Bonjour, M. Legrand ! Comment avez-vous été amené à travailler sur ces teasers de Saint Seiya ?
Parce qu'on me l'a demandé gentiment, tout simplement ! C'est un fan de la série, un garçon que je connais depuis longtemps maintenant et qui est devenu un ami, Ludovic Gottigny, qui m'en a fait la proposition. Et j'ai donné mon accord tout de suite parce que j'ai confiance en lui et que je savais que tout ça se ferait sérieusement s'il était mêlé au projet. Je crois que ça n'a pas été si simple à mettre sur pied et qu'il a fallu l'énergie et l'enthousiasme de quelques mordus qui ont investi de leur temps dans ce projet, mais de mon côté ça a été tout bête ! On m'a appelé, j'ai dit oui sur le principe, ils ont mis les choses en route, et puis voilà, je n'ai rien eu d'autre à faire qu'arriver en fin de parcours quand tout a été prêt pour l'enregistrement...
Quel fut votre sentiment à l'idée d'enregistrer à nouveau pour « Les Chevaliers du Zodiaque » 20 ans après ?
Eh bien, une fois passé la surprise qu'on me rappelle là-dessus, j'ai été content à l'idée que ça ferait probablement plaisir aux fans de la série (du moins à ceux qui l'avaient aimée en version française), mais je me suis demandé si j'arriverais sans trop de problèmes à "retrouver" Seiyar. Ça faisait si longtemps que je l'avais laissé au vestiaire ! Et puis au bout du compte, ça s'est fait plus facilement que je ne l'appréhendais. Il a été fidèle au rendez-vous, je crois.
Comment se déroulaient les sessions d'enregistrement en tant que telles ?
Pour la seconde session (NB : Asgard et Poseïdon), nous sommes entrés en studio à 14h30 et nous en sommes sortis à 21h passées, sur les genoux tous autant que nous étions... Elle a été bien plus longue que la première car il y avait eu un retour des fans sur ce que nous avions enregistré au cours de celle-ci, et nous avons donc tâché de tenir compte au mieux des remarques qui avaient été faites sur notre précédent travail. Mais ça a été tout à fait sympathique néanmoins, même si nous n'avons pas eu beaucoup le temps de rigoler car il a fallu enchaîner sans perdre de temps.
Vous étiez dirigé ?
Oui, bien entendu, autrement j'aurais été incapable de faire ça ! A la fois par Ludovic Gottigny et par Sébastien Bouyges, un fan lui aussi qui, entre autres choses, était pour beaucoup dans la concrétisation de ces « teasers » et qui avait signé l'adaptation des textes avec Ludovic sur base d’une traduction de Nicolas Priet. Bon, l'ennui d'une direction bicéphale c'est que ça prend fatalement plus de temps, car ce qui convient très bien au premier ne plaît pas forcément au second, et vice-versa. Là où l'un passerait à la suite, l'autre demande à refaire... Et ce sont tous les deux des garçons exigeants. Mais, malgré la fatigue et les petites divergences de vue, ça s'est toujours passé dans la bonne humeur et la plus grande gentillesse, et j'en garde un très bon souvenir. J'en profite aussi pour saluer Florent Malet d’AB Vidéo, présent lors de la seconde session pour superviser l’ensemble. C'est un charmant garçon lui aussi, dont la courtoisie et le sourire n'ont fait qu'ajouter à la bonne ambiance de ce travail.
Ces enregistrements ne constituaient pas en soi un "doublage", puisqu'il n'y avait pour ainsi dire pas de personnage à "doubler", vous n'aviez donc pas à vous focaliser sur l'image. Mais il y avait, il me semble, de sérieuses contraintes de timing et de ton. Quelles étaient pour vous les principales difficultés de cet exercice ?
Eh bien, à ce que nous avions fait la première fois, il a paraît-il été reproché par certains un ton un peu trop narratif. C'est de ça que Ludovic et Sébastien ont essayé de tenir compte. Ils ont donc voulu m'emmener vers quelque chose qui soit entre le narratif et le vraiment joué, car il s'agit quand même de résumés dans lesquels on ne peut pas se permettre, en Français, quelque chose d'aussi poussé que ce que font les Japonais. Nos oreilles occidentales ne l'accepteraient pas bien. L'exercice n'est pas commode, car on navigue en permanence entre le trop et le pas assez et il est parfois difficile de dire si on a trouvé la juste mesure. C'est pour cette raison que nous avons mis autant de temps. Et puis je devais aussi veiller à garder une voix proche de celle que j'avais à l'époque. Non pas qu'elle ait changé tant que ça, mais les années ont passé et j'ai forcément aujourd'hui une maturité et une énergie différentes de celles d'alors. Du coup ça m'a demandé une certaine vigilance pour rester dans quelque chose d'un peu plus "léger" que ce qui serait ma façon naturelle de faire à présent. Bon, j'espère qu'au final ça donnera quelque chose de bien ! Je fais confiance aux deux compères qui ont mis toute leur attention dans cet enregistrement. Pour ce qui est du timing, là ça ne présente pas de difficulté pour moi. J'ai à la fois la chance d'avoir un débit rapide et une articulation qui ne me cause pas de soucis. Et puis j'ai tellement l'habitude des contraintes de temps auxquelles on est soumis dans les spots publicitaires en particulier que, tant que je n'aurai pas les condyles rouillés, j'arriverai je crois à me débrouiller sans problème quel que soit le temps qui me sera imparti pour dire un texte.
Ces teasers demandent souvent, comme vous venez de le laisser entendre, de porter le texte dans l'émotion. Quel genre d'indications receviez-vous pour retranscrire les sentiments de Seiyar ?
Eh bien ce pauvre garçon, Seiyar, il passe son temps à avoir des problèmes, vous savez ! C'est que, sauver l'humanité, c'est pas de tout repos. Et puis ses potes aussi ont des soucis qu'il prend très à cœur. Alors, en gros, soit il sort d'une baston soit il est sur le point d'en livrer une. Et comme il lui faut pas mal d'épisodes avant de vaincre tous les méchants, en principe il est mal-en-point, épuisé, avec un moral assez agressé par tout ce qui lui arrive. Du coup on n'avait qu'à me dire si il était très mal, très très mal ou très très très mal. Je n'ai pas le souvenir qu'on m'ait jamais dit "là il est dans une forme olympique, avec un moral d'acier"...
Saint Seiya sort en DVD édition collector et fête les 20 ans de sa première diffusion sur TF1. Qu'est-ce que vous inspire le succès toujours vivace de cette série ?
Que Seiyar a bien de la chance de ne pas vieillir, lui...
Ces enregistrements ont-ils fait remonter à la surface certains souvenirs de 1988 ?
Oui, bien sûr. Mais je ne dirais pas qu'il s'agissait vraiment de souvenirs. Comment dire ? C'est plutôt un climat que les mots, les noms, les expressions m'ont fait remonter à la mémoire. C'était comme un écho du passé qui me revenait de temps en temps. Mais je n'ai vraiment pas eu le temps de m'y attarder. Et puis c'est si loin, tout ça, tant d'eau a coulé sous les ponts, que ça n'a été que très fugace. Comme une odeur qui vous saisit tout à coup, vous évoque quelque chose de votre vie mais s'enfuit tout de suite sans vous laisser le temps de vous plonger dans quelque nostalgie que ce soit. Au reste, pour être sincère, ces enregistrements ont toujours été assez fatigants à l’époque et, quand j'y pense, je n'en ai donc pas des souvenirs particulièrement bons, même s'ils ne sont pas mauvais pour autant car l'ambiance était bonne entre nous.
Un dernier message à adresser à tous les fans qui se réjouissent de vous entendre à nouveau sur "Saint Seiya" ?
Que j'espère sincèrement qu'ils seront contents du travail que nous avons accompli, ce serait la meilleure récompense et la seule chose qui me permettrait de pardonner à Ludovic et Sébastien les souffrances qu'ils m'ont fait endurer ! (rires)
Merci à Eric Legrand pour sa disponibilité, son professionnalisme et sa sympathie
Note de l'équipe d'AnimeCDZ : Tous nos remerciements à AB Vidéo et Ludovic Gottigny