Les certitudes du Malachim d’Ariel
Ikki
En entrant dans la Maison de la Vierge, des images fugitives inondèrent mon esprit. Le temple où tant d’événements s’étaient produits, tant d’affrontements. La sixième demeure du Sanctuaire, gardée par un des Chevaliers les plus puissants qui aient été dévoués à Athéna, l’homme le plus proche de dieu, Shaka, réincarnation de Bouddha.
Les ruines jonchant la Maison ne rendaient pas assez compte des incroyables énergies qui s’étaient développées ici. J’aurais dû la défendre plutôt que celle du Lion, par mémoire pour Shaka. Mais comment souiller un tel endroit ? Je savais que les colonnes du sixième temple se régénèreraient, que dans quelques dizaines d’années, la Maison retrouverait sa splendeur d’antan, prête à accueillir un nouveau Chevalier d’Athéna pour défendre la Terre. Du moins, je l’espérais. Qu’adviendrait-il si l’exil d’Athéna devait se poursuivre ? Le Sanctuaire encore empreint de son aura, mais également fragilisé par sa mort, pourrait-il reprendre vie ?
Je chassais bien vite ces pensées, prêt à nouveau à offrir ma vie pour Athéna et pour la Terre. Des adversaires avaient surgi et nous étions prêts à les arrêter. Je sentais devant moi le mien, leur Empereur. Il avait toujours cette longueur d’avance, mais je ne tarderais pas à le rattraper. En attendant, je devais m’occuper de celui qu’ils avaient laissé pour m’arrêter. Je ressentais dans ces ruines sa présence ténue. Qu’espéraient-ils donc ? Je venais de vaincre un de leurs plus puissants Bersekers et ils croyaient toujours pouvoir me retenir avec leurs sous-fifres !
« Où es-tu, Berseker ? »
Mon adversaire, caché derrière une colonne, fit son apparition.
« Tu es puissant pour avoir réussi à me localiser si facilement.
_ Tu oublies aussi que je viens d’en finir avec un des vôtres. Je n’ai pas l’intention de perdre du temps avec toi. Laisse-moi passer, j’ai du plus gros gibier à chasser. »
_ Peut-être, mais tu n’es pas sorti indemne de ton combat contre le Séphire de Yésod. Ton armure est fissurée de partout et tu saignes abondamment à l’épaule.
_ Et tu crois que ça va m’arrêter ? Puisque tu ne veux rien savoir, encaisse donc ça ! PAR L’ENVOL DU PHŒNIX !!
_ SOLAR SHIELD !! »
Les flammes de l’Enfer se déchaînèrent contre le Malachim dans une bourrasque ardente, mais au même instant, une lumière intense se déclencha à quelques mètres du Combattant sur laquelle vint s’échoir l’attaque d’Ikki. Lorsque celui-ci stoppa son effort, le Malachim d’Ariel lui faisait toujours face, les mains ensanglantées tendues vers l’avant. Il avait laissé de profondes traînées au sol où ses pieds avaient dérapés de plusieurs mètres. Sa respiration intense montrait combien il avait dû puiser dans ses ressources pour réussir cet exploit.
« Je te félicite ! Tu es l’un des rares à avoir pu contenir mon attaque, mais étant donné ton état, je doute que tu puisses renouveler ce prodige une seconde fois, surtout si à présent j’utilise toute l’étendue de ma…
_ BLAZING BOW !! »
Ikki eut juste le temps de réagir à la vitesse de la lumière pour parer la plupart des coups portés par Kenzo. Il s’agissait de traits lumineux d’énergie concentrée lancés quasiment à la vitesse de la lumière. S’il ne parvenait pas encore à ce stade, sa vitesse était grandement compensée par l’énergie déployée dans chacun de ses coups.
Le Chevalier Phœnix contempla son armure. Elle avait relativement bien encaissée la majorité des coups qu’il n’avait pas parés. Pourtant, son armure de Bronze trop incomplète ne pouvait le protéger totalement et de minces filets de sang se formaient sur ses muscles endoloris et à nu.
« Très bien ! Puisque tu le prends comme ça, QUE LES FLAMMES DE L’ENFER T’EMPORTENT !!
_ SOLAR SHIELD !! »
A nouveau l’attaque d’Ikki percuta le bouclier de lumière de Kenzo, mais cette fois, celui-ci ne tint pas plus de quelques secondes avant d’être emporté comme un fétu de paille. Kenzo s’écroula à terre. Son Arcane, une Flèche dorée traversant une étoile, commençait à partir en morceaux.
« Tu n’es pas de taille contre moi. Je veux bien t’épargner si tu quittes ce sanctuaire où tu n’as pas ta place ! »
Mais le jeune homme se relevait péniblement sur ses genoux, puis se mit debout en s’appuyant contre les restes d’un pilier. Cette image d’un adolescent, - Kenzo ne devait pas avoir plus de 16 ans -, se relevant devant son adversaire rappelait vaguement quelque chose à Ikki. Le cosmos dégagé par ce garçon n’était pas gigantesque, mais il n’avait pas faibli après son attaque, signe qu’il était toujours prêt à défendre son idée. Le chevalier de Bronze avait suffisamment appris durant ses combats pour savoir que tant qu’une étincelle de cosmos subsistait chez quelqu’un, il était un danger potentiel.
« Je vois que tu es toujours prêt à me barrer la route. Tu vas sans doute mourir dans ce combat, mais ce sacrifice te semble valoir la peine. Je ne te comprends pas. Tu défends un dieu de haine et de guerre, qui ne cherche qu’à détruire la Terre et à avilir les Hommes. Pourquoi tiens-tu tant que cela à te battre pour un tel dieu ?
_ Parce que tu as tort ! Mars n’est pas ce dieu que tu décris. J’ai ressenti sa cosmo-énergie et elle n’est pas emplie de haine. Au contraire, il veut aider les Hommes qui n’ont plus de croyances, plus d’humanité. Ils ont perdu toute foi en eux et ne sont plus capables que de destruction. Mars saura protéger la Terre mieux qu’Athéna l’a pu pendant ces millénaires !
_ Parce que pour toi, les Hommes ne sont plus que destruction ? Ne vois-tu pas l’amour dont ils sont capables ? Quoiqu’il en soit personne n’a le droit de choisir leur destin à leur place. Athéna aime les Hommes et leur garantit cette liberté.
_ Et c’est là son erreur ! Regarde-toi ! Regarde-nous ! En train de combattre pour des dieux, nous nous détruisons à nouveau. Même pour Athéna tu n’es qu’un pion chargé d’affronter d’autres dieux.
_ Faux. Athéna m’a ouvert les yeux. Comme toi avant j’étais rongé par la haine et la déception. Mais d’autres garçons ont su m’ouvrir les yeux. Mes amis sont la preuve que nous sommes capables de nous surpasser pour protéger les autres. Si je défends Athéna, ce n’est pas pour elle, mais pour les Hommes !
_ Et moi je suis également un Homme ! Le monde idyllique que tu décris n’existe pas. Toujours les Hommes se feront la guerre et se détruiront, dieux ou pas. En tant qu’Homme j’ai choisi de servir Mars pour stopper cette folie qui s’est emparée d’eux.
_ Très bien, puisque je vois que je n’arriverais pas à te faire entendre raison, nous allons nous affronter dans un ultime coup et la justice de notre cause décidera du vainqueur.
_ Très bien, de toute façon ma mission est presque remplie !
_ PAR L’ENVOL – TERMINAL – DU PHŒNIX – DART !! »
Darkness
Gaboria
Des explosions surgissaient de la Maison de la Vierge. Kenzo était donc en train d’affronter le Chevalier Phœnix. Combien de temps parviendrait-il à le retenir ? Il avait beau être un Malachim, donc un Combattant juste en dessous de la caste des Séphiroth, je doutais qu’il puisse encaisser longtemps la redoutable attaque d’Ikki. Pour l’avoir moi-même reçue, je devais les rejoindre au plus tôt afin d’empêcher le pire. Si en ce moment ils s’affrontaient, cela n’était dû qu’à mon incompétence. Un coup d’œil à mon Arcane m’informa de son piteux état après notre rencontre. Désormais je savais que je ne pourrais le vaincre sur le terrain de la force brute. Il ne me restait plus qu’à le vaincre par l’esprit, mais j’avais encore en tête les dernières paroles d’Antarion. Non rien ne serait simple désormais.
Enfin le temple se dressait devant moi, du moins ce qu’il en restait. La voix des deux adversaires me parvenait :
« … je n’arriverais pas à te faire entendre raison, nous allons nous affronter dans un ultime coup et la justice de notre cause décidera du vainqueur.
_ Très bien, de toute façon ma mission est presque remplie ! …»
Je pénétrais dans la Maison juste à temps pour les entendre hurler leur technique respective. Je devais intervenir sinon le disciple de Raphael ne se sortirait pas de ce mauvais pas !
« MOND DARKNESS !! »
Alors que les flammes d’Ikki et la flèche de lumière de Kenzo se dépassaient pour venir frapper les deux adversaires, un disque sombre apparut derrière Gaboria, captant toute luminosité environnante. Il se précipita sur le chevalier de Bronze qui fut à la fois touché par la flèche d’énergie de Kenzo et l’attaque de Gaboria. L’envol du Phœnix cessa aussitôt, déposant par terre le Malachim inconscient dont il ne restait plus que quelques morceaux de l’armure.
Ikki se tenait debout, mais son regard n’avait plus aucune expression. Plus aucun cosmos ne se dégageait de lui. Son plastron avait explosé sous le coup de Kenzo. L’attaque du Séphire en revanche ne semblait pas l’avoir atteint physiquement, mais plutôt avoir supprimé sa conscience.
Gaboria regarda, essoufflé, ce Chevalier qui venait de recevoir sa plus puissante attaque sans se défendre et dont le sang coulait de ses pectoraux. Il devait d’abord reprendre son souffle avant de savourer cette victoire.
Souvenirs
Ikki
Où suis-je ? Que s’est-il passé ? J’allais en finir avec ce Berseker quand soudain, j’ai perdu pied. Serais-je mort ? Aurait-il réussi à me vaincre grâce à son attaque ? J’étais pourtant sûr de pouvoir y résister…
Ikki fit quelques pas au milieu de la prairie dans laquelle il se trouvait. Ce monde n’avait rien de commun avec ceux qu’il connaissait. La Prairie s’étendait à l’infini, recouverte de fleurs oranges embaumant l’air. Au loin sur la gauche, de la fumée montait vers le ciel d’une cime qui ressemblait au sommet d’un volcan. Au-dessus de lui, un ciel sans nuage éclairait l’étendue d’une vive couleur bleutée. Lui qui avait vu l’Enfer ne s’y reconnaissait pas. De multiples chemins de cailloux sillonnaient la vallée. Ikki s’avança sur l’un d’eux quand le décor se mit à changer, passant de cet univers paisible à celui grisâtre d’une terre rocailleuse à l’atmosphère enfumée. Il connaissait bien la scène qui se déroulait devant lui. Il était étendu sur une pierre, les avant-bras en sang, et avait à peine sept ans. Près de lui, une jeune fille aux fins cheveux blonds appliquait des bandages sur ses blessures. Esméralda… lors de leurs premières rencontres… celle qui avait pris soin de lui à son arrivée et sans qui il n’aurait jamais pu survivre… son regard tendre… la compassion de ses gestes… Ikki détourna les yeux et le décor se mit à nouveau en mouvement…
Il était maintenant dans le Sanctuaire sous-marin, l’Empire de Poséidon. En face de lui se trouvait un de ses plus redoutables adversaires : Kanon, Dragon des Mers. Il serrait sa tête entre ses mains, victime de l’Illusion du Phœnix. Ikki voyait les images qui perturbaient cet homme, sa captivité au Cap Sounion, sa découverte de l’urne où Athéna avait enfermé Poséidon… Sa première rencontre avec un homme qui l’avait amené à bien changer, à devenir un défenseur d’Athéna, digne Chevalier d’Or des Gémeaux…
A nouveau sa vision se troubla et une nouvelle scène apparut devant lui…
La sérénité du temple de la Vierge
Mintaka
Quelle étrange scène que celle de la Maison de la Vierge ! Il y régnait un silence absolu et une légère brume recouvrait le sol. Les décombres du temple étaient tels que nous devions faire attention à chaque pas pour ne pas chuter. Au milieu de ce champ de ruines, deux hommes se faisaient face : un chevalier d’Athéna, qui nous tournait le dos et Gaboria, Séphire de Yésod, face à lui. Le Chevalier d’Athéna avait les yeux grands ouverts, mais sans aucune expression, regardant devant lui sans ciller. Il paraissait comme mort. Gaboria le fixait dans les yeux. On aurait pu croire deux statues s’ils n’avaient été drapés chacun de leur puissante aura.
C’était sans doute le combat le plus étrange que j’aie jamais vu. Au-delà de la force physique, ces deux combattants avaient choisi de s’affronter par la psyché. De leur corps s’échappait quelques filets de sang, mais je ressentais surtout cette incroyable force mentale qui imprégnait les lieux, eux-mêmes semblaient entrer en résonance avec elle. Toute la pièce était attentive à cette lutte et s’en nourrissait, comme si les murs, habitués au recueillement de leur gardien, gardaient en mémoire cette époque. La Maison était-elle en train de se reconstruire ?
« Il y a quelqu’un ici !! »
Nusakan venait de découvrir dans un coin le corps inanimé d’un Malachim.
« Il respire encore. » Raphaël s’approcha avec Mintaka.
« Il semble avoir beaucoup souffert de son précédent combat, son Arcane est en piteux état !
_ Il a besoin de reprendre des forces avant de repartir au combat, mais cette Maison ne me semble pas la plus appropriée. Il s’y passe des phénomènes anormaux, comme si elle se nourrissait de ses occupants…
_ Non, je ne crois pas… Je ressens autre chose au contraire. La Maison n’est pas hostile à ceux qui s’y trouvent. Elle les écoute et réagit comme une personne à part entière. Regarde, les blessures du corps de Kenzo se sont toutes refermées et le sang s’est arrêté de couler. Je crois que c’est ce Temple qui l’a gardé en vie…
_ Tu penses qu’une Maison du Sanctuaire d’Athéna serait venue en aide à un Combattant de Mars ? C’est du délire !
_ Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression que les douze temples possèdent une personnalité propre, qui est héritée en partie de leurs anciens gardiens. La Maison du Cancer était lugubre, celle des Gémeaux un véritable labyrinthe. Celle-ci au contraire semble être une source de Vie, comme la nature qui peut devenir violente, mais qui néanmoins éclot dans la luxuriance. Cette brume qui la recouvre est comme l’humidité rafraîchissante d’un sous-bois où grouille la vie.
_ C’est vrai, il y a même de la mousse sur cette colonne !
_ Et ce qui permet en ce moment à cette Maison de revivre, ce sont bien ces deux chevaliers qui s’affrontent psychiquement. Leur aura nimbe tout l’espace qui est saturé d’énergie !
_ Vous avez sans doute raison, mais que faisons-nous de Kenzo ?
_ Si nous l’emportons avec nous il sera un fardeau plus qu’autre chose, mais si nous le laissons là qu’adviendra-t-il de lui avec ces deux hommes qui s’opposent ? Ils n’ont pas conscience de l’aura qu’ils dégagent, et ils pourraient facilement détruire toute vie dans un large périmètre. Je pense qu’il faut le mettre à l’abri, au dehors du temple. »
Nusakan s’avança.
« Moi je veux bien rester avec lui. Je ne suis pas de taille face aux Chevaliers d’Athéna. C’est tout juste si j’ai pu venir à bout des Chevaliers de Bronze au bas du Sanctuaire. En revanche, je suis sûr de pouvoir aider Kenzo en lui prêtant ma force. Nous vous rejoindrons tous les deux sous peu.
_ Comme tu voudras. Tu es mon disciple, mais il est vrai que nos adversaires sont bien plus forts que ce que nous pensions. Je compte cependant sur toi pour nous rejoindre vite, nous aurons besoin de toutes nos forces valides pour arriver devant Athéna. Nous ne sommes plus que huit encore sur pieds ! »
Mintaka jeta un dernier coup d’œil vers les deux adversaires dont l’aura palpitait. Dans quel monde se trouvaient-ils ? Comment pouvaient-ils s’opposer dans cet espace onirique ? Qui en sortirait vainqueur ?
Trois combattants reprirent leur course tandis que Nusakan portait Kenzo pour le mettre à l’abri et augmentait son aura pour lui transférer de son énergie.
L'Esprit du Phoenix
« Alors Chevalier Phœnix, cet endroit te plaît-il ?
_ Où sommes-nous ? Qu’as-tu fait ?
_ Mais nous sommes dans ton esprit bien sûr ! J’ai été très impressionné par l’illusion du Phœnix, alors je me suis dit que j’allais te montrer ce dont j’étais capable. Je vois que tu refoules beaucoup de souvenirs. Ta vie n’a pas dû être toujours très drôle.
_ De quel droit te permets-tu de d’espionner et de piller mes pensées !
_ Tu exagères, je ne fais rien de plus que ce que tu fais toi-même. Et encore, je ne change pas la réalité pour détruire l’esprit de mon adversaire.
_ Ca suffit ! J’ai cru m’être débarrassé de toi dans la Maison du Lion. Ce sera donc dans celle de la Vierge que nous finirons notre combat.
_ Non. Je dois m’avouer vaincu sur le plan physique. L’Envol du Phœnix est une technique redoutable que je n’avais encore jamais connue. Tu as dû la travailler pendant des années. C’est pourquoi je désire porter notre combat sur le plan psychique, ici-même. Celui qui aura la justice de son côté l’emportera. Si c’est moi, ton esprit sera anéanti, si c’est toi alors je me mettrai de ton côté et me soumettrai à tes ordres. Cela te convient-il ?
_ Ce sera la première fois que j’affronterai quelqu’un ainsi, mais soit ! Je suis prêt à relever ton défi. Ainsi nous ne serons pas départagés par la résistance de notre armure, mais seulement par la valeur de notre cause !
_ Je dois cependant te prévenir que nous sommes dans un univers totalement différent, tu t’en apercevras vite. Il n’est pas régi par les mêmes lois et même le temps passe différemment. Selon notre niveau de concentration, il s’accélère ou se ralentit vis-à-vis du monde réel. Je ne peux donc pas prévoir la durée de notre affrontement : il peut durer dix secondes comme dix ans. J’espère que personne ne t’attend dehors.
_ Trèves de paroles, que le combat commence !
_ Dans ce cas, je te propose cet environnement. Il doit t’être familier… »
Le décor se mit soudain à vibrer sous les yeux d’Ikki. Des flocons de neige apparurent, le froid envahit ses membres… il n’eut aucune peine à reconnaître ces ruines. Il s’agissait d’Asgard, là-même où il avait affronté Mime…
« Quel endroit magnifique pour mourir, n’est-ce pas ? En garde, Chevalier ! NAKED MOND !! »
Ikki avait déjà eu affaire à cette technique, mais dans cet univers, elle n’avait rien à voir. Sa vitesse était époustouflante et il n’eut même pas le temps de l’appréhender que son corps fut repoussé en arrière. Sans armure, son bras gauche fut douloureusement éraflé et du sang gicla sur les ruines.
« Ne t’inquiète pas pour tout ce sang. Comme je te l’ai dit cet univers n’est pas régi par les mêmes lois. Cette attaque ne t’a pas atteint physiquement mais bien mentalement ! FEATHERS TRAP !! »
Cette fois Ikki fut paralysé. Son corps ne lui répondait plus. Il commença à véritablement ressentir de la souffrance suite au deuxième assaut du Séphire.
« NAKED MOND !! … »
Les attaques s’enchaînèrent sans qu’Ikki ne puisse réagir. Son corps n’était que douleur. Il comprit bien vite que les attaques de Gaboria affectaient directement ses centres nerveux en lui procurant cette sensation de souffrance. Son esprit restait cependant lié à sa chair. Son corps était de plus en plus meurtri…
« Alors Chevalier ! Tu abandonnes déjà ?
_ Saga…
_ Toi qui as résisté à l’explosion galactique, tu vas succomber contre cette attaque pathétique ?
_ Mais je ne peux plus bouger…
_ Ikki ! Ce n’est pas comme ça que tu m’as vaincu. Que vous, Chevaliers de Bronze avez traversé les douze Maisons du Sanctuaire !
_ C’est vrai… Notre foi en Athéna était telle que nous aurions pu vaincre n’importe qui… »
Le cosmos d’Ikki s’enflamma. La neige qui tombait fondit en approchant de son corps. Dans une violente explosion de cosmos, l’attaque de Gaboria fut bloquée et déviée vers les cieux.
« Tu as bien fait d’écouter cet homme, Saga. Pendant un instant j’ai cru que ma victoire serait trop facile. Tu disposes ici d’un avantage énorme sur moi, toutes tes expériences passées sont à ta portée…
_ Tu as raison. Je me suis laissé berner par ton histoire d’univers parallèle, à moi maintenant de te montrer de quoi je suis capable. PAR L’ENVOL DU PHŒNIX !! »
Une tornade de flamme se déclencha et Gaboria s’écrasa contre un muret. Il se releva sans trop de peine, saignant à peine de la commissure des lèvres.
« MOND DARKNESS – PAR L’ENVOL DU PHŒNIX !! »
Les deux attaques s’affrontèrent dans une déflagration qui expulsa les deux combattants. A peine étaient-ils sur pieds que les attaques reprirent, toujours plus violentes, plus puissantes. Sans s’en rendre compte, leurs attaques n’avaient plus de cohérence et c’était leur cosmo-énergie elle-même qui s’affrontait. Elle se matérialisait sous forme de pure énergie ! La neige continuait à tomber de plus belle…
Régénérescence originelle
Nusakan avait porté Kenzo sur quelques mètres dans un recoin de la Maison de la Vierge. Curieusement il se sentait à l’aise dans les décombres de ce temple. Peut-être s’agissait-il de ce que Mintaka et Raphaël avaient ressenti, en tout cas il ne ressentait aucune hostilité.
Il s’était installé près de deux grandes portes sur un flanc du temple. Des fleurs de Lotus ornaient leurs battants et une certaine majesté s’en dégageait. De son coin, il pouvait encore apercevoir les deux adversaires immobiles, dans un combat qui dépassait son entendement. Il aurait pu achever le Chevalier du Phœnix d’un seul coup, mais si les deux Séphiroth ne l’avaient pas fait, il ne se voyait pas agir à leur place. Et puis le Séphire de Yésod qui affrontait Ikki n’apprécierait sans doute pas son intervention. Nusakan suivrait donc le combat de loin.
Le Malachim d’Ariel était allongé par terre, sur un léger tapis de mousse. Son corps ne saignait plus, mais il avait besoin de repos et de reprendre des forces. Nusakan ne savait pas exactement comment il pourrait l’aider à se remettre plus rapidement. Il décida d’augmenter sa cosmo-énergie, de faire brûler son aura. Après tout, si ce que Raphaël avait dit était vrai, le temple se servirait de cette énergie pour se reconstituer et aider Kenzo.
Le corps de Nusakan se nimba d’une aura indigo. Sans en être sûr, Nusakan ressentit la force de la Maison qui se nourrissait de cette énergie, la mousse commença à envahir le corps de Kenzo.
Les ruines d’Asgard
Attaque après attaque, Ikki et Gaboria se relevaient, couverts de sang, fatigués, haletants, mais leurs coups se faisaient toujours plus puissants. Au fur et à mesure, c’étaient de véritables sphères d’énergie qui partaient de leurs mains, de leur corps pour venir s’effondrer contre celui de l’autre. Aucun ne parvenait à prendre l’avantage. A bout de force, ils lancèrent ensembles leurs ultimes forces. L’explosion qui en ressortit les sépara brutalement, les laissant inconscients sur le sol enneigé.
Esprit d'Ikki
« Alors ta cause n’est pas plus juste que la sienne. Tu n’arrives pas à la lui imposer. Mais vas-tu laisser mourir tous tes amis ?
_ Mime, c’est bien toi ? »
Ikki se releva avec peine. Il était toujours au milieu des ruines, Gaboria était allongé par terre, inconscient. Sur un muret, Mime jouait des notes de sa harpe, revêtu de son armure.
« Te souviens-tu de notre affrontement ? Tu m’as vaincu parce que la justice était de ton côté. Qu’en est-il maintenant ? »
Des notes de lumière de dégagèrent des cordes de Mime et balayèrent le corps d’Ikki, l’entaillant profondément.
« Que fais-tu ? Sommes-nous à nouveau ennemis ?
_ Mes derniers souhaits lorsque tu m’as vaincu ont été de se retrouver dans un monde où nous pourrions être amis, où l’amour de son prochain primerait sur la haine. As-tu pu changer ce monde ?… »
A nouveau des vagues de lumières qu’il ne pouvait éviter le fauchèrent. La douleur fut telle qu’il ne put se relever.
« J’ai échoué. Le monde pour lequel je lutte ne verra-t-il donc jamais le jour ?
_ Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Où est le fier Chevalier Phœnix qui m’a autrefois battu ?
_ Il ne croit plus en rien…
_ Effectivement. Comme moi, il a développé sa force physique à tel point qu’il est devenu quasiment invincible. Il continue à imposer sa vision des choses, mais malheureusement, il n’y croit plus !
_ Seiya… est mort…
_ Nous y voilà donc.
_ L’amitié n’est pas possible si l’un des deux n’est plus là. Avec la mort de Seiya, la disparition d’Athéna, de Shun, je n’ai plus le courage de me battre…
_ Alors nous ne pourrons jamais nous retrouver. Nous resterons pour toujours ennemis. Tu m’as trahi !
_ Mime… le monde pour lequel nous nous battions n’est qu’une utopie… Regarde, nous avons vaincu les Chevaliers d’Or, les Guerriers Divins, les Généraux de Poséidon, les Spectres d’Hadès… et maintenant les Bersekers d’Arès apparaissent ! Ces combats ne prendront jamais fin. Ils ne sont bons qu’à nous diviser, à nous isoler les uns des autres, à tuer nos amis… Je ne veux pas d’un monde comme ça.
_ Chevalier. Tu n’as plus rien de celui que j’avais rencontré à Asgard. Ce Berseker avait raison de t’amener ici. Je t’ai donné ma confiance pour bâtir un monde meilleur, je t’ai offert ma vie pour que tu protèges celle des autres, mais te voilà en pleine dépression. Tu ne m’avais jamais dit que ce serait facile, mais à l’époque tu avais cette étincelle de jeunesse qui te faisait réaliser des prouesses, des idéaux que tu m’avais fait partager. Tu ne mérites pas de gagner ce combat. Je serais donc celui qui te tuera !
_ Attends, Mime ! »
Une ombre s’avança sur le champ de neige.
« Shun, c’est toi ? Que viens-tu faire ici ?
_ Mon frère, relève-toi. Jamais nous n’avons abandonné lors de nos combats. Aujourd’hui Seiya n’est plus là, mais n’as-tu pas juré de me protéger et de protéger la Terre ? As-tu oublié le serment que tu as fait à Athéna et à Seiya ? Tu dois nous protéger, protéger les Hommes !
_ Cela ne sert à rien Shun. Ikki as rompu ses promesses.
_ Non, je suis sûr qu’il y croit toujours. Au fond de lui, son âme désire y croire !
_ Shun, pourquoi nous as-tu abandonné ?
_ Mais mon frère, c’est mon destin et je l’accepte. J’ai protégé les Hommes autant que je l’ai pu. Maintenant, je continue à le faire de là où je suis. Je veille sur Athéna. Bientôt elle reviendra sur Terre avec Seiya pour la libérer du mal. Mais en attendant, tu dois la sauvegarder. Personne d’autre que toi ne peut sauver les Hommes. Te rappelles-tu de l’île de la Mort ? Veux-tu que la Terre devienne cet enfer ? »
Le décor vibra à nouveau. Du froid, une chaleur intense s’imposa. Mime avait disparu. Ikki était toujours à Terre, sanguinolent. Shun était à ses côtés. Dans le fond d’une grotte on apercevait une jeune fille en train de pleurer.
« Esméralda… c’est ton père qui t’a encore frappée
_ Ikki…
_ Je le tuerais pour te sauver !
_ Non Ikki… tu m’as abandonnée… mais je ne t’en veux pas… Nous t’avons toujours demandé de nous aider, mais nous sommes incapables d’être là pour toi quand tu en as besoin. Ce monde est gouverné par les forts, nous n’avons pas notre place…
_ Esméralda, ne dis pas cela. Les Chevaliers d’Athéna sont là pour vous !
_ Alors Ikki, que fais-tu par terre ?
_ Shun, Mime, vous avez raison… Je ne dois pas baisser les bras… Des gens ont besoin de moi… En me mettant au service d’Athéna, c’est au service de tous les Hommes que je me place…
_ Tu as compris. Alors ne nous oublie plus jamais. Nous sommes toujours là avec toi ! »
Le décor vibra et Ikki se retrouva une nouvelle fois dans la neige d’Asgard.
« Alors Chevalier, tu t’es relevé. Ton frère a-t-il su te faire voir raison ? »
La musique de Mime s’amplifia à nouveau et des éclairs de lumière partirent vers Ikki, mais cette fois, ce dernier ouvrit sa main et leur opposa sa paume. Les rayons s’échouèrent contre sa cosmo-énergie. Le guerrier divin eut un sourire avant de s’évanouir dans les airs.
« Merci Mime… Nous nous retrouverons bientôt dans ce monde dont tu rêves tant. »