Si le papier sur lequel je couche ces lignes ne constituait pas une sorte de journal intime (ce mot-là prend pour moi son sens le plus profond dans ce récit, comme tu le verras peut-être par la suite), je n’irais pas par quatre chemins pour te dévoiler ce qui me blesse si douloureusement aujourd’hui. Je mettrai pourtant un point d’honneur à tout te raconter, aussi lointains et précis que mes souvenirs le permettent.
Cette histoire débute au moment où, à l’ombre du magnifique hêtre dominant le jardin dans lequel, heureux enfant, tu gambades à quatre pattes dès que nous avons le dos tourné ta mère et moi, je laissais aller librement mes pensées et goûtais les douceurs d’un printemps déjà bien avancé. Ce jardin, et la maison qui le surplombe et dans laquelle nous vivons aujourd’hui, étaient ma première acquisition et je comptais en faire à l’époque une sorte de lieu de retrouvailles dans lequel mes amis, mon frère et moi-même pourrions nous réunir de temps à autre, insouciants, partageant gîte et couvert et oubliant les événements anciens ou récents qui nous liaient à la chevalerie. Tu peux voir cela comme le doux rêve utopiste après lequel ton père a tant couru. Pour moi, il s’agissait du désir légitime de retrouver une vie normale, en tout cas d’entamer un nouveau chapitre sereinement, en étant heureux de perdre mon temps même dans les joies les plus simples.
Sans pouvoir imaginer un seul instant que cette maison ne connaîtrait qu’une seule réunion, et des plus funèbres, je laissai mon livre et m’attardai sur le parcours décidé d’une petite colonie de fourmis qui se déplaçait en direction de la bordure du jardin donnant sur la mer, avant de rentrer me rafraîchir, lorsque j’entendis le téléphone sonner. J’accourus au salon en gravissant les quelques marches d’un pas rapide et décrochai le combiné avec curiosité, espérant entendre la voix de mon frère Ikki ou celle de l’un de mes amis.
« Allo ?
- Bonjour Shun, c’est Tokumaru Tatsumi à l’appareil.
J’hésitai un court instant, ma déception laissant place à une cordialité formelle mais sincère.
- Bonjour Monsieur Tatsumi, que me vaut le plaisir de vous avoir au téléphone ?
- Eh bien…mmh…comment vas-tu Shun ? Est-ce que tu te reposes bien ?
- Euh…oui, ça va. Je commence à profiter de ma maison même si pour le moment je n’ai pas encore eu le temps d’y convier mes amis, lui répondis-je, un peu sceptique sur les raisons de cet appel, et surtout curieux de l’hésitation que je ressentis dans sa voix.
- Tant mieux, tant mieux ! Enfin, je veux dire, c’est bien que tu aies repris quelques forces…euh…je…hem !
- Que se passe-t-il, Monsieur Tatsumi ? Je me doute bien que vous ne m’appelez pas uniquement pour prendre de mes nouvelles, à vous écouter, j’ai même l’impression que vous avez à me dire quelque chose d’important, me trompe-je ? C’est à propos de mademoiselle Saori ? Il lui est arrivé quelque chose ?
Je lui posai cette question, sans pour autant redouter la réponse. Je savais que lorsqu’il arrivait quelque chose de sérieux à notre princesse, j’étais capable bien malgré moi de ressentir et d’entrevoir les images d’un malheur proche.
- Non, non, ce n’est pas ça…mademoiselle Saori va très bien…Bon, écoute ! Je ne sais pas comment te le dire autrement que comme ça alors voilà : il faut que tu retournes au Sanctuaire sans délai, la princesse vous y attend tous, elle doit vous annoncer quelque chose d’important, à toi et à tous les chevaliers d’Athéna !
- Comment ? Mais quelle chose importante ? De quoi s’agit-il ? lui demandai-je avec impatience.
- Et voilà, et voilà ! pesta mon interlocuteur, on passe des commissions importantes, on essaie de prendre des nouvelles, de ne pas alarmer, et on se retrouve avec des questions auxquelles on ne peut pas répondre ! Tu n’es pas le premier à me le demander, rugit-il, et je ne peux pas te répondre, comme je n’ai pu répondre à aucun de tes amis ! Vous êtes trop curieux ! Si tu veux des réponses, reviens au Sanctuaire sans tarder, et tu les trouveras !
- Euh…d’accord, d’accord, je vais me préparer dans ce cas-là et j’arriverai ce soir je pense, lui répondis-je, intrigué et amusé de retrouver la caractère bien particulier du serviteur de la princesse au téléphone.
- Eh bien dépêche-toi ! Les autres chevaliers sont déjà en route et certains sont déjà sur place. A ce soir !
Je l’entendis maugréer de manière inintelligible et raccrochai en souriant après lui avoir souhaité une bonne journée.
Toutefois, les questions qui m’étaient venues à l’esprit durant ce court entretien téléphonique restaient en suspend : quelle nouvelle voulait nous apprendre mademoiselle Saori qui vaille de battre le rappel de tous les chevaliers restants ? Quelle nouvelle, si importante soit-elle, devait nous réunir tous ensemble, y compris les chevaliers de Bronze que je n’ai encore jamais rencontrés ? D’autres pensées, plus sombres, comme le souvenir des chevaliers d’Or disparus, dont la statue érigée par les dieux se dresse non loin du Sanctuaire, remontèrent par bribes de ma mémoire, mais la perspective de revoir mes amis et surtout mon frère Ikki me firent chaud au cœur, et je ne mis alors que très peu de temps pour récupérer mon livre dehors, me préparer un sandwich pour le voyage et sortir de la maison en fermant à clé, l’armure de bronze d’Andromède sur les épaules. Je regardai un instant les grandes fenêtres, le jardin, et me promis de revenir très vite. Je n’aurais jamais imaginé n’y revenir que bien plus tard, la mort dans l’âme.
Le trajet en avion (dont le billet avait été réservé au préalable par les bons soins de monsieur Tatsumi) fût beaucoup moins excitant que le départ de la maison : lors de l’embarquement, un enfant d’une dizaine d’années, qui avait remarqué le lourd fardeau que je portais sur le dos, ne pu s’empêcher de mimer des attaques fabuleuses, en gesticulant et en interpellant non seulement sa mère, mais quiconque passait à sa portée pour me montrer du doigt en disant « J’en ai vu, des comme lui ! Ils avaient fait un tournoi, y’a quelques années, mon père il a tout enregistré et moi j’arrête pas de regarder la cassette ! C’est génial ! Ils sautent dans tous les sens et…. » Je t’épargne le reste de son discours, mais sache - et ne rie pas s’il te plaît - que ça s’est passé comme ça pendant toute la durée du trajet. Je puis t’assurer que lorsque l’avion s’est posé sur le tarmac grec, j’ai sentis une vague de soulagement indescriptible ! Ah, jeunesse insouciante ! Il faut bien reconnaître que je n’étais pas beaucoup plus âgé que lui, mais pouvait-on déjà à l’époque nous considérer comme jeunes ? Enfin, c’est un autre débat !
Je te passe les derniers moments insignifiants de mon périple pour nous amener directement à mon arrivée au Sanctuaire. Quel spectacle !
J’en étais presque arrivé à ne plus me rendre compte de l’état de délabrement de ce lieu. Il ne me semble pas t’avoir déjà évoqué les raisons d’une telle désolation, mais je te raconterai ceci à un autre moment, si tu le veux bien. Quoiqu’il en soit, l’état des douze temples est le résultat de terribles affrontements successifs, jusqu’au dernier en date, le plus récent, l’affrontement contre Artémis et Apollon, sœur et frère d’Athéna, la princesse Saori. Oh, ça ne doit pas faire plus de trois mois que cette guerre est finie, et trois mois, c’est court pour oublier. Et en voyant ce spectacle, la curiosité et l’avidité que j’avais à retrouver mes amis s’effaçaient à nouveau, emportées par la nostalgie. Allez chevalier ! Courage ! Vois-tu, fils, comme je n’étais pas réellement différent à l’époque ? Le temps change un garçon en homme, mais il ne peut rien faire contre un cœur trop tendre…
Je contemplais toujours les douze maisons et commençai à me diriger vers celle du chevalier d’or du Bélier (Mü…) lorsqu’une voix grave m’interpella, derrière moi.
- Alors, surpris d’être appelé à nouveau ici ?
Je me retournai et vis Geki, le chevalier de Bronze de la Grande Ours approcher en souriant.
- Geki ! Comment vas-tu ?
- Je vais bien, merci…Et toi ? Toujours méditatif quand tu es au Sanctuaire, apparemment ! me répondit-il narquois.
Il n’y avait aucune condescendance dans ses propos, je sentais juste l’ironie d’un garçon qui avait toujours trouvé un peu « injuste » qu’un esprit doux et paisible comme moi ai pu transcender ma force au cours des combats - je le reconnais mais n’en tire aucune fierté particulière - et le dépasser, lui, malgré sa colossale constitution, en puissance pure. Mais il me paraissait tout aussi inutile de tenter de le convaincre une nouvelle fois que cela ne me plaisait pas, je crois qu’il aurait du mal à comprendre. Je dis cela sans lui porter préjudice, c’est un chevalier fier et puissant, et nos ennemis potentiels doivent compter avec lui.
- Tu as une idée de ce qui se passe ? lui demandai-je.
- Non, aucune, mais ça doit être important ! Allez viens, ne traînons pas, la nuit n’est plus très loin maintenant, et il nous faut atteindre la maison du Grand Pope, c’est là-haut qu’Athéna nous attend ! J’imagine qu’il y a déjà du monde !
- Tu as raison, allons-y !
Tout en traversant les différentes maisons, ou ce qu’il en restait malgré les efforts de reconstruction engagés quelques semaines plus tôt, Geki me confirma que les autres chevaliers de Bronze, ceux qui étaient restés dans l’ombre pour une obscure raison (et je ne suis pas sûr de le savoir un jour) avaient répondu à l’appel. Il me fit tout de même part de ses soupçons concernant la « fameuse nouvelle » qu’Athéna devait nous apprendre, et alors qu’il énonçait les différentes probabilités de réponses en sautant les marches des grands escaliers à peine consolidés nous menant toujours plus haut, je laissais à nouveau libre cours à mes pensées… et à chaque fois que nous traversions une des douze maisons, le visage du chevalier d’Or qui la gardait m’apparaissait. J’avais non seulement hâte d’en finir avec cette ascension fatigante et les élucubrations de Geki qui sortaient de sa bouche comme un flot ininterrompu (je n’aurais jamais cru qu’il soit aussi prolixe), mais aussi envie de retrouver pour de bon Ikki, Hyoga, Seiya et Shiryu qui devaient déjà échanger leurs impressions. Ikki, mon frère ! Cela ne fait que quelques mois, mais j’avais l’impression de ne pas l’avoir vu depuis des années.
Lorsque (enfin !) nous pénétrâmes dans la maison du Grand Pope, quelques gardes du Sanctuaire en faction nous indiquèrent l’endroit où se déroulait la réunion. Athéna avait symboliquement choisi de nous retrouver là même où quelques années plus tôt, nous avions combattu et défait le Grand pope, Saga, le chevalier d’Or des Gémeaux, grâce au Bouclier de la Justice. Je promets de te conter cet épisode dans les moindres détails plus tard !
Le spectacle qui se présenta à nos yeux nous laissa sans voix. N’eut été le caractère de réunion exceptionnelle de tous les chevaliers restants, il est fort à parier que quelqu’un d’extérieur à notre histoire aurait trouvé incongrue la présence d’un grand buffet et de tapis de velours décorant abondamment ce lieu presque entièrement détruit !
Alors que deux gardes nous débarrassaient de nos armures et allaient les mettre avec les autres, déjà empilées en un tas impressionnant en haut des marches devant une immense tenture pourpre, je dus faire remarquer à Geki qu’il avait la bouche ouverte d’étonnement, bien qu’il me soutint plus tard que j’avais certainement du mal voir à cause de la pénombre. Bien entendu, de pénombre il n’était point, des chandeliers étaient disposés ça et là, et il aurait été difficile de ne pas y voir une quelconque fête si l’ambiance générale avait été moins feutrée sous ce ciel étoilé. Mais je n’eus pas le temps de pousser plus loin mes observations que mon frère apparut devant moi, bravant les groupes de discussions, suivi de près par mes amis. Tu ne peux pas savoir, mon fils, ce que j’ai ressenti à cet instant où nous nous prenions mon frère et moi dans nos bras ! Ikki était là, à mes côtés, tout comme mes fidèles compagnons, et un bonheur mêlé à une incompréhensible peur m’envahissaient. C’était comme si le chaud et le froid se disputaient ma chair.
Geki nous laissa, après avoir salué le petit groupe, et se mit en tête d’atteindre le buffet avant le discours d’Athéna. D’ailleurs, où était-elle ? Il fallait que j’aille la saluer avant de pouvoir profiter pleinement des personnes qui m’accompagnaient. Malheureusement, je ne l’aperçue qu’au moment où elle se tourna vers nous et commença son discours, en haut des plus hautes marches, et accompagnée d’un Tokumaru Tatsumi à l’air grave. Les conversations s’arrêtèrent immédiatement, et l’attention de chacun était proprement rivée sur les lèvres de la princesse. Voici ce qu’elle dit :
- Chevaliers, je vous ai fait venir ce soir pour deux raisons : la première, c’est que nous sommes attendus dès que possible, vous et moi, à la table du conseil de la Déesse originelle Gaïa, en son domaine, situé au plus profond de l’île de Pâques, dans l’Océan Pacifique.
Des murmures s’élevèrent dans l’assemblée, les têtes se tournaient et je regardai mes compagnons : nous étions tous interloqués et nous ne nous attendions pas à une telle annonce. Gaïa ? L’île de Pâques ? Je t’avouerais que même moi qui n’avais pas été à l’aise quelques minutes auparavant, je me décontractai et souris en me demandant ce que cela pouvait bien signifier.
- Un peu de calme s’il vous plaît ! tonna monsieur Tatsumi, qui n’avait apparemment pas du tout l’air concerné par la nouvelle qu’il venait d’entendre, et qui préférait rabrouer les chevaliers du premier rang qui commençaient à poser des questions.
La princesse s’attarda sur les armures empilées derrière elle puis repris la parole :
- Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus pour le moment, j’ignore moi-même ce que Gaïa désire mais je puis vous dire ceci : elle est la Déesse par qui tout à commencé, l’existence des autres dieux et des hommes est de son fait. Elle est une puissance parmi les puissances, mais je ne crois pas qu’elle nous ait convoqués pour nous punir mais plutôt pour nous remercier pour les actes de bravoure que beaucoup d’entre nous ont réalisés (je regardai mes amis et nos sourires sous-entendaient nos pensées). Seulement voilà, poursuivit-elle, pour que la première raison de votre présence ne vous apparaisse pas comme injustifiée, et surtout parce que je crois qu’il est grand temps (elle regarda monsieur Tatsumi un instant), voici la seconde raison qui vous a menés jusqu’à moi : il est temps donc, de renouveler l’ordre de la chevalerie d’Athéna !
Comment te décrire l’ambiance au moment où mademoiselle Saori prononça ces mots ? Je dirais simplement qu’elle est passée de la légèreté à l’osmose la plus totale avec notre déesse. J’observai les chevaliers et je pus distinguer dans leurs yeux cette flamme si particulière que l’on ravive lorsque notre devoir nous appelle, hurlant au fond de notre poitrine. Renouveler l’ordre de la chevalerie ! Si fantastique que cela paraisse à nos yeux, nous ne pouvions que nous interroger sur une telle décision, sur la manière dont Athéna avait elle-même décidé cela après avoir évoqué Gaïa. Je voyais d’ailleurs sur le visage de Seiya un scepticisme inhabituel, héritage de notre dernière guerre :
- Je n’aime pas beaucoup ça, nous dit-il en se retournant. Saori ne nous a même pas consultés pour prendre cette décision.
Je comprenais le sens de cette remarque à la sonorité dubitative : depuis notre combat contre Apollon, Saori et Seiya s’étaient considérablement rapprochés, et si je ne puis t’en dire plus, tu peux aisément comprendre qu’il ressente une certaine déception.
- Si elle n’en a parlé à personne, lui dis-je, c’est parce que c’est trop important Seiya. Crois-moi, elle ne nous tiendrait pas à l’écart par plaisir.
- Oui, tu as raison, avoua-t-il d’un ton morne, mais je la trouve tellement étrange ce soir…
- Pourquoi s’en faire après tout ? Intervint quelqu’un derrière nous. Nous aperçûmes Jabu, chevalier de Bronze de la Licorne, adossé à un pilier. Oui, pourquoi s’en faire ? Athéna va élire de nouveaux chevaliers d’Or parmi nous, aussi étonnant que cela puisse paraître, et s’il y a une menace, nous la vaincrons ! » Jabu et Seiya avaient toujours été un peu en concurrence indirecte, mais ce soir, et malgré le ton quelque peu sarcastique employé par notre vis-à-vis, Jabu semblait peu enclin à lancer des piques incessants à Seiya. Et comme si il se rendait compte que nous le ressentions, il enchaîna :
- Seiya, tu imagines peut-être que Gaïa a réveillé toutes les statues de l’ile de Pâques et s’apprête à nous les envoyer ? (quelques sourires s’affichèrent) Crois-tu qu’il y ait une réelle menace ?
- Oui, se contenta de répondre mon ami.
Sa réponse brève et inhabituelle surprit tellement Jabu qu’il se contenta de se tourner vers quelqu’un d’autre l’air penaud.
Saori, (très) patiente et silencieuse, reprit la parole.
- Ecoutez encore quelques instants s’il vous plait !
Elle fit un signe de tête à monsieur Tatsumi, et celui-ci commença à lever la tenture pourpre située derrière eux et les nombreuses armures de Bronze.
- Avant de vous donnez de plus amples informations sur l’endroit où nous devons aller, il est une chose capitale que nous devons faire… Il est temps de savoir, chevaliers, si votre destin va ou non changer. Voici les juges ultimes de mes décisions, les armures d’Or et d’Argent !
Quel spectacle fantastique ! Tous les chevaliers s’étaient rapprochés, Hyoga esquissa un sourire en me regardant, et Ikki (avec lequel j’espérais avoir plus que tout une conversation digne de ce nom à un moment ou à un autre) posa une main sur mon épaule et me chuchota à l’oreille, les yeux fixés sur la scène, qu’il espérait que toute cette mise en scène en valait la peine.
Se dressait derrière mon armure et celles de mes semblables la plus fantastique pyramide lumineuse qu’il m’ait été donné de voir ! J’aurais aimé que tu sois à mes côtés en cet instant, tes yeux d’enfant auraient certainement brillé de mille feux au spectacle qui s’offrait à nous ! Même Seiya semblait avoir laissé son malaise de côté. Les armures d’Or et d’Argent encadraient les notre, et elles paraissaient plus vivantes que jamais. Shiryu et June, qui nous avait rejoint un instant plus tôt, étaient subjugués. Celle-ci me fit part de son étonnement, et je lui rendais son regard interrogateur en souriant. Je ne pus alors m’empêcher de lui glisser que j’étais heureux de la voir, ce à quoi elle ne répondit rien mais rougit, pour mon plus grand plaisir. Monsieur Tatsumi demanda une nouvelle fois le silence.
Et Athéna prononça alors ces paroles :
- Chevaliers, que vive le nouvel ordre de la chevalerie d’Athéna ! dit-elle d’une voix douce et ferme à la fois, en prenant soin de détacher chaque syllabe. Il est temps pour ces armures de trouver un nouveau propriétaire. Il est temps pour vous d’embrasser votre destinée !
Et, alors que nous nous étions approchés encore un peu plus de la scène qui se jouait devant nous, l’armure du Bélier, à l’extrême gauche, s’enveloppa d’une aura dorée somptueuse et sortit de son écrin de métal. De nouveau, les constellations des chevaliers d’Or allaient briller comme par le passé, et nous étions désignés pour leur succéder…