Les 12 temples du Sanctuaire - Influences architecturales

Dans le cas de l'art himalayen qui nous intéresse plus, les mandalas sont peints sur toile et déroulés lors de cérémonies où ils jouent le même rôle liturgique que les mandalas éphémères si fréquents de nos jours ... .

Il existe trois types de mandalas peints =

1) Les mandalas représentant les divinités sous forme anthropomorphes.

2) Les mandalas où les divinités sont symbolisées par des "syllabes-graines" (bija) qui sont censées leur donner naissance.

3) Les mandalas où les divinités sont évoquées par leurs attributs (cf. Grotte chinoise de Dunhuang du Xème siècle.)

Voici maintenant une description d'un mandala-type:

Au centre, dans le "sanctuaire" (kûtâgara), réside le dieu "souverain du mandal" (mandaleça), au coeur d'un lotus épanoui (d'où l'apparition de la défense en lotus de Shaka^^). Tout autour, dans les pétales écartées, se tiennent des divinités secondaires, souvent considérées comme des aspects du dieu principal. Chacune correspond à la région de l'espace qui lui est propre; c'est pourquoi leur nombre est souvent de quatre (pour les quatre points cardinaux) ou de 8 en rajoutant les quatre points intermédiaires ou collatéraux (sud-est, sud-ouest, nord-est, nord-ouest). Afin de rendre ce partage de l'espace plus lisible, le mandala est divisé en quatre quartiers de couleurs différentes :

Bleu = Est, région faste, face au spectateur (en bas de la peinture)

Jaune = Sud, à gauche du spectateur

Rouge = Ouest, en haut du spectateur

Vert = Nord, à droite du spectateur

Autour du lotus épanoui, le reste de la composition est délimité par des enceintes carrées successives. Des portes (torana, que l'on retrouve dans les stupa indiens entre le premier siècle avant notre ère et le premier siècle de notre ère) au milieu de chacun des côtés sont gardées par des divinités à l'aspect farouche. Enceintes et portes sont représentées à la fois en plan et en élévation. Des makaras (également visible sur les torana des stupa^^ , monstres aquatiques de la tradition indienne, crachant des guirlandes, garnissent souvent leurs étages supérieures et flanquent parfois la représentation de deux gazelles agenouillées de chaque côté de la Roue de la Loi, symbole du premier sermon de Buddha Cakyamuni. Au-dessus de l'entrée proprement dite, l'on trouve des rideaux écartés. Ces enceintes prennent souvent l'aspect de galeries et abritent un nombre plus ou moins grande de déités secondaires (Borobudur en l'exemple architectonique par excellence^^), appartenant à ! la suite du dieu, souverain du mandala.

voici à quoi ressemble un makara (celui-ci sert de tuyau d'écoulement des eaux à Borobudur :

Les mandalas de certaines divinités possèdent des formes spéciales. Leur centre peut être partagé en cases, leurs enceintes peuvent contenir des mandalas plus petits, certaines déesses sont représentées dansant sur des aires sacrificielles triangulaires, parfois imbriquées les unes dans les autres.

L'ensemble du mandala est contenu dans de grands cercles appelés "cercles de protection" (rakshacakra). Un mandala peint étant, ne l'oublions pas, une projection en 2 dimensions... . On compte en tout 3 cercles :

1) Une "montagne de feu" qui est le feu de la connaissance qui doit brûler l'ignorance.

2) Une "ceinture de diamant", ou "foudre-diamant" (Vajra) qui symbolise l'Eveil.

3) Un cercle de pétales de lotus, allusion à la naissance spirituelle.

Pour les mandalas avec une divinité farouche, il y a un cercle en plus: les 8 charnières mythiques de la tradition trantique (çmaçânâ qui correspondent aux 8 aspects de la conscience individuelle (Vijnana), immergés dans le monde des sensations........les mandalas de Shaka doivent donc être de cet ordre puisque le chevalier prédispose des 8 sens avec l'arayashiki... .

La tradition tantrique prête à certains saints un pèlerinage légendaire qui les aurait conduit en chacun de ces 8 lieux afin de dompter leurs passions. Chacun de ces charniers possède, d'un point de vue iconographique, un ascète méditant, un cours d'eau, une montagne, un arbre particulier, un stupa ou des animaux spécifiques dépeçant un cadavre.

A l'intérieur ou autour des mandalas sont disposés les 7 trésors du Souverain universel (Un rapport avec l'attaque Ten bu Horin et autres ?) qu'on appelle "rgyal-sud sna-bdun) : la roue de la Loi, le joyau qui exauce tous les désirs, la reine vertueuse, le bon ministre, le meilleur éléphant de combat, el bon cheval, le général toujours vainqueur. On y trouve parfois le bon ministre des finances qui laisse toujours les coffres pleins.

Un autre groupe comprend les 8 signes auspicieux du Bouddhisme tibétain : le parasol, les deux poissons d'or, la conque, la fleur de lotus, le vase de joyaux, la roue, l'oriflamme circulaire et le noeud sans fin.

Pour clore cette longue analyse, le mandala est le coffre-fort de l'âme, disposant de multiples codes (divinités, symboles) qu'il faut connaître pour aspirer à entrer en méditation avec le Bouddha. Il y a beaucoup de chances pour que Shaka ait été initié à l'art du mandala lors de son apprentissage de chevalier...