Cronos Laburinthos
Un lit de roses blanches s’étend à perte de vue dans ce monde obscur, laissant apparaître le chevalier des Poissons qui se dresse majestueusement au sein d’une tempête de pétales. La beauté qu’il dégage éblouit les soldats de Cronos, peu enclins à voir un tel spectacle sur leur terre. Aphrodite, qui ne le conçoit que trop bien, suggère alors de donner à ces innombrables roses une couleur qui siérait plus à ce lieu. A peine a-il prononcé ces paroles que les multiples ronces jonchant le sol s’élèvent et se mêlent pour former de gigantesques pointes acérées qui fusent et transpercent de toutes parts ses ennemis. Le sang coule et se répand de plus en plus, teintant les roses d’une sombre couleur rouge.
Petit à petit, la peur commence à se lire sur le visage des soldats. Mais au moment où Aphrodite lance une nouvelle fois ses ronces, Aiolia s’interpose et brise sa concentration, stoppant ainsi net son attaque. Le jeune chevalier du Lion estime en effet qu’il n’a pas lieu d’achever des adversaires qui ont perdu l’envie de se battre. Le chevalier des Poissons rétorque alors qu’il ne partage pas son sentimentalisme, lui reprochant d’avoir agi trop précipitamment pour le salut d’une seule vie au détriment de celui de la Terre entière. D’après lui, le caractère irréfléchi d’Aiolia aurait anéanti la stratégie initiale du Grand Pope, qui aurait dans un premier temps demandé à Aphrodite de tendre son piège de roses sur le chemin menant à la Terre. Mais malgré les remontrances de son frère d’armes, le Lion d’Or ne dévie pas de ses convictions et reste persuadé que toute vie, quelle qu’elle soit, mérite d’être sauvée. Leur discussion est alors soudainement interrompue par un bruit sourd accompagné de vibrations...
Un être gigantesque fait irruption dans le champ de fleurs dressé par Aphrodite et, comme pour faire une démonstration de force, fracasse sa massue incandescente sur le sol. Il ne faut que quelques secondes à l’onde provoquée par ce choc pour se propager dans le corps des soldats et les pulvériser littéralement. Ainsi est l’arme de l’immense Zugilos du Rubis, dont la puissance est capable d’anéantir toute vie. Malheureusement pour lui, il en faudra beaucoup plus pour espérer vaincre le chevalier d’Or des Poissons qui se dresse toujours, resplendissant de beauté, au milieu de ses roses. Aphrodite décide alors de prendre pour cible cet ignoble objet empoigné par le Géant, au moment même où ce dernier l’écrase une nouvelle fois sur le chevalier d’Or. Mais les pétales qui flottent autour d’eux ont d’ores et déjà changé de couleur...
Avec pour seule arme une simple rose dont la beauté n’a d’égale que sa noirceur profonde, le chevalier des Poissons bloque l’attaque de Zugilos avant de projeter ses roses piranhas à l’assaut de son arme démesurée. Le tourbillon de pétales noires ainsi engendré ronge petit à petit l’immense massue qui se brise littéralement sous le coup de ces morsures répétées, à la plus grande surprise du Géant qui en reste sans voix. Pendant ce temps, Aiolia sort d’un mystérieux cocon et réalise qu’Aphrodite l’a non seulement protégé mais aussi soigné. Le Lion d’Or régénéré souhaite naturellement prendre part au combat, mais le chevalier des Poissons l’en dissuade, le poussant à continuer sa route tandis qu’il s’occupe de terrasser son adversaire. Tandis que Zugilos, amusé et convaincu de sa supériorité, met en doute les paroles d’Aphrodite, le tourbillon de roses environnant gagne en intensité, laissant s’échapper un doux parfum...
