La paume du Bouddha
Kenzo
Derrière nous, les combats font rage. Le Séphire de Malkuth vient de faire une brusque apparition dans la Maison du Cancer face à l’énigmatique Chevalier d’Or au nom de Masque de Mort. Le Keroubim de Damabiah n’a rien pu faire face à lui. Sa mort n’a pas dû être calme. Je connais la réputation de ce Chevalier dont on dit qu’il est un des membres les plus violents et les plus inhumains de la garde d’Athéna. Sa technique qui nous a transportés dans l’autre monde était redoutable. Heureusement que Gaboria était là pour m’aider à m’en sortir. Seul j’y serais également parvenu, mais il m’aurait fallu plus de temps !
Et puis il y a eu ce jeune Chevalier de Bronze dans la Maison du lion qui a su tenir tête à un Séphire. Sans l’intervention de l’Empereur, nous aurions tous été détruits par l’explosion. Je ressens encore la violence du combat qui fait rage entre ces deux hommes. Je croyais que les Chevaliers de Bronze étaient parmi les plus faibles. Celui-là nous montre le contraire. Dorénavant je ne sous-estimerai plus mes adversaires. Ce Sanctuaire que l’on croyait vide a su nous réserver bien des surprises, nos compagnons déjà morts pourraient en témoigner. Il me tarde de pouvoir entrer en piste à mon tour.
Les vestiges de la Maison de la Vierge apparaissent au dessus de nous. Seul l’Empereur et deux Keroubims nous accompagnent encore. Les autres Séphiroth ne devraient pas tarder à nous rejoindre, mais notre équipe est bien réduite pour affronter les sept autres gardiens d’Athéna. Notre dieu n’a-t-il pas sous-estimé Athéna en nous envoyant ainsi sur son territoire ?
Je l’ai rencontré pour la première fois il y a quelques jours et son apparition nous a fortement éblouis. Nous avons pu recouvrir nos Arcanes à cette occasion, notre fierté. Jusqu’alors totalement consacrée aux entraînements, à devenir forts et améliorer notre technique, notre vie a pris un nouveau tournant. Nous sommes désormais complètement dévoués à ce dieu réincarné dont l’aura a envahi toute la vallée. Comment un dieu peut-il se tromper en affirmant que la Terre a besoin d’un protecteur ? Nous en étions déjà persuadés, nous qui avons vécu tourments et désolation avant d’arriver dans la vallée, avant notre rencontre avec Diomède. Les hommes pervertis ont créé des fléaux pires que les dieux : armes de destruction massive, guerres, famines… Je me souviens encore du dernier regard de ma mère morte des années après son exposition aux rayons mortels de Nagasaki. La mort nucléaire l’avait pénétrée et détruite sans remords. Seul un dieu est capable d’arrêter cette folie humaine pour accompagner les Hommes dans le droit chemin, les protéger d’eux-mêmes, mais aussi des autres puissances qui cherchent à nous avilir, les démons d’antan qui sommeillent au cœur de la Terre. Mars est le dieu qui peut arrêter tout cela et c’est pourquoi je lui accorderai ma vie, comme je l’avais précédemment dévouée à Diomède et Sanosuke.
Le temple de la Vierge ! Ou du moins ce qu’il en reste. Quelqu’un garde-il vraiment cet amas de décombres ? Je n’ai jamais vu de ruines grecques, mais ce qui se dévoile devant mes yeux en est la parfaite illustration : des colonnes brisées, des pans de murs effondrés, un fronton à terre… Il ne reste quasiment rien de la Maison de la Vierge : plus d’entrée, seulement une sorte de voie centrale indiquée par des piliers en piteux état. La construction n’a plus de toit digne de ce nom et menace de s’écrouler sur quiconque y entrera. En m’approchant avec prudence, je peux distinguer les restes de deux statues de marbre, dont une s’entêtant à tenir sur son socle, sans pouvoir déterminer ce qu’elle représentait. Une telle destruction indique une précédente bataille titanesque. Derrière moi dans la Maison du Lion, le combat se poursuivait.
« Nous avons perdu assez de temps ! Traversons tout de suite ce champ de ruines. »
Suite aux paroles de notre Empereur, notre groupe s’élance. Un énorme cratère troue le centre de l’édifice, dernier vestige de la fulgurante énergie qui avait dû provoquer cette destruction. Un peu plus loin, à moitié dans la pénombre, une lueur se réfléchit vers nous. En nous rapprochant nous pouvons distinguer ce qui devait être l’Armure d’Or de la Vierge ! Elle se tient sous forme d’un totem au centre d’un cercle gravé sur le sol, pure et resplendissante, frappée par un rayon de soleil. Cette armure m’émeut beaucoup. Il se dégage de sa prière une telle sérénité que nous avons été obligés de marquer une pause.
« Bienvenue, Combattants. »
Nous nous mettons aussitôt en formation de combat. Un homme aux longs cheveux blonds apparaît derrière les restes d’une colonne. Ses yeux sont clos et il ne porte qu’une simple tunique blanche rattachée sur sa poitrine. Le point rouge sur son front n’est pas sans me rappeler certains prêtres tibétains. Il ne semble pas offensif. Sanosuke l’interpelle.
« Qui es-tu ? Es-tu un Chevalier d’Athéna ?
_ C’est exact, j’étais un Chevalier d’Athéna. Je m’appelle Shaka et cette armure que vous contemplez fut la mienne dans une autre vie.
_ Veux-tu dire que tu es mort ? Je ne ressens pas ta présence ici, es-tu un fantôme ?
_ Je suis bien réel, mais, effectivement, ce n’est pas moi qui vous barrerai la route. Je ne suis là que pour vous mettre en garde et vous faire réfléchir sur ce que vous faites en ce moment. Vous avez pénétré dans le Sanctuaire d’Athéna, défiant la déesse de la Sagesse, afin d’amener le chaos sur Terre.
_ Faux ! Nous sommes ici pour la protéger. Athéna n’en est pas capable et sa défaite aujourd’hui en est la preuve irréfutable.
_ Avez-vous l’impression que nous ne sommes pas capables de nous protéger ? Dix d’entre vous sont déjà morts et d’autres suivront si vous persistez. Arès n’a jamais été très fort pour se placer du côté de la justice. »
Les paroles de Shaka résonnent en moi comme une corde dissonante, je ne peux pas rester là sans rien dire.
« Que connaissez-vous de la justice, toi ou ta déesse ? Les dieux s’affrontent depuis la nuit des temps et vous persistez à utiliser des Hommes pour vous affronter ! Athéna n’a pas su arrêter ces affrontements. Dois-je te rappeler qu’Athéna est la déesse de la Guerre au même titre que Mars ?
_ Tu te trompes jeune homme. Il existe une différence fondamentale entre Athéna et Arès. Athéna aime les Hommes et ne cherche pas à leur ôter la liberté !
_ Dont ils profitent pour s’autodétruire ! Hiroshima, Nagasaki, ces noms te disent-ils quelque chose ?
_ Les Hommes ne sont pas parfaits. Leurs erreurs ne justifient pas leur soumission.
_ Shaka, si tu nous arrêtes plus longtemps, je serais ton adversaire !
_ Malheureusement, je reconnais bien là l’esprit des Bersekers d’Arès, uniquement capables de répondre par la violence. Je me dois de vous renvoyer d’où vous venez ! Bersekers, vous ne quitterez pas cette Maison ! »
A peine ai-je eu le temps de me préparer à son attaque que notre décor évolue sous nos pieds. Les ruines du temple de la Vierge disparaissent et nous sommes bientôt dans un autre espace dont les murs sont recouverts de tapisseries représentant Bouddha. Shaka a disparu.
« Zheuk : Où sommes-nous ?
Alphyun : Où est passé le Chevalier ?
Sanosuke : Suffit ! Je n’ai pas de temps à perdre ici. Shaka, sache que ton illusion ne nous impressionne pas du tout. Bouddha pas plus que toi ne pourra nous retenir. EQUILIBRIUM SPACE !! »
L’attaque de l’Empereur nous renverse tous. Ce déchaînement d’énergie est si important que les parois à l’effigie de Bouddha se fissurent et explosent comme du verre.
Mais nous ne sommes pas pour autant sortis d’ennui. L’espace qui entoure ces murs est le vide absolu. Sous nos pieds se trouve une gigantesque paume alors qu’un Bouddha de pierre nous fait face ! Cette statue dérive dans le vide. Où sommes-nous donc ? Dans quel univers parallèle Shaka nous avait-il envoyé à bord de la paume du Bouddha ?
« Voilà ce que vous êtes, rien de plus que des insectes dans la paume de Bouddha, dérivant dans l’univers, sans accroche ni destination ! Mais dorénavant, il est temps pour vous de rejoindre le monde que vous n’auriez jamais dû quitter : un des sept mondes de la Métempsycose : Azura, l’Enfer des Guerriers, où les personnes avides de violence combattent pour l’éternité en subissant les pires souffrances, sans espoir de mourir ! »
La dérive de notre embarcation se fait de plus en plus rapide et nous sommes maintenant obligés de nous accrocher aux doigts du Bouddha pour ne pas être emportés dans le vide. Puis c’est le flash lumineux. Nous sommes comme Shaka l’avait prédit : dans l’Enfer d’Azura !
Autour de nous s’élèvent des monceaux de cadavres, de chairs en putréfaction alors que des centaines d’hommes s’entretuent à coups de haches, d’épées ou de masses d’arme. La guerre perpétuelle ! Les cadavres se réveillent pour reprendre une arme et repartir au combat. Les armures ne protègent de rien. Deux camps semblent s’affronter à perte de vue. Des hommes se jètent sur moi et je réponds en intensifiant mon cosmos. Ils sont projetés à terre, mourrant sur le coup, mais aussitôt d’autres reviennent à la charge, m’ensevelissant sous des montagnes de corps. Je peux les expulser rapidement, mais combien de temps pourrais-je tenir face à des cadavres ressuscitant ? Où sont notre Empereur et les deux Kéroubims ? A nouveau je me libère de ces guerriers en tentant d’apercevoir mes compagnons, quand j’entends Sanosuke hurler son attaque.
« EQUILIBRIUM SPACE !! »
La déflagration ébranle toute la terre. Les guerriers sont pulvérisés. Une faille apparaît dans ce monde, puis une autre à mesure que l’énergie de l’Empereur s’accentue. Tout est réduit à néant en quelques instants !
Nous nous retrouvons à nouveau dans le Sanctuaire, à l’intérieur de la Maison de la Vierge. Il n’y a aucune trace de Shaka, ni de l’armure d’Or. Seul le cercle au sol est resté, ainsi que notre essoufflement. Sanosuke est le seul à ne pas paraître affecté, malgré l’énergie qu’il vient d’utiliser pour nous sauver.
« Je ne sais pas qui tu es, mais saches que tes illusions ne fonctionneront plus sur nous ! »
Sanosuke semble s’adresser à un adversaire invisible.
« Shaka est mort et il n’y a plus de Chevalier d’Or de la Vierge ! Tout ceci n’était à nouveau qu’une illusion chargée de nous retarder, exactement comme dans la Maison des Gémeaux ! Un adversaire extrêmement puissant s’amuse à nous jouer des tours depuis le début et moi, l’Empereur de l’Equilibre, JE NE LE PERMETTRAI PLUS ! EQUILIBRIUM DARKNESS !! »
Tout en prononçant son attaque, l’Empereur joint les mains et projette un formidable rayon d’énergie noire vers la sortie. Le trait s’étire à l’infini avant de percuter la montagne du Sanctuaire. Peu de temps après, nous ressentons une importante vibration dans tout le temple. L’attaque de Sanosuke a ébranlé les fondations mêmes du domaine d’Athéna.
Mais quel adversaire est capable d’intervenir ainsi dans différentes Maisons du Sanctuaire alors même que la présence de la déesse emplit tout l’espace ?
« Il n’y a qu’une personne qui puisse ainsi lancer des illusions sur une telle distance. Il ne peut s’agir que de l’Ultime Gardien du Sanctuaire, celui qui nous a accueillis à notre arrivée : Le Grand Pope ! »
Est-il possible que cet homme soit aussi puissant que Sanosuke le dit ? Un homme peut-il créer des illusions telles que nous venons de les vivre et que ni moi, ni les deux Kéroubims sommes capables de détecter ? Tout a semblé si vrai !
Autant le pouvoir du Grand Pope m’effraie, autant celui de Sanosuke m’impressionne et me réconforte. Je sais que l’Empereur est l’homme le plus fort après Mars, et sa démonstration présente ne fait que confirmer l’énorme avantage que nous avons sur les Chevaliers d’Athéna. Avec quelqu’un comme lui, il est impossible de perdre !
Un Sacrifice pour la victoire
Les gravas de la Maison du Cancer vibraient. Les pierres se soulevaient du sol et flottaient en équilibre à quelques centimètres du sol. Les derniers murs encore debout terminaient de se démanteler et bientôt les fondations entières du temple ne seraient plus qu’un vague souvenir. Sur ce tas de ruines, deux hommes s’affrontaient…
Mintaka essayait à nouveau de se relever pour porter une nouvelle attaque à Melpomène, mais ses coups étaient ralentis et affaiblis par l’attaque de la Muse qui s’acharnait contre son esprit. Il sentait ses forces fondre et dans peu de temps, il serait emporté dans l’au-delà. L’état de Melpomène n’était pas non plus des plus brillants. Il avait subi plusieurs fois les coups du Séphire de plein fouet et son sang s’écoulait sans discontinuer de ses plaies.
Le Séphire de Malkuth s’effondra au sol. La douleur qui lui vrillait le cerveau le paralysait et ses fonctions motrices ne lui répondaient plus. Pourtant Mintaka se refusait à se laisser ainsi emporter. Il avait vu ce qui était advenu à Raphaël…
L’attaque qu’il subissait s’arrêta brusquement et Mintaka ferma les yeux de soulagement.
Melpomène venait d’être projeté à terre par une force inouïe. Il se releva instantanément pour percevoir l’aura qui enveloppait celui qui aurait dû être mort… Raphaël se tenait devant lui. Son esprit avait réussi à réintégrer son corps.
Le fidèle d’Apollon avait du mal à en croire ses yeux. Personne n’était jamais revenu de son attaque ! Melpomène ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même, il aurait dû achever le Guerrier de Mars quand il en avait le temps et jamais son esprit n’aurait pu réintégrer ce monde. La Muse de la Tragédie reconnaissait avoir fait preuve de négligence. Il devait maintenant terminer ce qu’il avait commencé, mais en aurait-il la force ?
« Bravo ! Tu es le premier à être revenu dans ce monde suite à mon attaque… Mais je te garantis que tu n’auras pas cette chance une nouvelle fois !
_ Je ne me laisserai pas avoir deux fois. Ce ne sera pas si facile !
_ C’est ce que nous allons voir. TRAGEDIE DES AMES !! »
La douleur émergea aussitôt dans le crâne de Raphaël qui se prit la tête entre les mains. Il avait cru pouvoir s’en prémunir, mais la victoire n’irait vraisemblablement pas sans douleur. Raphaël essayait d’augmenter son cosmos tout en luttant contre ce qu’il ressentait.
« Je crois que tu as présumé de tes forces… »
Melpomène ne put terminer sa phrase. Il était bloqué, étroitement prisonnier de l’étreinte d’un homme que personne n’attendait plus. La douleur dans l’esprit de Raphaël s’estompa aussitôt.
« Vas-y Raphaël ! Tue-le ! Je le tiens, il ne pourra pas s’échapper.
_ Taran ? Mais que fais-tu, tu tiens à peine sur tes jambes. Jamais tu n’arriveras à encaisser la moindre attaque !
_ Dépêche-toi Raphaël, je ne le retiendrai pas bien longtemps. Son cosmos est brûlant ! »
« Tu me paieras très cher ce que tu fais, jeune guerrier ! »
La Muse prisonnière concentrait toute son aura qui grimpait vers le ciel dans un scintillement doré qui n’avait rien à envier à celle du Chevalier d’or du Cancer. Raphaël reconnaissait dans cette cosmo-énergie celle qu’il avait déjà ressentie précédemment pour Masque de Mort. Ainsi donc cet homme qui était venu aux Monts Kouen Louen était celui-là même qui s’était fait passer pour le Chevalier d’Or.
Raphaël hésitait. S’il s’agissait du même homme alors il se devait de le tuer. Mais cela reviendrait à tuer Taran par la même occasion ce qui le répugnait. D’un autre côté ses amis avaient besoin de lui le plus rapidement possible et le Kéroubim de Damabiah était prêt à se sacrifier. Raphaël ne pouvait pas perdre cette chance qui ne se renouvellerait pas.
« Chevalier. Puisque tu as décidé de te mettre sur le chemin de notre Maître, tu vas mourir. HOLY CROSS !! »
Raphaël joignit ses avant-bras devant son torse avant de déclencher toute la puissance de son cosmos sur les deux hommes.
« Taran, ton sacrifice n’aura pas été inutile. Je dirais à Gaboria combien il peut être fier de son disciple ! »
Un flot de poussière s’envola vers les cieux emportant le Kéroubim et son prisonnier. Quelques pierres retombèrent sur le sol où un cratère venait d’être creusé. Nulle trace de Taran ou de Melpomène ne subsistait de l’endroit qui venait de subir la colère de Raphaël.
Le Séphire tomba à genoux sur place, priant pour Taran qui venait d’offrir sa vie pour leur cause. Des pas résonnèrent derrière lui. Deux Combattants de Mars approchaient. La Guerre reprenait son droit. Il ne pouvait rester ici plus longtemps, Sanosuke avait besoin de lui.
Raphaël se leva et accueillit l’Ishim des Tropiques, Nusakan et le Keroubim de Rochel, Dilan, qui revenaient de leurs combats contre les Chevaliers de Bronze. Eux aussi avaient vaincu leurs adversaires. Des bruits de graviers résonnèrent à proximité : le Séphire de Malkuth se relevait à son tour. Il semblait avoir beaucoup souffert des attaques de Melpomène, mais comme tout Séphire, il se remettrait rapidement de ses séquelles.
Mintaka rejoignit le groupe. Ils n’avaient plus de temps à perdre, les combats continuaient dans le Sanctuaire et l’heure passait. D’un coup d’œil à l’horloge, le Séphire s’assura du temps perdu. Il leur restait un peu plus de six heures pour parvenir devant le Grand Pope.
Les Guerriers s’élancèrent à l’assaut de la Maison du Lion.
Les doutes du Yésod
Forêt tropicale
Des chutes d’eau résonnaient au milieu des bruissements de feuilles et des cris perçants des oiseaux tropicaux. Gaboria arpentait maintenant depuis des journées entières la jungle dense du Congo à la recherche de sa proie. La forêt s’étendait à perte de vue traversée par le fleuve qu’il avait suivi jusqu’ici. A quel méandre parviendrait-il à rejoindre sa cible ?
« Sans doute plus tôt que cela. »
Gaboria se retourna immédiatement, sur ses gardes. Un homme sortit de la forêt. Pas de doute c’était lui qu’il fallait trouver et éliminer.
NAKED MOND !!
Une énergie froide à la limite du violet percuta sa cible. Une gerbe de sang aspergea le Séphire. Gaboria se précipita sur l’homme qu’il venait de frapper : Borée ! C’était son maître qui gisait au sol dans une marre de sang…
« Père ! Qu’ai-je fait !
_ Je crois que tu t’es trompé de cible… »
Gaboria leva des yeux remplis de larmes et de haine sur le nouveau venu.
« C’est toi, Antarion, que j’étais venu tuer !
_ Et tu viens de tuer ton maître et ton propre père… Tu n’as toujours pas compris que les apparences sont parfois trompeuses…
_ Tu mens ! Tu as toujours menti ! Je ne te crois pas ! Borée est mort par ta faute ! Tu dois payer !
_ Vois comme tu te laisses à nouveau aveugl…
_ MOND DARKNESS !! »
L’image d’Antarion fut défigurée par la douleur avant que son corps ne commence à se tordre et à disparaître dans une traînée de fumée. Gaboria était torturé par la perte de son père et n’eut pas le temps d’entendre retentir le nom de l’attaque d’Antarion avant de sentir son propre corps exploser dans une incommensurable souffrance.
Maison du Lion - Ikki
Voilà donc quels étaient ses plus profonds fantômes. Son père qu’il avait lui-même tué et ce Chevalier, Antarion. Je me demande de qui il peut bien s’agir, je ne l’ai pas vu au Sanctuaire.
Gaboria, tu viens de revivre tes pires cauchemars, mais maintenant ton esprit est libéré. Laisse la mort t’apaiser définitivement. Finalement tu avais raison, ce n’est pas par la force brute que j’aurai réussi à te vaincre. Dommage que tu n’aies pas utilisé plus tôt cette redoutable attaque de ton rêve, Mond Darkness. Je n’ai pas compris son fonctionnement, mais elle semblait de loin supérieure au Naked Mond que tu t’es entêté à utiliser contre moi. Adieu Berseker !
Forêt tropicale
Le corps du Séphire venait d’exploser à côté de celui de Borée. Un être fit alors son apparition, sortant de la forêt. Il portait la tunique des samouraïs, un kimono fin, blanc, bordé de rouge où étaient brodés différents symboles chinois. Gaboria venait d’apparaître dans ce rêve.
« Vraiment surprenant cette attaque du Chevalier Phœnix. Je n’aurais jamais cru qu’un homme comme lui dispose d’une telle technique en sus de la force brute de l’Envol du Phœnix. Il devient un adversaire vraiment très intéressant que j’ai hâte de retrouver. Il a néanmoins vu ce qui se cache dans mon esprit et notamment le Mond Darkness. Je devrai désormais être prudent en l’affrontant. »
Gaboria allait réinvestir son corps quand une voix fit de nouveau surface, empruntant le cadavre de son père.
« Attention Gaboria à ne pas te mentir à toi-même.
_ Qui … ? C’est encore toi Antarion ! Mais comment peux-tu encore me parler dans ce rêve ?
_ Souviens-toi de ce que je t’ai dit là-bas. Tu es tracassé depuis le début de ces combats au Sanctuaire. Tu dois trouver ta réponse si tu veux véritablement être en paix avec toi-même.
_ Trouver ma réponse… Alors c’est bien ça qui me gêne depuis le début… Je vois… Merci Antarion.
_ Je ne suis pas Antarion, mais ton propre inconscient que tu cherches à étouffer ! »
Gaboria fit un pas en arrière alors que le corps de son maître et père, Borée, s’évanouit.
« La technique du Chevalier Phœnix est encore plus puissante que je le croyais. Elle ne se contente pas de faire revivre les pires cauchemars de son adversaire. Elle extirpe également ses doutes et ses failles les plus reculés. Je ne pourrais pas le vaincre à moins d’être en paix avec moi-même. Chevalier Phœnix, j’ai hâte d’être en face de toi ! »
Maison du Lion
Dans un flash lumineux, l’homme qui gisait quelques instants plus tôt au sol, quasi mort, venait de se relever, entouré d’un cosmos mauve extrêmement puissant. Il avait les yeux clos et du sang coulait de la commissure de ses lèvres et de son front. Son armure avait perdu la plupart de ses plumes de nacres et ne le protégeait presque plus, sauf au niveau de la jambe droite. Son casque gisait à quelques mètres, transpercé en son centre.
De l’esprit de cet homme s’envola un message télépathique en direction de Sanosuke.
« Sanosuke, excuse-moi. Je n’ai pas réussi à vaincre le Chevalier Phœnix dans la Maison du Lion, mais je te promets de le battre et de te rejoindre dès que j’en aurais fini avec lui. Peux-tu l’arrêter dans la Maison de la Vierge ?
_ Gaboria ? Ce n’est pas dans tes habitudes d’échouer… Kenzo le retiendra le temps que tu le rejoignes dans cette Maison.
_ Le Chevalier Phœnix est beaucoup plus puissant qu’un Chevalier de Bronze. Il possède la force d’un Chevalier d’Or. Il a dû se passer des événements extraordinaires lors des précédents affrontements d’Athéna contre Poséidon et Hadès. Si les Chevaliers d’Or semblent avoir disparus, ils ont été remplacés par d’autres tout aussi puissants.
_ Je ne suis pas sûr que Kenzo parvienne à le retenir longtemps. Fais vite !
_ Très bien. J’arrive immédiatement ! »
Gaboria disparut de la Maison dans une traînée blanche avant d’entreprendre en courant la montée des escaliers menant à la Maison de la Vierge.
Le casque de plumes de nacre resta sans propriétaire dans un coin de la Maison du Lion, à moitié dévastée.
Passage dans la Maison du Lion
La Maison s’emplit soudainement des pas précipités de quatre hommes. Le premier portait une protection teintée de jaune, aux formes élancées, un éclair dans la nuit. Le deuxième était vêtu de bleu, une Arcane aux bords plus carrés, une croix. Les deux autres, en arrière, étaient moins protégés par leurs armures, également plus endommagées.
« Attendez ! Je crois que j’ai vu quelque chose !
_ Quoi donc ? »
Les trois hommes s’étaient arrêtés dans la salle meurtrie du précédent combat. Mintaka s’avança parmi les décombres et en retira un casque fait de plumes nacrées.
« Il s’agit du casque de Gaboria. Mais où est-il ? Aurait-il été…
_ Non je ne crois pas qu’il soit mort. Il ne reste aucune trace de lui ici, ni de son adversaire et cette Maison est vide. Ceux qui se sont affrontés ici n’y sont pas restés. Nous devons continuer, je ne ressens plus de combat dans la Maison de la Vierge depuis que nous avons quitté celle du Cancer.
_ Oui, en revanche les combats font rage dans celle de la Balance. Je crois que Sanosuke est entré en action.
_ Nous devons nous dépêcher. Le feu de la Vierge va bientôt s’éteindre. Il ne nous reste plus que six heures pour arriver devant Athéna ! »