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Cette fiche vous est proposée par : squekky


Initiation

La chaleur de l’été avait cédé sa place à la fraîcheur de l’hiver. Plus de cinq mois s’étaient déjà écoulés depuis son départ. Arpentant les pistes afghanes, Arnaud se demandait si son voyage avait réellement un but. Une barbe brune de deux mois recouvrait ses joues et faisait ressortir ses yeux sombres ; le vent et le sable avaient tanné sa peau.


Au loin il voyait les portes du Panshir se dessiner. La chaîne de montagnes balayait l’horizon. Il y était presque ; encore deux jours de marche et ses cinq mois d’errance prendraient fin. Pendant cette courte période de temps, il avait parcouru la terre entière. De l’Irlande en Grèce, de la France en Egypte, de la Turquie en Tunisie... Et aujourd’hui, il était en Afghanistan, un pays qui pansait à peine ses plaies. Pendant sa traversée, il avait croisé des épaves rouillées de tanks russes, des villages abandonnés et des champs de mines. Et les champs de mines, il s’en souvenait ! Cela faisait déjà trois jours qu’il marchait, et tout cela à cause des folies issues du cerveau malade de l’Homme. Une mine isolée au milieu de la piste lui avait coûté sa jeep et l’avait forcé à continuer son voyage à pied.

« Bon, allons-y ; encore à peu près deux jours de marche. » Il saisit sa gourde d’eau attachée à sa ceinture et imbiba son foulard indigo. « Gardons la tête froide », se dit-il, « le plus dur reste à faire ». Il se remit en marche en direction des montagnes.


Au bout d’une heure, une sensation désagréable commença à le gagner. Quelqu’un le suivait, mais qu’il ne parvenait pas à identifier. Il se retourna, scruta les environs. Personne en vue ; le désert était calme, hormis lui et la faune locale. Il n’y avait aucun signe de vie.


Puis, tout à coup, tous ses sens se mirent en alerte. Il y avait quelqu’un, et il arrivait. Arnaud pivota sur ses talons pour faire face à la menace qu’il sentait peser sur lui. Un vol de corbeaux se dirigeait vers lui. Arnaud se détendit : ce n’était qu’Achir, chevalier d’Argent de la constellation du Corbeau, porté par ses fidèles amis à plumes. Un sourire se dessina sur son visage marqué par la dureté de son entraînement. Des cicatrices, dues à la dernière étape de sa formation, sillonnaient sa figure : il avait du traverser un vol de corbeaux fous pour obtenir la Pandora sacrée.


« Achir ici … ceci ne présage rien de bon. Soit, voyons ce qu’il veut. »


Achir se posa devant Arnaud. Les deux hommes étaient ravis de se revoir ; leur dernière rencontre remontait à plus d’un an, au Sanctuaire, quand Arnaud avait reçu son titre de Gardien du huitième Temple.


- Arnaud chevalier d’Or de la constellation du Scorpion, j’ai une missive à vous remettre.


- Arrête, Achir … pas besoin du protocole. Nous sommes seuls ici. Dis-moi plutôt quelles sont les mauvaises nouvelles que tu m’apportes.


Achir était vêtu de son armure noire, et de son plastron il sortit une lettre portant le sceau du Sanctuaire. Il la tendit à Arnaud, qui était perplexe, car envoyer un chevalier d’Argent pour transmettre une simple missive signifiait qu’il fallait agir au plus vite. Il ouvrit la lettre et la lut rapidement. Elle était signée du Pope.


Il regarda Achir dans les yeux. Celui-ci ne put lui donner aucune explication à ce qu’il venait de lire.


Le vent redoubla d’intensité. Une tempête de sable se préparait. Dans plus ou moins deux heures, elle serait sur eux. Achir enleva son casque qui laissa apparaître un front tout aussi marqué que le reste de son visage, et prit la parole.


- Arnaud, si cette lettre te demande de revenir en Grèce, retourne là-bas. Il se passe des choses hors du commun.


- Comment ça, hors du commun ? Le Pope lui-même m’a envoyé en mission dans les confins de l’Europe. Et là, je touche au but après plus de cinq mois. Il m’ordonne de revenir. Je ne comprends pas.


Achir était gêné.


- Ecoute, tu fais ce qui te semble juste. L’Afghanistan est un pays pour les scorpions, pas pour les corbeaux. Et je n’ai pas envie de rester coincé ici. Moi, je repars vers Kaboul et je retourne au Sanctuaire. Je ne fais qu’accomplir ma mission. Mais sache que si on te demande de revenir, ce n’est pas pour rien.


Achir se retourna et un vol de corbeaux l’enveloppa avant qu’il ne disparaisse dans les cieux. Les vents commençaient à approcher et à amener avec eux le sable du désert. Arnaud, pensif, relut la lettre. Il ne comprenait pas. Pourquoi … que s’était-il donc passé en son absence ?


Quand le Pope lui avait demandé de partir à la recherche des limites de l’Empire Grec, il avait accepté sans aucune hésitation. Car ce n’était pas ses talents de maître d’armes qu’il avait sollicités mais ses connaissances et son savoir en Histoire de la Grèce Antique. Le but de son voyage était de localiser tous les lieux possibles où la Grèce avait rayonné, et de répertorier toutes les légendes et les rumeurs qui pourraient le mener vers des Sanctuaires oubliés. En arpentant de fond en comble les limites de l’ancien Empire du Grand Conquérant, il pourrait enfin trouver les dernières pièces manquantes du puzzle.


Arnaud commençait à s’énerver sérieusement. Mais, sachant que perdre son calme ne le mènerait à rien, il fit le vide dans son esprit, sortit une carte de son sac et la déplia par terre. Il remarqua qu’il n’était qu’à quatre kilomètres d’un petit village nommé Jabul-Seraj. « Bon … en route ! J’y serai aisément en une heure. Une bonne nuit de repos, et demain je redescends sur Kaboul et je m’envole pour la Grèce. » Il remit la carte dans son sac, en sortit par la même occasion une paire de lunettes de soleil, et il se mit en route pour Jabul-Seraj.




Cela faisait plus de trois heures que Patrick et Cécile arpentaient les chemins cahoteux des massifs pyrénéens espagnols. La nuit venait juste de tomber et les étoiles étaient leur seule source de lumière. Patrick était à bout de forces ; il portait Cécile sur son dos depuis trop longtemps. Les blessures qu’elle avait reçues étaient très profondes, et des filets de sang s’écoulaient sur son armure mauve. Sa tête reposait sur l’épaule du jeune homme. Elle s’était évanouie à la fin de son combat. Ses cheveux bruns et courts, maculés du sang des blessures de son visage, étaient collés sur sa nuque. Son armure de la Licorne n’était plus que l’ombre d’elle-même, et ses nombreuses fissures témoignaient de la violence des combats. Patrick utilisait ses dernières forces pour mettre Cécile en sécurité. Lui aussi ressentait les stigmates des derniers combats. L’armure blanche du Cygne n’existait plus ; il ne restait que les protections des jambes et le bouclier. Son corps était couvert de traces de coups, et les souffrances qu’il endurait pour fuir et mettre son amie en sécurité se voyaient clairement sur son visage tuméfié. Ses yeux noirs se portèrent au loin sur la crête ; il pouvait enfin discerner les lueurs diffuses de la ville de Aiinsa. « Victoire ! », songea-t-il. Arrivé en haut du vallon, il put voir l’asphalte des premières rues, faiblement éclairée par les lampadaires.


« Tiens bon, Cécile … on est bientôt arrivés ... », murmura-t-il en mettant le plus de conviction possible dans sa voix. Et il se hâta vers ce bout de lumière perdu dans les ténèbres de la nuit. C’était son seul phare, son seul espoir de sauver sa compagne de mission.


Une mission qui avait été un fiasco total. Rien ne les avait prévus à une telle situation. Jamais il n’aurait pensé faire appel à son armure. Heureusement qu’elle lui avait répondu ... Et que le Cygne blanc avait pris son envol ... Mais Patrick n’osa même pasimaginer ce qui pourrait advenir d’eux s’ils ne trouvaient pas du secours au plus vite. Pour l’instant, il devait emmener Cécile chez un médecin, et prévenir Athènes du danger qui se profilait dans les contreforts des Pyrénées espagnoles.


Au bout de vingt minutes de marche forcée, il atteignit enfin les premières habitations. Il sonna frénétiquement à la première maison qu’il trouva. Dans la nuit, il distingua une vaste demeure à deux étages. Le doigt collé à la sonnette, il attendit que quelqu’un réagisse. Ce n’est qu’au bout d’une minute qu’il entendit des bruits de pas de l’autre coté de la vaste porte en chêne aux bastants de tête de lys en fer forgé. Il reconnut un homme au bruit lourd des pas. Une petite fenêtre s’ouvrit sur la porte, laissant apparaître les yeux d’une personne, probablement le propriétaire de la maison. Voyant Patrick avec Cécile sur le dos, il comprit rapidement la gravité de la situation. Le frêle chevalier de la Licorne était au seuil de la mort.


La porte s’ouvrit et l’homme, à peine vêtu d’un pantalon de pyjama, attrapa Patrick sans poser de questions. Il était temps ; le chevalier commençait sérieusement à faiblir. Dans son élan, l’homme hurla, « Amia ! Appelle le docteur Gustavo ! C’est une urgence ! »


Il prit Cécile dans ses bras et la transporta sur le canapé de velours rouge du salon. Il était tellement paniqué par l’aspect du chevalier de la Licorne qu’il ne remarqua même pas Patrick qui, délivré de son fardeau, s’était écroulé sur le tapis, à bout de forces. Mais, très vite, vint le temps des interrogations. Pourquoi cette jeune fille et ce garçon portaient-ils des pièces d’armures, aussi abîmées, aussi lourdes, surtout ? Ce n’était pourtant pas la période du Carnaval ou quoi que ce soit … Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. Amia descendait les marches de l’escalier pour prévenir son mari que le médecin était en route. Elle poussa tout à coup un hurlement strident ; le jeune garçon qui était allongé sur le palier se vidait de son sang; le liquide rouge sombre inondait le sol. L’homme accourut vers le corps inerte, et après un coup d’œil jeté à Patrick, remarqua que ses blessures étaient plus graves que celles de Cécile. La plaie au niveau de l’abdomen saignait particulièrement fort. Il cria à sa femme, « Apporte-moi des serviettes ! Vite ! » Il avait posé ses deux mains sur le ventre de Patrick et il exerçait une pression suffisante pour stopper l’hémorragie. « Tiens bon mon gars, tiens bon ! »


Le bruit d’une voiture se fit soudain entendre. Le médecin était là. Enriké et sa femme étaient affolés ; ils étaient sur le corps froid de Patrick depuis plus de dix minutes, à essayer de stopper l’hémorragie de la plaie ventrale. Le docteur Gustavo entra, vêtu d’un pantalon et d’un t-shirt enfilés à la hâte, ses cheveux blonds hirsutes, les traits tirés, les yeux encore bouffis de sommeil. A peine jeta-t-il un coup d’œil dans la pièce que tout son corps se raidit. Devant lui, Enriké et Amia, agenouillés devant un corps, leurs mains, rouges de sang, contrastant avec leur visage pâle comme la mort. Il se précipita vers le jeune homme et leur expliqua précipitamment qu’il avait prévenu les pompiers et qu’ils ne devraient pas tarder. Son diagnostic, après un bref examen de Patrick, était loin d’être rassurant : si ce garçon n’était pas transféré à l’hôpital le plus rapidement, il mourrait.


Le son de sirènes vint couvrir sa voix. Deux pompiers entrèrent à leur tour. Gustavo leur ordonna d’emmener directement Patrick à l’hôpital central de Aiinsa. Le médecin était fortement surpris de la tenue du jeune homme ; à vue d’œil, les pièces d’armure qu’il portait aux chevilles pesaient bien dans les deux kilos chacune. La jeune fille aussi, toute frêle et chétive qu’elle était, portait une sorte d’armure mauve. Les pompiers emmenèrent Patrick. Gustavo avait réussi à stopper l’hémorragie mais le jeune homme avait perdu trop de sang ; il fallait lui faire une transfusion au plus vite.


Le médecin se dirigea ensuite vers le salon où était allongée Cécile, plongée dans un profond coma, le visage couvert d’hématomes. Il se pencha vers elle et l’examina rapidement. Elle aussi avait perdu beaucoup de sang, mais ses jours n’étaient pas en danger. Elle avait quelques côtes et le tibia droit fracturés, et des contusions sur tout le corps. Le médecin décida d’attendre avec Cécile le prochain camion de pompiers pour pouvoir la transférer elle aussi à l'hôpital.


Gustavo dévisagea la jeune fille. D’après lui, elle devait avoir à peine vingt-cinq ans. Mais qui était-elle … Il n’avait rien trouvé sur elle, aucun papier, rien … Son attention se reporta sur cette soi-disant armure de couleur mauve. Comment une fille comme elle pouvait-elle porter un tel poids … Il avait enlevé les protections des jambes pour examiner son tibia et soupesé les autres pièces de l’armure : elle devait avoisiner les trente kilos. Comment pouvait-on porter trente kilos ? Enriké l’aida à ranger les différents morceaux de métal. Amia, tétanisée, blanche comme un linge, assistait à la scène, dont elle ne comprenait absolument rien.


Ils entendirent à nouveau les sirènes de l’ambulance. Cécile allait être aussi transférée et pourrait rejoindre son compagnon.


Le docteur Gustavo l’accompagna jusqu’à l'ambulance, la recommandant chaudement aux brancardiers, avant de la laisser entre des mains plus compétentes que les siennes. Il était épuisé ; d’abord une longue journée, puis sa nuit interrompue … Il suivit du regard la voiture jusqu’à ce qu’elle disparaisse à l’intersection d’une rue, et rentra dans la maison.


Enriké, Amia, et le docteur Gustavo se regardèrent pendant un long moment, silencieux, pensifs, éreintés. La nuit avait été mouvementée et ils étaient complètement dépassés par les évènements. Gustavo se tourna vers Enriké et lui demanda une cigarette. Le maître de maison l’invita carrément à boire un verre. La nuit allait continuer autour d’une bouteille ; de toute façon, ils étaient maintenant réveillés. Demain sera pour eux une longue journée, entre répondre aux questions des forces de l’ordre et rendre visite à ces deux inconnus…

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