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Le Jugement dernier

Les doutes de l’Empereur


Dans le palais Aniti-Suyu, près du temple du Soleil, une aura majestueuse s’élève au centre d’une pièce aux murs nus. Au milieu de chacune des quatre cloisons, des statues d’hommes nus soulèvent la paroi formant des passages vers d’autres pièces. Dans un coin, le bras d’une fontaine déverse un fin filet d’eau dans une vasque de marbre noir, laissant s’échapper le seul son du lieu, un clapotis régulier et apaisant. L’homme qui au centre crée cette aura bleutée n’est autre qu’Ayar Manco, l’Empereur de la Miséricorde.

Ayar Manco

Le combat contre les forces d’Athéna est maintenant bien entamé. Beaucoup de nos Combattants sont tombés face à des adversaires qui étaient sensés être fragilisés et en sous effectif. L’analyse de Numa concernant les Chevaliers du Zodiaque était bien erronée. Le Sanctuaire a eu le temps de se préparer à ce défi, de reconstituer ses forces et il nous sera difficile de remporter cette bataille. Les Chevaliers d’Athéna ont tout à perdre et vont décupler leurs efforts pour venir à bout de nos soldats.
Numa aurait dû m’écouter et ne pas provoquer cet affrontement ridicule. Et encore !, sans l’intervention de Diego, Numa aurait déclenché une attaque surprise sur le Sanctuaire. C’est tout à l’honneur de Diego d’avoir lancé un défi, mais ce n’est pas à notre avantage. L’Empereur de l’Équilibre est certainement capable de venir à bout de n’importe quel adversaire, et ses Séphiroths sont sans conteste des Combattants aguerris, malheureusement je ne suis pas sûr que le discours de Diego aux Monts Kouen Louen ait suffit à leur insuffler la rage de vaincre nécessaire. Ils viennent tout juste de découvrir leur dieu et ils doivent déjà se battre pour lui. Même si Diomède a fait l’essentiel pour les y former et leur inculquer le sens du devoir, un Combattant qui a foi en sa cause sera toujours plus fort que celui qui se bat pour des raisons obscures qui lui échappent. Diego aurait dû partager plus de moments avec eux. Vivre au milieu de leur camp, partager leurs repas et leurs craintes. Pour le moment il ne représente pour eux que le concept abstrait d’un dieu, forcément froid et distant. Même s’ils ont ressenti l’extraordinaire aura qui est la sienne, sauront-ils s’en rappeler en face d’adversaires qui ont su vaincre les dieux les plus puissants ?
Numa a parié sur la faiblesse du Sanctuaire pour remporter une victoire rapide et facile, ce ne sera pas le cas. Si au moins il avait permis à Diego de les accompagner comme celui-ci le désirait... Ils se seraient sentis épaulés et secondés par celui qu’ils doivent défendre. Je ne pense pas que Diego aurait encouru le moindre danger avec l’Empereur de l’Équilibre pour veiller sur lui. Moi-même, j’aurais pu l’accompagner. Mais Numa a préféré y envoyer ses confrères. Je me demande ce que cela cache. A-t-il d’autres idées derrière la tête ?
Je me méfie de lui et de son ordre. Certes, ils ont réussi à retrouver Diego, notre dieu et à en faire le pilier de nos forces. Ils ont pu reconstituer les Armées de Mars, rassemblant les camps d’entraînement dispersés sur la planète et isolés les uns des autres. Mais quel est réellement leur but ? Il m’est impossible de sonder leur esprit. Ils y ont créé une toile si complexe que je manque m’y perdre à chaque tentative. Je doute qu’il s’agisse seulement du bien-être de Diego. L’ambition de Numa est aussi lourde que son corps est maigre. Il veut prendre les décisions et diriger le monde. Tant que Diego ne sera pas assez fort pour s’opposer à lui, il y parviendra sans faille.
C’est pour cela également que j’ai accepté d’entraîner particulièrement Diego. J’essaie de lui inculquer le respect de ses adversaires et des notions aussi fondamentales que l’honneur ou la pitié, mais cela n’est pas évident. Diego est une tête brûlée qui désire avant tout être le plus fort et que personne ne puisse le surpasser. Je dois reconnaître que son aura divine l’y aide fortement. En quelques mois d’entraînement il a fait des progrès incomparables. Il maîtrise maintenant son incroyable aura, même si encore imparfaitement et partiellement. Il atteint quasiment la vitesse de la lumière dans ses coups. Ce qui lui manque encore c’est de l’entraînement et de l’expérience. Les choses vont trop vite pour qu’il puisse en prendre la pleine mesure. Il n’a pas non plus encore réveillé la part divine de sa personnalité. Le dieu n’est pas loin, tout le monde peut ressentir sa présence. Pourtant il reste caché derrière l’homme, derrière Diego, et Numa en profite. Je ne pense pas que le Grand Prêtre soit pressé de faire face à son dieu.

Mars, dieu de la Guerre. Arès en Grèce. On dit de lui dans la mythologie romaine ou grecque qu’il s’agit d’un des dieux les plus forts, mais également des plus violents et des plus combatifs. Le dieu de la Guerre n’aime rien plus que les batailles. Même s’il est mon dieu, j’ai du mal à m’y faire. La mythologie Inca ou encore plus vieille, Nasca, ne mentionne pas notre dieu ainsi. J’ai cru qu’il ne s’agissait pas du même, que notre Armée n’était pas dévouée au dieu romain, mais à un dieu péruvien. Pourtant je n’ai maintenant aucun doute à avoir sur Diego.
L’armée de la Miséricorde a toujours existé dans cette partie du globe. Nous ne disposions certes pas de cette cité, mais mon prédécesseur m’a enseigné toutes les valeurs qui nous régissent. Lui-même disposait d’une aura considérable qu’il n’a jamais eu l’occasion d’utiliser. Notre Armée était une force de l’ombre. Elle ne vivait pas au grand jour et n’avait d’autres buts que de transmettre à ses successeurs l’enseignement de ses aïeux jusqu’au jour où…
Et bien ce jour est arrivé depuis quelques mois. Nous attendions patiemment le réveil de notre dieu, ce qui n’avait pas eu lieu depuis des millénaires. Les seules traces qui restent de sa présence ne sont que quelques gravures dans les dédales du temple de Guanacore, notre lieu d’entraînement, temple perdu au milieu de la forêt amazonienne. Nuls autres que les Empereurs de la Miséricorde n’avaient accès aux souterrains qui serpentent dans les fondations du temple. Notre tradition est purement orale et j’ai plus appris de mon maître Atahualpa que des illustrations élimées incrustées dans les pierres.

Pourtant Atahualpa m’a fait subir le rituel d’initiation pour prendre sa place et devenir Empereur à mon tour. J’ai été enfermé dix jours et dix nuits dans les souterrains de Guanacore. Je devais m’y consacrer exclusivement à la méditation, sans boire n’y manger. Seul l’esprit du temple me tenait lieu de nourriture spirituelle. Au début j’ai cru que ce n’était qu’une épreuve d’endurance, mais j’ai vite compris qu’il s’agissait de bien autre chose. Après les trois premiers jours, entouré des inscriptions incompréhensibles gravées dans la pierre, j’ai ressenti une force présente dans l’enceinte du souterrain. Il ne s’agissait de rien de matériel, mais plutôt d’une présence spirituelle ténue mais indéniable, comme une langue d’énergie. Je ne l’avais encore jamais remarquée en entrant dans ces galeries, mais l’épreuve me mettait à nu devant elle.
Peu à peu je l’ai sentie investir mon corps en même temps que la faim et la soif. Elle a fouillé mon esprit, perçant mes moindres barrières mentales, pillant mes souvenirs, mes secrets les plus cachés, mon amour pour Haniel, la jeune apprentie, mes envies contradictoires, ma volonté d’être un Guerrier et Empereur puissant et celles d’avoir une famille et une descendance. J’ai résisté contre cette intrusion intime, mais mes défenses se sont étiolées en même temps que la fatigue s’emparait de moi. Je devais soit capituler et retourner auprès de Atahualpa en vaincu, soit m’offrir corps et âme à cette langue me fouillant de l’intérieur.
Elle a finalement pris possession de mon âme. Plus rien ne lui était inconnu, pas même la bête que j’essayais de refreiner en moi. C’est d’ailleurs la fois où j’ai le plus ressenti sa présence, sa force et sa volonté de faire surface. J’avais très jeune appris à la dompter et à l’enfermer dans mon esprit ; la présence dans les galeries de Guanacore l’avait révélée. Je croyais que ce secret suffirait à m’interdire le grade d’Empereur, mais je me trompais. Après avoir pris possession de ma personne, la langue d’énergie s’est à son tour ouverte à moi sous la forme de souvenirs que je n’avais jamais vécus. J’ai senti affluer les expériences de centaines d’autres hommes, tous des anciens Empereurs de la Miséricorde, tous depuis la nuit des temps et la création de notre Armée. Tous ses souvenirs donnaient peu à peu sens aux inscriptions et gravures. Et puis j’ai été mis à la place du premier d’entre nous et je L’ai vu.
Tout s’est éclairé en contemplant pour la première fois le dieu auquel nous étions tous soumis. Bien plus que son visage ou son apparence, j’ai ressenti son aura, une énergie considérable capable d’exploser et de faire disparaître la Terre entière. A l’époque il avait guidé l’Armée de l’Équilibre contre un autre dieu qui voulait étendre son influence sur Terre et nous avions pu vaincre notre ennemi. Il s’était alors retiré laissant les Empereurs successifs transmettre le savoir et la connaissance de l’aura qu’il avait partagée avec nous.
L’histoire de notre Armée venait de m’être révélée et bien que mon corps soit totalement épuisé et vidé de toute substance vitale, mon esprit était apaisé et avait atteint une complétude qui ne m’a plus quitté. J’ai cru que l’épreuve allait se terminer quand la langue d’énergie s’est faite plus forte, plus intense et plus pressante. C’est alors que le message m’a été adressé. J’étais au milieu des galeries du temple de Guanacore quand j’ai su que notre dieu allait réapparaître et que je serais l’Empereur de son Armée de la Miséricorde. Je ne saurais jamais si notre dieu lui-même m’avait transmis cette prophétie ou si cette dernière datait de la nuit des temps et attendait ce moment pour se révéler à l’Empereur actuel.
Quand je suis ressorti du souterrain, j’ai appris que Hatahualpa était parti dans la forêt et n’était plus réapparu. Il avait pris ses dispositions, j’étais désormais l’Empereur de la Miséricorde.
Quelques années après cette expérience, des hommes se sont présentés à moi, couverts d’étoffes rouge sang. Qu’ils aient réussi à trouver un passage à travers les forêts jusqu’à notre temple était pour le moins surprenant, seuls les plus aguerris des hommes y parviennent et obtiennent ainsi le droit de faire partie de l’Armée de la Miséricorde. Je les ai accueillis au milieu du temple de Guanacore. Numa s’est pour la première fois présenté à moi. Grand Prêtre Salien, guide et conseiller de Mars, dieu de la Guerre. Tout son discours était basé sur l’allégeance que nous étions sensés prêter au dieu qui venait de se réincarner sur Terre pour aider et guider les Hommes. Bien que ces prêtres se disent guides et conseillers, j’ai pu ressentir l’aura qu’ils essayaient de dissimuler. Ils avaient connaissance de l’enseignement de notre propre dieu, mais cela ne garantissait en rien leurs dires.

« Quelles preuves apportez-vous qui me confirment vos propos ?
_ La meilleure de toute. Notre dieu souhaite te rencontrer. Comme je te l’ai dit, il s’est réincarné sur Terre. L’armée de la Miséricorde que tu diriges est un de ses plus puissants piliers répartis sur Terre. Mars a choisi cette région du globe pour réapparaître, il souhaite s’y installer.
_ Qui me dit qu’il ne s’agit pas d’un piège ?
_ Tu es très suspicieux… Qu’importe. Qu’as-tu à craindre en nous suivant jusqu’à lui ? Nous ne sommes que des prêtres et ton pouvoir est beaucoup plus fort que le nôtre.
_ Où réside-t-il ?
_ Mars a choisi la cité antique de Choquequirau pour établir son quartier général. Nous t’y attendrons. Présente-toi dans exactement trois jours. »

Les prêtres étaient repartis. Je savais que notre dieu devait réapparaître. Pourtant il m’avait été impossible de lire dans l’esprit de ces prêtres. Je devais me rendre au rendez-vous fixé. Choquequirau, une cité en ruine, complètement recouverte par la végétation dense de la forêt, située sur un promontoire rocheux lui permettant de dominer la montagne environnante.
La première fois que j’y ai mis les pieds, une effervescence sans nom y régnait. Partout des hommes s’activaient pour rendre l’endroit habitable. Débarrassée de son manteau de végétation, les temples s’élevaient. Architectes, bâtisseurs, artistes, tous s’afféraient à un rythme effréné, portés par une énergie nouvelle. Le temple du soleil, Curicancho, s’élevait déjà majestueux et digne d’un dieu. Des prêtres m’accompagnèrent jusqu’à la salle solaire. Là, un gamin m’attendait sur un trône trop imposant pour lui. Le Grand Prêtre se tenait à sa gauche.

« Alors tu es le chef de mon armée. Le premier que je voie. Bienvenue à Choquequirau.
_ Je suis l’Empereur de l’Armée de la Miséricorde. Qu’il s’agisse d’une de vos armées, je ne le sais pas encore.
_ Tout comme moi il y a quelques mois. Je m’appelle Diego. D’après celui qui se trouve à côté de moi, je suis la réincarnation du dieu de la Guerre, Mars. »

Le franc parler de ce garçon avait l’air de déplaire au Grand Prêtre, mais ce dernier restait coi. J’essayais de pénétrer les pensées du jeune garçon, mais un mûr infranchissable s’opposait à moi. Il ne s’agissait pas de la même complexité, des mêmes dédales que l’esprit des prêtres, mais plutôt d’un vide infini, comme si la personne qui se trouvait devant moi n’était qu’une illusion.

« Je suis venu car on m’a promis une preuve de ce que vous avancez.
_ Oui… et bien je suis là. Je ne sais pas quelle preuve te donner. Les prêtres ont su tout de suite qui j’étais.
_ Montrez-moi votre aura divine et je saurais si vous êtes bien notre dieu.
_ Ce serait avec plaisir… si je comprenais de quoi tu parles. Cette histoire d’aura est complètement nouvelle pour moi. Ça fait à peine trois mois que je suis un dieu, alors tu comprends… »
Je me suis tourné vers Numa.
« Grand Prêtre, où est la preuve que tu devais me donner ? M’as-tu trompé ?
_ Absolument pas. Ce jeune homme est bien la réincarnation de Mars. Il n’y a aucun doute là dessus. Quand tu auras ressenti son aura, tu acquerras la même certitude.
_ Je ne suis pas sûr que ce garçon dispose de la moindre aura !
_ Il existe une façon pour la solliciter…
_ Veux-tu dire que je dois… Vous n’y pensez pas !
_ C’est la seule façon pour que tu obtiennes ta réponse et il n’est pas question que je te laisse repartir sans ! »
Diego nous regardait l’un après l’autre, perplexe et de plus en plus inquiet.
« Vous n’avez pas bientôt fini de parler comme si je n’existais pas ?
_ Je refuse de frapper ce garçon.
_ Me frapper ?...
_ Tu n’as aucune crainte à avoir. Mars est un dieu. Il ne craint pas les coups des mortels. Et si je t’ai menti tu auras immédiatement ta réponse.
_ Attendez ! Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, mais il est hors de question que j’y participe ! Numa, si je suis ton dieu, alors obéis-moi ! »

Mais le Grand Prêtre se contentait de me regarder. J’avais le choix. Découvrir notre dieu ou tuer un gamin. Dans tous les cas avais-je droit de lever la main contre un dieu ? Ne serais-je pas maudit pour cela ?

« Allez Empereur ! Vas-y. Si tu n’en as pas le courage, alors soumets-toi à Mars. Je t’offre la possibilité de lever tes doutes. Cette possibilité ne se renouvellera pas !
_ Très bien. Je vais faire ce que tu demandes, mais si tu m’as menti et que ce garçon meurt, tu subiras mon courroux. »

J’étais décidé à ne pas porter un coup très violent, mais suffisant pour qu’un homme normal ne puisse ni l’éviter ni le parer. Si Diego n’était pas un dieu, le coup ne le tuerait peut-être pas.

« MERCIFUL CLASH ! »

Je ne m’étais pas attendu à une réaction aussi violente. Diego était terrorisé en comprenant que j’allais l’attaquer. Sans doute s’est-il vu mourir. Quoiqu’il en soit, il n’a pas eu le temps de comprendre quoique ce soit. Je fus complètement soufflé et propulsé à l’autre bout de la pièce, mes vêtements déchirés et mon corps couvert d’une multitude d’entailles. J’étais surtout ébahi devant le jeune homme qui me faisait face. Une aura titanesque s’élevait autour de lui et remplissait l’ensemble de la salle. Elle était suffisamment forte pour être ressentie à des kilomètres alentours, mais surtout, elle était en tout point semblable à celle que j’avais ressentie dans les souterrains de Guanacore. Il n’y avait plus aucun doute, ce garçon était bien la réincarnation de notre dieu !

Je m’empressais de me relever pour me mettre à genoux devant Diego, tout aussi surpris que moi. Il n’avait absolument pas compris ce qui venait de se passer. Son corps n’avait pas la moindre marque. Il était totalement indemne alors que moi j’étais dans un état déplorable. Numa à ses côtés était comblé et un large sourire lui déformait le visage.

« Mars, me pardonnerez-vous un jour d’avoir osé lever la main sur vous.
_ Euh… oui, bien sûr. Me jures-tu fidélité quoiqu’il advienne ? Me reconnais-tu comme ton seul et unique dieu.
_ Oui, Maître, je vous le jure.
[…] »

C’est ainsi que j’ai rencontré pour la première fois Diego, réincarnation de Mars, dieu de l’Armée de la Miséricorde.



Rozan, Les cinq pics

« Shiryu. Shiryu, tu m’entends ? Je t’ai déjà dit de ne pas aller contre la nature. Tu ne dois faire plus qu’un avec elle, l’apprivoiser et en faire ton amie. Elle ne te veut pas de mal, tu ne dois pas lui en vouloir. »

Shiryu, enfant, était assis en tailleur devant la cascade de Rozan alors que des flocons de neige l’avaient partiellement recouvert. Vêtu de son simple kimono, le froid s’était imprégné dans toutes les parties de son corps et cela faisait maintenant plusieurs heures qu’il était dans cette position, les yeux clos. Le visage déformé par la souffrance, Shiryu luttait intérieurement pour ne pas se laisser aller à une paisible mort, plus paisible en tout cas que les millions de piqûres que le froid créait et qui après avoir avivé ses terminaisons nerveuses, l’engourdissaient. A chaque fois qu’il défaillait, la voix du Vieux Maître avait résonné dans son esprit, le dirigeant, l’exhortant à accepter la douleur plutôt que l’inconscience. Il l’entendait maintenant à travers un voile de brume de plus en plus épais.

« Shiryu, ton esprit ne doit pas lutter contre la douleur, elle doit l’apprivoiser, en faire sa force, la modeler. Ton esprit est plus fort qu’elle, plus fort que ce que ton corps ressent. Seule la force de ta volonté te permettra de résister et de surmonter les éléments. »

Shiryu comprenait ce que son maître lui enseignait, mais comment ne pas lutter contre les morsures du froid sans se laisser emporter vers la mort et l’oubli ? Son corps était incapable de lui répondre et une prison de souffrance à la fois. Shiryu voulait s’en séparer et n’aspirait qu’à sortir de cette chaire si ingrate.

« Shiryu, le Dragon qui est en toi possède la force pour venir à bout de tous les éléments. Sa chaleur interne est mille fois supérieure à la douleur que tu ressens. Canalise cette souffrance pour Athéna ! »

Oui, Athéna, c’était une bonne chose à quoi penser. La déesse de la Sagesse qui avait elle-même subit la morsure du froid à Asgard, sans bouger, tout en élevant toujours plus haut sa cosmo-énergie pour empêcher la fonte des glaces. La déesse avait réussi à canaliser la souffrance de son corps mortel dans un unique objectif : sauver les Hommes et retarder le plus possible leur engloutissement. L’esprit de Shiryu n’était que souffrance et formuler la moindre pensée était atrocement difficile, pourtant il restait toujours cette lumière au fond de lui, l’apparition d’Athéna la première fois qu’elle s’était révélée à elle-même.

« Ce sera ma dernière leçon. Ton corps t’appartient et sa douleur également. De même que tu peux maintenant échapper à toute souffrance physique, tu peux combattre toute violence mentale. A toi de trouver au fond de toi ce qui te permettra de résister. »

Athéna, à qui il avait juré fidélité. Il ne pouvait pas la décevoir. Et ce n’était pas la seule. Il y avait également Shura, le fier Chevalier du Capricorne, qui lui avait transmis Excalibur et la responsabilité de la protection d’Athéna. Il ne pouvait pas non plus le décevoir. Enfin il y avait son Vieux Maître, qui lui avait enseigné plus de deux cent ans de savoir et d’expérience. Le Chevalier d’Or de la Balance qui avait toujours su être le gardien de la justice sur Terre.
La lueur au fond de son esprit se fit de plus en plus vive. C’était l’Armure d’Or de la Balance qui luisait ainsi ! Il distinguait clairement la protection de son Maître, parée des Armes de la balance faites de poussières d’étoile. C’était elle maintenant sa lumière dans la souffrance qu’il ressentait, le point focal vers lequel était tendue toute son attention, le symbole de la justice sur Terre.
La douleur essayait de l’empêcher de former des pensées cohérentes mais Shiryu se sentait en parfaite osmose avec la protection de la septième Maison du Zodiaque. L’enseignement de son maître lui avait permis d’appréhender les secrets de la nature, mais également de discerner le but ultime vers où les volontés de chacun se dirigeaient. Au-delà de tout concept de bon ou mauvais, Shiryu voyait s’entremêler des courants contradictoires, tous tendant à façonner une vision du monde. Etait-ce cette sorte de sagesse que la réincarnation de Bouddha, Shaka, avait également acquise ? Faire la part dans les différentes voies que propose l’ensemble des desseins de chacun ?

Petit à petit, Shiryu sentait une véritable carapace se former à la surface de son esprit, emprisonnant la douleur intense qui s’y était répandue, la contrôlant, guidé par l’Armure d’Or de la Balance. Il avait déjà recouvert la protection zodiacale, mais jamais auparavant elle ne lui avait semblé si bien symboliser le fragile équilibre de ce monde.

Puis toute douleur s’évanouit d’un coup, laissant un esprit apaisé reprendre possession de ces centres nerveux. Mais la fatigue engendrée par ce combat était si forte que Shiryu se laissa aller à l’inconscience, laissant soin à son organisme de reprendre des forces.



L’ennemi se regroupe !

Kenzo et Nusakan arrivèrent enfin en vue de la Maison de la Balance. Leur Arcane ruisselait de la tempête qui s’abattait sur le Sanctuaire. La succession des éclairs et du tonnerre donnait à leur escalade une allure de chevauchée infernale. Ils avaient pu franchir les six premiers temples et il ne leur restait qu’à peine quatre heures pour venir à bout des six derniers. L’exploit semblait impossible !

Le temple était apaisé. Il n’y avait ni mouvement ni cosmos abritant l’entrée des lieux, les combats semblaient s’être exportés vers le temple suivant. L’entrée majestueuse de la Maison de la Balance était quasiment intacte. On y percevait quelques fêlures dans le frontispice de marbre, mais rien d’irrécupérable comparé à l’état de la Maison de la Vierge. Nusakan y pénétra le cœur emplit de grandeur. De telles constructions dataient de la nuit des temps, alors que les dieux peuplaient encore la Terre, et elles avaient si bien surmonté tous les combats qui s’y étaient déroulés.

« Regarde à droite ! »

Le Malachim s’était rapproché d’une puissante colonne rainurée. Dans un coin brillait ce qui ressemblait à une Arcane.

« Il s’agit d’un des nôtres ! Son cœur bat encore, il faut l’aider. »

Nusakan se pencha sur l’homme inconscient. Sa protection avait un peu souffert, mais restait en bon état. Il avait dû être frappé par surprise à la nuque où s’étendait un large bleu. Son agresseur l’avait laissé pour mort !

« C’est un disciple de Gaboria.
_ Oui, je le reconnais, il s’appelle Dilan, Kéroubim de Rochel. Il était arrivé avec moi au temple de la Vierge et avait continué avec Mintaka et Raphaël.
_ Mais que fait-il ici ? Pourquoi n’est-il pas avec eux ?
_ Attends, je crois qu’il revient à lui ! »

En effet, le Kéroubim battit des paupières, aveuglé un moment avant de mieux distinguer les deux hommes penchés sur lui.

« Mais que… ?
_ Nous arrivons du temple de la Vierge. Pourquoi n’es-tu pas avec les Séphiroth ?
_ Je… J’étais avec eux quand je suis arrivé ici… et puis il y avait ce combat… L’Empereur affrontait le gardien de cette Maison. Mintaka et Raphaël sont intervenus, mais moi j’ai été complètement submergé par les attaques…
_ Il n’y a plus personne ici.
_ C’est que… Non le combat n’avait pas lieu ici, c’était plus à l’intérieur du temple. J’ai été sonné, mais j’ai pu me relever. L’Empereur affrontait le Chevalier du Dragon, Mintaka et Raphaël avait disparu. J’ai cherché un moyen de passer par un autre chemin en revenant sur mes pas et puis… Ensuite je ne me souviens pas… Je crois que quelqu’un m’a frappé dans le dos, mais je n’en suis pas sûr…
_ En tout cas, tu as pris un sacré coup sur la nuque. Ton adversaire a dû te laisser ici. Par contre je ne comprends pas pourquoi il ne t’a pas achevé…
_ Mais alors il y aurait un deuxième gardien dans ce temple ?
_ Peut-être. Dans ce cas nous devons rester sur nos gardes ! Quoiqu’il en soit, le combat entre notre Empereur et le gardien de cette maison est fini, je ne ressens plus rien ici, plutôt une sensation de paix.
_ Oui, et nous devons continuer au plus vite ! Il ne nous reste plus que quelques heures pour arriver devant Athéna ! »

Les deux lieutenants acquiescèrent et tous les trois s’élancèrent dans la Maison de la Balance.
Quelques pas plus loin, la scène du combat leur apparut clairement. La salle centrale du temple de la Balance avait été dévastée. Des pans de murs entiers étaient tombés, et c’était une chance si la voûte perforée en son centre tenait encore, laissant passer la pluie battante. Mais surtout il y avait deux victimes. Le Chevalier du Dragon paré de sa magnifique Armure Divine était à terre sur le dos, le front en sang. Sanosuke était en face de lui sur le ventre. Son Arcane de Diamant avait plus souffert que celle de son adversaire. Elle était pourtant la plus solide des Combattants de Mars, témoignant de la violence des affrontements. Une marre de sang s’étendait également autour de son corps.

« Ils sont morts l’un contre l’autre…
_ Ainsi même notre Empereur a été mis en échec par les Chevaliers d’Athéna !
_ Mais ce n’était pas un Chevalier comme les autres. Il devait être aussi puissant que le Chevalier du Phœnix que j’ai affronté dans la Maison de la Vierge. Attendez… Mais ils ne sont pas morts !
_ Oui, tu as raison, j’entends encore les faibles battements de leur cœur.
_ Il faut sauver Sanosuke !
_ J’ai peur qu’on ne puisse rien faire pour lui. Leur combat n’est pas achevé.
_ Et que fait-on du Chevalier du Dragon ? Il ne serait pas compliqué de l’éliminer maintenant.
_ C’est hors de question ! Ils n’ont pas tué Dilan comme des lâches, nous ne le tuerons pas comme des lâches.
_ Oui, tu as raison, mais il y a au moins une chose que je peux faire pour Sanosuke. »

Dilan se rapprocha de son Empereur et étendit son aura autour de lui.

« DEOSSIAN CURE !! »

Toute l’énergie concentrée dans la paume du Kéroubim s’échappa dans le corps de Sanosuke.

« Ce n’est pas grand chose, mais ça devrait arrêter les saignements.
_ Bien, maintenant allons-y. Le temple du Scorpion nous attend !! »

Avant de partir, Nusakan s’était instinctivement dirigé vers un coin de la salle où il trouva deux trophées, le casque du Chevalier du Dragon et le Katana Impérial. Un appel venait de l’arme, il se pencha pour la dégager du sol. Immédiatement une énergie nouvelle afflua dans son bras jusqu’à son Arcane. En quelques secondes, Nusakan se sentit revigoré comme à son arrivée au Sanctuaire. Il ne portait plus aucune trace de fatigue des combats menés. Le Katana quant à lui semblait également se remettre par la présence de l’Arcane du Zénith. La lame, légèrement émoussée retrouvait d’elle-même son tranchant.
L’Ishim du Zénith s’approcha du corps de l’Empereur et déposa le Katana dans la main de Sanosuke. Une faible aura s’étendit aussitôt sur le corps de l’Empereur, avant de s’estomper. Le Katana Impérial avait retrouvé son porteur.

Les trois combattants s’en allèrent en courant vers leur objectif suivant, laissant les deux asiatiques à leur combat contre la Mort.



L’Armure d’Or du Sagittaire

Quatre hommes pénétrèrent dans le temple du Sagittaire. Ils portaient sur les épaules des protections divines appelées Arcanes. Deux d’entre eux, en tête étaient visiblement d’un rang supérieur. Leurs arcanes, bleue opale pour l’un, jaune et blanc béryl pour l’autre, les recouvraient quasiment intégralement leur conférant des allures fières et ciselées. Les deux autres n’en possédaient pas moins des protections étranges car strictement semblables si l’on omettait de mentionner leurs couleurs complémentaires, noire pour l’un, blanche pour l’autre. Les deux Combattants étaient jumeaux et leurs pas accordés l’un à l’autre.

Tous les quatre avançaient sous la pluie depuis qu’ils avaient quitté la Maison de la Balance. Ils avaient traversé la Maison du Scorpion sans trouver de barrage. Cela les avait surpris, mais l’heure pressant, ils avaient aussitôt continué vers le temple suivant. La Maison du Sagittaire était maintenant devant eux, intacte, élevée. Contrairement aux temples précédents, celui-ci ne semblait pas avoir souffert de quelconques combats. La Maison possédait-elle un gardien où était-elle déserte comme celle du Scorpion ? Au fond d’eux-mêmes les Combattants espéraient avoir la même chance que précédemment, mais un détail les empêchait d’y croire. Ils avaient en effet remarqué lors de leur ascension l’étoile qui était descendu à travers l’orage depuis le dernier temple jusque dans cette Maison. Le gardien du Sagittaire avait sans doute réintégré les lieux.

Mintaka et Raphaël s’avancèrent prudemment dans le temple, sur leur garde, prêts à réagir à la moindre attaque. Alphyun et Zheuk, en retrait, étaient également à l’affût du moindre bruit.
Ils distinguèrent tous les quatre une lueur provenant du fond du temple. L’Armure d’Or du Sagittaire leur faisait face ! Elle trônait dans toute sa splendeur sur un piédestal, brandissant la flèche de la justice sur les nouveaux arrivants. Les Combattants ne se seraient pas arrêtés si la protection n’avait été entourée d’une aura lumineuse, comme possédée d’un esprit propre. Etait-ce leur adversaire ? Pourtant ils ne ressentaient aucune animosité à leur égard. Ils s’approchèrent encore…

« Attention !! »

Le Séphire se jeta sur le côté emportant avec lui Raphaël. Un rayon s’était échappé de la pointe de la flèche du Sagittaire en direction des quatre hommes. Derrière eux, la pierre explosa. A peine s’étaient-ils relevés que de nouveaux rayons fusèrent à leur encontre. Ils parvenaient à les éviter en se déplaçant à la vitesse de la lumière, mais plus ils allaient vite, plus le nombre d’attaque augmentait. C’étaient maintenant une pluie de traits d’énergie qui leur pleuvait dessus et les quatre combattants avaient de plus en plus de difficulté à les éviter !

«  BILLION RAYS OF LIGHT !! »

Du poing de Mintaka s’élancèrent des éclairs lumineux en direction de l’Armure. La poussière qu’avait soulevée l’explosion les empêchait de voir la protection, pourtant une intense lueur leur parvenait. Les combattants se mirent sur leur garde en s’approchant. A une dizaine de mètres, le voile opaque retomba et ils aperçurent une énorme boule de lumière sur la pointe de l’Armure nullement endommagée par l’attaque du Séphire. Ils n’eurent pas le temps de se déplacer et tout juste celui de se protéger de leurs Arcanes avant que l’énergie concentrée se décharge sur eux.
Une nouvelle détonation retentit dans la Maison du Sagittaire, accompagnée des cris des quatre hommes. Au milieu du sol de l’antichambre conduisant à la statue d’or se trouvait un trou béant. La noirceur qui s’en échappait faisait de l’ombre à la brillance de l’armure d’Or. L’aura s’apaisa autour de la protection et le totem retrouva sa position initiale, flèche pointée vers tout nouvel arrivant.
Les samouraïs avaient disparu, enfouis dans le puits qui peu à peu se refermait, les dalles se réordonnant et se remettant en place sous l’action d’une télékinésie très puissante.


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