis qu’il avait devant lui.


C’était un surplis en forme de dragon. Un dragon magnifique, aux ailes déployées, la gueule tournée vers le ciel, prêt à attaquer.


Gassama : Tiens ?? C’est étrange, Doko, ce surplis me fait penser à…


Doko : A l’armure de bronze du Dragon…


Et l’autre surplis, de l’autre côté, ressemblait, à s’y méprendre, dans une forme évidemment améliorée, plus couvrante, à l’armure de bronze du Tigre, portée jamais par Yoko.


Doko resta un instant sans réaction. Puis, un frisson lui parcourut toute la colonne vertébrale, de haut en bas. Des milliers de pensées défilaient dans sa tête d’un seul coup. L’envie de comprendre.


Doko : Qu’est-ce que cela signifie…Qu’est-ce que ces deux surplis font là ?


Gassama : Athéna, et toi-même, vous nous avez expliqué, au mont Kunlun, que deux des douze spectres du Zodiaque gardaient chacun des pics sacrés…ici, ce sont donc les spectres du Dragon et du Tigre qui doivent le garder, non ? Pourquoi ne sont-ils pas là ?


Doko : Non…une coïncidence…


Gassama : Bon, ce n’est pas tout ça, mais nous avons un sceau à détruire ! Allez, reprenons-nous !!


Doko : Oui, tu as raison !


Délaissant les deux étranges surplis sans propriétaires, les deux chevaliers d’or tournèrent leurs regards vers le Sceau des Ténèbres, et firent brûler leur puissant cosmos doré.


C’est alors qu’un ricanement résonna dans leur dos. Ils se retournèrent. Un spectre venait d’apparaître, seul. Un spectre imposant, à l’armure couvrante mais abîmée par endroits, une longue cape blanche flottant dans son dos. On ne voyait pas son visage, caché dans la pénombre d’une haie de bambous.


Le spectre : Alors, Doko, tu es enfin revenu…


Doko : Quoi ?? Comment connais-tu mon nom, qui es-tu ?


Le spectre (toujours caché) : Tu as l’air inquiet…qu’est-ce qui te tracasse tant que ça ?


Doko : Spectre d’Hadès, montre-toi enfin ! Et dis-moi à qui appartiennent ces surplis !


Le spectre : Ces surplis ?? Mais voyons, Doko…Pour moitié…à toi, bien entendu !!


Doko : Hein ???


Il y eut un silence de malaise, d’un seul coup. Un silence assourdissant. Doko ne comprenait toujours rien, tout était brouillé dans sa tête.


Doko : Je…je te demande pardon ??


Le spectre : Tu ne te souviens donc plus ? Je vais te rafraîchir la mémoire…Doko de la Balance…ou plutôt…Doko, spectre du Dragon !!


Les yeux et la bouche grands ouverts, épouvanté par les paroles du spectre, Doko sentit de la sueur ruisseler d’un seul coup sur son front et le spectre sortit enfin de la pénombre des bambous pour apparaître, à la lumière du jour, devant Gassama du Taureau et son compagnon.


Le spectre du zodiaque du signe du Bœuf se tenait devant eux. En reconnaissant instantanément son visage, Doko poussa un cri d’effroi.


Doko (se met à trembler) : Non !! Impossible !!!


 


A une vingtaine de kilomètres de là


Non loin de là, dans la montagne en contrebas du Pic Sacré, un groupe de chevaliers marchait à vive allure en direction du Hengshan. Les chevaliers de bronze survivants, emmenés par Aritaki de Pégase, suivaient eux-mêmes Jason du Bélier et Adam, chevalier d’argent de la Balance. Dans une brume nuageuse qui se formait et cachait le haut des cimes, on voyait néanmoins très nettement le haut du Pic Sacré apparaître.


Aritaki : Ca y est !! Regarde, Jason, nous arrivons ! Le pic du Sud !


Mais Jason avait une mine peu réjouie, il semblait inquiet.


Aritaki  : Qu’y a-t-il, Jason ? Pourquoi parais-tu si triste ?


Jason : Tu as du le sentir, comme moi, comme tous les autres…le cosmos de Doko de la Balance est tout proche…nous arrivons trop tard…à l’heure qu’il est, Doko court droit vers ce qui lui a été tendu, et tout ce que j’ai tenté aura échoué…


(pensant)Doko, mon ami, je prie pour ta victoire…et pour que tu aies la force de résister, à la difficile épreuve qui t’attend…l’issue de cette guerre en dépend…


Sachant qu’il était trop tard pour accomplir la mission qu’il leur avait assigné, le groupe hâta le pas sous la conduite de Jason.



Le mont Taishan, pic de l’Est


 


Le sceau était brisé, les chevaliers d’or, une nouvelle fois, avaient réussi. Mais c’est un paysage de désolation, un véritable champ de bataille, qu’avaient découvert les chevaliers d’argent survivants en arrivant sur place. Le corps du spectre du Coq gisait, littéralement déchiqueté, et les chevaliers d’or du Capricorne et du Verseau, toujours en vie, étaient cependant grièvement blessés.


Patros de Canis Major : Il revient à lui !! Ca y est !!


Hippolyte : Ohh…chevalier de Canis Major…et les autres…vous avez survécu…


Patros : Oui !! Et nous sommes désolés de ne pas être arrivés à temps pour pouvoir vous prêter main forte !


Mais Hippolyte ne répondit rien, ne réagissant pas aux paroles du chevalier d’argent. Personne ne s’était rendu compte que le chevalier du Verseau s’était crevé les tympans et n’entendait plus rien.


Arcturus, chevalier d’Orion : Mais…Abel !! Tes bras !! Tu es blessé ??


Les deux bras d’Abel avaient été mutilés dans le combat, et le chevalier d’or ne pourrait peut-être plus jamais s’en servir.


Abel : Agh…hélas…j’aurais préféré que vous me trouviez dans un autre état…je ne fais pas honneur à mon rang…


Mais, au même moment, un bruit net de pas fut perceptible derrière eux. Plusieurs chevaliers venaient encore d’arriver. Des spectres.


Spectre : Comme c’est touchant…les chevaliers d’argent, qui viennent au secours de leurs aînés les chevaliers d’or…mais vous n’auriez jamais dû venir ici…notre mission est de vous exterminer, tous…en commençant par ces deux chevaliers d’or blessés !!


Mais, instinctivement, les treize chevaliers d’argent se mirent en rangée en faisant bouclier de leur corps pour protéger Abel et Hippolyte. Il y avait à peu près une quinzaine de spectres devant eux. L’un d’eux, au surplis nettement plus massif et couvrant que les autres, semblait emmener le groupe.


Arcturus : Qui es-tu ?


Le spectre : Vous l’ignorez peut-être, mais ce mont Taishan est sacré pour deux raisons…il s’agit bien entendu de l’un des cinq pics sacrés de cet Empire, mais, tout près d’ici, se trouve la ville de Qufu…qui a vu naître l’un des hommes les plus illustres de l’Histoire…


Arcturus : Et alors ??


Le spectre : Je suis Konfu Zi, chevalier de Confucius, de l’étoile terrestre de la Science !


Les chevaliers d’argent entamèrent à leur tour les hostilités, prêts à se battre, tandis que Abel et Hippolyte, les deux chevaliers d’or, récupéraient lentement de leur précédent combat.


 


Le pic du Nord


 


Trois chevaliers d’or face à deux spectres. L’avantage paraissait du côté d’Athéna. Mais quelles surprises, les nouveaux adversaires des chevaliers des Gémeaux, du Lion et du Sagittaire, réservaient-ils ?


Samson du Lion : Bien…nous sommes trois, et vous êtes deux…vous ne ferez pas le poids longtemps…je vais détruire ce maudit sceau des Ténèbres qui se trouve derrière vous…écartez-vous, si vous ne voulez pas être touchés !! (Concentre son cosmos)


Les deux spectres, tous sourires, regardèrent faire le chevalier du Lion, sans même réagir.


Samson : Par la Boule de Feu !!


Comme le nom de son attaque l’indiquait, une boule lumineuse incandescente jaillit de son poing brandi vers sa cible. Une boule qui paraissait tout emporter sur son passage…mais, au lieu de se déplacer pour l’éviter, le spectre de la Chèvre se plaça juste devant, les deux mains jointes…la boule de feu se bloqua dans l’espace défini entre ses mains, et s’évanouit peu à peu, comme si le surplis absorbait l’attaque.


Samson : Non, c’est impossible !! Il a bloqué ma Boule de Feu !! Mon attaque la plus puissante !!


Shuei : Et je bloquerai encore d’autres attaques si vous tentez d’abîmer le sceau des ténèbres qui se trouve derrière moi...allez-y, si vous y tenez…


Zethée : La flèche d’or du Sagittaire ne rate jamais sa cible…voyons comment tu te comporteras, face à elle…par la Flèche d’or du Sagittaire !!



En bandant une nouvelle fois son puissant arc, Zéthée décocha une flèche qui fila à toute allure vers le sceau de la fontaine, en ne se souciant pas du spectre qui bloquait le passage. Shuei de la Chèvre ne s’écarta toujours pas, et regarda calmement la flèche foncer sur lui…un éclait jaillit, et éblouit tout le monde. Lorsqu’ils rouvrirent les yeux, le spectre tenait la flèche d’or dans sa main ! D’un geste rapide, il la relança en direction de son expéditeur.



Zéthée (évite la flèche) : Aghh ! Non, ce n’est pas possible…les attaques des chevaliers d’or, bloquées à mains nues…ma flèche peut pourtant atteindre la vitesse des rayons du soleil…



Shuei : C’est inutile, chevaliers, qui que vous soyez, vous ne pourrez jamais m’inquiéter…ce surplis qui me protège, est aussi, sinon plus résistant, que les armures d’or que vous portez…et ma vitesse de déplacement me permet de voir vos attaques arriver…


Samson : Arrête de fanfaronner, et montre-nous plutôt de quoi tu es capable !!


Shuei : Si vous y tenez…mais ce combat risque d’être court…



Le spectre concentra toute sa force dans ses mains, et une chèvre noire apparut dans l’aura dans l’aura de son cosmos pourpre. Les trois chevaliers d’or, se demandaient bien comment un tel animal, en apparence si doux, allait pouvoir les inquiéter…



Shuei : Par les Vapeurs de la Nuit !!



De curieuses vapeurs s’échappèrent du spectre, et contrastèrent avec les attaques physiques et rapides que les chevaliers du Sagittaire et du Lion avaient utilisées auparavant. Les vapeurs brumeuses et laiteuses enveloppèrent les trois chevaliers d’or…une curieuse odeur de sang s’en échappait. Ils ressentirent une fatigue subite les envahir, de plus en plus forte. Une envie de s’endormir…Bientôt, Samson et Zéthée tombèrent à genoux sur le sol, puis s’affaissèrent de tout leur long. Mais le chevalier des Gémeaux se tenait toujours debout.



Shuei : Tu as résisté à mon attaque !!


Janus : Toi qui te dit capable de bloquer toutes les attaques des chevaliers d’or à mains nues, voyons comment tu vas t’en sortir avec moi…contrairement à mes compagnons, mon pouvoir ne réside pas que sur des attaques, disons, physiques…et tes vapeurs ridicules ne pourront pas m’inquiéter…en tout cas, j’en fais le serment…


Shuei : Voyons ça !! Par les Vapeurs de la Nuit !!


Janus : Par l’Illusion Satanique !!



Un rayon de lumière jaillit du doigt de Janus et transperça net le brouillard diffus qui s’échappait du spectre. Il lui toucha la tête, en lui faisant perdre son casque et dévoilant un visage laid aux yeux à moitié exorbités. Le spectre paraissait épouvanté, pris de terreur.



Janus : L’Illusion Satanique me permet de prendre le contrôle de mes adversaires…je me demande ce que je vais faire de toi…te blesser toi-même ?? Me conduire devant Hadès ?? Non…j’ai une mission à remplir…tu vas faire mon travail à ma place, et détruire ce sceau qui orne cette fontaine…c’est la source de tous nos maux, pour l’instant…allez, au travail !!


Shuei : Argh…aghh…



Le spectre se tourna vers la fontaine, et leva ses bras vers le ciel, sans pouvoir résister à ce que le chevalier des Gémeaux lui demandait. Il s’apprêtait ni plus ni moins à détruire lui-même le sceau des Ténèbres ! Mais on voyait, à l’expression de son visage, qu’il ne souhaitait aucunement faire une telle chose…



Shuei : Yahhh !!


Beinan : Non !!!



Le spectre du Singe se mit devant le sceau, pour le protéger, et reçut l’attaque lancée par son propre compagnon. Le coup, assez puissant sans doute pour détruire la fontaine toute entière, ne fit que lui briser un morceau de l’épaulette de son surplis. Au même moment, Shuei retombait sur le sol, à côté des deux chevaliers d’or qu’il avait lui-même mis à mal.



Beinan : Tu nous a bien eu, mais je ne te laisserai pas, moi, détruire ce que nous sommes chargés de protéger…tu vas découvrir toute la puissance du Singe…



Une aura étrange se forma autour du spectre, tandis que Shuei de la Chèvre, tout comme les chevaliers du Lion et du Sagittaire, commençaient à reprendre leurs esprits et à se remettre debout. Un énorme gorille apparut, à l’expression menaçante.



Beinan : La Capture Tourbillonnante du Primate !!



Le chevalier des Gémeaux eu l’impression d’être pris et compressé dans un gigantesque étau, qui lui serrait tous les muscles du corps douloureusement. C’était comme si un gigantesque gorille l’attrapait et le comprimait à lui briser les os, de ses grosses mains velues. Mais le chevalier des Gémeaux brûlait son cosmos…



Beinan : C’est inutile !! La pression exercée par les mains du gorille est telle, que ton corps va littéralement se broyer dans l’étau…et je peux encore intensifier et moduler à ma guise la force de la pression exercée…c’est à toi de voir s tu préfères mourir rapidement, ou au terme d’une longue agonie…


Janus : Ni l’un…ni l’autre…aghhh…


Beinan : Tant pis pour toi, je vais donc en finir rapi…


- Par la Flèche d’or du Sagittaire !!



Il eut juste le temps de s’écarter et de voir la flèche foncer sur lui ; il évita le projectile aisément, mais lâcha du même coup le chevalier des Gémeaux, qui n’eut, lui, aucun mal à rester debout.



Zéthée : Je ne suis pas homme à me laisser abattre d’un coup…pour Athéna, nous allons nous battre au péril de notre vie…et abattre ce sceau que vous protégez…


Beinan : Briser le sceau…vous n’y pensez pas…à quoi cela vous servirait-il…le détruire reviendrait à déclencher un cataclysme sans précédent…


Zéthée : Quoi ??


Beinan : La fin des Temps, l’Apocalypse, telle qu’elle est racontée dans la Bible…si vous rompez la barrière qui sépare ce monde de celui des Morts, vous permettez à tous les morts de revenir à la vie…les bons, mais aussi les pires êtres que l’humanité ait jamais connu…cela provoquerait une anarchie, un cataclysme tel que le monde tout entier se verrait condamné…


Janus : Mmm…(pensant) Et pourtant…il dit peut-être vrai…


Zéthée : Peu importe !! Athéna est partie combattre Hadès, et nous devons aller la rejoindre pour l’aider…après vous avoir tués !! Goûtez une nouvelle fois à mon attaque…Par la Pluie d’or du Sagittaire !!



Cette fois, de nombreuses flèches jaillirent de l’arc bandé du chevalier d’or, à une vitesse de plus en plus vive. Beinan du Singe, mais aussi Shuei qui s’était remis debout, durent cette fois se déplacer à toute vitesse pour éviter les projectiles, et Shuei ne pouvait tenter de tous les bloquer à mains nues. Bientôt, la vitesse et la quantité de flèches fut telle, que plusieurs vinrent se ficher dans les surplis des deux spectres. Celui du Singe se fissura sur le plastron, mais celui de la Chèvre sembla résister nettement mieux, et n’avait pas une rayure.



Beinan : Tu as abîmé mon surplis !! Tu vas me le payer !!


Zéthée : Ton compagnon disait tout à l’heure, qu’ils sont aussi résistants que les armures d’or, mais force est de constater que c’est entièrement faux…


Samson : Nous nous sommes laissés avoir la première fois, mais il est temps de vous montrer ce qu’est la vraie puissance des chevaliers d’or…


Shuei : Attends, Beinan, laisse-moi m’en occuper…je vous réserve encore de nombreuses surprises…Le Choc des Vapeurs d’Ange !!



Shuei dévoila une nouvelle attaque olfactive, et une épaisse brume, plus importante que la première, vint envelopper les corps des chevaliers d’or. L’odeur dégagée, cette fois, était pestilentielle, une odeur de déchets, qui donnait rapidement une envie de vomir. Ils savaient tous les trois qu’ils ne devaient pas respirer de telles vapeurs, s’ils ne voulaient pas succomber. Mais, dans le même temps…



Janus : Nous sommes des chevaliers d’Athéna…par l’Explosion Galactique !!



Le coup fut cette fois si violent, qu’il balaya les deux spectres et interrompit, une fois de plus, l’attaque du spectre. Beinan du Singe ne put éviter toute la violence du coup et encaissa l’explosion qui lui brisa les épaules de son surplis. Mais, une fois de plus, Shuei de la Chèvre n’avait rien et, bien qu’il n’ait pu finir s’attaquer, il nargua ses adversaires.



Janus : Impressionnant…dis-moi, ton surplis n’a pas l’air ordinaire…


Shuei : Effectivement…il a été renforcé par de nombreux sacrifices d’animaux…je sais que les armures d’Athéna ont besoin de sang humain pour se régénérer, lorsqu’elles sont abîmées…de même, certains surplis peuvent également être restaurés de cette façon…mais celui de la Chèvre a été baigné dans du sang de chèvre, à l’occasion de sacrifices faits en hommage à l’Auguste de Jade…le sang des animaux sacrés vient renforcer la puissance du surplis. C’est ce qui explique l’odeur de sang, que tu as dû ressentir lorsque tu as reçu mon attaque, tout à l’heure…Et je vais d’ailleurs recommencer, dans l’instant…par les Vapeurs de la Nuit !!



A nouveau, les vapeurs laiteuses et à l’odeur de sang frais, vinrent envelopper les corps des chevaliers d’or. Mais, cette fois, tous les trois semblèrent tenir bon, et rester debout…mieux, ils se rapprochaient, et semblaient montrer leur volonté d’unir leurs forces…Un gigantesque cosmos doré, se forma autour d’eux, et unit les trois auras, en formant une sorte de bouclier protecteur, que les vapeurs toxiques du spectre ne pouvaient plus transpercer. Derrière eux, une quatrième aura, encore plus puissante, d’un bleu éclatant tirant vers le blanc, apparut…Athéna !!



Shuei : Mais, comment ??


Samson : Spectre de la Chèvre, tu vas apprendre qu’un même coup ne marche pas deux fois sur un chevalier d’Athéna !! Tu nous a déjà montré tes Vapeurs de la Nuit…nous avons pu trouver une parade…


Janus : Et maintenant, c’est à toi de résister si tu le peux à nos attaques !!


Zéthée : Par la Flèche d’or du Sagittaire !!


Samson : Par la Boule de Feu !!


Janus : Par l’Explosion Galactique !!



Un cosmos trois fois plus puissant qu’à l’accoutumée, déferla sur le seul spectre de la Chèvre, qui fut littéralement emporté dans les airs, et alla s’écraser sur les rochers d’un ravin plus loin en contrebas. Son surplis se fissura peu à peu et se brisa finalement, éclatant comme du verre. Au bout de quelques instants, on vit une main sanglante se hisser sur le bord du ravin, et le spectre faire de violents efforts pour reparaître près de ses adversaires. Son visage, égratigné en plusieurs endroits, avait perdu de sa superbe.



Shuei : Mon…mon surplis…comment avez-vous…


Janus : Ces surplis d’Hadès ne sont décidemment pas de taille à rivaliser avec les armures d’or…tu faisais trop confiance à la protection qu’il t’accordait, mais tu ne peux désormais plus rien faire…tu es comme un loup privé de ses crocs…


Shuei : Non…moi, spectre de la Chèvre…je vais…



Shuei de la Chèvre rendit son dernier soupir, lâcha le bord du ravin qu’il tenait péniblement, et disparut des centaines de mètres plus bas, en disparaissant de leur vue.


 


Le mont Hengshan



Doko et Gassama faisaient face au spectre du Bœuf, qui avait investi les lieux. Mais, pour Doko, il ne s’agissait pas d’un spectre ordinaire.



Doko : Moebius, je croyais t’avoir tué lors de la bataille de Delphes voici plusieurs mois, comment se fait-il que tu te tiennes ici et devant moi ?



Il ne pouvait oublier ce visage et se tromper de personne. C’était bien lui. Son ancien ami d’enfance. Celui-là même qui avait, autrefois, usurpé le poste de surintendant du Grand Pope, avant de se révéler l’un des plus redoutables Phébus d’Apollon.



Moebius : Oui, je sais ce que tu penses…effectivement, tu m’avais vaincu, mais pas tué…et je suppose que beaucoup de pensées te traversent la tête...ces surplis du Dragon et du Tigre sont magnifiques, n’est-ce pas ? Comme je te l’ai dit, celui du Dragon t’es depuis toujours destiné…il ne tient qu’à toi de le revêtir, aujourd’hui…rassure-toi, je ne vais pas te tuer, je ne suis pas venu pour cela…ma mission est simplement, aujourd’hui, de te remettre ce qui t’appartient…et de t’inviter à me rejoindre, aux côtés d’Hadès, pour abattre les chevaliers d’or restants…comme ce nègre, à tes côtés !!


Gassama (révolté) : Comment oses-tu !?? Je vais te faire ravaler ta salive, jeune arrogant !! (Concentre son cosmos) Reçois toute ma puissance !! Par la Corne du Taureau !!


L’aura d’un Taureau doré apparut et flotta autour de l’imposant chevalier d’or ; il sembla foncer de toute sa force sur le spectre. Mais Moebius fondit dans les airs et sembla s’évaporer. Il réapparut sur le côté une fraction de seconde plus tard et décocha un violent coup de poing dans l’estomac de Gassama. Le colosse à la peau noire s’effondra, les yeux et la bouche grands ouverts d’effroi, terrifié.



Doko : Gassama !! Monstre !


Moebius : Tu ferais bien de m’écouter…ce serait dommage pour toi de subir le même sort…tu ne sais pas à quel point ta vie est précieuse pour notre maître Hadès…


Doko : Je ne comprends toujours rien à tout ça, c’est invraisemblable, mais une chose est certaine, je suis un chevalier d’Athéna et ma mission est de détruire le Sceau des Ténèbres !! Ecarte-toi !


Moebius : Ta mission n’est pas de le détruire, mais de le protéger…comme moi…


Doko : C’est absurde !!


Moebius : Je te dois de nombreuses explications…rassure-toi, tu vas bientôt tout comprendre…cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas rencontrés, ne trouves-tu pas ? Depuis la bataille de Delphes, tu as dû te poser tout un tas de questions…pourquoi l’armure d’or de la Balance est venue recouvrir ton corps et devenir tienne alors que tu étais déjà chevalier de bronze du Dragon…pourquoi Hadès est venu établir ses quartiers dans cet Empire du bout du monde, comme par hasard celui d’où tu viens, alors que, depuis les temps mythologiques, tous les combats sacrés ont toujours eu lieu en Grèce, terre sacrée…oui, toutes ces questions ont une réponse…et il est grand temps de te les apporter…



C’était comme si Moebius lisait dans ses pensées. Effectivement, il n’avait jamais compris pourquoi la règle selon laquelle un chevalier ne pouvait être sous la protection que d’une seule constellation tout au long de sa vie, avait été transgressée de son vivant. De même la raison pour laquelle Hadès était allé jusqu’en Chine, cet Empire inconnu de beaucoup de Grecs, pour y établir ses quartiers généraux. Athéna elle-même avait refusé de lui donner la réponse, lorsqu’il lui avait demandé. Mais qu’est-ce que tout cela cachait ? Pourquoi Moebius lui parlait-il de « son » surplis ?



Moebius : Tu ne serais pas si troublé si Anatol t’avait tout dit, il y a quelques années…


Doko : Anatol ? Qu’est-ce que mon défunt vieux maître vient voir là-dedans ??


Moebius : Il t’a caché beaucoup de choses, Doko…tout comme Athéna…mais, il y a prescription, maintenant…il est encore temps que tu rejoignes les armées d’Hadès…


Doko : Ca suffit !! Je ne suis pas un spectre, je ne l’ai jamais été et ne le serai jamais !! Je suis Doko, chevalier d’or du signe de la Balance !!


Doko : Ah oui ?? En veux-tu une preuve ??



Soudain, le surplis du Dragon se mit à briller étrangement…tout comme l’armure d’or de la Balance, qu’il portait sur les épaules. Un éclat inhabituel, comme un appel de l’armure elle-même. D’u seul coup, sans qu’il ne puisse le contrôler, les nombreuses parties de l’armure d’or se détachèrent de son corps et vinrent se reconstituer dans les airs. La balance dorée apparut et se posa entre eux deux. Le surplis du Dragon, qui brillait plus que jamais, semblait l’appeler et lui demander de le revêtir ! Il lutta pour refuser cet appel. Au même moment, Gassama du Taureau se relevait, encore un peu engourdi par le coup reçu dans l’estomac. Il assista alors, muet, au dialogue entre Doko et Moebius, qui ne se préoccupaient même plus de sa présence.



Doko : Mon armure !! Mon armure m’a quitté !!


Moebius : Elle t’a quitté car son rôle de protection provisoire est terminé, maintenant que tu as retrouvé la véritable armure…ou plutôt, ton surplis…


Doko : Tais-toi !!


Moebius : Maintenant que ta peau est nue, je peux admirer le magnifique tigre que tu as dans le dos…il ne t’évoque rien ??


Doko : Le vieux maître Anatol m’a toujours expliqué que moi et Yoko étions associés du fait que le dragon et le tigre étaient deux animaux complémentaires, qui pouvaient unir leur force pour ne faire plus qu’un…c’est d’ailleurs ce qui nous a permis de vaincre Apollon…mais je n’ai jamais prêté attention à cette marque… il me semble que je l’ai dans le dos depuis toujours…


Moebius : Bien sûr…tout comme nous tous, les douze spectres suprêmes…



Et, joignant le geste à la parole, Moebius fit exploser son surplis, qui se reconstitua sous forme de bœuf.


Mais, sur la peau nue de son dos, un lapin était dessiné !



Doko : Mais, cet emblème !!


Moebius : Tu comprends enfin ? Le yin et le yang, Doko…les douze signes du Zodiaque chinois sont associés deux par deux, selon leurs caractéristiques, car ils se complètent…la pensée taoïste nous enseigne que toute chose existant dans ce monde, possède son double qui est l’exact contraire : le bien et le mal, le jour et la nuit, le feu et la glace, l’homme et la femme, et tant d’autres choses encore…tout va par deux, et tout s’oppose…le yin et le yang…Ce pic du Sud est protégé par les spectres du Tigre et du Dragon…quant à moi, je suis, avec le spectre du Lapin, le gardien du pic principal, le plus sacré de tous, le mont Kunlun…le spectre du Lapin a, lui aussi, l’effigie d’un bœuf dans son dos…il en va de même pour les huit autres spectres…nous sommes des Elus…


Doko : Tu veux donc dire que ce deuxième surplis, celui du Tigre, est… ??


Moebius : Absolument…c’est celui de Yoko…le chevalier de bronze du Tigre aurait d’ailleurs dû être à tes côtés ici, si cette idiote n’était pas tombée enceinte…Hadès n’aurait jamais dû accepter que le douzième spectre soit une femme…à cause d’elle, une partie du plan a échoué…


Doko : Quoi ? Mais quel plan ?? Que veux-tu dire ?? Comment pourrais-je être autre qu’un chevalier d’Athéna ? Cet endroit…tu veux dire que, comme toi, je suis chargé de protéger l’un des pics sacrés ??


Moebius : Tu l’es depuis ta naissance…c’est même pour ça que tu es né…que tu as été conçu…


Doko : Quoi ?? Mais, voyons, Moebius, nous avons grandi ensemble depuis presque toujours...nous avons été recueillis, orphelins, pour être élevés afin de devenir des…



Moebius eut un petit ricanement à la prononciation du mot « orphelin ».



Moebius : Orphelin, dis-tu ?? Tu le crois toujours ? Tu n’as donc pas ressenti cette impression, en arrivant ici ? Celle d’être déjà venu ici ?


Doko : Mais…comment le sais-tu ??


Moebius : Tu ne peux que t’en souvenir…puisque c’est ici, sur ce mont du Sud, que tu es né !!


Doko : QUOI ???


Moebius : Tu te crois donc toujours orphelin…mais tu vas apprendre qu’il n’en est rien…ton père n’est plus, mais il est l’une des personnes les plus illustres de ce monde…peut-être la plus illustre de toutes…


Doko : Ah oui ? Plus illustre encore que sa majesté l’Empereur ?


Moebius : Non…puisqu’il s’agit de la personne que tu viens de citer…



Un nouveau frisson parcourut la colonne vertébrale de Doko, tandis que de la sueur coulait sur son front. Tout ça ne pouvait être vrai. Il lui fallait de nouvelles preuves, autres que ce tatouage sur son dos.



Moebius : Tu es le fils de l’Empereur Yongzhen, et le frère de l’empereur actuel, sa majesté Qianlong…plus exactement son demi-frère…Mais ce secret devait être bien gardé…depuis ses origines, l’Empire du Milieu doit sa force à ses cinq pics mythiques, qui garantissent son équilibre. L’empereur terrestre doit don mandat à l’empereur céleste, l’Auguste de Jade, dont la résidence se trouve sur le sixième pic…le mont Kunlun !



Mais tout cela, Doko le savait déjà. Quel élément nouveau, cette explication allait-elle lui apporter ?



Moebius : …Depuis cette époque, pour assurer sa protection, chaque nouvel empereur, à chaque nouvelle génération, doit accomplir une offrande à l’Auguste de Jade, pour assurer la pérennité et la prospérité de l’Empire…une offrande un peu…particulière…douze fils, enfantés de douze femmes différentes…chacun sous la protection de l’un des douze signes du zodiaque chinois…parmi les nombreuses concubines impériales de la Cité Interdite et autres femmes qui sont présentées à l’Empereur, en fonction de leur capacité à lui donner un fils, douze d’entre elles sont choisies pour être fécondées, en hommage à l’Auguste de Jade…elles doivent ensuite toutes partir vivre et enfanter sur les cinq pics du signe qu’elles représentent…les douze enfants qui naissent alors, si ce sont des garçons, sont destinés à devenir généralissimes de l’armée impériale…c’est cela qui rend cette armée si puissante, et qui lui a assuré sa gloire, depuis toujours…Mais, comme je te l’ai dit, c’est un secret bien gardé…


Doko : Attends une minute. Tu es…en train de me dire, que nous sommes frères, toi et moi ? De même que Yoko est notre sœur ?


Moebius : Tu m’as bien compris…et tu as l’air, enfin, d’accepter cet état de fait…


Doko : Supposons, une seule seconde, que tout cela soit vrai. Qu’est-ce qu’Hadès vient faire dans tout ça ???


Moebius : …Il y a des années de cela, bien avant qu’Athéna ne renaisse à cette époque sous les traits d’une humaine, l’Auguste de Jade a rencontré Hadès, dans son royaume des Morts…il a fait connaissance de sa femme, Perséphone, et en est immédiatement tombé amoureux…Cette rencontre a posé de nombreux problèmes au sein du panthéon divin de notre empire…tu sais combien les dieux grecs sont volages, à l’instar de Zeus et de ses nombreuses conquêtes…il en est de même pour l’Auguste de Jade, et sa femme, Xi Wang Mu, la Dame Reine de l’Ouest, dont la jalousie est aussi terrible que l’est celle d’Héra…


Doko : …Soit, et alors ? Où veux-tu en venir ?


Moebius : Hadès a vite eu connaissance de l’amour subit de l’Auguste de Jade pour Perséphone…ce dernier a même tenté de l’enlever avec lui !!


Doko : Quoi ??


Moebius : Hadès n’a évidemment pas accepté une telle chose…bien qu’il ait lui-même, il y a bien longtemps, enlevé Perséphone à sa mère Déméter…Mais il n’avait pas les moyens d’affronter l’Auguste de Jade…qui insistait pour que Perséphone le suive, en Chine, pour y devenir une de ses principales concubines…son armée avait été décimée lors de la précédente guerre sainte, en l’an 1556, tandis que celle de l’Auguste était puissante et prospère…il a alors proposé un marché à l’Auguste de Jade. Une contrepartie, en échange de la permission pour Perséphone de naviguer entre les deux mondes des Morts, celui d’Hadès et celui de l’Auguste…


Doko : Alors, cette contrepartie…


Moebius : Hadès, à chacune de ses nouvelles incarnations, ouvre une brèche entre ce monde et le sien, une sorte de frontière impénétrable où il établit ses quartiers généraux terrestres. Depuis la nuit des temps, c’est en Grèce qu’il a toujours établi cette frontière. Mais, à notre époque, voyant la force de l’armée de l’Auguste et les avantages qu’il en tirerait, il a demandé à celui-ci la permission de pouvoir s’installer sur ses propres terres, ici, en Chine…et de lui « emprunter », du même coup, plusieurs de ses meilleurs hommes, pour en faire de puissants spectres qui serviraient sa propre armée…Comme la prochaine résurrection d’Athéna était imminente, il s’est dit que l’union avec une autre divinité, ne pourrait que lui servir et accroître sa puissance…


A partir de là, les douze généralissimes de l’Empire, dont toi et moi devions faire partie, sont devenus les douze plus puissants des 108 spectres de l’armée d’Hadès, le seigneur des Ténèbres !!


Doko : C’est donc pour cela qu’Hadès s’est installé ici...le nœud de l’histoire, ce serait Perséphone…


Moebius : Absolument…toute cette Guerre Sainte, le pourquoi du comment de tout cela, c’est Perséphone !! Depuis toujours, les plus grandes guerres ou tragédies de ce monde, ont eu pour origine des histoires d’amour ou de passions ardentes…des femmes, viles créatures, ont causé la perte des plus grands…Pandore a causé l’arrivée de tous les maux sur terre, en ouvrant cette maudite boite…Hélène a causé la guerre de Troie et la perte de Paris, d’Hector et de tous les autres…et l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement…Sans qu’il ne s’en rende compte, Perséphone risque aujourd’hui de précipiter les dieux vers le chaos…nous devons les en empêcher…toi et moi !!


Doko : Soit, admettons que tu dises encore vrai. Comment se fait-il, alors, qu’Athéna… ??


Moebius : Nous arrivons maintenant au plus important de toute l’histoire…ce qui te concerne…pourquoi diable t’es-tu retrouvé chevalier d’Athéna, si ton destin originel, tout comme moi, Yoko et les autres, était de devenir l’un des douze Spectres du Zodiaque d’Hadès, te demandes-tu ? Ce n’est pourtant pas difficile à comprendre…Hadès et l’Auguste de Jade ayant conclu un pacte pour la prochaine Guerre Sainte, leur pouvoir uni devenait immense…Athéna allait devoir les affronter tous les deux…une déesse seule, face à deux dieux surpuissants…le déséquilibre était trop grand…elle n’avait aucune chance de gagner…les conditions de la Guerre Sainte n’étaient plus loyales…il fallait qu’Athéna, elle aussi, ait droit à une petite compensation…


Athéna a donc pris les devants d’Hadès…alors qu’elle n’était pas encore revenue à la vie sur terre, son âme s’est manifestée à l’Empereur de Chine…L’Empereur Yongzhen, qui n’avait jamais quitté la Cité Interdite, ne se doutait nullement de ce qui se tramait autour de Hadès et de l’Auguste de Jade, derrière son dos…Athéna a expliqué à l’Empereur qu’elle souhaitait que plusieurs des guerriers les plus puissants de son Empire, rejoignent les rangs des chevaliers du Sanctuaire, une fois parvenus à l’âge adulte…Hadès n’a rien su de cette manifestation, et l’Empereur a vaqué a ses devoirs de procréation, en concevant les douze enfants qu’il devait à l’Auguste de Jade…Pour être certaine que la promesse soir respectée, Athéna a fait appel à l’un des survivants de la précédente Guerre Sainte de 1556. Le chevalier de bronze du Dragon.


Doko : Quoi ?? Mais alors, Anatol… ??


Moebius : Evidemment !! Anatol n’a jamais été chinois, tu t’en doutais bien ! Il portait d’ailleurs un nom grec, qu’il n’avait jamais dissimulé. Tout comme Moebius est pour moi un nom d’emprunt, romain, mais tu sais bien que mon véritable nom a toujours été Qin…La mission d’Anatol était seulement de déjouer les plans d’Hadès, en détournant les spectres du zodiaque de leur destin d’origine pour en faire des chevaliers d’Athéna…cette dernière pensait de cette manière reprendre le dessus sur son adversaire…c’est ainsi que le nouvel Empereur, Qianlong, a plus tard rappelé les douze fils que son père avait conçus pour les six Pics Sacrés – qui n’étaient rien moins que ses demi-frères -, lorsque Baruch, surintendant du Grand Pope et ambassadeur du Sanctuaire, est venu à la Cité Interdite pour demander à l’Empereur de respecter la promesse faite à Athéna !! Les faire tous venir à Pékin sans éveiller les soupçons d’Hadès était choses difficile, c’est pourquoi seuls trois des douze enfants ont pu répondre à l’appel : nous deux, et Yoko. Et la suite, tu la connais !!



Tout devenait de plus en plus clair dans la tête de Doko ; les éléments s’imbriquaient les uns dans les autres, avec logique et cohérence. Il semblait peu à peu accepter la brutalité de chacune des révélations. Pourtant, une pensée obsédante lui restait en tête : quel qu’eut été son destin à l’origine, il était, et restait, un chevalier d’Athéna. Il était Doko, chevalier d’or du signe de la Balance, ancien chevalier de bronze du Dragon.


Gassama, lui, écoutait toujours les deux hommes, calmement, sans montrer sa surprise, ni manifester l’envie d’intervenir.



Doko : Je ne comprends toujours pas…ce qui t’a poussé à refuser l’appel d’Athéna…ni la raison pour laquelle l’armure de la Balance est venue à moi…


Moebius : L’amour, Doko, l’amour…ce sentiment méprisable, que je hais, car il rend faible, vulnérable, il corromps et mène les hommes à leur perte depuis toujours…toi et Yoko avez un semblant de cet amour en vous…et moi, j’ai senti, tout de suite, l’appel d’Hadès à le rejoindre…à ce moment, mon choix était fait…rejoindre Athéna, et son amour ridicule de l’humanité, ou m’engager pour une noble cause, celle de reprendre en main la terre aux hommes et d’y remettre de l’ordre…mais, ne t’y trompe pas…toi et Yoko avez souvent été près de passer de l’autre côté…comme je te l’ai expliqué, Yoko est ton double négatif, en tous points…tu es yang, et elle est yin…souviens-toi avec quelle facilité elle était passée à mes côtés, lors de la bataille de Delphes !!



Doko eut à son tour un léger ricanement.


Doko : Ha ha ha…tu parles de l’amour comme un sentiment méprisable, et de la haine comme la seule force possible, le seul moyen de réussir son existence…mais, toute ta vie, tu n’as cessé de te dévoyer à de nombreuses reprises…usurper une place qui n’était pas la tienne, en tuant le surintendant Baruch…puis devenir un pantin à la solde d’Apollon, parmi ses Phébus…et, enfin, l’un des spectres d’Hadès…décidemment toi qui me donne des leçons de morale sur mon attitude, c’est trop drôle…à force d’accumuler les identités, tu as perdu toute personnalité propre…


Moebius : Ah oui ?? Veux-tu une autre preuve de ta grande faiblesse, Doko ?? Et de ton penchant naturel pour le mal absolu ? Celui qui a déjà failli te faire rejoindre nos rangs, et qui a déjà eu raison de Yoko par le passé ? Nul ne peut échapper à son destin…Athéna t’a laissé un sursis ; mais c’est fini à présent…l’heure est venue de redevenir celui que tu aurais toujours dû être…Doko, spectre du Dragon !!


D’un seul coup, le surplis du Dragon se remit à briller violemment et à émettre un cosmos pourpre en direction de Doko. Plus que jamais, tandis que l’armure d’or de la Balance restait sans aucune réaction, comme si elle ne le reconnaissait plus, Doko se sentait aspiré par le surplis. Il devait résister. Il fit brûler son cosmos doré intensément, et surtout pria de toute son âme pour la protection d’Athéna par son amour pour les hommes et sa grande compassion.


Doko (pensant) :Aghh…cette force…ce surplis serait donc mien…je suis…je suis un spectre d’Hadès…le yin et le yang…à mon tour, je vais succomber…


Gassama (commence à réagir) : Doko !!


Moebius : Ecarte-toi de là !!


Moebius fit signe à Gassama de s’écarter tandis qu’il venait auprès de son compagnon, dont l’épuisement à force de lutter devenait perceptible. Doko tomba à genoux, fatigué de résister de tout son cosmos à l’appel du surplis. Mais sa conviction de chevalier d’Athéna était plus forte que tout.


Moebius : Alors, tu sens enfin cette force, ce magnétisme qui émane du surplis du Zodiaque ?? Et tu vois bien que cette armure d’or ne peut plus rien pour toi ??


D’un geste, Moebius endossa à nouveau son surplis du Bœuf, qu’il avait ôté pour montrer son tatouage de lapin à Doko.


Doko : Si, comme tu le dis, j’ai déjà été tenté de succomber à la force du mal…comment se fait-il que j’y ai toujours résisté ?


Moebius : C’est tout simple, Doko…la réponse est en face de toi…


L’armure d’or de la Balance !!


Moebius : C’est toujours ce principe qui nous guide tous…le yin et le yang…et cette facilité que nous avons, tous, à passer de l’un à l’autre, dans certaines situations…lors de la bataille de Delphes, Yoko a été appelée à rejoindre le côté qui est naturellement le sien…et si cette idiote n’était pas tombée amoureuse de ce chevalier des Gémeaux, elle y serait toujours…l’amour, toujours l’amour…mais, quant à toi…durant la bataille, lorsque nous nous sommes retrouvés, le basculement a failli avoir lieu, sans que tu ne t’en rendes compte…lorsque tu t’es présenté devant Apollon, blessé, il ne manquait que peu de choses, pour te faire retrouver la nature de tes origines…c’est alors qu’Athéna, qui a senti cet appel des Ténèbres depuis son sommeil, a pris une initiative pour que cela n’arrive pas…


Je vais te poser une petite question, Doko. Que se passe t-il, lorsque le yin et le yang se complètent l’un et l’autre ?


Doko : Tu le sais, non ? C’est le tao, l’équilibre parfait des éléments…les forces s’annulent…


L’équilibre…


mais alors…


Moebius : Tu comprends enfin…l’armure d’or de la Balance est une exception au sein des 88 armures de la chevalerie d’Athéna…c’est une armure qui symbolise la sagesse, mais aussi l’équilibre parfait, qui repose sur une union entre toutes les forces de ce monde…elle a un rôle de protection, physique bien entendu mais aussi spirituelle…tant que cette armure d’or était sur tes épaules, le yin et le yang étant parfaitement équilibrés en toi, tu ne pouvais plus succomber à l’appel d’Hadès…


Doko : C’est donc Athéna qui… ??


Moebius : Oui !! Il existe une règle immuable, dans la chevalerie d’Athéna, selon laquelle un chevalier acquiert une armure placée sous le signe d’une constellation…il reste ensuite sous la protection de cette seule et même constellation, tout au long de sa vie. Cependant, pour t’éviter de rejoindre les rangs d’Hadès, ce qui aurait mis en péril toute son armée, Athéna a décidé de faire une exception pour toi, et de t’accorder une faveur !! Le Grand Pope venait de mourir, et Archinoald avait été désigné pour lui succéder… Dans ces conditions précises, l’armure d’or de la Balance était à nouveau vacante, et Athéna s’en est servie comme moyen d’éviter ce qui devait pourtant arriver !!


Mais, maintenant que tu as enfin retrouvé ta véritable armure, ou plutôt ton surplis, tu n’en as plus besoin !!


Il est temps, enfin, que tu te joignes à moi, et que tu combattes à mes côtés !


Le pic du Nord


 


Un des deux spectres du Zodiaque venait d’être vaincu, sous les coups répétés des trois chevaliers d’or qui l’affrontaient. Son corps avait disparu dans les précipices de la montagne, et il ne faisait nul doute qu’il ne devait plus en rester grand-chose. Mais Beinan, spectre du Singe, se tenait toujours devant eux et, bien que son surplis avait déjà été abîmé, il n’avait pas l’air de s’inquiéter. Ni de manifester la moindre émotion à la mort de son compagnon.


Samson : Alors, spectre, tu es tout seul à présent face à nous trois…tu n’as désormais plus d’autre choix que de nous laisser détruire le sceau des Ténèbres…ou de périr d’une mort violente, comme ton compagnon !


Beinan : Je vais vous dire quelque chose, je ne suis pas comme cet imbécile de Shuei, qui s’est laissé vaincre si facilement, je ne surestime pas ma force, mais en même temps je ne me laisse pas impressionner, quel que soit mon adversaire…et jamais, tant que je serai debout, ici, vous ne briserez le sceau…


Zéthée : Ah oui ?? Voyons voir !! Par la Pluie d’Or du Sagittaire !!


Le spectre du Singe se mit alors à se déplacer en effectuant de nombreux sauts dans tous les sens, de façon imprévisible, mais avec une telle vitesse que Zéthée avait bien de la peine à le suivre. De toute évidence, son agilité était proche de celle de l’animal simiesque qu’il représentait. Il fit presque un tour complet sur lui-même, jusqu’à bientôt apparaître devant la fontaine et le sceau des Ténèbres…Zéthée ajustait ses tirs de flèches en fonction des déplacements de son adversaire, et Beinan sembla vouloir l’attirer à l’endroit où se trouvait le sceau. C’est alors qu’il s’arrêta un instant devant le sceau…puis resauta aussitôt. La flèche ne s’arrêta pas et fonça vers le sceau. Les trois chevaliers d’or, qui observaient les déplacements, se dirent alors que le sceau serait détruit…


Mais, dans un jaillissement de lumière, la flèche fit demi-tour et, sans qu’ils ne puissent l’empêcher, Janus et Samson regardèrent avec horreur la flèche du Sagittaire venir se ficher en pleine poitrine de son propre expéditeur, le chevalier Zéthée, lequel s’écroula en retombant sur le dos.


Janus et Samson : Zéthée !!


Beinan : Imbécile…croire que ces stupides flèches m’atteindraient…et croire qu’elles suffiraient à détruire le sceau…mais, comme vous le voyez, ce n’est pas qu’un simple morceau de parchemin. Il est tout simplement indestructible !!


Janus : C’est faux !! Je n’en crois pas un mot !! Deux autres sceaux ont déjà été rompus…il doit exister un moyen d’y arriver, et tu le connais !!


Pour toute réponse, le spectre du Singe esquissa un large sourire qui les nargua une fois de plus. Au même moment, Zéthée se relevait en position assise, et porta sa main à sa poitrine pour en extraire la flèche. Son armure d’or l’avait partiellement protégé, et empêché que le projectile ne s’enfonce profondément. Mais le mal était fait. Dans un bruit de glissement macabre, Zéthée arracha la flèche, qui sortit avec un jaillissement de sang. Mais il avait le plus grand mal à se remettre debout. Il semblait vivre ses derniers instants.


Zéthée : chevaliers d’or…je crois que…mes derniers instants…sont proches…


Samson  : Zéthée !! Non ! Courage, relève-toi !!


Beinan : ha ha ha…c’est bien toi qui a affronté Yi, le divin archer, l’autre jour, non ?? Ce jour-là, même si tu l’as vaincu, tu n’es pas sorti indemne du combat…il t’a laissé de profondes blessures qui te meurtrissent toujours le corps…en recevant à nouveau ta propre flèche, tu es en train de rouvrir les plaies, et de précipiter ta mort…je vais abréger tes souffrances…


Il fit brûler son cosmos pourpre, tandis que Zéthée semblait agoniser dans une tache de sang grandissant à vue d’œil autour de son corps allongé au sol. Mais les deux autres chevaliers d’or, Samson et Janus, s’étaient déjà remis en position de combat, et n’en démordaient toujours pas.


Samson : Tu vas payer…par la Boule de Feu !!


Beinan : Par la Capture Tourbillonnante du Primate !!


Le gorille fondit sur le chevalier d’or, et la boule de feu du Lion sembla s’incliner devant le puissant étau des pattes du primate. On vit les deux animaux apparaître, et se lancer un duel physique et sans merci, mais le gigantisme et la carrure du gorille semblaient prendre le dessus, malgré tout, sur le roi des animaux. Samson fut projeté en arrière, sans pouvoir résister, et sentit les os de son dos lui faire atrocement mal en retombant, peut-être brisé par la violence du coup.


Janus : Samson !!


Tandis que le chevalier du Lion se tordait de douleur, Janus des Gémeaux restait le seul chevalier d’or debout face à son adversaire.


Beinan : Plus qu’un ! Toi !! Allez !!


Janus : Je te sens pressé d’en finir ; ça tombe bien, moi aussi…mais, avant de mourir, tu vas répondre à ma question : comment détruit t-on ce maudit sceau ??


Beinan : Je t’ai expliqué tout à l’heure que le détruire serait la pire chose qui puisse arriver à l’humanité…je ne pense pas que c’est ce qu’Athéna souhaite…elle veut protéger les hommes et ne pas provoquer leur perte, non ? Alors résous-toi à le voir rester à sa place…


Janus : Je n’attendais pas d’autre réponse de ta part, de toute façon…


Beinan : Bien, maintenant finissons-en !! Par la Capture Tourbillante du Primate !!


Janus : Double Illusion !!


Le corps du chevalier d’or des Gémeaux se sépara en deux et apparut en deux entités distinctes, ne laissant pas deviner laquelle était vraie et l’autre pure illusion. Malheureusement pour Beinan, les pattes velues du gorille échurent sur un chevalier qui se dématérialisa dès qu’elles entrèrent en contact avec lui. Beinan se retourna et vit le véritable chevalier derrière lui.


Beinan : Agh !!


Janus : J’ai comme un doute, subitement…


Sans même prêter attention à son adversaire, comme s’il avait été frappé par une inspiration soudaine, Janus concentra son puissant cosmos en fixant du regard l’imposante fontaine qui supportait le sceau des ténèbres.


Beinan : Que fais-tu, chevalier d’or ??


Janus : Ce que j’aurais dû faire depuis le début !! Par l’Explosion Galactique !!


Beinan : Nooooonnnn !!!


Dans un fracas et un vacarme épouvantables, une explosion retentit au sommet du Pic du Nord. Quelques instants plus tard, la terre se mit à trembler…il ne restait plus rien de la fontaine et du sceau, disparus comme par enchantement après que Janus se soit attaqué à la base de pierre de l’édifice, et à la source d’où l’eau jaillissait.


Sur les lieux du combat, on voyait désormais Beinan, le spectre du Singe, le surplis complètement brisé, le corps sanguinolent, qui s’était jeté d’une détente désespérée pour protéger la fontaine. Il s’était ainsi complètement découvert, vulnérable, et sa protection n’avait pas résisté à la force de l’Explosion Galactique.


Beinan (agonisant) : Aghh…arghh…


Janus : C’était donc ça…La force du sceau lui venait uniquement de cette fontaine…c’est du jaillissement de l’eau que le sceau puisait son essence…en détruisant la base de la fontaine et empêchant ainsi l’eau de s’écouler, le sceau perd toute substance..


(Regarde Beinan) : Et toi…pourquoi t’être jeté de tout ton corps contre mon attaque ?? Tu aurais pu avoir la vie sauve…


Beinan : Tu…tu ne comprends pas…je te l’ai dit…les sceaux ne doivent pas être détruits…il ne faut pas…ouvrir le Puits aux Morts…C’est un mauvais calcul…aghh…


Le spectre rendit son dernier soupir. Ses dernières paroles donnèrent un goût particulièrement amer à la victoire des chevaliers d’or. Et s’il avait dit la vérité ? Si la rupture des sceaux était à même de provoquer l’Apocalypse sur terre ? Le tremblement de terre survenu au moment de la destruction du sceau, qu’il avait déjà ressenti deux fois dans les jours précédents, n’était pas de nature à le rassurer.


Janus n’eut pas le temps de réfléchir. Il alla s’occuper de ses compagnons blessés, Zéthée du Sagittaire et Samson du Lion. C’était presque déjà fini pour l’un d’eux.


Le Hengshan, pic du Sud


Le combat n’avait pour ainsi dire pas eu lieu. Il n’avait pas encore commencé. Doko et Gassama se tenaient toujours devant leur adversaire, Qin ou plutôt Moebius, spectre du Bœuf, qui protégeait, à lui tout seul, le sceau du quatrième pic. Mais, après les révélations de Moebius, pour Doko comme pour ses compagnons, rien ne serait plus jamais comme avant.


Moebius : Alors, Doko ?? Tu es enfin décidé ? A revêtir ce surplis, à rejoindre les rangs d’Hadès et des douze spectres du Zodiaque ?


Gassama : Doko ; ne l’écoute pas !! Battons-nous contre lui !!


Il y eut un long silence, pendant lequel Doko regarda fixement devant lui, le regard perdu, sans réaction. Non en direction de Moebius, mais en direction des deux armures face à lui. Sur sa gauche, l’armure d’or du signe de la Balance. Sur sa droite, le surplis du signe du Dragon…


Le tigre dans son dos se mit à briller d’un coup, et le cosmos de Doko l’enveloppa…


Un cosmos doré…


Doko (pensant) :Non…


Je suis un fils de l’Empereur…


Mon destin…aurait toujours été de servir Hadès…


Et non Athéna…


Comme Yoko…


Le yin et le yang…je peux passer de l’un à l’autre…


Mais je ne dois pas…


Athéna !!


L’aura surpuissante de la déesse, enveloppa d’un seul coup Doko, etr on vit la déesse de la Guerre apparaître, armée de sa magnifique protection, et également son sceptre de la Victoire, et son bouclier.


Athéna (depuis le Meikai) : Doko !! Tu ne dois pas céder !!


Une explosion de lumière jaillit des armures, éblouissant Moebius et Gassama du Taureau, et les obligea à se cacher les yeux.


Lorsqu’ils les rouvrirent, un chevalier d’or, puissamment équipé et armé, se tenait devant eux.


Moebius (dépité) : Aghh…Doko…finalement…


Doko : Moebius !! Ecoute-moi bien !!


Je suis Doko, chevalier d’Athéna, de la constellation de la Balance !!


Et nous allons nous battre !!

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